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EAN : 9798674009146
111 pages
Auto édition (08/10/2020)
5/5   4 notes
Résumé :
David serait né durant l'été 1979. Quarante et un ans plus tard, celle qui aurait pu être sa mère noue avec lui un premier et improbable dialogue.Cette boomer imagine une rencontre avec le fils qu’elle a refusé de porter et lui présente en quelques tableaux la dérive de la société dans laquelle il aurait vécu.Comment en sommes-nous arrivés là ?Comment ELLE en est arrivée là ?"Tribulations de krill en rupture de ban" revient sur quarante années vécues en France -à Pa... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Roman exutoire, très court, dans lequel l'auteur se livre à une analyse sans concession des quatre dernières décennies. 1979-1989 ; 1989 - 1999 ; 1999-2009 ; 2009-2019...
La forme de cet essai est celle d'un dialogue entre une mère et l'enfant dont elle a avorté en 1979 et qu'elle retrouverait en 2021....
Elle lui raconte pourquoi elle l'a fait et aussi tout ce qu'elle lui a évité.
Roman poil à gratter dans lequel le lecteur, pour peu qu'il soit de la même génération, retrouve la somme des désillusions qui ont forgé notre découragement tout au long des trente non glorieuses qui annulent ce que les trente glorieuses nous ont permis de gagner (?)
Comme dans ses précédents romans, le style de l'auteur est juste et décapant.
Au hasard des pages, cette citation qui est à mon sens un bon résumé de la philosophie du roman, que je partage pour l'essentiel :
"Le krill s'imagine déjà tête d'affiche, tenant un des rôles principaux, alors que son unique fonction dans le jeu est de servir de nourriture."
L'auteure raconte par le menu comment dans les années 1980 (je traduis à ma façon), la gauche au pouvoir a dépucelé la France sur de nombreux sujets jugés tabous, ce que la droite n'avait jamais osé faire.
Libéralisation des marchés financiers, privatisation des chaînes TV, radios libres, panthéonisation de la culture, irruption des prémisses de la télé-réalité, lois Auroux introduisant subpréticement les Cercles de qualité, autorisation du n'importe quoi dans les cercles les plus élevés de la politique sous couvert de complexité.
Une inversion des valeurs... du genre Eddy Mitchell allant faire un concert en 1990 pour les soldats français lors de la guerre du Golfe...Du genre les électeurs du RN en seront les premières victimes (voir également les électeurs de Donald Trump)...Du genre, nous regardons le Grand Bleu pendant que la planète s'embrase...Du genre "(...) on affuble le Père Pétrodollar du masque de Justice-Liberté-Droits de l'Homme Moderne" et tout le monde applaudit.
On pourrait multiplier les exemples....
Je terminerai avec ses développements sur la déïfication de l'entreprise au travers de la mode des années 1980-1990, autour de l'analyse transactionnelle ou la PNL qui fait de l'individu le principal obstacle au dévelopemment entrepreunarial et lui demande de s'adapter au système et non l'inverse.
Être acteur du changement sans aucune possibilité de choisir son scenario nous dit l'auteure, "(...) le lâcher-prise total apparaît comme alternative à la pression devenue insupportable.".
Je souscrit totalement.
On retrouve en creux dans le roman, les concepts qui parcourent Nature Humaine de Joncour ou encore ce qui fait le sel de certains romans de Antoine Bello.
Comme affirme l'auteure sur son site, lire ce roman c'est :
"L'occasion pour tout un chacun de descendre de son petit nuage pour prendre conscience de ce qu'il est vraiment et seulement : un krill, nom de nom !"
Alors Krill ou Requin ? Testez-vous en lisant Catarina Viti !
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Roman ? Pas tout à fait. Essai ? Pas vraiment. Autobiographie ? Probablement. Sans doute, car ces accents de vérité ne trompent pas – ou bien l'art de l'écrivain règne ici, suprême. Exutoire ? Certainement.

