Fabienne Verdier nous raconte dans Passagère du silence son aventure où jeune diplômée des beaux-arts en France, elle part, dans les années 80 en Chine apprendre la calligraphie.
Quelle expérience : première étudiante étrangère à l'université du Sichuan, elle va faire face à des conditions de vie rudes mais aussi et surtout à une bureaucratie chinoise qui impose aux étudiants de se plier à l'idéologie du parti et tente de la tenir à l'écart des autres étudiants. On lui refuse même l'apprentissage de la langue, pour limiter au maximum toute intégration.
Grâce à une volonté, une patience, et un courage sans failles, à l'aide du Président de l'université, et à sa rencontre avec le maître Huang Yan, elle va réussir à braver les codes du pouvoir et s'initier à ceux de la calligraphie. Elle rencontrera peu à peu les anciens maîtres écartés par la révolution culturelle. Un très long apprentissage qui va également lui permettre de se découvrir elle-même. Tout ceci se fera au prix d'une grande abnégation, de conditions de vie rudes et austères, où la maladie ne l'épargne pas.
Après un passage en France, elle revient en Chine, à Pékin cette fois, en tant qu'attachée parlementaire. Elle tente alors de venir en aide aux artistes chinois, mais se heurte de nouveau aux blocages politiques, et rencontre l'incompréhension de ses anciens maîtres, résignés quant à sa capacité à pouvoir faire évoluer un système de privilégiés.
Un livre à la fois sombre et lumineux, et très poétique.
Fabienne Verdier nous offre ici un très beau portrait de la Chine traditionnelle, des artistes opprimés, et de la difficulté à pénétrer et appréhender ce monde si fermé. Merci de nous en avoir ouvert les portes !