Cet homme se nommait Harry Stone (on l’appelait aussi Harry le Larbin) ; il était détective.
Du moins il le fut jusqu’au jour où l’on s’aperçut qu’il ne l’était pas. La chose arriva trois mois environ après son entrée à l’état-major de la Police de Rhodésie.
Il eût été facile de le poursuivre, mais à cette époque la Po-lice ne désirait pas particulièrement étaler aux yeux de tous les malversations de ses membres. Et c’est pourquoi nul ne se don-na la peine de le rappeler lorsqu’il s’éclipsa, une nuit, à destination de Cape Town.
Harry se dirigeait vers le Sud, pourvu de trois cents livres gagnées de façon assez singulière. Il possédait aussi l’espoir de rencontrer Lew Daney, un artiste de grande classe auquel la chance ne souriait malheureusement pas toujours. Mais Lew avait déjà quitté depuis longtemps Cape Town lorsque Harry y parvint et il était en train d’organiser en d’autres lieux une série d’opérations beaucoup plus pittoresques et infiniment mieux conçues que sa précédente tentative contre la Banque Nationale de Johannesburg.
Aussi Harry Stone revint-il en Rhodésie en empruntant la route de Beira et en traversant le Massi Kassi jusqu’à Salisbury. Il jouait de déveine. Dès son arrivée dans cette ville, le capitaine Timothy Jordan, chef de l’état-major de la Police rhodésienne, l’honora d’une visite particulière à son hôtel.
« Vous vous êtes inscrit sous le nom de Harrison, lui dit-il, mais vous vous appelez Stone. À propos, comment va notre ami Lew Daney ?
– Je ne comprends pas ce que vous voulez dire, » répondit Harry le Larbin.
« Tiger » Tim Jordan sourit.
« À votre aise… Le train pour la frontière portugaise part dans deux heures. Si vous le preniez ? »
Harry, très vexé, n’insista pas. Il n’avait encore jamais rencontré Tiger Tim Jordan, bien qu’il eût entendu longuement parler de ce jeune homme diabolique et sût par cœur la plupart des légendes qui couraient à son sujet. (p4/5)
« Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Qu’est-ce que tout cela veut dire ? »
Il parlait rapidement et avec une autorité insoupçonnée.
« Amener un chauffeur ici, Jordan, un chauffeur qui se fait assassiner, dans ma maison ! C’est inouï. Il n’était pas nécessaire que vous veniez ici, je vous avais écrit que ce n’était pas la peine. Vous pouviez vous contenter de voir mes hommes de loi à Londres. Si vous n’étiez pas venu, tout cela ne serait pas arrivé. Où est Miss Grier ?
– Elle dort, monsieur, répondit Stocker.
– Allez la chercher, j’ai besoin d’elle ; j’ai quelques lettres très importantes à dicter…
– Et son sommeil est aussi très important, dit froidement Tim. Dictez-moi votre courrier ; je sténographie assez gentiment. »
Le vieil homme fronça les sourcils, hésita, puis dit :
« Venez dans mon bureau. » (p55)
– C’est un assassin, dit Tim tranquillement.
– Oui, je sais. Pourtant, je ne le reconnaîtrais pas si on me le demandait pour l’accuser. Je suppose que c’est le côté criminel de ma nature qui veut ça ! (p110)
« Ainsi, vous avez volé soixante livres ? dit-il en riant. Ne vous en faites donc pas, j’en ai bien volé mille. Nous sommes liés par la fraternité du crime, Mary. Ni vous ni moi n’avons été découverts… (p53)
Fumer doit être ma drogue, [ ... ] , mais c’est bien agréable. (p272)