Si je vous dis
Black Shadow, cela vous fait penser à quoi ? Non, ce n'est pas le nom d'un diamant – encore que – mais bel et bien le titre de la première pièce de
Katia Verba. Vous voyez maintenant mon analogie avec le bijou.
Très agréable, cette comédie légère (en apparence du moins) est dans la droite lignée de
Labiche ou Feydeau : gaie, enlevée, on sourit et on rit tout au long de cette pièce qui doit être aussi agréable à lire qu'à regarder. Les personnages sont irrésistibles, à commencer par Ambre de la Minaudière (avec un nom pareil, on sait déjà que l'on ne va pas être dans une tragédie antique dégoulinante de pleurs), plus préoccupée par la préparation de ses boissons alcoolisées que par sa relation avec les hommes auxquels elle ne veut pas s'attacher... enfin, en surface, car lorsqu'elle se retrouve avec son Arnaud au téléphone, elle devient aussi douce qu'un agneau. Son amie, Séréna Pezzoli, est loin d'être un cerveau et c'est justement la relation entre ces deux-là qui prête à rire. Ambre domine. J'avoue quand même avoir un faible pour Pénélope Pontamine, bonne femme complètement déjantée, instable, immature. Quant à Lucas, seul homme présent physiquement, son rôle est finalement secondaire. La focalisation est faite sur les femmes, avec tous les clichés qui amusent : la petite bourgeoise portée sur la boisson, l'écervelée fan de potins (la seule chose qu'elle puisse comprendre!) et la malade lunatique, à la limite de la folie (et lorsque je dis limite... tout est subjectif). Mais qu'on ne s'y trompe pas, tous les rebondissements (et il y en a) vont être déclenchés par un homme : le fameux Arnaud dont je parlais plus haut. L'amour, toujours l'amour... mais un amour un peu spécial tout de même. Allez, je n'en dis pas plus.
Katia Verba me surprend toujours. Par son talent, tout d'abord, qui n'est plus à démontrer. Par les retournements de situation ensuite, tant dans les pièces que chez le lecteur. Vous pensiez que vous étiez dans une simple comédie au ton badin ? Vous pensiez connaître le mot de la fin ? Certainement pas ! de plus, elle inscrit ses pièces à la fois dans la modernité (par le ton et le style) mais également dans une certaine intemporalité. Voici une pièce qui aurait pu être jouée par la Maillan (que j'aimais beaucoup, soit dit en passant) et qui pourra être jouée dans vingt ou trente ans sans aucun problème. Et, n'est-il pas important, dans notre société basée sur l'immédiat, de graver son oeuvre dans le rocher de la culture ?
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