C’est dans l'École française que la peinture vivante du Québec prend sa source. Paris est le centre spirituel de l'art contemporain. Tl eut été anormal que les Français que nous sommes tout de même restés n'y trouvent pas un point d'appui, un tremplin alors que les artistes de tous les pays d'Occident et du monde entier y puisaient raison et sensibilité. Les peintres canadiens-anglais eux-mêmes ont découvert leur voie grâce à Paris. Paradoxe, ce sont certains d'entre eux qui, les premiers, ont apporté ici l’air de Paris : d'abord et surtout Morrice, et puis Lyman. A quelques nuances près, peintres canadiens-anglais et canadiens-français témoignent d'un même esprit. C'est une loi inéluctable : pour vivre, il faut être le fils de quelqu'un. Quitte, une fois bien apparenté, bien de la famille, à piaffer d'impatience et à se révolter comme tout fils qui se respecte. Pour être bienfaisante, la révolte doit surgir de l'intérieur. Sinon, elle porte à vide.
Montréalais par adoption, Arthur Lismer est parmi nos peintres le seul représentant du Groupe des Sept. Ces artistes de l’Ontario s’étaient insurgés contre la peinture anecdotique, conventionnelle, hollandaise que l’on pratiquait au Canada avant la première Grande Guerre. Ils avaient rompu avec les servitudes d’une peinture à sujets, à historiettes. À l’encontre des
conventions, avec un regard nouveau, ils promenaient leur chevalet dans les terres vagues et la brousse, devant les aurores boréales et les glaciers d’un pays que personne encore n’avait trouvé le temps de contempler. Ils regardaient tout ça avec un oeil de peintre, pour en extraire le motif. Voilà qui est extraordinaire pour l’époque.
C’est ainsi que Marc-Aurèle Fortin exploite à fond une facture enlevée et la touche impressionniste dans une production en série, vite tombée dans la sécheresse et le pompiérisme. A la vérité, Fortin était un artiste doué, mais sans discipline et sans lucidité.