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EAN : SIE282412_234
FQ Books (06/07/2010)
3.88/5   13 notes
Résumé :
Les Heures claires
par Émile Verhaeren

Les heures claires
Les heures d'après-midi
Poèemes

Deuxième édition

Paris
1914
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Moins célèbre que le couple René Magritte et Georgette mais tout aussi amoureux il y a le couple Emile Verhaeren et Marthe. Et quelle belle histoire d'amour que celle de ces deux-là. Comme Marthe a su apaiser les souffrances existentielles et les doutes du jeune Emile !

Dans ces heures claires, Verhaeren rend hommage à sa Marthe, qui l'a sauvé du désespoir, et peut-être même du suicide:
«Et qu'importent et les pourquois et les raisons
Qui nous ont fait ce que nous sommes :
Tout doute est mort, en ce jardin de floraisons
Qui s'ouvre en nous et hors de nous, si loin des hommes »

Auprès d'elle, le poète vit un « bonheur pur et calme », dans « le plus joyeux et doux jardin du monde » :
« Je sens en toi les mêmes choses très profondes
Qu'en moi-même dormir,
Et notre soif de souvenir
Boire l'écho, où nos passé se correspondent.

Nos yeux ont dû pleurer aux mêmes heures
Sans le savoir, pendant l'enfance ;
Avoir mêmes effrois, mêmes bonheurs,
Mêmes éclairs de confiance ;
Car je te suis lié par l'inconnu
Qui me fixait, jadis, au fond des avenues
Par où passait ma vie aventurière ;
Et, certes, si j'avais regardé mieux,
J'aurais pu voir s'ouvrir tes yeux
Depuis longtemps, en ses paupières. »

Marthe, c'est l'accueillante lumière, qui tient éloignées les ténèbres :
« Vois-tu, l'aube blanchit le sol, couleur de lie ;
Des liens d'ombre semblent glisser
Et s'en aller, avec mélancolie ;
L'étang dore ses flots en chacun de leurs plis,
L'herbe rayonne et les corolles se déplient,
Et les grands bois s‘affranchissent de toute nuit. »

Désormais, Verhaeren célèbre la nuit, « ce beau lit silencieux », qui ne l'effraie plus :
« Et c'est l'heure divine, où l'esprit est hanté
Par ces mille regards
Que projette sur terre,
Vers les hasards de l'humaine misère,
La bonne et pure et inchangeable éternité. »

De très belles pages d'amour qui font du bien au coeur et à l'âme. À conseiller à tous les amoureux de l'Amour et de la vie. Car on peut se demander si ce n'est pas de l'amour que le poète est amoureux :
« Parce qu'en nos âmes pareilles,
Quelque chose de plus sacré que nous
Et de plus pur et de plus grand s'éveille,
Joignons les mains pour l'adorer à travers nous. »
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On croit avoir lu tous les poèmes d'amour, connaître déjà la poésie lyrique qui associe la femme aimée et la nature, on croit qu'on ne pourra plus être surpris. Et j'ai découvert ce recueil, ou plutôt cet unique poème d'une quarantaine de pages qui a été un éblouissement, je sais que le relirai.
Le poème est baigné de lumière et de religiosité. le terme d'« Heures » au pluriel renvoie au temps liturgique, les temps de récitation des prières. La femme aimée – jamais nommée – est ainsi une sorte d'ange, un être tout de clarté et de lumière qui éclaire l'amant, et que celui-ci vénère à genoux. Elle est elle-même source de lumière, comparée plusieurs fois à un « vitrail d'abside », elle « luit ». Verhaeren utilise aussi plusieurs fois l'adjectif « lucide » dans son sens premier, pour désigner ce qui émet ou réfléchit la lumière. L'amante est donc source de clarté, mais elle n'est pas une sainte désincarnée. le poème évoque de façon très subtile et allusive, tout en délicatesse, le désir physique, la chaleur des baisers échangés, la beauté des seins, la douceur des nuits à regarder la femme dormir. J'ai parlé de religiosité, car l'amant prie l'amante de toujours l'aimer, les amants prient les dieux païens de l'amour d'accorder la même passion à d'autres couples.
« Claires » sont les heures, car l'amante apparaît toujours dans la lumière – l'ombre est réservée à la vie de l'amant lorsqu'il était seul, qu'il ne connaissait pas cette femme ; même la nuit est belle car illuminée par la présence de la femme qui reflète la lune. Cette lumière est associée au « soleil », au « printemps », à « l'azur », mais aussi, de façon plus originale me semble-t-il, à l'hiver avec le givre devenu un « pur cristal ».
J'avais découvert le nom de Verhaeren dans la biographie de Verlaine par S. Zweig dans laquelle il comparait souvent les deux poètes, en vantant leur sens de la musicalité. Oui, Verhaeren écrit dans une langue très belle, très ciselée, très travaillée, qui coule en douceur et qui éblouit.
Une très belle découverte.
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Un délice, une heure de poésie toute en douceur, toute en délicatesse. Une poésie qui chante un amour élégiaque qui déploie son désir, ses sentiments, au coeur d'un cosmos à la beauté enveloppante.
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Indémodable, de toute beauté. Recueil écrit, édité en 1896
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Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
L'aube, l'ombre, le soir, l'espace et les étoiles ;
Ce que la nuit recèle ou montre entre ses voiles,
Se mêle à la ferveur de notre être exalté.
Ceux qui vivent d'amour vivent d'éternité.

