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Un angle inédit et très intéressant sur la guerre d'Indochine et la présence française dans cette région du monde. Les dessous des cartes et de la guerre, qui démontre une fois de plus qu'on ne se bat pas pour un pays ou des valeurs mais pour des industriels et le capitalisme.
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Un livre exceptionnel que j'ai découvert par hasard à ma bibliothèque et que j'ai dévoré. L'écriture est de grande qualité et nous raconte comment des entreprises françaises bien connues profitaient de la guerre d'Indochine. le colonialisme, les banques, la cruauté des humains, l'armée, la politique,... Tout y passe avec une plume acide pointant toujours le noeud du problème. C'est brillant, cruel et instructif. Un délice.
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Ce livre m'a été prêté et chaudement recommandé par un lecteur averti. Je commence avec ce livre ma découverte de cet auteur. Si les trois premières pages ont accroché mon attention, les 45 suivantes ont été plus pénibles à lire jusqu'à me demander si je n'allais pas abandonner la lecture, le style faisant écran au fond. Lyrisme? Un mélange de points d'exclamation et de mots d'argot au milieu de phrases complexes? et puis j'ai poursuivi et ai lu d'un trait la suite, appréciant ma lecture et savourant notamment la visite de De Lattre de Tassigny aux États Unis et son interview. Source d'informations notable et mise en abîme des travers de nos pseudo démocraties.
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« Une sortie honorable » : le titre est explicite, empreint de mépris envers le peuple assujetti. Comment sortir la tête haute de cette sale guerre embourbée en Indochine, « épicentre de quelque chose, une angoisse, un désir aphasique, silencieux, avare ». Ici les choses sont claires d'entrée, on se fout royalement des pertes humaines, surtout locales. Il s'agira avant tout de « relancer la guerre pour en finir et reconquérir l'Indochine pour la quitter». Il y aura bien en 1950 Mendès-France pour évoquer une sortie par la négociation de cette guerre trop onéreuse, idée vite balayée dans l'Assemblée par un vent d'indignation dans une analogie funeste, car « la capitulation, c'est toujours Munich ou Vichy, lieu commun de la rhétorique de tribune ».
C'est aussi et surtout à une galerie de portraits sans concession à laquelle on aura droit au long de ce court récit, un festival de piques mordantes envers les caciques du pouvoir de l'époque. Hommes politiques, militaires ou banquiers, de Maurice Viollette à de Lattre de Tassigny en passant par Henri Navarre et Marie Ferdinand de la Croix de Castries mais aussi Emile Minost, tous ne sont pas connus, mais tous seront épinglés par la verve ironique d'Éric Vuillard. Même s'il faut toutefois les nuancer : « si les militaires avaient bel et bien pratiqué la torture, le bombardement des civils, l'emprisonnement arbitraire, si les parlementaires avaient encouragé la guerre, adoptant à la tribune le ton des grandes heures, en revanche, les administrateurs de la banque n'avaient officiellement rien dit. » On apprendra sans réelle surprise à la toute fin qui touchera le jackpot.
Sans se perdre dans le détail historique, Eric Vuillard construit son récit en ciblant une éloquence avant tout persuasive et explicite, dans des chapitres courts aux allures de scénettes sans lien forcément apparent entre elles, même si le puzzle indochinois se révèlera au final avec maestria. Ses sources documentées et variées s'intéressent à des éléments factuels d'époque, mais aussi aux « éléments du langage » comme pour le titre, ou par exemple le lexique à connaître pour ce guide touristique de l'époque : « va chercher un pousse, va vite, va doucement, ...relève la capote, conduis-moi à la banque, chez un bijoutier,.... ». Des éléments de langage restitués dans son langage à lui, acerbe et corrosif, précis. Ça étrille et ça dézingue, les mots y sont comme des coups de poignard dans la cuirasse de la IVème République. Mais il y a aussi le rire (jaune) qui peut surgir à l'improviste chez le lecteur. de Lattre de Tassigny invité à « Meet the Press », émission politique de la NBC, ou encore Henri Navarre tourmenté d'avoir mal appris « ses leçons à l'école de guerre », en révisant son Jomini après une cuisante défaite...

