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EAN : 9782080680129
298 pages
Flammarion (30/11/-1)
4.17/5   60 notes
Résumé :
1740, en l'île Bourbon, colonie française. Depuis la prison où il est enfermé, un homme encore jeune, Guillaume Brancher, se souvient.
Il a traversé peu d'ans mais beaucoup d'aventures. Les chemins de la vie, la pression des autres et, peut-être, une sorte de démon qui somnolait en lui l'ont mené à pratiquer le plus atroce des métiers : chasseur d'hommes. Maintenant, il a des remords, mais n'est-il pas trop tard ? Sa rédemption doit-elle passer par le sacrifi... >Voir plus
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Aux XVIII et XIXè siècles, jusqu'à l'abolition de l'esclavage, les planteurs de café et de canne employaient des esclaves venus principalement de Mozambique pour couper la canne et s'occuper des plants de café, à La Réunion. Quand les maîtres étaient trop sévères, certains esclaves s'enfuyaient dans les hauteurs sauvages de l'île. On les nommait, comme dans les Antilles, les "marrons". Les propriétaires voulaient les récupérer pour montrer le châtiment à ceux qui restaient. Ils utilisaient des "chasseurs de Noirs".
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J'ai passé la moitié de ma vie sur cette île. Daniel Vaxelaire est un zoreil comme moi-même, mais raconte très bien l'histoire de la Réunion. Ces marrons avaient une vie sociale primitive. Ils se réunissaient en clans, élevaient des cabris, et faisaient régulièrement des descentes dans les plantations pour chaparder.
L'un des grands chefs s'appelait Cimendef. En son hommage, un beau pic du cirque de Mafate porte son nom.
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Peu de créoles connaissent bien l'histoire de leur île chérie, la perle de l'Océan Indien. C'est un beau melting-pot, car sur cette terre déserte au début du XVIè siècle, arrivent des "colons" blancs qui ont amené des femmes malgaches pour faire souche. Ils ont planté,et doivent importer des esclaves "cafres". Quand la loi interdisant l'esclavage est arrivée le 20 décembre 1848, les Noirs ont été remplacés par des Chinois, Pakistanais et Indiens sous contrat. Mais ceux-ci se sont vite libérés des tâches de coupeurs de cannes pour faire du commerce de textile, bâtiment, transport, ou épicerie.
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J'ai déjà bien débordé de la critique du livre, mais je vais continuer un peu, une fois n'est pas coutume, car j'aime "mon" île.
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Sudel Fuma, lui aussi, raconte bien l'île, tout comme Catherine Lavaux, qui explique que lors du partage des Terres, au XVIIè siècle, ce fut fait par famille, et en portions verticales, "Du battant des lames au sommet des montagnes", le fils aîné étant le "gros blanc" propriétaire principal près de la mer, et les cadets, "petits blancs", ou "Yab chouchou", se partageaient tant bien que mal ce qu'il y avait au dessus.
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La culture "Kaf" a apporté la musique réunionnaise, dont le maloya avec un impressionnant "Roulèr", et le séga dont la danse consiste surtout à "rouler des hanches". Tous les 20 décembre sont l'occasion de la fête Kaf, où les musiciens s'en donnent à coeur joie.
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L'histoire des "Hoareau" est aussi intéressante... Mais là, je partirais vraiment trop loin !
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«  Je me nomme Guillaume Brancher, fils d'Alexandre Brancher, colon de l'île Bourbon, et de Marie Mirel.
J'ai vingt-cinq ans et je sais que je vais mourir. »


Ainsi débute le premier roman historique de Daniel Vaxelaire, l'un des grands écrivains du roman contemporain réunionnais.
Ce roman narratif nous immerge dans la période colonialiste de la Réunion.
Au début du 18 ème siècle, appelée alors l'île Bourbon, la Réunion, terre sauvage et peu accessible, commence à prendre son essor économique avec le développement de la culture et de l'exportation du café. Les colons installés sur la côté ouest de l'île ont peu à peu étendu leur lopin de terre et les plus riches d'entre eux ne cessent d'agrandir leur domaine cultivable et acquièrent de plus en plus d'esclaves.
Guillaume Brancher fait partie d'une de ces familles de colons parties de rien et qui va s'enrichir peu à peu.
Guillaume raconte toute l'histoire de sa famille. De sa grand-mère bretonne à l'installation définitive à Saint-Paul sur l'île Bourbon, de l'expansion du domaine familial, de l'achat des premiers esclaves par son père. Parallèlement, il raconte l'histoire de l'île et des colons. L'histoire de ces Africains, capturés, acheminés, vendus comme esclaves.
Le jeune homme, lui, a plus le goût de l'aventure que de l'agriculture. Et c'est cet attrait du voyage et des expéditions qui le mèneront vers son destin.
Un destin tragique, émouvant, passionnant.


