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Un régal que la musique de ce livre qui va encore résonner/raisonner dans ma tête. Deux voix puis trois qui d' une manière différente, par une vision plus ou moins en hauteur , constatent la même chose mais ne veulent pas la même solution: la société a évolué mais il reste des barrages au bien vivre ensemble. Certains viennent de nous , certains de notre environnement, d'autres du Mal pour le mal.
Lire ce livre en ce mois de novembre donne un petit côté prémonitoire aux passages en "sion".
Lire ce livre et découvrir des personnages/personnes humain(e)s, ça fait du Bien.
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Voilà un livre qui a traîné dans ma PAL un moment. Il aura fallu que je rencontre l'auteur lors de la soirée Vleel pour que je me décide à le sortir. Séduite par la personnalité de l'homme, j'ai eu hâte d'en découvrir la plume. Quelle rencontre ! Tant par son style que par la manière dont il aborde le sujet de la prison, Ludovic-Harman Wanda m'a emportée. Prisons est un gros coup de coeur.

Frédéric Nkamwa est un dealer. Quand il se retrouve entre les murs de Fleury-Mérogis, il prend conscience du pouvoir des mots. Il tombe amoureux de la belle langue et en devient le chantre auprès de son codétenu. Ce dernier est un juif toxico qu'il convainc de suivre son exemple. Ensemble, ils partent en quête de rédemption par le savoir et par les mots. Profondément pieux, Frédéric s'appuie sur sa foi, alors que Satan plane toujours à proximité pour le détourner de la ligne qu'il s'est tracée. Hors des murs de la prison, le personnage de la République qui ne peut pénétrer là où elle est bafouée, tente de suivre l'itinéraire de ce jeune homme si détonant.

Les voix de Marianne, du Diable et de Frédéric s'alternent et nous font entendre l'histoire par des voix très différentes. Par ce jeu de narrateurs multiples, l'auteur jongle avec les mots et les registres de langues. Il lance des uppercuts argotiques comme académiques. Entre les murs de la prison, ou depuis le regard distant de Marianne, le lecteur découvre un personnage comme on en rencontre peu. Déterminé et sûr d'avoir la confiance de son dieu, Frédéric ne recule devant aucun effort et s'impose une disciple de l'esprit et du corps. Il entraîne son codétenu avec lui dans son projet de rédemption par les mots. On le voit lutter contre Satan qui tente de l'entraîner vers la colère et la vengeance.

Ludovic-Hermann Wanda maitrise complétement son récit et le porte par une écriture qui m'a fortement impressionnée. Il manie le verbe avec brio et multiplie les métaphores. C'est un régal de lecture tant l'écriture est vivante, joueuse et percutante. Il excelle dans tous les styles, passant de l'argot au langage soutenu avec une aisance déconcertante et sans se départir d'une pointe d'humour ravageuse. Son écriture est crédible et percutante à chaque fois.

A travers le roman l'auteur aborde des sujets de société forts comme la question de la prison. Il l'aborde de manière vraiment intelligente et assez originale. Marianne, allégorie de la République, ne peut même plus y entrer. Les droits de l'homme y étant bafoués, elle est maintenue à l'extérieur et ne peut qu'observer les détenus lors de leur promenade. Elle entend les rumeurs sur leur vie mais reste impuissante. Par cette image, l'auteur résume bien la problématique terrible des prisons françaises et l'inaction des gouvernements successifs. Il y parle aussi de religion, de philosophie et de rédemption. Les longs échanges entre Frédéric et son codétenu sont l'occasion de joutes verbales puissantes qui fouillent des questionnements importants. En confrontant leurs vécus, leurs croyances et leurs réflexions, les deux hommes réussissent à faire évoluer leur propre pensée et à devenir plus forts. le lecteur assiste, fasciné, à ces échanges. Il est amené à réfléchir lui aussi aux injustices sociales et la manière dont elles se perpétuent. Les questions théologiques et philosophiques sont tout aussi passionnantes et abordables, on est porté par le verbe puissant et l'intelligence vive des personnages.

Ce roman a été un bonheur de lecture tant par son style que par les thèmes abordés. J'en suis sortie l'intellect stimulé et l'imaginaire marqué par le héros. L'auteur a mis beaucoup de lui dans ce livre et on retrouve entre les lignes l'homme élégant et vif qu'il est dans la vie. Je vous recommande chaudement de lire ce dandy des mots.
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Et voilà, encore un roman impossible à chroniquer 😆. Prisons fait partie de ces petites pépites sur lesquelles on aime tomber et dont on voudrait citer chaque phrase. Ludovic Hermann-Wanda est définitivement le roi de la punchline ! J'ai beaucoup aimé cette lecture et pour tout vous dire, je ne m'attendais pas à l'apprécier autant !

