AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,91

sur 163 notes
Ô rage, Ô désespoir, Ô jeunesse abrutie
Que n'ai je vécu pour subir cette infamie?
M'me, il m'a piqué ma place!


Une classe de 4e B va étudier les vers du Cid de Corneille?
Un verre de Cid ça va, ça pétille mais 2 ou 3 vers, bonjour les dégâts!
Je ne savais pas que le chanteur Corneille écrivait des pièces de théâtre?
-Mme, c'est abusé, comment on comprend rien à ce qu'ils disent. On dirait du vieux français!"


Ca va parler de "L'âge de glace?" Avec le Sid, l'animal, le paresseux?
Ou du Sid... du Sida?
Encore Molière? J'ai toujours confondu Molière avec les dents du fond...


- Elvire ? C'est comme le beurre ? C'est une grosse vache?
Moments de grâce, inepties et traits d'esprit, les élèves vont apprivoiser le langage suranné , comme Lou qui s'écrie désormais
"M'dame, quel outrage infâme, on m'a pris mon quatre couleurs !"


Peu à peu, les élèves se prennent d'affection pour Don Diègue qui a "le seum " parce qu'il a "des bras de vieux", pour Chimène qui craint qu'Elvire ne lui mette " des disquettes"...
-Car, euh un petit prince dans un livre apprend mal son devoir.
- Un prince!
- C'est quesque j'ai dit! Ô l'autre, ô rage et ô désespoir, quelle infamie...


Bel hommage à nos enseigant.es, (coucou à Sylviedoc, une amie prof et aux autres profs) Il va être vénère le père à Chimène Badi, car:
"Je viens du sud (de l'Espagne?)
Et par tous les chemins,
J'y reviens...
J'ai dans la voix, certains soirs,
Quelque chose qui crie,
Mélange d'un chant barbare" ...
Commenter  J’apprécie          9715
« Tout l'temps du français ! I' croivent on sait pas parler français ?
- Graaave. »

Est-ce une bonne idée de faire étudier 'Le Cid' de Corneille à des collégiens de 4e dont le vocabulaire et les références littéraires sont assez restreints ?

>> Plutôt non, si on veut faire passer l'idée que la lecture est un plaisir accessible à tous.
>> Oui pour les élèves, si le prof explique bien, transpose, parvient à être patient. Et c'est pas gagné, parce que le texte de cette pièce n'est pas des plus abordables.
>> Re-oui, pour nous cette fois, si l'enseignant a des talents artistiques et témoigne de cette expérience dans une BD à la fois touchante, drôle et réaliste.

Les gamins turbulents de cette 4eB s'avèrent bien mignons, pour peu qu'on n'ait pas à les supporter plusieurs heures par jour et à gérer leurs débordements avec un savant mélange de fermeté et de zénitude.

Si on connaît des enseignants ou des adolescents qui racontent des anecdotes sur la vie en classe, on sait que les situations décrites ne sont pas exagérées - petits marioles, élèves dissipés et/ou peu motivés, réponses tous azimuts, trop spontanées, méconnaissance de l'usage du dico, etc.

Bravo à l'auteur, une enseignante de français qui nous fait partager son quotidien, et doit d'autant mieux surmonter les difficultés si elle les prend avec humour - au moins avec le recul, si ce n'est sur le moment.

