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EAN : 9781021010094
Tallandier (05/01/2016)
3.69/5   49 notes
Résumé :
Si l'on en croit Ovide, les Romains auraient célébré et magnifié l'amour et la sexualité. Étaient-ils vraiment aussi libres dans leurs mœurs et dans leurs pensées que le laissent imaginer leurs élégies, leurs poèmes érotiques, leurs statues?

On imagine l'Empire romain décadent d'après le Satiricon et l'ouvre de Fellini. Paul Veyne nous donne de Rome une tout autre image, celle d'une société pleine de tabous, et qui semble avoir inventé le mariage chr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Ça ne me paraît pas une mauvaise idée d'avoir réuni dans un petit livre des textes issus d'anciens numéros de la revue L'Histoire, alternant entretiens et courts essais. Fallait-il en revanche ne donner la parole qu'à Paul Veyne pour aborder le sujet de la Rome antique ? Je n'en suis pas certaine, puisque ça ne donne accès au lecteur qu'à un seul point de vue sur le sujet - au titre par ailleurs assez racoleur.

Si j'avoue volontiers qu'au tout début de l'ouvrage, je ne voyais pas bien l'intérêt d'un entretien sur la carrière et la vie de Paul Veyne, j'ai vite été accrochée par son ton léger, avec un brin d'humour, mais reposant sur une sérieuse connaissance de la Rome antique. Ses sorties sur l'autoritarisme de l'Église chrétienne font sacrément du bien à une époque où l'on n'ose plus émettre une seule critique sur tout ce qui touche au religieux !

De ces entretiens et des ces articles se dégage une image assez juste de l'antiquité romaine - et d'abord parce que Paul Veyne s'attache à définir ce qu'est un Romain, dans toute sa spécificité. Car Rome est multiple : c'est une cité, un ensemble de cités, un territoire de plus en plus large (puis de plus en plus réduit), un Empire comportant de multiples provinces. Un esclave, une femme, un enfant, un pérégrin peuvent-ils être considérés comme Romains ? de texte en texte, Paul Veyne nous donne à comprendre à quelle société profondément inégalitaire nous avons affaire. Il explique aussi très bien combien la religion dans la société romaine était éloignée de la conception que nous pouvons en avoir aujourd'hui, ou même de la conception chrétienne de l'époque. de même pour la justice. On saisit également assez bien les concepts de clientélisme et d'évergétisme, tellement importants pour cette société. Donc, pour l'essentiel, la civilisation romaine se dévoile à nos yeux de façon plutôt objective.

Reste que les textes en questions datent parfois d'une trentaine d'années et que Paul Veyne m'a l'air parfois plus intéressé par la pure spéculation intellectuelle que par le suivi des découvertes archéologiques en matière d'antiquité romaine. Il se laisse parfois un peu aller et, franchement, les textes sur les gladiateurs m'ont semblé un rien fantaisistes par moments. J'y voyais plus la marque des tableaux - superbes dans leur mise en scène, mais historiquement contestables - de Jean-Léon Gérôme que celle des historiens et archéologues qui travaillent sur le sujet. Non, Paul Veyne, les armures des gladiateurs ne pesaient pas forcément trente tonnes, et celles qu'on trouve exposées dans les musées - comme dans la vitrine des gladiateurs du Louvre - sont des armures d'apparat, et non réservées au combat. Et non, Paul Veyne, les jeux du cirque ne se limitaient pas aux combats de gladiateurs et aux exécutions de condamnés. Ils présentaient aussi des chasses, non pas, comme le dit l'auteur, où le lion mangeait la plupart du temps le chasseur, mais où des dizaines de milliers d'animaux furent massacrés. Et la mortalité des gladiateurs n'est peut-être pas aussi élevée que Paul Veyne nous le laisse entendre, sauf à la fin de l'empire, avant leur interdiction, où les combats étaient devenus, effectivement, de vraies boucheries. D'ailleurs, il y a loin de l'organisation d'un combat de gladiateurs dans une petite cité de Gaule romanisée à celle de la capitale. Or Paul Veyne ne s'intéresse guère, dans ce cas, qu'à Rome elle-même.

Je n'ai pas trouvé un intérêt énorme aux textes sur le mariage la sexualité, et, pour un ouvrage dont le titre est consacré au pouvoir, je suis étonnée que rien ne se rapporte aux sénateurs. Donc, quelques lacunes, quelques approximations fantaisistes qui demandent à rester sur ses gardes durant la lecture, mais une approche générale assez intéressante et juste de la société romaine, dans un style agréable - lire Paul Veyne, c'est plutôt agréable et amusant.



Masse Critique générale
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Très bon livre. Ce qu'on peut apprécier chez Paul Veyne, c'est sa volonté de dépasser la chronique des faits pour tenter de comprendre comment pensent les gens à l'époque qu'il étudie. Constamment il fait l'effort de rapporter à notre propre mentalité la manière de penser romaine de l'antiquité. C'est un beau travail de pédagogie.
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Compilation d'articles parus dans la revue L Histoire. Dont certains ont une trentaine d'année. Demeure cependant intéressant.
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Comme toujours, Paul Veyne sait mettre son savoir à la portée de tous et établir des parallèles pertinents entre sociétés antiques et sociétés modernes.
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Ce livre n'est pas un essai, mais un recueil de plusieurs articles que l'auteur a écrit pour le magazine L'Histoire. C'est intéressant, mais du coup c'est un peu répétitif. Car plusieurs articles abordent le même sujet et on a donc les mêmes informations.