Frederic, un dealer à succès, bac S en poche et étudiant en mathématiques, va passer quelques mois de retraite à Fleury-Merogis. Lui, le black des cités, au style décalé, a fini par se faire pincer. Mais qu'est-ce qui a bien pu trahir ce dandy cool à sa sortie du Thalys ?  Un « flash », lui assure la douanière. Un flash ?! Serait-ce un signe du Divin ?

Pendant ses mois de détention, nous suivons notre narrateur et son compagnon de cellule, Richard, un juif junkie, s'ouvrir au pouvoir des mots et de la connaissance. Comme le disait Victor Hugo « Ouvrez des écoles, vous fermerez des prisons."  Au revoir le verlan, les wesh à répétition et bonjour la « fontaine de syllabes-baudelairiennes ». Oui, Frédéric devient un autre homme. Même notre seconde narratrice s'en rend compte. Elle, c'est ... Et bien, non je ne vous le dis pas ! Je vous laisse le plaisir de la découvrir😈.
Cette alternance des points de vues est d'ailleurs une des forces du roman et en fait toute son originalité. Pour chaque chapitre, nous avons la version 1 et la version bis. Si les styles sont radicalement à l'opposé dans les débuts, ils finissent peu à peu par fusionner. Mais attention, le Diable, n'est jamais bien loin, lui qui voudrait revoir l'ancien Frédéric, nian nian nian…

Un roman autobiographie qui parle de religion, de philosophie, de rédemption, d'inégalités sociales mais qui met surtout en lumière le mur de Molière, « ce mur linguistique qui existe entre la langue de Molière et la langue wesh-wesh ». J'allais presque oublier, il y a aussi beaucoup d'humour 😆.

Je terminerai cette chronique par cet extrait: « Je réalise que la prison a réussi à faire ce que j'étais incapable de faire par moi-même : elle m'a libéré »
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Marianne ne comprend plus ses enfants. Elle tend l'oreille mais les paroles qu'elle entend monter de la promenade de Fleury-Merogis ne lui disent rien qui vaille. Des wallah, des disquettes, des sa mère la pute, des mots à l'envers, elle est perplexe. le diable, lui, n'a pas de problème avec ce vocabulaire fleuri. Il faut dire que moins il y a de mots plus il y a de maux (punchline niveau 0, je suis désolée) et c'est ce qui arrange ses affaires (nian nian nian).

Frédéric arrive de la Gare du Nord, en passant à peine par la case présomption d'innocence. Trop d'herbe, trop fraîche. Il va devoir partager la cellule de Richard, junkie juif et c'est un signe de la providence. Il embrasse le judaïsme, religion du verbe, le mot juste sera son arme de précision et son salut.

Dès le début, il dénote dans l'univers carcéral, pas seulement parce qu'il arrive en santiag, cigarillos dans les poches (cette scène est culte) loin du jogging-baskets attendu. Il a du style. Il a aussi la foi chevillée au corps : il sortira grandi, meilleur et plus philosophe de cette épreuve (wallah). Les gardiens sont interloqués, ses co-détenus tout autant, le juge, ému, Marianne est rassurée, le Diable ne désespère pas de le voir revenir dans son giron.

Ludovic-Hermann Wanda est un maître ès punchlines. J'aurais pu noter une phrase sur deux, les comparaisons et métaphores pleuvent dans ce roman. J'ai même trouvé, je crois, l'épitaphe idéale : "Ceux qui lisent et qui s'habillent bien sont les seuls à découvrir le bonheur sur terre, le vrai, celui de l'accomplissement de soi." (Ça claque, non ?)
C'est un texte intelligent, malin, drôle qui nous amène à réfléchir à des sujets de société prégnants sans jamais mettre de côté le plaisir de lecture. Véritable ode à la langue française, c'est un roman atypique, au meilleur sens du terme, puisqu'il nous surprend, joue avec son lecteur et nous confirme ce que nous présentions déjà : celui qui a le mot clé peut ouvrir toutes les portes.

