Les Larmes secrètes

"Juin 1940
À Paris, pendant ce temps-là, nous, enfants des
écoles, démarrions toujours notre journée de classe
en chantant La Marseillaise pour réaffirmer notre
fibre patriotique. Bien sûr, nous étions fiers de
notre pays mais, à vrai dire, on n’y comprenait
plus grand-chose puisqu’il ne se passait rien ou
presque. À tel point que l’étui de nos masques à
gaz se reconvertissait peu à peu en sacs à sandwiches
pour les garçons, en sacs à main pour les
dames. Dans les grands magasins pour les élégantes
comme ma mère, on proposait des étuis en tissu
ou en cuir, bien plus seyants qu’une vulgaire boîte
en tôle. Même les marques prestigieuses avaient
flairé la bonne affaire !"