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EAN : 9782379510458
288 pages
L'Antilope (04/03/2021)
4.25/5   4 notes
Résumé :
Frédéric, jeune Black des banlieues devenu juif, est un ancien dealer qui, à sa sortie de prison, enseigne la maîtrise de la langue et collectionne les conquêtes féminines. Sûr d’être un modèle, il n’en revient pas d’être traité de « serial baiseur ». Une place peu enviable dans cette société où la haine est présente partout. Ici personnalisée par un diable, elle se glisse dans la tête de tous les personnages, elle les guide et les entraîne à agir. Que peut faire>Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
•DYNAMITE INFLAMMABLE•
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🦊 Deux ans. Depuis deux ans j'attendais le retour de Ludovic Hermann Wanda qui m'avait subjugué avec son premier roman Prisons. Lui, le prix Hors concours des lycéens 2019 qui faisait émerger de la société Frédéric, jeune dealer noir qui trouvera sa judéité en prison. Frédéric c'est surtout celui qui maitrise à présent la langue, celle qui permet d'abattre le « mur de Molière » comme il se plait à le dire pour que chaque individu puisse se battre avec les mêmes armes linguistiques. Frédéric revient dans Balance ta haine en sortant de sa cellule où le monde a changé, où la haine devient la première religion de France. Lui, le collectionneur des conquêtes féminines, où la culture africaine cohabite avec celle du judaïsme, il sait qu'avec la maitrise des mots, tout lui sera possible. En faisant intervenir tel un personnage principal le diable, Lucifer, le démon ou appelez-le comme vous le ressentez, Ludovic Hermann Wanda entre dans nos esprits torturés où le bien et le mal sont dans un perpétuel affrontement. Si vous lisez ce roman, soyez prêts à entrer dans les méandres de l'horreur morale, ne vous laissez abattre par les propos qui.y seraient tenus dès les premières pages. Attendez que cela cicatrise, attendez d'en voir la lumière rejaillir. Attendez. Encaissez. Les uppercuts et crochets vous feront mal mais ne seront jamais aussi violents que l'âme humaine dans ses méandres les plus sombres.
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🦊 Ludovic Hermann Wanda c'est avant tout un style, des punchlines sorties de nulle part qui vous feront sourire avec délectation. En utilisant différentes strates du langage issues de différents milieux, il ne laisse rien au hasard. Aucune caricature dans le langage des banlieues, aucun cliché qui viendrait assombrir le portrait. Alors oui ce roman est dur, violent, vulgaire, mais n'est-ce pas ce que l'Homme est devenu en 2021 ? Oui si vous n'aimez pas les lectures qui vous secouent, qui tentent de faire bouger les lignes, ou au moindre mot vulgaire vos cheveux se mettent en lévitation, arrêtez-vous de lire. La haine est omniprésente dans nos quotidiens, sur les réseaux sociaux, dans les rapports hommes-femmes, dans le monde du travail, dans la violence psychologique et la sexualisation permanente de nos rapports. Entre haine de la France aux relents colonisateurs ou au racisme souterrain parfois invisible, le salut réside selon l'auteur et son personnage dans la culture et la maitrise de cette langue qui rapproche. Les personnages secondaires offrent un nouveau champ de vision comme ce fut le cas pour son codétenu dans Prisons. Ils sont présent pour nuancer, pour venir contrebalancer l'avis parfois rigide de cet homme perdu entre différentes cultures et identités. Sans jamais fixer ni limite ni tabou, ce roman est explosif notamment lorsque le diable insuffle une haine si forte à certaines situations qu'il en devient insupportable. Un mal nécessaire pour s'ingérer dans l'esprit des Dieudonné, des Zemmour, des Soral, des Merah, des Obertone. le diable va vous choquer, va vous percuter de plein fouet , chuchoter à l'oreille des polémistes ou terroristes pour démonter leur absurdité. « L'humanisme est aux adultes ce que le père noël est aux enfants : la marque de leur naïveté ? », l'égalité ne serait qu'utopie. Sans jamais donner de jugement ou de manichéisme, la subtilité de ce roman est imparable. On observe la dualité humaine avec ce personnage cultivé et dandy qui traite pourtant les femmes comme des objets sexuels. le roman basculera ainsi lors de son voyage en Israel ou ce personnage ne sera pas forcément bien accueilli même si…(je ne vous en dirai pas davantage). Un roman d'une immense gravité, aux réflexions sur notre société et notre rapport à la langue mais aussi un cri du coeur pour que la haine cesse d'habiter le coeur de chacun d'entre nous. Ce que je peux vous dire c'est qu'il y aura un troisième roman avec ce même personnage haut en couleurs
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LES MOTS SONT DANS L'ARENE

Quand la provocation éclaire nos esprits… voilà une des clés du deuxième roman de Ludovic Hermann Wanda au verbe sans retenue ni filtre. Kaléidoscope linguistique dans une société multi culturaliste où les voix des personnages, y compris ce fichu Lucifer, s'entremêlent et déploient un langage et une pensée débridés qui peuvent déranger voire choquer.