Ce livre est a réservé aux passionnés car il est quand même très pointu. L'auteur aborde différents thèmes de la société romaine et noux explique cette société par rapport à la notre. Néanmoins certains sujets m'ont intéressé plus que d'autres. le style est très universitaire.

Mais cela a été une lecture très instructive.
Lien : http://lemondedemara2.canalb..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
L'Histoire : Paul Veyne, imaginons que nous soyons à Rome, aux débuts de l'empire. Je suis rossé, on me dérobe mon argent. Ma femme est violée. Mon fils est tué. Obtiendrai-je justice ?
Paul Veyne : Vous avez fait fort ! Je vous suppose venu du fin fond de la Gaule chevelue, égaré dans Subure, le quartier "chaud" de Rome. Quoiqu'il en soit, je vous souhaite d'abord d'être riche, donc pourvu d'une bonne "clientèle", car c'est vous et vos amis qui devrez mener l'enquête, trouver le ou les coupables et les traîner en justice : aussi peu croyable que cela puisse paraître, il n'existe pas de véritable police dans le monde romain. L'armée s'occupe de la sécurité politique en réprimant les émeutes. En revanche, elle n'intervient guère en matière de sécurité civile, sauf pour mater le brigandage organisé en bandes - parfois il y avait des brigands dans les montagnes et parfois la population recourait à l'autodéfense. On affirme que ce brigandage était de la lutte des classes. Je n'en suis pas très sûr.
L'Histoire : Et si je ne suis pas riche ?
Paul Veyne : Si vous n'êtes pas puissant, vous disposez presque toujours d'un "patron", dont vous êtes le client, ou d'une bande d'amis. Vous essayez alors d'obtenir du patron qu'il fasse jouer sa protection, de vos amis qu'ils vous donnent un coup de main. En revanche, si vous êtes esclave, les choses sont plus simples. Votre propriétaire déteste qu'on lui abîme son matériel. Il demandera donc à ses sbires d'aller régler l'affaire.

"L'Empire romain, c'est la Mafia !"
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L'Histoire : Arrêtons-nous sur la religion. Vous avez dit être sensible à l'idée d'une religion sans Église. En quoi l’Église est-elle une invention répréhensible ?
Paul Veyne : C'est un parti totalitariste.
L'Histoire : Mais il y a bien des prêtres dans la religion antique ?
Paul Veyne : Oui, mais chaque prêtre dispose de son propre temple, c'est la libre entreprise si vous voulez, on ouvre un temple comme on ouvre une épicerie, les clients suivent ou pas. Les religions antiques ne sont pas totalitaires, les dieux de tout le monde sont vrais, les dieux étrangers sont ou bien les mêmes dieux que les nôtres, sous un autre nom, ou bien d'autres dieux qu'on ne connaissait pas et c'est intéressant, c'est peut-être une bonne recette, comme vous importeriez des plantes utiles, vous respectez les dieux du pays pour vous mettre bien avec les puissances locales.
Rien à voir avec les religions de salut qui veulent faire votre bien malgré vous - et par-dessus le marché, il faudrait les remercier ! Vous me direz que les stoïciens ou les épicuriens étaient persuadés qu'eux seuls avaient raison ; certes, mais l'idée qu'un jour tout le monde pût ou dût être du même avis qu'eux ne leur avait même pas traversé l'esprit.

Quand Rome dominait le monde
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On ne ne saurait douter que Caligula ait été fou, mais sa paranoïa consista plus d'une fois à ressusciter des traditions de rudesse collective. Il avait fait bâtir un pont à Pouzzoles et, le jour de l'inauguration, il fit jeter dans l'eau, du haut du pont, une partie des spectateurs. Les folkloristes reconnaîtront là la coutume d'inaugurer un monument par un sacrifice ou, plus prosaïquement, la tradition qui exige que toute inauguration soit une fête et qu'il n'y ait pas de fête sans un souffre-douleur.

L'obscénité et le "folklore" chez les Romains
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Les deux principales sectes, épicurisme et stoïcisme, professaient que, pour atteindre le bonheur, il faut supprimer les vains désirs afin de se soustraire aux coups de la Fortune et se persuader que la mort n'est rien.
Le stoïcisme antique n'a que le nom de commun avec celui des modernes : ce fut un non-conformisme, qui conseillait au sage de se suicider s'il jugeait ne pouvoir plus vivre en ce monde de manière autonome. Quant à l'épicurisme, il enseignait à ne pas craindre la mort, à vivre d'amitié et d'eau fraîche et à ne se connaître de devoirs sociaux qu'envers ses amis. C'est à peu près le contraire de l'épicurisme au sens moderne ou du stoïcisme selon Alfred de Vigny.

Les païens et leurs dieux
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Le sport national romain, c'est le droit privé, la jurisprudence civile. Les Romains adorent cela, ils suivent les procès comme nous suivons les feuilletons à la télévision. Et s'ils passent pour les inventeurs du droit, il ne faut pas oublier qu'ils le conçoivent d'abord comme une accumulation de jurisprudences. [...] La fourniture des pièces du procès, les citations de témoins, la place des diverses parties dans le prétoire... Tout cela fait l'objet d'une codification romaine identique de la Bretagne jusqu'à l'Asie mineure.
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Videos de Paul Veyne (27) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Paul Veyne
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Quel écrivain italien de la Renaissance est-il le fondateur de la science politique moderne ? Son nom a donné naissance à un adjectif, qui pourtant désigne l'inverse de sa théorie…
« le prince » de Machiavel, c'est à lire en poche avec la préface de Paul Veyne, chez Folio.
>Histoire, géographie, sciences auxiliaires de l'histoire>Histoire du monde ancien>Péninsule italique jusqu'à 476 (120)
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