Cette pièce de théâtre annonce de sérieuses références : le clin-d'oeil au maître incontesté du cinéma à suspens,
Alfred Hitchcock est facilement décelable. le titre rappelle le film muet L'Homme de l'île de Man, dans lequel on retrouve, par ailleurs, le prénom de l'un des personnages, Kate. Quant à sa soeur, Marnie, elle évoque bien sûr le célèbre Pas de printemps pour Marnie. Psychose est également évoqué dès le début de la pièce. Quant à l'objet du décor indispensable, la cage à oiseaux, vous voyez de suite à quoi il est fait mention. Ces allusions sont tout à fait pertinentes dans une pièce policière. Et la comparaison avec le célèbre réalisateur et scénariste ne s'arrête pas là car cette pièce est digne de lui.
N'ayons pas peur des mots,
Katia Verba a un réel talent. La syntaxe est aisée et très agréable à lire et les dialogues sont riches, très riches. La chose n'est pas facile, ce qui mérite d'être souligné. Peut-être est-ce justement la difficulté majeure lorsqu'on entreprend une oeuvre littéraire. Car si le lecteur est moins regardant sur des passages narratifs, il sera toujours très critique sur des dialogues. Il suffit de voir la pauvreté de certaines pièces de théâtre pour s'en assurer. Mais rien de tout ceci dans
Manoir sous haute tension sur l'île de Man. L'intrigue est adroitement ficelée, les rebondissements multiples et, jusqu'à la fin, on ira de surprise en surprise.
Comble de la difficulté : le huis-clos. Peu de personnages, un seul et même lieu, un temps restreint... La dramaturge utilise ici la fameuse règle des trois unités de la tragédie classique. Et pour un peu, on pourrait voir, à la fin de la pièce, Kate transformée en Phèdre déclamant à quel point elle est malheureuse.... et pathétique, pour la plus grande joie du lecteur.
Katia Verba s'impose ici des obstacles qu'elle surmonte avec brio.
Associez à tout ceci l'humour, un humour fin et presque noir, dans la tonalité de la pièce, et vous aurez tous les ingrédients pour faire de ce texte un petit bijou. Cet humour inscrit par ailleurs la pièce dans notre époque par une référence aux séries ou émissions de télé-réalité qui ponctuent notre quotidien (Buffy contre les vampires ou L'île de la tentation notamment). Et puis, appeler un des personnages, Venena, il fallait oser !
Vous l'aurez compris, j'ai aimé, que dis-je, adoré cette pièce. Bien plus, les rouages de cette dernière m'ont fascinée. Je vais à présent lire les autres pièces de cet auteur que je viens de découvrir et j'en remercie pour cela Vincent Beghin (Blog Les Agents Littéraires) et les Éditions de la rue nantaise dont la qualité des ouvrages n'est plus à démontrer.
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