▪️ Merci à Babelio et à la Boîte à Bulles ! 🙂
Commenter  J’apprécie          514
Franchement, si vous n'avez aucune idée de la façon dont se déroule un cours de français en 4e, notamment lorsqu'on se propose d'étudier un classique, le Cid par exemple, eh bien lisez « Le Cid en 4e » de Véropée (scénario et dessins) et Philippe Marlu (couleurs). Et vous saurez !
C'est exactement ça ! le vivre est une chose, pas toujours amusante d'ailleurs, mais le lire crée une distance qui a libéré chez moi un nombre incalculable de fous rires… Tout y est (l'autrice est prof de lettres) : un vocabulaire qu'ils ne comprennent pas et donc un cours qui part en vrille « Chimène : Ne déguises-tu rien de ce qu'a dit mon père ? Commentaires des gamins : « c'est l'père qui s'déguise ?/ C'est un travelo ?/ Moi j'aime que les mecs virils/ Ça s'fait paaas ! », le gamin qui n'enlève jamais sa veste ; la syntaxe plus qu'approximative : « La Prof : Nelson, tu as oublié ton agenda ! L'élève : C'est pas grave ! Sinon j'vais rater mon bus. Je m'souviens c'est quoi qu'il faut écrire ! » ; tous les doigts qui se lèvent en même temps dès qu'une consigne est donnée « J'ai rien compris/ On peut l'faire en groupe ?/ On peut travailler à deux ?/ C'est où qu'on met la pointe ?/ Dans ton cul/ On peut écrire sur la feuille ?/ Faut l'faire au crayon à papier ? / C'est grave si on se trompe ?/ le rouge, c'est pour l'amour ? » ; les a priori : « Ça a l'air tout nul, « Le Cid »/ Mais graaaaave ! » ; les anachronismes : « Bah, l'mec, tu vas chez lui, tu l'assassines/ À la mitrailleuse ! Casa de Papel ! » ; les obscénités (pardon mais ça me fait rire - uniquement quand je les lis) ; les commentaires « techniques » : « On va les voir se battre ?/Chut, elle a allumé le vidéoprojecteur/ Vas-y, fermez les volets !/ Ouais, Idriss les volets !/ Madame, vous pouvez mettre en plein écran? », leurs difficultés à comprendre les moeurs d'une époque reculée (notamment ici la question de l'honneur) « Mourir à cause d'une gifle, c'est abusé »
C'est du vécu et tout y est… (et en plus, à la fin du livre, vous avez des extraits de la pièce et un petit glossaire bien pratique pour ceux qui ne sauraient pas ce qu'est une micheto qui se tape des barres… Rien de tel pour s'enjailler, askip...)
Ça faisait longtemps que je n'avais pas ri autant… Par contre, dans un mois, quand nous commencerons l'étude de l'oeuvre, je ne dirai pas la même chose… Je vais peut-être quand même leur faire lire cette BD… pour voir ce que crée chez eux l'effet « miroir »…
Finalement, je crois que je vais bien m'amuser...
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
Commenter  J’apprécie          181
" (...) on va travailler le Cid.
- On va encore faire Molière?
-J'ai toujours confondu Molière avec les dents du fond.
- le Cid, ça a un rapport avec le sida?"

Voilà ce qu'à peu près il se passe quand une prof de français entreprend de faire lire et étudier à sa turbulente classe de 4°B le classique d'entre les classiques de Pierre Corneille. J'ai nommé "Le Cid"!

C'est que le programme de français semble parfois à des années lumières des préoccupations des collégiens.
Que dire alors des sublimes atermoiements de Chimène ou du dilemme qui déchire Rodrigue?
Pourtant, pour peu que le professeur ait en lui assez de patience (et une foi d'acier trempé en sa profession), il peut aussi se retrouver à vivre de grands moments avec ses élèves oscillant entre la grâce et l'absolue drôlerie!

"Le Cid en 4eB", c'est l'immersion des lecteurs dans le quotidien et la salle de classe d'une prof de français et des élèves auxquels elle entreprend de faire découvrir la pièce maîtresse de Corneille.
Il en ressort une bande dessinée emprunte de réalisme (oh oui!) et d'une extrême justesse tant les dialogues et les répliques qui fusent à la manière des meilleures punchlines sonnent justes (oh oui! bis!), et surtout, surtout d'une drôlerie irrésistible (oh oui! ter)

Les élèves sont croqués avec tendresse et -encore une fois- justesse, et se révèlent vrais et attachants. C'est d'ailleurs bien à eux que l'ouvrage rend hommage: le parti pris de laisser le personnage de l'enseignante hors champ et de ne nous laisser d'elle que la voix en témoigne.

Frais, drôle, "Le Cid en 4eB" capture ainsi de manière saisissante le quotidien et la réalité d'une prof de lettres et de ses élèves, tout en offrant aux lecteurs -petits ou grands, élèves ou professeurs- une manière neuve, originale d'appréhender "Le Cid". Et ça, il fallait le faire!


