Valérie Villieu (qui nous a déjà marqués avec sa célèbre BD « 2 hivers, 1 été) et Rafael Sarfati nous apportent un témoignage en bulles. C'est la rencontre de l'infirmière libérale qui entoure de tout son possible d'«être humain » une patiente frappée de démence sénile du genre Alzheimer, parmi les huit cent mille cas en France. Joséphine souffre et voyage dans sa tête. Elle voyage aussi sur une bulle plate qui traverse les pages… 9 cases ou 1 case … ou le vide selon son état mental. Et Valérie note tous les détails de leurs bribes de vie, parfois tragiques, souvent pleines d'humour. Cette vieille dame vit dans 15 mètres carrés depuis 50 ans, avec à ce jour, 2 peluches, un ours et un chien, auquel elle met une couche-culotte en tissu et dressant l'oreille au moindre claquement de porte ! « Lui dire la vérité à Joséphine ? Cela la mettrait en colère ! » Valérie, la professionnelle établit une relation de confiance tout en douceur. En vain, car le mauvais exemple vient des auxiliaires de vie : trop nombreuses sur le poste, travail bâclé, salaire trop bas, manque d'honnêteté ou incompétence, et surtout manque de formation pour exercer ce métier fourre-tout… ! Un métier pourtant si utile ! Joséphine en souffre. Ses lunettes sont cassées depuis 6 mois ? le temps de faire bouger la tutrice, qui à chaque appel répond « je suis débordée ». Finalement c'est l'infirmière, sur son temps libre, qui conduit mémé chez l'opticien. le choc du voyage à pied… au point de passer fêter le retour au bistrot … et d'y retrouver un ancien copain. Heureuse dans ce lien social, elle chuchote « j'aime bien l'ambiance des cafés ». Retour nostalgique à l'appartement. Et un jour : vie en danger, hospitalisation, isolement, lien social cassé en quelques semaines. Là où la gériatrie est dévalorisée, là où travailler est vécu comme une punition. Avec Joséphine, pourtant très attachante, le vide se répète toujours.
Un témoignage poignant ? Normal, c'est du vécu. Et 10 ans après la parution de l'ouvrage, rien n'a changé !