C'est certainement une claque ! Dès les premières pages, le tout premier "non !", ce refus de la maternité imposée, résonne bien haut ; cri de rage contre un dictat social, comme si une femme ne pouvait être – et seulement – qu'un "ventre". La traversée des années 70, 80, 90 par l'héroïne avec son cortège de désillusions, au milieu d'une planète de plus en plus exsangue, est une trajectoire, poignante, celle de toute une génération… La prégnance d'une supposée collectivité unie par l'esprit (ou, pire, sur un "développement personnel" menteur qui ne vise qu'à fabriquer des rouages dans l'industrie du travail) ne serait-elle qu'une machine à décérébrer, atomisant toute individualité ? C'est ce que ce texte pose comme question acide, et la poser, c'est aussi y répondre… Face à ces forces centrifuges que reste-t-il d'autre que la créativité ? Et suffit-elle toujours ?

A travers ce court texte, s'exhale une révolte qui résonne avec force, et dont la vibration résonne toujours, une fois la dernière page tournée. Constat sévère, mais si juste, d'illusions additionnées, de modes de pensées vite effilochées pour laisser place à la suivante… Et la consommation, de plus en plus frénétique, toujours.

Avec un style rugueux comme il le faut, claquant comme il se doit, marquant au fer rouge, Catarina Viti fait le constat d'une faillite générale et d'une civilisation qui va dans le mur. Finalement, les enfants idéaux ne seraient-ils pas ceux que l'on peut encore se rêver ? Une lecture jouissive et salutaire.
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Le langage, David, voilà ce qui nous trahit. La langue qui nous permettait de communiquer avec la création, la langue des poètes, n’est plus usitée. La langue de la révolution, des idées, du ventre : flinguée à bout portant. On baragouine la langue des échanges commerciaux, des rapports financiers : excellence, exception, performance, objectif, projet, compétence… autant de mots indifféremment utilisés pour parler de psychologie ou de sentiments. Même le langage de la philosophie, pourtant rationnel et précis, est devenu hermétique à la quasi-totalité d’entre nous. Seuls quelques dinosaures ont encore accès à la pensée de Heidegger ou de Hegel. On ne lit plus Bergson.
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Si tu étais mon enfant, je te montrerais comment dire non sans crainte, sans l’ombre d’une peur. Je te montrerais comment dire non en riant. Je te montrerais que tu n’as pas à te soucier de dire oui, ou que très rarement, car le seul oui qui compte est programmé pour venir tout seul, du ciel, comme une offrande.
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Maintenant, David, tu aurais l’âge d’homme. Peut-être même aurais-tu un enfant, des enfants, et, ensemble, vous vous rinceriez la dalle avec ce tordboyaux, ces piquettes de Game of Throne, de Servante écarlate ou The Walking Dead. Et tu ne trouverais rien d’étonnant ou de stupéfiant à cela, tout simplement parce que ce serait ton présent, et que rares sont les êtres humains prêts à remettre en question le présent dont ils sont les acteurs. La plupart préfèrent juger le passé et zapper l’avenir.
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L’homme désirant est un esclave en puissance. Le désir est le pire des virus. Une fois inoculé, il déclenche dans l’organisme les réactions en chaîne de la frustration, et à peine l’être humain en est-il infecté, qu’il se rend disponible à toutes les formes de compromissions dans l’espoir de ne pas mourir sans avoir connu la jouissance. Jouissance de posséder, de faire, jouissance de paraître, d’être reconnu… autant de plaisirs qui lui sont présentés comme la coupe aux lèvres de Tantale.
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En matière scientifique, on admet qu’il n’est pas de "pensée unique". On apprend à penser et à parler avec des tas de nuances ; l’ouverture critique et la prudence sont de mise. C’est l’explosion des sciences humaines, de l’insertion sociale, de la communication, de la formation continue, du management par la persuasion, du développement du leadership, du charisme entreprenarial. On fuit le blanc et noir pour se perdre dans mille nuances de gris ; on encense la pensée systémique. Se gardant bien toutefois de l’ériger en fonctionnement, on se contente d’en faire l’apologie, de l’utiliser comme une esquive chaque fois qu’il faudrait au contraire refuser, trancher ou prendre position. On exploite la complexité de façon à rester dans le vague. On crée des chapelles de plus en plus nombreuses et forcément en désaccord les unes avec les autres, puisque… à chacun sa vérité.
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