Mais n'oublions pas que le monde est violent ou bien au contraire parfois trop lisse, à l'heure où d'un seul mot ou d'une seul geste on peut déchainer les foules et faire basculer toute une vie.

Alors lire Ludovic Hermann Wanda c'est un acte militant car c'est se libérer de ce diktat du langage et surtout goûter à la richesse de notre langue dans toute son amplitude. de la langue crue et directe au discours maîtrisé et soutenu en passant par celle des cités que connaît très bien l'auteur.

« Vous devriez vous essayer à la lecture, vous verrez c'est magique. Un parfait rempart à notre propre absurdité » balance Fred jeune camerounais des banlieues converti au judaïsme , lui qui en prison s'est reconstruit en homme d'érudition maîtrisant toute la palette de la langue française, devenu philosophe dandy de la cité et cultivant sa réputation de Casanova considérant comme Dom Juan que « tout le plaisir est dans le changement »- attitude qui peut cependant vite déraper…

Lire Balance ta haine c'est mettre un coup de pied dans la fourmilière des préjugés, des clichés, des caricatures, des fanatismes, des violences sexuelles, médiatiques, racistes, politiques, religieuses… Ludovic Hermann Wanda ouvre la boîte de Pandore et comme pour conjurer le sort balance et libère la parole, laissant au lecteur le soin de juger.

De manière surprenante le mélange de vocabulaire cru, vulgaire et métaphorique est succulent. Ludovic Hermann Wanda fait la démonstration qu'il n'y a pas de bas langage mais juste une adaptation de celui-ci à des situations particulières. C'est puissant car jamais il ne tombe dans la caricature ou la fausseté, au contraire c'est extrêmement réaliste et efficace.

Oui il ‘agit d'un texte irrévérencieux, politiquement incorrect, qui secouera les bien pensants (qui peuvent passer leur chemin) mais je ne peux que remercier en toute humilité évidemment l'auteur pour ce texte brillant mais aussi et surtout les éditions l'Antilope pour leur fabuleuse audace de le publier !
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Fred a fait de la prison, séjour objet du précédent roman de l'auteur « Prisons », puis en est sorti. C'est là qu'on le retrouve dans « Balance ta haine ». Là, à tenter de se réhabiliter autant que de profiter de toutes les joies, notamment charnelles, que permet la liberté.

Tant qu'à être noir, juif et à sortir de prison, autant tout se permettre. Fred en use donc, en abuse même. Ses mots et ses attitudes sont sans détour et ne respectent rien ni personne. Aucune culture, aucune religion, aucunes origines ne sont épargnées. Les expressions sont autant de couperets pour l'Homme et ses attitudes.

Fred s'est ainsi émancipé des cases dans lesquelles couleur, religion et origines sociales auraient dû le contenir. Plus rien de tout ça n'a d'emprise.
Pas davantage Marianne et les grandes leçons sur la fraternité qu'elle sort de son bonnet phrygien ;
Pas davantage le Sheitan qui lui soufflent une haine pure de l'homme.

C'est un jeune homme ambitieux et toujours affamé de littérature qui a finalement pour unique certitude, au-delà même de toute croyance : le pouvoir du langage, le pouvoir des mots.
Et c'est là que le personnage rejoint l'auteur, Ludovic-Hermann Wanda, utopiste littéraire rencontré lors d'un @vleel_ extrêmement enrichissant. Ludovic-Hermann maîtrise le français sous toutes ses formes et tente quotidiennement de le transmettre, notamment dans les prisons où il intervient régulièrement. Son constat est amer : les jeunes et les vieux, les habitants des villes et ceux des champs, les magistrats et les prévenus parlent chacun un français différent qui fait que personne ne s'entend, personne ne se comprend. L'espoir réside dans un alignement des planètes linguistiques.
J'entends vraiment bien ce message. J'y adhère même, consciente d'avoir eu de la chance d'être de ceux pour qui les mots avaient un sens, d'avoir un vocabulaire relativement riche et précis. Dans ce roman, j'ai admiré le verbe et la dextérité de Ludovic-Hermann.
Pour autant, je pense n'avoir pas été capable d'apprécier ce texte à sa juste valeur. Je me suis arrêtée au danger qu'il pouvait représenter pour qui ne le comprendrait pas assez, aux clichés, certes tournés en dérision, mais néanmoins écrits noir sur blanc qui pourraient conforter quelques immondes idéologies. J'ai fait comme un trop plein de tout ça et je cherche encore ce que je pourrais en avoir retenu.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Si l'argent a le pouvoir d'acheter du poulet, des villas et des sacs Chanel, il reste impuissant face à l'ennui intellectuel, esthétique ou sexuel.
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Vous devriez vous essayer à la lecture, vous verrez, c'est magique. Un parfait rempart à sa propre absurdité.
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