Citations sur Poésies complètes (62)
Item, à l’orfèvre Du Boys,
Donne cent clouz, queues et testes,
De gingembre sarazinoys,
Non pas pour accoupler ses boytes,
Mais pour conjoindre culz et coettes,
Et couldre jambons et andoilles,
Tant que le laict en monte aux tettes,
Et le sang en devalle aux coilles.
Car, s’en jeunesse il fut plaisant,
Ores plus rien ne dit qui plaise.
Tousjours vieil synge est desplaisant :
Moue ne faict qui ne desplaise.
S’il se taist, affin qu’il complaise,
Il est tenu pour fol recreu ;
S’il parle, on luy dit qu’il se taise.
Et qu’en son prunier n’a pas creu.
Je congnois que pauvres et riches,
Sages et fous, prêtres et lais,
Nobles, vilains, larges et chiches,
Petits et grands, et beaux et laids,
Dames à rebrassés collets,
De quelconque condition,
Portant atours et bourrelets,
Mort saisit sans exception.
Item, aux Frères mendians,
Aux Devotes et aux Beguines,
Tant de Paris que d’Orléans,
Tant Turlupins que Turlupines,
De grasses souppes jacobines
Et flans leurs fais oblation ;
Et puis après, soubz les courtines,
Parler de contemplation.
Ung temps viendra, qui fera desseicher,
Jaulnir, flestrir, vostre espanie fleur :
Je m’en risse, se tant peusse marcher,
Mais nenny : lors (ce seroit donc foleur)
Vieil je seray ; vous, laide, et sans couleur.
Or, beuvez fort, tant que ru peult courir.
Ne donnez pas à tous ceste douleur,
Sans empirer, ung povre secourir.
Fait au temps de ladicte date,
Par le bon renommé Villon,
Qui ne mange figue ne date ;
Sec et noir comme escouvillon,
Il n’a tente ne pavillon
Qu’il n’ayt laissé à ses amys,
Et n’a mais q’un peu de billon,
Qui sera tantost à fin mys.
Ballade des pendus
Frères humains qui après nous vivez
N'ayez les coeurs contre nous endurciz,
Car, se pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tost de vous merciz.
Vous nous voyez cy attachez cinq, six
Quant de la chair, que trop avons nourrie,
Elle est pieça devoree et pourrie,
Et nous les os, devenons cendre et pouldre.
De nostre mal personne ne s'en rie :
Mais priez Dieu que tous nous veuille absouldre!
Et sachez qu'en grand pauvreté
- Ce mot se dit communément -
Ne gît pas grande loyauté.
( "Le Testament " , XIX)
[Louange et requête à la cour de Parlement]
Et vous, mes dentz, chascune si s’esloche [s’ébranle] ;
Saillez avant, rendez toutes mercy,
Plus haultement qu’orgue, trompe, ne cloche,
Et de mascher n’ayez ores soulcy ;
Considerez que je fusse transy,
Foye, pommon, et rate qui respire ;
Et vous, mon corps, vil qui estes ou pire
Qu’ours ne pourceau, qui faict son nid ès fanges,
Louez la Court, avant qu’il vous empire,
Mère des bons, et sœur des benoistz anges !
[...] "jeunesse et adolescence ",
[...] "Ne sont qu'abus* et ignorance. "
* erreur
(" Le Testament ", XXVII)