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EAN : 978B018IEZ6YY
80 pages
(24/11/2015)
3/5   1 notes
Résumé :
"L'oeuvre de Verhaeren - et c'est là un des traits qui la distingue - porte témoignage de son temps. À cet égard, les Campagnes comme les Villes reflètent un des grands moments de l'ère industrielle et prolétarienne du XIXᵉ siècle. L'émigration vers les concentrations urbaines est un phénomène trop connu pour qu'on l'appuie ici de références historiques précises. Engagé par ses idées dans le mouvement d'émancipation sociale, le poète ne pouvait se borner à en ... >Voir plus
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LES PLAINES

Sous la tristesse et l'angoisse des cieux
Les lieues
S'en vont autour des plaines;
Sous les deux bas
Dont les nuages traînent,
Immensément, les lieues
Marchent, là-bas.

Droites sur des chaumes, les tours;
Et des gens las, par tas.
Qui vont de bourg en bourg.

Les gens vaguants
Comme la roule, ils ont cent ans;
Ils vont de plaine en plaine,
Depuis toujours, à travers temps;
Les précèdent ou bien les suivent
Les charrettes dont les convois derivent
Vers les hameaux et les venelles,
Les charrettes perpétuelles,
Criant le lamentable cri,
Le jour, la nuit.
De leurs essieux vers l'infini.

C'est la plaine, la plaine
Immensément, à perdre haleine.

De pauvres clos ourlés de haies
Écartèlent leur sol couvert de plaies;
De pauvres clos, de pauvres fermes,
Les portes lâches
Et les chaumes, comme des bâches.
Que le vent troue à coups de hache.
Aux alentours, ni trèfle vert, ni luzerne rougie,

Ni lin, ni blé, ni frondaisons, ni germes,
Depuis longtemps, l'arbre, par la foudre cassé.
Monte, devant le seuil usé.
Comme un malheur en effigie.

C'est la plaine, la plaine blême.
Interminablement, toujours la même.

Par au dessus, souvent,
Rage si fort le vent
Que l'on dirait le ciel fendu
Aux coups de boxe
De l'équinoxe.
Novembre hurle, ainsi qu'un loup,
Lamentable, par le soir fou.
Les ramilles et les feuilles gelées
Passent gifflées
Sur les mares, dans les allées;
El les grands bras des Christs funèbres.
Aux carrefours, par les ténèbres.
Semblent grandir et tout à coup partir.
En cris de peur, vers le soleil perdu.


C'est la plaine, la plaine
Où ne vague que crainte et peine.
Les rivières stagnent ou sont taries,
Les flots n'arrivent plus jusqu'aux prairies.
Les énormes digues de tourbe,
Inutiles, arquent leur courbe.
Comme le sol, les eaux sont mortes;
Parmi les îles, en escortes
Vers la mer, où les anses encore se mlrent,
Les haches et les marteaux voraces
Dépècent les carcasses,
Pourrissantes, de vieux navires.

C'est la plaine, la plaine
Immensément, à perdre haleine.
Où circulent, dans les ornières,
Parmi l'identité
Des champs du deuil et de la pauvreté.
Les désespoirs et les misères ;
C'est la plaine, la plaine

Que sillonnent des vois immenses
D'oiseaux criant la mort
En des houles de cieux au Nord;
C'est la plaine, la plaine
Mate et longue comme la haine,
La plaine et le pays sans fin
D'un blanc soleil comme la faim,
Où, sur le fleuve solitaire,
Tourne aux remous toute la douleur de la terre.
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