•DYNAMITE INFLAMMABLE•
.
🦊 Deux ans. Depuis deux ans j'attendais le retour de
Ludovic Hermann Wanda qui m'avait subjugué avec son premier roman
Prisons. Lui, le prix Hors concours des lycéens 2019 qui faisait émerger de la société Frédéric, jeune dealer noir qui trouvera sa judéité en prison. Frédéric c'est surtout celui qui maitrise à présent la langue, celle qui permet d'abattre le « mur de
Molière » comme il se plait à le dire pour que chaque individu puisse se battre avec les mêmes armes linguistiques. Frédéric revient dans
Balance ta haine en sortant de sa cellule où le monde a changé, où la haine devient la première religion de France. Lui, le collectionneur des conquêtes féminines, où la culture africaine cohabite avec celle du judaïsme, il sait qu'avec la maitrise des mots, tout lui sera possible. En faisant intervenir tel un personnage principal le diable, Lucifer, le démon ou appelez-le comme vous le ressentez,
Ludovic Hermann Wanda entre dans nos esprits torturés où le bien et le mal sont dans un perpétuel affrontement. Si vous lisez ce roman, soyez prêts à entrer dans les méandres de l'horreur morale, ne vous laissez abattre par les propos qui.y seraient tenus dès les premières pages. Attendez que cela cicatrise, attendez d'en voir la lumière rejaillir. Attendez. Encaissez. Les uppercuts et crochets vous feront mal mais ne seront jamais aussi violents que l'âme humaine dans ses méandres les plus sombres.
.
🦊
Ludovic Hermann Wanda c'est avant tout un style, des punchlines sorties de nulle part qui vous feront sourire avec délectation. En utilisant différentes strates du langage issues de différents milieux, il ne laisse rien au hasard. Aucune caricature dans le langage des banlieues, aucun cliché qui viendrait assombrir le portrait. Alors oui ce roman est dur, violent, vulgaire, mais n'est-ce pas ce que l'Homme est devenu en 2021 ? Oui si vous n'aimez pas les lectures qui vous secouent, qui tentent de faire bouger les lignes, ou au moindre mot vulgaire vos cheveux se mettent en lévitation, arrêtez-vous de lire. La haine est omniprésente dans nos quotidiens, sur les réseaux sociaux, dans les rapports hommes-femmes, dans le monde du travail, dans la violence psychologique et la sexualisation permanente de nos rapports. Entre haine de la France aux relents colonisateurs ou au racisme souterrain parfois invisible, le salut réside selon l'auteur et son personnage dans la culture et la maitrise de cette langue qui rapproche. Les personnages secondaires offrent un nouveau champ de vision comme ce fut le cas pour son codétenu dans
Prisons. Ils sont présent pour nuancer, pour venir contrebalancer l'avis parfois rigide de cet homme perdu entre différentes cultures et identités. Sans jamais fixer ni limite ni tabou, ce roman est explosif notamment lorsque le diable insuffle une haine si forte à certaines situations qu'il en devient insupportable. Un mal nécessaire pour s'ingérer dans l'esprit des Dieudonné, des Zemmour, des Soral, des Merah, des Obertone. le diable va vous choquer, va vous percuter de plein fouet , chuchoter à l'oreille des polémistes ou terroristes pour démonter leur absurdité. « L'humanisme est aux adultes ce que le père noël est aux enfants : la marque de leur naïveté ? », l'égalité ne serait qu'utopie. Sans jamais donner de jugement ou de manichéisme, la subtilité de ce roman est imparable. On observe la dualité humaine avec ce personnage cultivé et dandy qui traite pourtant les femmes comme des objets sexuels. le roman basculera ainsi lors de son voyage en Israel ou ce personnage ne sera pas forcément bien accueilli même si…(je ne vous en dirai pas davantage). Un roman d'une immense gravité, aux réflexions sur notre société et notre rapport à la langue mais aussi un cri du coeur pour que la haine cesse d'habiter le coeur de chacun d'entre nous. Ce que je peux vous dire c'est qu'il y aura un troisième roman avec ce même personnage haut en couleurs