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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Dans les interviews qu'il a données à la télévision pour évoquer son roman le Royaume, Emmanuel Carrère avoue avoir été influencé par la lecture de Paul Veyne. Il est vrai que les deux hommes ont la même intention : comprendre comment une secte religieuse a pu devenir l'une des religions dominantes de notre monde contemporain.

Si Emmanuel Carrère indique avoir été croyant, puis avoir abandonné toute pratique religieuse, Paul Veyne, lui, se définit comme incroyant. Incroyant, mais pas irrespectueux envers les religions, puisqu'il défend ardemment l'existence du sentiment religieux, existant pour lui-même et non pas en raison de considérations relatives à la mort ou à l'incompréhension des événements naturels. Dans ce livre, Paul Veyne concentre son propos sur les années 312-394, un siècle presque, durant lequel le christianisme va s'affirmer comme la religion dominante de l'empire romain finissant. Plus encore, Paul Veyne se concentre sur la figure centrale de Constantin qui, non content d'unifier l'empire sous son autorité unique, favorise le christianisme auquel, à la veille de la bataille du Pont Milvius, il se convertit.

Les historiens ont souvent compris cette conversion comme un geste politique : un Dieu, un empire, un prince. L'idéologie chrétienne servirait les intérêts de Constantin. Pour Paul Veyne, il n'en est rien : la conversion de Constantin est un acte de foi authentique. En épousant la religion d'un dixième de la population de l'empire, religion déjà organisée en une Eglise qui n'entend pas se soumette à l'autorité de son nouveau et tout-puissant bienfaiteur, Constantin s'inscrit clairement dans une histoire chrétienne qui transcende la vie humaine. Constantin prend donc un rôle à la mesure de l'homme littéralement extraordinaire qu'il est : à la foi authentique s'ajoute donc l'orgueil personnel. Mais ne pas prendre en compte la complexité de l'âme humaine, les multiples ressorts qui l'animent, ce serait simplifier les choses et, donc, se tromper.

A plusieurs reprises, Paul Veyne s'interroge sur les raisons du succès du christianisme. Pourquoi Constantin s'est-il converti ? Pourquoi la religion personnelle de l'empereur devient-elle la religion de la majorité des habitants de l'empire romain à la fin du IVème siècle ? Quelques longueurs viennent ici tenter quelques explications : le dynamisme du christianisme, son exigence envers les fidèles, sa transcendance, son culte de l'amour, la relation privilégiée qu'il consacre entre Dieu et les fidèles. Quant à parler de monothéisme, ce serait oublier un peu vite la structure fondamentale de Dieu, qui est Un en trois Personnes.

Évidemment, il est question aussi du paganisme. La religion romaine considérait les dieux comme une espèce à part, avec laquelle les hommes devaient entretenir des relations au moins cordiales. La religion païenne est importante, mais elle n'est pas tout : le christianisme, au contraire, englobe la vie en entier.

Le génie de Constantin est celui de la liberté : celle d'un homme qui épouse une religion à sa mesure, qui ne se préoccupe pas de l'avis de ses contemporains. Face au paganisme, Constantin n'impose rien : le réalisme domine sa politique. Peu à peu, l'élitisme originel du christianisme disparaît au profit d'une religiosité populaire qui ne s'embarrasse pas forcément des problèmes théologiques. Par ses actes (adoption du chrisme comme emblème personnel à la bataille du pont Milvius en 312, édit de Milan en 313, convocation du concile de Nicée en 325 mais aussi construction d'églises, règlement de la question donatiste, support financier à l'Eglise, dispense de rites païens et publics aux chrétiens ...), Constantin assure à l'Eglise une visibilité officielle, sans parvenir à l'imposer définitivement : c'est seulement à la succession de Julien l'Apostat, dans les années 363-364, que l'armée romaine imposera un empereur chrétien, sans que la religion n'ait été une part importante dans ce choix.

Un peu bavard, voire verbeux, le livre de Paul Veyne a un grand mérite : celui d'être très pédagogique. Car appréhender le IVème siècle romain, c'est aller à la rencontre d'un autre monde mental. le pouvoir est attaché à la personne, la religion (le paganisme) est d'abord une affaire de rites. Paul Veyne procède par analogie, privilégiant la compréhension de son lecteur à l'exactitude historique. Pour autant, on regrette que le livre ne soit pas un peu plus contextualisé (sur l'évolution historique du christianisme depuis les origines) et que le IVème siècle, hormis la période constantinienne, soit à peu près passée sous silence. L'érudition et les questionnements, tant historiques que philosophiques voire métaphysiques, donnent enfin une densité savante à l'ouvrage.
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Je m'attendais à un ouvrage plus historique que philosophique, je suis donc déçu. Néanmoins le livre est écrit dans une langue relativement simple, même si j'ai eu du mal à le comprendre parfois.
L'auteur defend la thèse que la conversion de Constantin est bien une conversion d'adhésion et non un calcul géopolitique. La deuxième partie est un panégyrique de l'universalisme, qui ne serais pas plus d'héritage chrétiens que des philosophes récent (spinoza) le tout saupoudré de Marxisme Leninisme...
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Paul Veyne retrace ici l'installation du christianisme au sein de l'Empire romain pendant le quatrième siècle. Il montre, dans cette étape, le rôle déterminant de Constantin sans lequel cette religion serait, peut-être, restée à l'état de secte... Un livre intéressant tant au plan de l'Histoire que de la réflexion autour du thème général des religions...
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