Et on comprend pourquoi ce livre est le plus vendu à la Réunion. Vrai, authentique, sincère, il emporte le lecteur dans une aventure incroyable dont on ne peut sortir indemne.
C'est tout d'abord une formidable immersion dans cette île extrême, gros caillou volcanique jaillissant de l'Océan Indien au relief tourmenté et vertigineux, à la végétation luxuriante de ses forêts, aux cirques rocheux, écrins de sanctuaires naturels à la beauté incomparable, aux sentiers difficiles et tortueux, aux pentes du Grand Brûlé, là où le feu du volcan s'écoule jusqu'à la mer...
L'île de la Réunion est tellement surprenante qu'on en vient même à regretter au cours de la lecture de ce roman le manque de descriptions détaillées de la flore et la faune. Mais, il ne faut pas oublier que le narrateur n'est pas un botaniste mais un aventurier ! Des descriptions auraient sans doute rendu son récit moins réaliste.


Car ce récit, c'est surtout celui d'un chasseur. D'un homme qui chasse ceux qu'on appelle les « marrons », ces esclaves qui ont fui vers les montagnes, pour échapper à leur maître peu scrupuleux de les maltraiter. Rien ne sera épargné au lecteur. Le récit est vif, incisif, gênant mais criant de vérité.


Une vérité qui amène forcément une réflexion sur l'Humain et ses paradoxes, qui pose des questions sur la condition humaine. Comment et pourquoi l'Homme peut-il être poussé à des actes épouvantables et ignobles qui n'engendrent que la souffrance et la honte ?
Ce roman est poignant. Il ne se veut pas moralisateur.Il entraîne juste, à travers son narrateur, sur le chemin de la rédemption et - il faut y croire - celui du pardon.
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Auteur de plusieurs ouvrages sur l'île de la Réunion, Daniel Vaxelaire propose ici un récit historique paru pour la première fois en 1982 qui a fait l'objet de nombreuses rééditions. le sujet : la traque des esclaves marrons, un épisode sanglant de l'île. Un homme, Guillaume Brancher, revient sur sa vie et raconte depuis la cellule où il attend sa condamnation la relation qu'il a eu avec les esclaves. Élevé dans une famille qui les respectait une ou deux générations après la colonisation de l'île, il a grandi en jouant avec eux (malgré la différence dans leurs éducations, l'un étant destiné à ordonner, l'autre à obéir). Puis l'esclavage s'est intensifié et ce n'était plus un ou deux esclaves par famille, par plantation, mais des centaines menées par la main de fer des contremaîtres. Plusieurs s'enfuient dans les montagnes, dans les Hauts, créant de véritables villages organisés. Des chasses à l'homme sont organisées : Guillaume Brancher y prend part. Mais arrive le jour où il est capturé par les marrons : là, il découvre un autre monde, apprend à les connaître, à les aimer. Il ira jusqu'à les défendre par la force, ce que les Blancs ne lui pardonneront pas…

J'ai lu ce livre une première fois alors que j'étais au début de mes années de collège, un cadeau de mes grands-parents qui vivent à la Réunion. Je me souviens que j'avais beaucoup aimé la forme du roman, l'histoire mêlée au récit. Je l'ai eu à nouveau entre les mains il y a peu alors que je réorganisais ma bibliothèque pour la énième fois et j'ai eu envie de le relire.
On rentre facilement dans l'histoire, l'écriture est fluide et les évènements s'enchaînent sans longueurs. Daniel Vaxelaire voulait au départ écrire une biographie, celle d'un chasseur ayant réellement existé, François Mussard, mais il renonça, faute de documents. La forme du récit permet ici de rentrer dans le personnage et de nous faire part de ses pensées et sentiments tout en collant à la réalité historique. L'auteur ne fait pas de ses personnages des manichéens, il se penche davantage sur la transformation d'un homme « normal », sans histoire, en bons termes avec ses esclaves, en un chasseur capable d'abattre froidement (et même avec plaisir) d'autres êtres humains. Être dans sa tête nous permet de suivre le cheminement de ses pensées, son évolution, son excitation, ses regrets. Et malgré cela, ce n'est pas un récit où l'Histoire n'est là que pour faire tapisserie, un prétexte pour écrire une histoire : c'est un ouvrage très bien documenté qui permet d'aborder simplement cet épisode peut-être méconnu de l'histoire de l'île Bourbon.
Cependant, je n'ai pas été bouleversée. le style est très sobre et cette sobriété m'a empêché d'être prise aux tripes. de mon point de vue, il manque quelque chose qui fait que l'on est réellement touchée par cette histoire pourtant terrible.

