Un roman morcelé où le récit sort de son cadre, s'immisce dans la vie personnelle et amoureuse d'une autrice qui tente justement d'écrire ce livre en parallèle d'un triangle amoureux au préalable volontaire et accepté. Quelle part de ce récit relève de l'autofiction, de l'intimité de gens biens réels, couchés sur papier, et quelle part est née de l'imagination de l'autrice? La démarcation est difficile, voire impossible pour quiconque qui tient ce livre en tant que simple lecteur-spectateur. Et c'est tant mieux. le mystère reste entier, les personnages troublants de réalisme. Ce livre mérite qu'on y plonge sans idées préconçues, qu'on accepte cette part d'inconnu qui trouble autant la narratrice que le lecteur.
Commenter  J’apprécie         10
Je ne suis pas arrivé jusqu'à la fin. Peut-être pas le bon moment dans ma vie. Pourtant, j'attendais ce roman avec impatience. Peut-être trop justement. Donc, à vous de voir... pour ma part, je n'ai pu m'y retrouver malgré mon grand intérêt. Sujets abordés extrêmement intéressants.
Commenter  J’apprécie         10
Le roman commençait à tourner en rond. Les gestes devenaient répétitifs. Cet ordre des choses que l’on fait pour se rapprocher; les baisers, les accolades, les langues dans le cou, les mains sur les fesses, les vêtements qu’on enlève, les caresses, les doigts, les bouches, les mamelons. Il y avait la violence qui escaladait, mais même là ce n’était pas assez. Il n’y avait pas encore de sentiments, pas d’attachements, pas de drames en vue. Que du sexe et quelques claques.
La case du mercredi. Nous nous voyions surtout ce jour-là. Je terminais ma semaine de travail, lui la commençait. C’était la seule journée où ni lui ni moi n’avions à travailler le lendemain matin.
Le jeudi, je rentrais à la maison. Je déjeunais avec mon mari. Nous parlions de nos aventures. Je me préparais une carafe de thé. Je m’assoyais devant mon ordinateur et je rédigeais un compte-rendu de la veille. Ensuite, je pouvais vaquer à d’autres occupations.
J’avais remarqué que lors de mes crises d’angoisse j’avais le réflexe d’aller valider mon existence sur Facebook. J’avais une trace de moi, des photos, un certain nombre d’amis classés par catégorie, j’avais des intérêts, des discussions. C’était très rassurant de se sentir présent dans le monde. J’ai une fiche, je suis. En parallèle, je pouvais ainsi me dire : j’ai un livre, j’existe. Cela validait mes douleurs, les rendaient nécessaires.
Cette histoire n’avait du sens que lorsque je commençais à l’écrire. Si je passais une semaine sans rédiger, je me croyais amoureuse, au bord du divorce. Il fallait que je ramène mon expérience à la littérature. Quand je terminais un bon paragraphe, peu importait ma peine, mon manque, ma culpabilité. Il y avait le texte. Le texte salvateur. Celui par lequel tout existe, même moi. Il y avait beaucoup de cela dans ce projet.
Nous avions une vie sexuelle active, encore agréable. Assez divertissante. Nous pensions passer notre vie ensemble. On se disait qu’il fallait utiliser nos corps, en profiter pendant qu’il était encore temps. Et, qu’est-ce que ça représenterait quelques amants sur une vie passée ensemble?
L'auteure québécoise Maude Veilleux nous parle de son passage en résidence à la Maison de la littérature, du 1er novembre au 15 décembre 2017.
Maude Veilleux est née en Beauce en 1987. Elle confond fiction et réalité. Elle a publié deux recueils de poésie, Les choses de l’amour à marde et Last call les murènes, ainsi que deux romans, Le vertige des insectes et Prague.
Active sur la scène poétique depuis quelques années déjà, Maude Veilleux a participé à de nombreuses lectures publiques. Son plus récent recueil, Last call les murènes, a fait partie de la liste préliminaire du Prix des libraires. Son dernier roman a reçu un bel accueil autant des critiques que des lecteurs.
Dans le cadre de sa résidence à la Maison de la littérature, Maude Veilleux travaillera sur le roman Kitten. Ce projet s’inscrit dans une pratique de la non-fiction, une œuvre hybride entre le récit autobiographique, l’autofiction et l’essai. Grâce à sa caméra, la narratrice parvient à s’examiner dans les moindres détails. Cette obsédante recherche de soi la mène vers la création d’un alter ego, Kitten.
Réalisation : Marilyn Laflamme
+ Lire la suite