Lecture largement appréciée et partagée avec @manonlit_et_vadrouilleaussi D'ailleurs un(e) autre antilope nous attend.
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Frédéric, après un aller-retour en Thalys à Bruxelles où il est parti chercher sa marchandise, se retrouve à Fleury-Merogis, la plus grande prison d'Europe. Il s'est fait choper en possession d'une grande quantité de cannabis et la douane ne l'a pas loupé. Et pourtant il était à deux doigts de passer entre les mailles du filet, surtout qu'il est très bien habillé et à mille lieux du cliché du dealer. Bref il se retrouve en cohabitation avec Richard dans une cellule exiguë, évidemment vu la réputation des prisons françaises. Entre ces quatre murs il se découvrira une passion pour la lecture et le judaïsme, aidé en cela par Richard lui aussi croyant en un même Dieu.

Ce petit livre se lit très rapidement en quelques heures, mais l'écriture est fade, sans artifice certes mais pas assez pour savourer pleinement ma lecture. Pourtant j'attendais plus d'originalité de ce texte notamment par l'introduction d'un langage parlé à l'écrit. Je dois avouer être déçue de cette lecture qui finalement ne m'a rien apporté d'extravagant, si ce n'est un moment sympathique sans plus.

Au vu des nombreuses bonnes critiques, peut-être retenterais-je de lire ce livre à un moment plus propice et où je serai plus à même de l'apprécier, ou pas !
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Chapitre 1 / 1 bis
Frédéric, dandy des banlieues et nerveux.
Wesh, il avait raison de se chier d'ssus.
Arrêté gare du Nord en possession d'une quantité bien trop importante de stupéfiants.
Direction Ry-fleu.

La construction originale et ingénieuse de ce roman séduit d'emblée : alternance de chapitres narrés par le personnage principal (très largement inspiré de l'auteur lui-même) dans un argot toujours décrié par les puristes et, de chapitres relatés dans un français sublime et imagé par autant de métaphores que de références. Je vous laisse la surprise de qui se profile derrière cette voix et couve d'un regard si plein d'espérance et d'amour maternel notre Frédéric. Il m'aura fallu quelques chapitres pour comprendre. Osé et brillant.

