"Rien n'est plus trompeur qu'un sourire. Et nul ne le sait mieux que celles et ceux qui se cachent derrière lui. Certaines montrent leurs dents comme pour mettre poliment en garde leurs ennemis, d'autres arborent une mine radieuse pour empêcher leurs larmes de couler. D'autres encore grimacent bêtement pour masquer leurs peurs. Et puis il y a ce sourire rare, totalement sincère. C'est le sourire qui sait que les ennuis seront bientôt terminés."
Voilà ce que disait Marie-Alice Young, voix off de la très célèbre série Desperate Housewives et qui s'applique à la perfection dans cette histoire.
Bienvenue, non pas a Wisteria Lane ici, mais à Sunnylakes, quartier riche et ensoleillé de Los Angeles où les pelouses bien tondues derrière des clôtures parfaitement alignées cachent ici aussi bien des secrets, tous plus ou moins inavouables.
En apparence, Joyce a tout pour être heureuse. Un mari, qui apparemment l'aime, deux adorables petites filles en bonne santé, une jolie maison à entretenir dans le plus pur style de la ménagère américaine dans les années 50-60... Et pourtant. du jour au lendemain, Joyce disparaît, et c'est sa bonne, Ruby qui découvre une scène des plus inquiétantes à son arrivée dans la maison : la cuisine habituellement immaculée est pleine de sang ! Qu'est-il arrivé à Joyce ?
C'est sur cette scène de crime que s'ouvre le roman, et je dois dire que la formule s'est avérée terriblement efficace pour moi. J'ai immédiatement été happée par l'histoire et je n'ai pu refermer ce livre l'esprit tranquille qu'une fois terminé.
Les chapitres s'enchaînent en alternant les points de vue : Joyce, Ruby et Mick le policier nous emmènent au gré de leurs réflexions et de leurs avancées dans l'enquête. C'est plutôt réussi et cela s'enchaîne bien. Pas de temps mort pour le lecteur.
Les personnages sont un poil clichés. Joyce dans son rôle de femme au foyer ultra malheureuse, Mick dans le rôle du flic un peu lourdingue et pas forcément hyper dégourdi, et Ruby dans le rôle de la bonne de couleur qui n'aspire qu'à sortir du chemin tout tracé pour elle à l'époque.
Mais tant pis, cela fonctionne tout de même. On nous parle de femmes, au foyer, noire, pauvres, qui espèrent autre chose que la vie qu'elles vivent. Ce roman met également en lumière une partie de la lutte des femmes aux États-Unis en 1959 : droits des femmes, liberté, avortement, violences conjugales, difficultés de la maternité, maladies mentales, sexualité, racisme et préjugés... Autant de thématiques qui permettent de dresser un panorama assez fidèle de ces années.
J'ai enchaîné les pages et j'ai été ravie de la fin qui m'aura même permis d'oublier que de temps à autre le style est un poil maladroit et pas forcément bien écrit.
C'était une belle lecture qui nous livre un aperçu de la vie dans les quartiers riches des banlieues à la fin des années 50, de façon dynamique et efficace. J'ai préféré ce roman à certains de
Liane Moriarty, qui dissèque elle aussi les relations conjugales mais dont je trouve les récits beaucoup moins rythmés.