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Citations sur Le moment est venu de dire ce que j'ai vu (57)

Chirac en désamour de notre héritage:

"Il n'a pas d'opinion sur les choses, il est un homme de l'immédiat. Il ne croit pas trop à l'Histoire. Je me souviens d'un grand dîner avec Mitterrand et d'autres dirigeants européens à l'Elysée. Chacun y allait de sa date favorite en Europe, au nom de son pays. C'est Margaret Thatcher qui commença:

- Pour moi, la date importante, c'est 1215, la Grande Carte.

- Pour moi, enchaîne Kohl, c'est 1648, le traité de Westphalie, la nouvelle Europe.

- Pour moi, poursuit Mitterrand, sur le Temps long, c'est 496, le baptême de la France.

Chirac n'a encore rien dit. Il prend un air stratosphérique et inspiré. Il est à ses libations, les yeux dans la bière. Mitterrand se tourne vers lui:

- Et vous, monsieur Chirac, votre date européenne ?

- Pour moi, c'est 1664...Kronenbourg.

Alors il lève sa pinte avec fierté. C'est une manière de dire:"Je m'en fous"

Quand on le connaît bien, on devine ses dilections et aversions. Il n'aime pas l'histoire de l'Occident. Il déteste Rome, l'imperium, la grandeur. Il dit que "ça put la mort!" Son fort intime le porte vers l'Orient. Il délaisse l'Occident par étapes. La fuite vers l'Orient commence par la Russie - il parle russe-, ensuite la Grande Steppe, puis la Chine, enfin le Japon, où il ira cinquante-trois fois durant sa vie publique.

Il préfère le bouddhisme au catholicisme, le yin et le yang.

L'Histoire de France ne lui dit pas grand-chose. Il n'entre pas dans les cathédrales. Il préfère aux Arts florissants les arts premiers. dans son bureau trône un rhinocéros rescapé de l'inondation de Lisbonne. Les murs sont tapissés de masques africains. Il n'aime dans l'Histoire, que celle d'avant et elle d 'après.p.36
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Nous sommes entrés dans le temps où l’imposture n’a plus ni ressources ni réserve. La classe politique va connaître le chaos. Elle a déclassé la France, elle l’a précipité dans une impasse alors qu’elle avait mandat de la rétablir en sa grandeur. Et le peuple s’en est aperçu. Mais les politiques ne sont pas seuls responsables. Ils ont pu s’appuyer sur des alliés utiles dans le monde économique, médiatique, associatif, etc…parmi toutes les élites en révolte contre le peuple. Page 11
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A la source de l'antiracisme:

Marcellin avait le bons sens des Bretons. Il avait perçu, dès 1972, les dégâts de cette"loi Pleven" qui interdisait à un citoyen français de préférer un compatriote à un étranger. Ainsi tombait un mur porteur: la liberté, sur le forum, de préférer son voisin à son lointain.
Peu à peu, le patriotisme allait devenir une pathologie, la frontière, une déviance, la nation, une mare aux diables xénophobes.
Nos deux défaites, en Indochine et en Algérie, devaient ainsi promouvoir une nouvelle posture officielle, la haine de soi", ou plutôt la haine de ceux qui nous ont précédés. Cette exécration, cette aversion de soi-même devaient habiller désormais le narcissisme de l’instant et conduire à l'égoïsme absolu.p.67

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Quand il n'y a plus de mœurs, on fait des lois. Une société vivante, qui a encore des mœurs, fait peu de lois. Montesquieu l'avait pressenti : « C'est une très mauvaise politique que de changer par les lois ce qui doit être changé par les manières. »
...
aujourd'hui, on a perdu à la fois la potestas et l' auctoritas. La potestas est partie à Bruxelles et l'auctoritas dans les médias. Le roi est nu, il ne reste que le casque et le scooter.
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Que s’est-il passé depuis cinquante ans ? On a massacré la France rurale, entassé les gens dans des concentrations urbaines où des individus rassemblés par des nécessités étrangères à leur nature se coudoient sans se connaître et où il faut, entre les pics de pollution, choisir son jour pour respirer à pleins poumons.

Mais, plus grave encore, on a tué les métiers indépendants : le paysan avec la mondialisation des marchés, l’artisan avec les délocalisations, le commerçant avec la grande distribution, les pêcheurs avec les bateaux racleurs de fond qui viennent de Corée ou de Japon sur nos côtes.

On a tout simplement éradiqué l’indépendant d’esprit, on a anéanti toute une France qui pensait par elle-même. On a préparé l’avènement de la société mimétique. Mitterrand avait résumé l’opération : « Le socialisme, c’est la ville. » La manipulation peut commencer. La mondialisation des esprits, le consumérisme, l’hédonisme, l’individualisme absolu.

La France rurale, qui était le cœur de la France, est devenue une France périphérique. Le nouvel impératif de la société déracinée, c’est la mobilité : il faut « être mobile ». Mobilité professionnelle, géographique, affective. Mobilité de la carrière, du caprice. On n’a plus d’axe. On a la tête qui tourne. On vit dans l’instant, le provisoire, le fugitif et le futile. On campe.

Ainsi l’éphémère, préparant l’avènement de cette société de l’immédiat, connote positivement la triple errance de l’être hors-sol : nomade en ses rêves, coupé de son passé et de son histoire. Nomade en ses sentiments, désaffilié, désincarné, sans patrie ni sexe. Nomade en ses demeures, dépersonnalisé. Une sorte de prolétaire moderne, un être sans lieu, sans attaches et bientôt sans naissance, sans métier vivant, courbé sous la férule d’un capitalisme sans entrailles. (p. 104)
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Funérailles de Soljenitsyne:

La cérémonie fut splendide. elle se déroulait devant une fabuleuse iconostase à sept registres du XVIIIe siècle. elle dura six heures. Nous étions dans le carré de la famille, auprès du président de la Russie et du maire de Moscou. Je n'oublierai jamais cette longue cordée des humbles qui défila dans la fumée des cierges et les vapeurs d'encens, devant le cercueil ouvert, peu à peu submergé par une véritable muraille de fleurs.
Toute la Russie est là. Une marée humaine. Des silhouettes hors d'âge se pressent: les anciens camarades de combat, les gueules cassées, avec les insignes de rescapés du Goulag. Il y a de la gravité, du désarroi dans tous les regards. et surtout un profond recueillement. C'est le temps de la Miséricorde. Visiblement, ici, chez les orthodoxes, les beautés ancestrales des chants sont immuables. Il n'y a pas eu d'aggiornamento. L'office est sublime. On est entre ciel et terre.
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Au loin, les chrétiens sont persécutés, chez nous, l'enjeu est d'abord sémantique et pénal : la christianophobie est une opinion, l'islamophobie est un délit.
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Vous, les Occidentaux votre intelligence est libre, mais sans courage. Votre univers est spirituellement vide. Soljenitsyne, 1978, page 182
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Quand le Pouvoir fait venir à lui l'Argent, l'Argent achète le Pouvoir.
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Nous croyons à tort que les mouvements islamistes sont des mouvements Pré-Lumière, qui découvrirons bientôt les splendeurs du consumérisme. En vérité ce sont des mouvements post-Lumière. Ils savent que les utopies humanistes, qui s’était substituées à la foi religieuse, se sont effondrées. Fabrice Hadjadj, FigaroVox le 10 février 2015, page 254
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