Un très bon récit historique, bien documenté, qui peut mener à une réflexion sur l'être humain et sur ce qu'il est capable de faire, mais qui manque peut-être un peu de force et de puissance.
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Daniel Vaxelaire est né en métropole en Lorraine.
Bien loin de l'île de la Réunion qu'il évoque dans ses récits.
Ce lien particulier, il le doit à sa carrière professionnelle (service militaire et journalisme) qui le font s'envoler sur l'île, où il décide de s'installer.
Ses romans sont souvent situés dans les pays de l'Océan Indien.

C'est également le cas ici dans ce Chasseur de noirs.
Un titre percutant qui raconte une page sombre de l'histoire française, celle de la colonisation de l'île de la Réunion (alors appelée Île Bourbon) par les français, et l'esclavagisme au XVIII ème siècle pour faire face au manque de main d'oeuvre pour travailler dans les champs.
"En 1735, sur les 9 000 habitants de l'île, 80% est esclave (7 200 individus)"
[Source : https://revue-histoire.fr/histoire-moderne/etre-un-esclave-sur-ile-de-la-reunion-du-xviie-au-xixe-siecles/ ]

Les esclaves viennent pour la plupart de Madagascar.
Ils sont amenés par bateaux et sont mis en vente lors du débarquement.

Daniel Vaxelaire retrace cette histoire par le biais d'un journal écrit par Guillaume Brancher. L'homme, aujourd'hui emprisonné, se remémore sa courte mais intense vie : sa naissance dans une bonne famille, sa recherche d'une activité qui lui plaise, sa rencontre avec sa femme, la naissance de ses enfants, sa vie de chasseur d'hommes, et plus particulièrement "chasseur de noirs" comme on dit là-bas.
Qui sont-ils, ceux qu'il va se mettre à chasser sans relâche ? Des anciens esclaves qui ont réussi à s'enfuir pour vivre librement, loin là-haut dans les montagnes, et à monter une rébellion. On les appelle "les marrons".
Pour éviter une révolte générale des esclaves, le gouverneur décide qu'il faut chasser ces fugitifs, et les tuer pour montrer aux esclaves le sort réservés à ceux qui tenteront de se rebeller ou fuir.

En racontant son histoire, Guillaume Brancher tente de trouver une explication à ce qui a pu le rendre aussi cruel envers des hommes uniquement par rapport à leur couleur de peau et leur statut.
Peut-être tente-t-il également d'éviter la peine capitale qui semble inéluctable.
C'est à la fin de ses carnets que nous apprenons pourquoi il s'est retrouvé en prison et pourquoi il va être jugé.

J'ai mis du temps avant d'entrer dans le récit.
Peut-être parce que les premiers chapitres racontent son enfance heureuse et pas encore son activité de chasseur d'hommes.
Ensuite, j'ai apprécié quand Daniel Vaxelaire évoquait les expéditions dans les montagnes, malgré des scènes inhumaines et violentes.