Le combo parfait, en somme et un défi de taille pour la talentueuse Véropée qui, comme Rodrigue, a du cœur. A n'en point douter.
Et du talent.






Commenter  J’apprécie          180
L'auteure, professeure de français en collège, a entrepris de faire comprendre 'Le Cid' à une classe de quatrième.

Cette tragi-comédie écrite en alexandrins par Pierre Corneille en 1637 fait partie des grands classiques de la littérature française. L'ayant récemment lue, et chroniquée sur Babelio, je m'en remémorais l'intrigue au fur et à mesure que j'avançais dans la lecture de cette bande-dessinée.
Celle-ci est cependant plus centrée sur la manière dont les élèves comprennent le texte, sur leurs reformulations (modernes et souvent argotiques), et sur leur façon de vivre en classe qu'à l'oeuvre de Corneille en elle-même.

C'est à la fois drôle et affligeant. On admire la patience de l'enseignante, on rit de certaines reparties des jeunes, et l'on se souvient de nos comportements au même âge (et même un peu plus vieux) ! Non, ils ne sont finalement pas si désespérants que cela, ces jeunes pleins de vie...

Certes les auteurs classiques doivent faire partie de l'enseignement du français. Certains me semblent cependant plus incontournables que d'autres (Voltaire, Maupassant...), et je ne suis pas certain que Pierre Corneille fasse partie de cette première catégorie - du moins pas nécessairement dès la classe de quatrième.

Bravo à l'auteure pour son travail d'enseignante et pour son témoignage.
Commenter  J’apprécie          140
Alors d'entrée, écroulée de rire tout le long !
Mais en même temps je me suis dis que ça me rappelait pourquoi j'avais abandonné l'enseignement !! (et encore, c'était il y a 30 ans, dans un coin calme de province !!)

Et en continuant ma lecture, j'aime bien le Cid, et je suis accro aux alexandrins, mais je n'avais jamais réalisé, parce que seules les tirades les plus célèbres restent en mémoire, combien c'est éloigné de notre langage. Pas uniquement celui de gosses de 4e mais même de ceux qui ont un langage soutenu.
Gros challenge pour les profs qui doivent faire passer ça à des 4es.
Mais on voit qu'avec un prof doué, ça peut finalement se faire !!

Je ne connaissais pas du tout cette maison d'édition, et j'ai d'abord apprécié la présentation : Une belle qualité pour cette B.D. avec une couverture souple à rabats, des dessins colorés et sympathiques.
Quatre parties :
- on trouve d'abord une page de "photo de classe", trombinoscope des élèves avec leurs prénoms (fictifs précisons-le)
- la BD proprement dite, que j'appellerais plutôt roman graphique vu sa présentation (voir les extraits sur mon blog). Mise en page très variée, d'un seul dessin à une dizaine de vignettes, cartouches et/ou bulles, extrait de document ...
L'originalité : de la couleur pour la classe, du noir et gris pour la représentation du Cid. Ce qui permet de savoir à tout moment où on en est. Avec un résultat très esthétique.
- Un glossaire du vocabulaire des collégiens (et ce n'est pas de trop pour la grand-mère que je suis !!)
- La présentation des personnages de la pièce, et le texte intégral des 6 scènes du Cid dont il est question dans la BD, incluant bien entendu le célèbre monologue de Don Diègue)
La proximité du langage des collégiens et du texte de Corneille ajoute encore au comique.

C'est vraiment très savoureux, des élèves qui ne sont pas du tout dans le sujet, qui parlent de tout, posent des questions inattendues, et puis certains qui intègrent le langage de Corneille pour leurs phrases de tous les jours. On sent le vécu absolu.
J'ai vraiment ri tout le long, malgré quelques mauvais souvenirs d'enseignement (Bien que ce n'était pas en matière littéraire !)

Un énorme regret même si c'est un point de détail : pas de pagination. Comment l'utiliser avec des élèves, ou noter des citations ? Dommage, tout le reste est parfait.