Alors que ses compagnons d'infortune s'étonnent de son érudition, inhabituelle dans le milieu, Frédéric, dont la répartie bourrée d'humour lui permet d'être respecté, trouve son salut dans la volonté inébranlable d'apporter quelque chose à ceux qui l'entourent.
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Fraternité.
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Trop conscient qu'on ne naît pas tous sous la même étoile, il n'aura de cesse de pousser chacun à faire des choix propres à sortir de sa condition. Exit la fatalité, la victimisation et la complaisance. L'affranchissement se conquiert.
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Égalité.
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Et sa force, celle qui lui permet de se battre contre le Satan qui toujours le rattrape, celle qu'il entend transmettre, il la fait passer par la langue et la littérature, le pouvoir des mots plutôt que des poings. Ce sont elles qui débouchent les horizons et ouvrent les portes.
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Liberté.
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J'ai vraiment adoré ce texte. Éclairant et jamais moralisateur. Les thèmes abordés sont aussi délicats que le racisme, l'éducation, la justice, la religion et la foi. Les partis pris sont à chaque fois tempérés par un angle de vue différent. C'est juste et cela force l'esprit critique.
Je suis ravie d'avoir répondu à l'appel de ma curiosité et d'avoir regardé par le trou de la serrure que m'évoque la charte graphique des éditions de l'Antilope.
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Un roman percutant, hymne à la lecture et à la connaissance comme moyen de rédemption.
Frederic Nkamwa dit Fred, 28 ans, un casier déjà bien rempli se retrouve une fois de plus à Fleury –Merogis. Mais cette fois ci dans le bâtiment D3 celui des récidivistes, les incurables. Oui mais Frédéric n'arrive pas seul, il arrive avec sa foi profonde, unique et indiscutable et convaincu que si Dieu l'a renvoyé en prison c'est pour une raison bien précise. le roman est écrit à 2 voix, celle de Frédéric, dont l'un des chalenges, donné par son codétenu Richard, toxico qu'il cherche à faire décrocher, est d'arrêter les insultes qui d'après Richard seraient sa drogue à lui. Cette épreuve va le conduire à découvrir la belle langue française. La deuxième voix est celle de Marianne, 5ème du nom, symbole de la République française. L'histoire de Frédéric est la vraie histoire de son auteur, Ludovic-Hermann WANDA. Ecriture surprenante dans laquelle le Wesh et la langue de Molière se mêlent. L'éloge de la lecture et de la connaissance illustre cette critique du milieu carcéral mais au sens stricte du terme. Un premier roman atypique que la rentrée littéraire et ses canons lissés n'a peut-être pas su apprécier…
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Premier livre de ce jeune auteur (1981, d'origine camerounaise, né dans une banlieue difficile de Paris. Il se retrouve à 20 ans à Fleury-Mérogis incarcéré pour trafic de drogue.
Le premier tiers du livre est écrite en Welsh, langue vernaculaire de ces contrées, qui ressemble bougrement au verlan mais est agrémentée de gros mots et insultes en grande quantité. J'ai sauté des passages car j'en avais marre de mettre les mots à l'endroit et les insanités déversées par tombereaux ne font pas vraiment avancer la lecture. Donc, ce jeune homme se trouve dès son arrivé incarcéré en compagnie d'un toxico en fin de parcours façon zombi. Contre toute attente, le jeune Frédéric lui propose de devenir son binôme le temps de leur emprisonnement, sans doute entrevoit il déjà que le zombi pourrait évoluer et aussi qu'il pourrait tomber sur plus violent.
Après le récit tourne au conte de fée (véridique) puisque le codétenu juif, ce qui a son importance tout au long des pages, Frédéric le narrateur vouant une grande admiration au Peuple du Livre et aux livres en général. Ce codétenu arrive à sortir des drogues dures grâce au soutien de Frédéric et à son discours optimiste et positif de battant du quotidien. Et Frédéric devient un érudit respecté des détenus et du personnel , commence des études universitaires en prison et les réussit...
Ceci est le bon côté du livre . Malheureusement le jeune écrivain est absolument saoulant, il abruti son lecteur de "paroles verbales", de grandes déclarations et explications, tout ceci en alternant deux narrateurs, l'un embastillé, Frédéric, et l'autre Marianne, la République française qui regarde avec approbation le parcours de Frédéric depuis son perchoir..
L'auteur aurait mérité d'être coaché par un éditeur plus avisé. Parce que l'homme est intéressant, intelligent et sympathique simplement il fait beaucoup de phrases grandiloquentes pour guider le lecteur inculte.
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"Ouvrez des écoles, vous fermerez des prisons." Cette maxime de Victor Hugo résume bien le roman Prisons de Ludovic-Hermann Wanda paru en 2018 aux éditions « l'Antilope ». Il y évoque la vie dans les banlieues, le trafic de drogue, la prison et la langue française. Quel cocktail explosif ! Dans ce récit inspiré de sa propre vie, Wanda met en scène un personnage qui lui ressemble, Frédéric. Celui-ci, comme l'auteur, se fait arrêter pour trafic de drogue et est incarcéré. C'est par la culture et la passion pour la langue française que Frédéric parvient à grandir, devenir plus sage et s'améliorer.
Avoir vécu des situations similaires à celles de son personnage permet à l'auteur de raconter son histoire avec réalisme. Les personnages sont des « feujs », des « dealers », des « babtous », et non, des « juifs », des « trafiquants de drogues » ou des « blancs ». L'utilisation du jargon des banlieues dans le roman ne rend pas difficile la compréhension de l'histoire ; au contraire on s'y reconnaît. Et pour ceux qui se sentent vraiment perdus, un lexique concernant les mots et expressions en question se situe à la fin du livre.
Le message du roman comparable à la maxime de Victor Hugo " Ouvrez des écoles, vous fermerez des prisons." est très bien défendu et représenté dans le roman car Frédéric parvient à surmonter ses habitudes de “dealer” en se passionnant pour la culture et surtout la langue française. Pour Frédéric, la lecture devient même un échappatoire à la prison : " J'ai enfin compris, j'ai enfin percé le mystère de l'avancée de l'homme : c'est la lecture ! Culture générale, capacité de concentration, vocabulaire à foison, sens de la précision, spécialité maîtrisée, jargon dompté : que de richesses elle me permet d'acquérir, des richesses qui vont s'accroître chaque jour, à chaque livre dévoré et digéré. J'ai compris la puissance de la lecture. Avec elle, je ne ferai plus jamais de surplace. " (p.110). Alors : tous à vos livres !
Thomas et Mathilde
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Le roman "prison" permet d'avoir une première approche réaliste du milieu carcéral sous tout ses angles .
Le personnage principal Frédéric est trés touchant , il nous embarque avec lui pour une aventure inédite.
Ce dernier essaye de briser la vision actuelle de la prison , il nous montre que même en prison tout est encore possible.
Ici Frédéric quitte sa tenue et son language vulgaire pour défendre son image .
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