Le tome 2 s'était terminé sur une moto dévoilée par Marianne, élément quasi anachronique dans un univers où la magie était à l'oeuvre. Ce sursaut scénaristique m'avait plus et j'attendais beaucoup (trop sans doute) de ce tome 3.
On découvrait donc une Marianne décidée, active, battante, conductrice de moto et cachotière (une femme cachotière, ce n'est pas un pléonasme). On a donc, comme prévu, un tome 3 où Marianne, après son fils Adrian et Richard Aldana parti avec la coupe, va occuper le premier plan. Je dis "bravo" et me pourlèche les babines.
Marianne fait preuve (on s'en doutait) de talents d'invocatrice.
Elle sait tout faire, boulangère, magicienne, pilote de moto... On sent que le scénario nous réserve des suprises. Jamais prise au dépourvu (ou si peu), elle garde la tête froide. Je suis fan.
Que commence le road movie, donc.
Du mystère ensuite quand Marianne et Adrian quittent la Vallée des Rois et son cocon protecteur. On s'attend à tout... sauf à Mad Max au Pays du Gloubi-Boulga... et pourtant c'est ce à quoi on va avoir droit. Une soupe post-apocalyptique fleurant le recyclage et le cliché à 2 euros. Pour un peu on verrait débarquer les Orcs de Saroumane ou Harry Potter juché sur un vélociraptor.
Arrivés à Nillipolis, les deux héros continuent leur traque de Richard Aldana et se retrouvent embarqués dans un monde corrompu et cynique. Je dis bravo derechef... hélas, les auteurs vont taper dans le burlesque et le n'importnawak, alors qu'ils tiennent une pépite. La Justice se rend au cours d'un match de catch opposant les "avocats" des deux parties au cours d'un grans spectacle om le public exprime son humeur... Bien vu, àmha. Mais mal abouti.
Marianne et Adrian s'enfuient non sans un passage par un bordel où l'ombre d'une femme qui ressemble à Marianne plane encore. A plusieur reprises, le patron du lupanar se félicite d'avoir un grand nombre de clients pour ses putes, lesqu
elles se désespéraient de ne pas se faire sauter par quelques gros pourceaux en goguette (les termes sont de moi, mais les dessins sont éloquents). J'ai beaucoup de mal avec ce genre d'images, et je n'y ai vu aucun second degré. Sans pudibonderie aucune, il me semble inadéquat de traiter la prostitution de la sorte.
Ajoutons ce running gag avec des couvertures de magazines de Q, où les barakis locaux dégoisent sur le fait que les seins sont vrais ou faux... de quoi ravir l'adolescent boutonneux (pas de pléonasme) ou le geek onaniste (là, y'a un pléonasme). Navrant.
Fidèles à leurs habitudes (en 3 tomes), les auteurs terminent très fort par deux éléments très intéressants, qui suscitent un net regain d'attention, de quoi appâter le chaland pour le tome suivant.
Ce tome, enfin, est dense, rempli et vif. Mais il m'a (l'avez-vous deviné) déplu dans son mélange et dans sa construction. Je ne blâmerai pas les auteurs, je n'accroche pas, voilà tout. Cependant, je vais tenter de continuer la lecture des tomes suivants pour en apprendre davantage sur un univers riche et complexe, histoire de voir si les choses s'arrangent (et parce que j'aime dire du mal, of course).
De même, j'ai du mal à accrocher aux dessins. Pourtant, il y a de très b
elles illus pleine page, mais en général, j'ai trouvé cela assez brouillon. Et je tiens à dire que j'aime le noir et blanc... mais pas ici. Pas après avoir pu voir ce que donne la couleur dans les premières pages. Les dernières pages sont un très bel exercice d'auto-dérision de la part des auteurs. Bien vu. le hic, c'est quand ils demandent à
Dominique Bertail de croquer leurs héros... et que le résultat est largement au-dessus de ce que les auteurs produisent...