Georgia O'Keefe (1887-1986) , qui occupe la première place parmi les artistes modernistes américains, nous est ici proposée à travers le regard de l'écrivaine et chercheuse indépendante,
Alicia Inez Guzmàn, une spécialiste de l'artiste.
Cette femme libre, pionnière de son temps, à l'indéfectible franc-parler, avertira dès la publication de sa première autobiographie en 1976 que l'endroit où elle est née et comment elle y a vécu n'a aucune importance, seul importe ce qu'elle a fait des lieux où elle est allée. “Pour elle , regarder un de ses tableaux c'était voir comme elle voyait, et non de qu'elle manière elle vivait.”
Sa rencontre et plus tard son mariage avec
Alfred Stieglitz, de vingt -trois ans son aîné,le galeriste le plus connu, fondateur de la photographie moderne, et ardent défenseur de l'art d'avant-garde à New York, va marquer le début d'une nouvelle ère pour elle mais aussi pour Stieglitz. Georgia à l'époque une quasi-inconnue sera immortalisée à travers une centaine de photos que Stieglitz fera d'elle, initiant entre eux le début d'un dialogue esthétique et créatif qui nourrira profondément leur créativité mutuelle. L'esthétique de la jeune femme influencera fortement la photographie de Stieglitz, qui a son tour aura un impact du même calibre sur la peinture de Giorgia .
Guzmàn nous donne certains clé pour mieux apprécier son oeuvre, tout en mettant en garde des fausses idées que développèrent certains critiques d'art intellos qui comme presque toujours croivent seuls détenir la vérité 😊. Ces derniers décryptèrent des interprétations freudiennes dans ses tableaux de fleurs, imposant leurs lectures personnelles à ses créations, alors que l'unique but de Georgia était d'offrir un temps de pause aux spectateurs , en particulier aux NewYorkais très occupés, et de leur permettre d'observer des pétales et leurs variations de couleur comme ils ne les avaient jamais vu. Aussi simple que ça 😊!
Personellement c'est une peintre dont les oeuvres me passionnent . J'aime ses formes et ses couleurs, ses sujets si divers d'une esthétique inouïe qu'elle arrive à exprimer d'une façon personnelle et originale . Son tableau de 1916, Train at Night in the Desert , où tout est suggéré par quelques formes seulement, une lanterne palpitante qui entraîne dans son sillage un nuage de fumée blanche, sans ligne d'horizon, la locomotive étant comme suspendue dans l'espace, uniquement rattachée à la surface de la terre par une ligne vert pâle matérialisant la voie ferrée qui suit sa route hors de la feuille est simplement GÉNIALE ! Bien que perdant peu à peu la vue dans la dernière décennie de sa vie, la clarté de sa vision esthétique demeurera toujours intacte.
Un livre intelligent , intéressant qui a réussit une excellente synthèse entre l'oeuvre et la vie de O'Keefe, à travers une analyse approfondie de l'oeuvre de l'artiste dans le contexte des différents lieux où elle a vécu, étudié, peint et où elle a eu le sentiment d'être enfin « arrivée ». Richement illustrée d'une grand partie de son oeuvre il suit l'évolution de O'Keeffe d'étudiante en art, assistante pédagogique, enseignante, artiste mature et femme indépendante, et du naturalisme à la stylisation, au minimalisme et abstraction. Une artiste qui ne s'est jamais conformée aux principes d'un mouvement artistique ; dans un même geste elle pouvait tout à fait passer par l'abstraction pour retourner à des motifs semi-figuratifs.
Alors que les fêtes approchent une superbe idée de cadeau à recevoir ou offrir aux passionnées, passionnés 😊.