Il n'importe que leur raison adhère ou raille
Et leur tende, debout, sur ses hautes murailles,
Au long des quais et des havres ses flambeaux clairs ;
Eux, sont les voyageurs d'au delà de la mer.

Ils regardent le jour luire de plage en plage,
Très loin, plus loin que l'océan et ses flots noirs ;
La fixe certitude et le tremblant espoir
Pour leurs regards ardents ont le même visage.

Heureux et clairs, ils croient, avec avidité ;
Leur âme est la profonde et soudaine clarté
Dont ils brûlent le front des plus hautains problèmes ;
Et pour savoir le monde, ils ne scrutent qu'eux-mêmes.

Ils vont, par des chemins lointains, choisis par eux,
Vivant des vérités que renferment leurs yeux
Simples et nus, profonds et doux comme l'aurore ;
Et pour eux seuls, les paradis chantent encore.
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À ces reines qui lentement descendent
Les escaliers des jardins d’or de leur légende,
Parfois je t’apparie ;
Je te donne des noms qui se marient
Au luxe, à la splendeur et à la joie,
Et bruissent en syllabes de soie.

Mais combien promptement j’abandonne un tel jeu,
À te voir vraie et profonde et si peu
Celle dont on enjolive les attitudes.
Ton front tranquille et pur et beau de certitude,
Tes douces mains d’enfant, en paix sur tes genoux,
Tes seins se soulevant au rythme de ton pouls
Qui bat comme ton cœur immense et ingénu,
Oh ! combien tout hormis l’élan de ta prière,
Oh ! comme tout est pauvre et vain, hors la lumière
Qui me regarde et qui m’accueille en tes yeux nus.
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Le beau jardin fleuri de flammes

Le beau jardin fleuri de flammes
Qui nous semblait le double ou le miroir
Du jardin clair que nous portions dans l'âme
Se cristallise en gel et or, ce soir.

Un grand silence blanc est descendu s'asseoir
Là-bas, aux horizons de marbre,
Vers où s'en vont, par défilé, les arbres
Avec leur ombre immense et bleue
Et régulière, à côté d'eux.

Aucun souffle de vent, aucune haleine.
Les grands voiles du froid
Se déplient seuls, de plaine en plaine,
Sur des marais d'argent ou des routes en croix.

Les étoiles paraissent vivre.
Comme l'acier, brille le givre,
A travers l'air translucide et glacé.
De clairs métaux pulvérisés
A l'infini semblent neiger
De la pâleur d'une lune de cuivre.
Tout est scintillement dans l'immobilité.

Et c'est l'heure divine, où l'esprit est hanté
Par ces mille regards que projette sur terre,
Vers les hasards de l'humaine misère,
La bonne et pure et inchangeable éternité.
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Et qu’importent et les pourquoi et les raisons
Et qui nous fûmes et qui nous sommes :
Tout doute est mort, en ce jardin de floraisons
Qui s’ouvre en nous et hors de nous, si loin des hommes.

Je ne raisonne pas, et ne veux pas savoir
Et rien ne troublera ce qui n’est que mystère
Et qu’élans doux et que ferveur involontaire
Et que tranquille essor vers nos parvis d’espoir.

Je te sens claire, avant de te comprendre telle;
Et c’est ma joie, infiniment,
De m’éprouver si doucement aimant
Sans demander pourquoi ta voix m’appelle.

Soyons simples et bons — et que le jour
Nous soit tendresse et lumière servies,
Et laissons dire que la vie
N’est point faite pour un pareil amour.
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Je noie en tes deux yeux mon âme tout entière
Et l’élan fou de cette âme éperdue,
Pour que, plongée en leur douceur et leur prière,
Plus claire et mieux trempée, elle me soit rendue.

S’unir pour épurer son être
Comme deux vitraux d’or en une même abside
Croisent leurs feux différemment lucides
Et se pénètrent!

Je suis parfois si lourd, si las,
D’être celui qui ne sait pas
Être parfait, comme il le veut!
Mon cœur se bat contre ses vœux,
Mon cœur dont les plantes mauvaises,
Entre des rocs d’entêtements,
Dressent, sournoisement,
Leurs fleurs d’encre ou de braise;
Mon cœur si faux, si vrai, selon les jours,
Mon cœur contradictoire,
Mon cœur exagéré toujours
De joie immense ou de crainte attentatoire.
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Poésie - Le péché - Emile VERHAEREN
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