Le Goncourt avait consacré « L'ordre du jour », récit sur l'Anschluss. Ici le lecteur reconnaîtra la manière singulière d'Eric Vuillard dans ce nouveau récit historique aux mots punchy et corrosifs, au ton caustique et ironique, au phrasé virtuose et à la construction éloquente. À la différence que cette sortie honorable a été organisée près de chez nous, il y a moins d'un siècle.
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Ouf, quel récit ! Vuillard nous entraîne cette fois dans les coulisses de la guerre d'Indochine, démontrant avec éloquence les intérêts purement économiques de cette guerre, auxquels souscriront sans sourciller les politiques, sauf quelques rares. Il démontre aussi au passage les liens étroits («incestueux») entre les familles Françaises qui occupent le pouvoir, tant au Parlement que dans les banques et grandes corporations, entre les huitième et seizième arrondissements de Paris... Ensuite, il illustre comment les militaires ont foncé sans se questionner, aveuglés par une fierté nationale chauvine et simpliste, sacrifiant sans trop de remords leurs soldats majoritairement issus des colonies. Une fois que la défaite est consommée, l'on constate que les même intérêts économiques avaient retiré leurs billes de la colonie depuis le début, et se sont enrichi sans vergogne sur les cadavres de cette guerre sans merci qui dura finalement, 30 ans (avec les Américains qui prirent le relais) et se termina sans aucune forme de «sortie honorable». C'est d'un cynisme glaçant, mais il fait bon de lire un tel pavé dans la mare.
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C'est toujours un plaisir de lire un roman de Vuillard même si le lecteur n'est pas dupe de l'angle choisi par l'auteur.Ici, il revisite l'histoire de la guerre d'Indochine, une guerre de 30 ans commencée par les Français, poursuivie par les Américains jusqu'à la chute de Saigon en 1975. Vuillard est partial , assurément, à charge contre les Occidentaux .Mais le lecteur ne résiste pas à cette belle plume incisive, à cette savoureuse galerie de portraits.
Ce très long conflit fait 400 000 morts du côté des Occidentaux, 3600000 morts du côté vietnamien.Au moment de la débâcle les Occidentaux sont évacués en urgence par des moyens sûrs tandis que des milliers de Vietnamiens vont périr noyés.
En fait, Vuillard joue à décortiquer les ressorts de cette guerre.Par le biais du Parlement, une bourgeoisie financière française des beaux quartiers, tire les ficelles.Et l'auteur nous amuse avec la généalogie de Christian Marié Ferdinand de la Croix de Castries nommé à la tête du commandement du camp-bourbier de Dien Bien Phu.Dans un récit très vivant, visuel, l'on voit à l'oeuvre Herriot, le Général de Lattre, Navarre, c'est très cocasse…
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Vuillard croque avec acidité le corps politique français mais pas que, lors de la Guerre d'Indochine. Son livre est un petit bijoux, assez court, qui raille les décisionnaires de cette époque.

Ce que j'ai vraiment énormément apprécié dans le texte, c'est clairement le ton. On est face à un auteur qui s'est énormément documenté et qui connaît les tenants et aboutissants de la question de cette guerre coloniale. Il restitue avec énormément d'ironie ce que pensent les politiques de l'époque. C'est brillant.

L'effet produit est une réelle désiconisation de toute la classe dirigeante. Les députés sont dépeints comme des vieux croulants dépassés, les militaires comme de vulgaires hommes de paille qui se succèdent sans conséquence et le reste regarde et applaudit.

Enfin, j'ai aussi beaucoup aimé l'esprit dénonciateur du livre. Éric Vuillard montre bien que la guerre n'était que pour des enjeux financiers. Seules de grandes entreprises partent gagnantes. Les personnes, elles, en sont les victimes. le passage le plus grinçant et horrifique du livre est à ce sujet les crimes de Dulles, qui n'ont pas un rapport flagrant mais qui sont conséquents.