Une B.D. vraiment excellente, qui doit plaire à tous.
Collégiens qui s'y retrouveront, (auront-ils une petite pensée pour leur prof de français ?) lycéens qui ressortiront leur souvenirs, et adultes qui découvriront ce qu'ils ne voient jamais à l'intérieur de la classe.
Les profs en exercice, je ne sais si ça va leur plaire de retrouver leur quotidien, ou raviver leurs cauchemars ...
Lien : https://livresjeunessejangel..
Commenter  J’apprécie          141
Lu dans le cadre d'un prix littéraire auquel participe ma classe.
Le Cid est bien loin pour moi, je me rappelle vaguement l'avoir vu au théâtre mais voilà, je ne m'en souviens pas trop.
Je suis partagée par cette lecture. Nous sommes plongés dans les années collège, au milieu de ces adolescents plus vrais que natures et je pense que c'est ça qui m'a gêné : imaginer que dans 2 ou 3 ans mes élèves d'aujourd'hui deviendront ces élèves-là.
Certes, c'est drôle mais le comportement de ces élèves me laisse pensive.
Cela dit, j'applaudis les profs de français qui travaillent encore ce genre d'oeuvres avec leurs élèves.
Commenter  J’apprécie          120
Ce que j'ai ri en lisant cette bande dessinée !!! Etant moi-même professeur de français en train de faire lire et étudier « le Cid » de Corneille à mes classes de 4e, je ne pouvais que m'identifier dans cette situation et revivre en bulles des scènes de classe vécues !

« Allez, on se dépêche de s'installer, dans le calme. Aujourd'hui, on commence un chapitre sur le théâtre, on va travailler "Le Cid".
- On va encore faire Molière ?
- J'ai toujours confondu Molière avec les dents du fond.
- le Cid, ça a rapport avec le sida ?
- le cidre !
- ça va parler de "l'Âge de glace" ?
Le théâtre du XVIIe siècle est au programme de nos collégiens du XXIe siècle ; aberration ou souci de référence culturelle ? Sempiternel débat ! Quoi qu'il en soit, donner envie aux élèves d'aujourd'hui, de se frotter aux vers d'auteurs classiques comme Corneille, c'est toujours une sacrée paire de manches !

Cette bande dessinée montre que malgré toutes les craintes que l'on peut opposer à l'étude de ce genre de classiques, il suffit d'un enseignant motivé et tolérant, capable d'adapter son enseignement de façon à le rendre accessible à ses élèves, pour que ceux- ci puissent de rendre compte que les valeurs qui se confrontent dans l'histoire d'amour de Rodrigue et Chimène sont toujours d'actualité. Et que les 400 années qui nous séparent nous paraissent, d'un coup, insignifiantes.

Au final, des éclats de rire, de l'attendrissement, et une grande envie de partager cette bande dessinée avec ma propre 4eB !!!
Commenter  J’apprécie          113
J'ai l'impression d'avoir revécu mes cours de l'année dernière quand j'ai proposé le Cid à mes 4emes!
Tous les élèves sont donc pareils!
Oui ils parlent comme ca, sont sans filtre, réagissent selon leurs propres codes. Oui c'est sportif de faire lire le Cid à des ados de 13ans en 2021.
Mais quand même: ils l'ont très bien comprise cette oeuvre à la fois si éloignée de nous dans le temps mais tellement d'actualité par son sujet.
Une BD très drôle et très positive, je trouve.
Merci pour cet envoi Masse Critique!
Commenter  J’apprécie          115
Voilà une BD sympathique, qui raconte l'histoire d'une classe de 4ème dont l'enseignante de français veut lui faire lire (et comprendre!) le Cid. Et finalement, de "wesh" en "trop pas", les jeunes vont se prendre au jeu, absorber le langage suranné du XVIIème siècle et se prendre d'affection pour les personnages.
Un ouvrage plein d'humour, où la prof est complètement absente (ses répliques sont uniquement dans les cartouches, mais jamais elle n'est dessinée, comme finalement juste le metteur en scène). Les dessins ne sont pas caricaturaux et c'est bien agréable aussi. Une lecture plutôt sympathique, fraîche et drôle, mais je ne sais pas si elle séduira autant les élèves que les profs!
Commenter  J’apprécie          100




Lecteurs (389) Voir plus




{* *} .._..