Je tiens tout d'abord à remercier Babelio et les Editions Vendémiaire pour m'avoir permis de participer à cette opération Masse Critique et découvrir ce livre. J'ajoute que j'ai été très touchée par le petit mot joint au roman, ajouté par la maison d'éditions et me souhaitant une bonne lecture : c'est une attention rare .
Le « livre-objet » lui même est agréable à feuilleter et les caractères sont d'une taille confortable. J'ajoute que la couverture, une vue de Grand-Terre par
Richard Vincent, illustre parfaitement ce que j'ai ressenti pendant ma lecture : un endroit hermétique et sombre, ramassé et clos sur le secret.
Une fois commencée ma lecture, j'ai eu du mal à m'arrêter : je voulais savoir , avancer au rythme de l'enquête, des interrogatoires, et c'est en quelques jours que je l'ai dévoré.
Je connaissais peu « l'affaire Dominici ». Comme tout le monde, j'en savais les grandes lignes : le meurtre d'une famille anglaise, dans les Alpes de Haute Provence en 1952 et les principaux suspects membres d'une même famille : les Dominici. Cette affaire, la première à être autant médiatisée en France, a fait couler beaucoup d'encre et a même à plusieurs reprises été portée à l'écran. Pour ma part, « Affaire Dominici -La contre-enquête » a été mon premier contact avec cette histoire, j'ai donc débuté ma lecture sans à priori ni idées préconçues.
Jean-Louis Vincent, ancien commissaire divisionnaire, passionné par l'affaire, a mené sa propre enquête. Il nous confie ici le fruit de quinze années d'études de ce dossier. Un regard qui réussit à nous livrer les éléments sans parti pris ni désir de sensationnel .
Dans son avant-propos, l'auteur explique ses motivations : l'affaire a été tant médiatisée et « déformée » pour toucher le public qu'elle a perdu tout son sens. Les théories les plus farfelues, comme l'espionnage industriel et une attaque extra-terrestre, ont même été évoquées...
Le style de l'auteur m'a immédiatement séduit : il est direct, simple et efficace,respectueux des victimes autant que du travail effectué par ses collègues. En rien racoleur,
Jean-Louis Vincent, de façon méthodique, présente l'enquête dans son déroulement : il s'attache aux faits. Ce qui met en relief de façon criante les contradictions des principaux protagonistes : les Dominici, empêtrés entre mensonges et silences.
Un enquête avec si peu de preuves matérielles qu'elle ne pouvait aboutir sans aveux, mais ceux qui ont été obtenus sont si étranges et partiels qu'ils ne livrent rien du mystère.
L'auteur remet les faits dans leur contexte historique : les moyens d'investigation de l'époque sont bien loin de ceux de nos « experts » actuels. Les membres de ce que l'on nomma le « clan » Dominici ne ressentaient aucun engagement, aucun devoir, envers la machine judiciaire, et la loi du silence prévalait. Si l'on ajoute à cela les passions encouragées par les médias et cette terrible absence de preuves matérielles, les enquêteurs ne pouvaient que s'embourber : j'ai ressenti la frustration de ces hommes en quête de justice, la déception face à la mauvaise foi candide et effrontée des témoins.
Jean-Louis Vincent nous livre ici un méticuleux travail de contre-enquête grâce auquel des voies se dessinent vers la vérité. Vérité que nous ne connaîtrons jamais, puisque les principaux acteurs de ce drame sont aujourd'hui décédés, et ceux qui restent garderont le silence. Les assassins de la famille Drummond ne seront pas punis, on peut espérer cependant que le souvenir de leur assassinat les a hanté jusqu'à leurs derniers jours.
« Affaire Dominici -La contre-enquête » m'a tenu en haleine de la première à la dernière page.