Je ne m'attendais pas à autant apprécier cette lecture ainsi. Un livre indispensable.
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Bref et incisif, ce récit s'inscrit dans le style adopté par Éric Vuillard pour faire entrer le lecteur dans des pans de l'Histoire le plus souvent ignorés ou inconnus. Comment l'État français a négocié sa sortie de guerre avec l'Indochine, voilà le propos que Vuillard a fouillé dans le détail à travers les discours et les positions de certains députés français, de l'avis des généraux sur le terrain et du point de vue des hommes d'affaires exploitant les ressources naturelles du territoire occupé. « D'un côté, les partisans d'un cessez-le-feu immédiat, de l'autre ceux d'un cessez-le-feu négocié. C'est l'affaire Dreyfus des nigauds, le Panama des crétins. » L'appui américain dans cette guerre (son financement par les États-Unis est évalué à 40 % en 1953) et les tractations en sous-main de la CIA prélude de ce qui suivra au Vietnam après coup.
Peu familière de la politique française, il m'a fallu extraire du dictionnaire ces hommes de pouvoir du passé pour m'en faire une idée concrète et m'imprégner du contexte social. Un exercice auquel je suis habituée et qui m'a permis de mieux apprécier ma lecture. J'aime beaucoup la manière Vuillard : une concision dans l'art de raconter qui élimine de facto l'ennui.
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Difficile de dire si l'on sort plus indigné que dégoûté d'un tel livre. Éric Vuillard le conduit à son habitude avec une détermination véhémente, une rage presque, qu'il canalise en un texte cinglant et élégant.
La guerre en Indochine, d'abord française, puis américaine au Vietnam, a coûté quatre cent mille morts du côté des forces « occidentales » et trois millions six cent mille Vietnamiens, autant qu'allemands et français réunis en 14-18. Vuillard écrit un pamphlet romanesque sur le fiasco français de cet engagement militaire (1946-1954). Il n'y avait aucun colon européen où eurent lieu les combats ; derrière les furieuses batailles où des hommes moururent, se cachaient des capitaux et des chiffres d'affaires : des sociétés anonymes françaises, celles des mines d'étain de Cao Bang, des charbonnages du Tonkin, des gisements aurifères d'Hoa Binh, etc.

Lors de la défaite de Diên Biên Phu, déjà lors de la bataille de Cao Bang (cinq mille morts), la banque de l'Indochine n'était plus là : "dès le début de la guerre, la banque avait discrètement arrêté d'investir, elle s'était très vite débarrassée de ses positions indochinoises, faisant transiter ses fonds vers des cieux plus cléments." À savoir le financement des corps expéditionnaires de l'armée française, pour s'enrichir d'une guerre qu'elle fuyait. Une fois le conflit meurtrier terminé, alors que militaires et politiciens avaient mené une guerre inefficace et menti sur les chances de victoires, la banque affichait une santé insolente.

[...]

Le crépuscule de la politique coloniale française est incarné ici dans ce qui n'est pas vraiment un roman historique, mais une sorte de mise en scène de l'histoire. À côté de nombreuses figures peu reluisantes sous la plume de Vuillard, de Henri Navarre à de la Croix de Castries (couverture), en passant par John Foster Dulles, on retient deux visages : Pierre Mendès France affirmant à la tribune l'évidence de la décolonisation – "lorsque quelqu'un dit la vérité, c'est-à-dire tâtonne dans l'obscur, cela se sent" – puis Patrice Lumumba, dans un cadre différent, "une menace pour les intérêts américains [...] il y a entre son regard déterminé, sa peau noire, son insondable jeunesse et les circonstances de sa mort, une connivence insensée".

"Une sortie honorable", texte au dualisme appuyé – les puissants et les autres –, évoque des heures peu glorieuses avec une éloquence et une froide ironie qui ébranlent.

Lien : https://christianwery.blogsp..
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Eric VuillardUne sortie honorable

La guerre d'indochin et la fin de la IV° répibliqu.
L'impication des grandes banques françaises et leursprofits considérables;.

L'attitude des hommes politiques. français et américains.
Le déshoneur aurait sans doute mieux valu qu'une sortie honorable.

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