Ce roman m'a permis de découvrir cette partie de l'histoire de France et en particulier de l'île de la Réunion, que je ne connaissais pas.
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A la fois formidable roman d'aventure et réflexion sur l'épisode le plus sanglant de l'île de la Réunion, l'esclavage au 18ème siècle et la chasse aux esclaves qui fuyaient les mauvais traitements infligés par les colons et se réfugiaient dans les hauteurs de l'île Bourbon (nom de la Réunion à cette époque). Certains passages sont atroces à lire, mais malheureusement ils doivent refléter la brutalité de la torture subie par les esclaves, et la violence des chasses à l'homme qui s'y déroulaient, lorsque M.de La Bourdonnais en était le gouverneur. Daniel Vaxelaire est sensé avoir découvert les carnets confessions de Guillaume Brancher, et se propose de les faire partager à ses lecteurs. Petit fils de colons au début du 18 ème siècle, ce jeune homme blanc de 25 ans est emprisonné dans l'attente de son procès lorsqu'il commence la rédaction de ces carnets. Au-delà de l'implantation de sa famille dans l'île, de sa jeunesse, de son adolescence, de son mariage raté, il relate surtout la colonisation de l'île, et plus encore, le mécanisme de l'esclavage, l'organisation du trafic des êtres humains, les violences infligées aux noirs par les colons, principalement, des grosses exploitations pour la culture du café, ainsi également que le phénomène du métissage. Cette maltraitance provoquait la fuite de beaucoup d'esclaves"les marrons" que des équipes de colons chassaient avec sauvagerie tel que des animaux. Pendant une grande partie de ses confessions Guillaume Brancher est un de ces chasseurs les plus zélés, il faut attendre les dernières pages pour comprendre pourquoi il est emprisonné, et pourquoi il est convaincu d'être condamné à mourir. Bien sûr, on se dira que cela se passait au 18ème siècle, mais lorsque dans un stade des individus sont capables de faire des cris de singe lorsqu'un joueur noir touche la balle, on se rend compte que certaines mentalités ont du mal à évoluer.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Je me nomme Guillaume Brancher, fils d'Alexandre Brancher, colon de l'île Bourbon, et de Marie Mirel.
J'ai vingt-cinq ans et je sais que je vais mourir.
Il me reste deux à trois mois tout au plus, le temps qu'on réunisse les derniers témoins, et qu'on fasse venir le grand juge de Port-Louis de l'île de France ; alors le conseil supérieur de Bourbon, cette assemblée où tant de visages me sont familiers, où j'ai compté tant d'amis, pourra me condamner.
Je serai fou d'espérer leur clémence. Ils voudront au contraire que mon châtiment soit exemplaire : je suis traître à plus d'un titre.
Un jour peut-être, les hommes changeront. Les idées aussi. Et les règles coloniales qui régissent ce siècle seront oubliées, voire méprisées. J'écris ce livre dans l'espoir d'être lu par un homme de cette époque future.
Pour lui, je veux conter ma vie avec détachement, comme si j'avais déjà quitté mon enveloppe charnelle. Et devant lui, je ne serai pas tenté de me justifier ; car ce qui est aujourd'hui circonstance atténuante pourrait être circonstance aggravante dans un siècle....
(extrait du premier chapitre "Si j'écris aujourd'hui" de l'édition parue chez "Folio junior" en 1988)
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J'ai retrouvé dans le grenier de la maison paternelle, en cet endroit qu'on appelait jadis "les sables" et qui est aujourd'hui le centre ville de Saint-Paul, les liasses épaisses répandues devant moi...
Sur le papier jauni, le trait de plume est droit, l'écriture est ferme. L'homme savait pourtant que son temps était court : il connaissait son terrible destin, et il n'a pas eu peur. Il savait quel jugement il pouvait attendre de ses contemporains, et il ne lui restait qu'à écrire son histoire, sans la farder de justifications ou d'excuses, dans l'espoir qu'un jour peut-être un inconnu la lirait et comprendrait.
J'ai été celui-là. Et je vous porte ce récit.
Daniel Vaxelaire
Le Boucan, St Gilles, Ile de la Réunion.
(quatrième de couverture de l'édition parue chez "Folio Junior" en1988)
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-Peut-être n'y aura-t-il plus d'esclavage, un jour, rêvait l'autre jour, Angélique.

Innocente : si cette forme disparaît , les hommes en inventeront d'autres. Il est si universel et si ancien, le jeu de la domination.
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A cette époque, il y avait peu d'hommes plus célèbres que moi dans l'île. Mais la gloire n'est pas synonyme de richesse, ni de paix, encore moins de bonheur !
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Je savais que je n'oublierais pas de sitôt cette exaltation, ce sentiment de toute-puissance que l'on goûte quand on force le plus roué et plus dangereux des gibiers : I'homme.
[...]
Je crois que le hasard ou la Providence sèment au cœur des hommes des graines longues à mûrir, mais qui inéluctablement éclosent.
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