Die for me Argentina

+++++++ MEURS POUR MOI, ARGENTINE +++++++

À la mort de sa mère la jeune Angélica déménage de Barcelone à Tucumán en Argentine, rejoindre son père qui y vit dans une communauté agricole isolée et à environ un millier de kilomètres nord-ouest de Buenos Aires (BA).
Elle y rencontre le jeune étudiant en architecture, Fernando Diaz, dont elle tombe follement amoureuse et qu'elle épouse, tout en entamant des études universitaires de psychologie.

Seulement, notre héroïne a mal choisi son époque. Nous sommes en 1976 et Isabel Perón (la 3ème épouse de Juan Perón, née en 1931 et vivant actuellement près de Madrid) vient d'être déposée de la présidence argentine par un putsch militaire sous la conduite du général Jorge Rafael Videla (né en 1925 et mort en prison en 2013).

C'est le début d'une répression violente, surtout dans la province de Tucumán, qui a connu une brève expérience communiste, et ... l'architecte Fernando disparaît. Les efforts d'Angélica et de son beau-père pour retrouver le cher disparu ne mènent nulle part et ils décident de combattre ce régime sanglant. Angélica est entretemps la mère d'un bébé et enceinte d'un autre petit Diaz.

L'auteur de cet ouvrage, Johan Wassenaar, n'est curieusement pas Argentin, mais Sud-Africain, né à la frontière du Mozambique. Il est ingénieur et a émigré au Canada, puis aux États-Unis, pour travailler dans l'industrie aérospatiale. Actuellement, il réside seul avec son chien à Ojai, à l'est de Santa Barbara en Californie, où il écrit des livres. Il est surtout connu pour sa trilogie romanesque sur l'apartheid "Love in the Shadows of Apartheid" et son ouvrage sur les enfants dans des familles d'accueil "The Foster Care Dilemma". Comme expert en math, l'auteur a précisé que son ouvrage, commenté ici, compte 95.673 mots, soit 337 pages.

De son père Sergio, Angélica apprend que l'armée a saccagé leur appartement et volé la voiture de Fernando. Il lui conseille de passer au plus vite la frontière en Uruguay. Sur le ferry de BA à Montevideo, un Américain remarque qu'elle est observée et poursuivie par un sinistre individu. Il lui vient au secours, l'aide à son débarquement au port de la capitale du pays et lui offre un gîte chez lui. Cet homme, Kevin Bartholomew, est le représentant d'une grosse compagnie américaine de machines industrielles, mais sa petite amie. Caroline originaire du Salvador, a été violée et tuée par la police militaire. Lorsqu'il a entendu le récit d'Angélica, il décide qu'il lui faut des nouveaux papiers et la présente à l'ambassadeur d'Espagne en Uruguay.

Ainsi, notre Angélica Beron devient Alicia de la Rosa. Et par mesure de sécurité, il lui conseille de changer sa garde-robe (un peu plus huppée), de maquillage et de teint de cheveux, puisqu'ils constatent qu'elle est activement recherchée par les Argentins et craignent une autre "disparition".

Une appréhension bien légitime lors de ce qui fut baptisé la guerre sale ("guerra sucia"), où une spécialité du régime Videla fut justement : "los desaparecidos". En 7 ans (1976-1983), 30.000 Argentins disparurent et un demi-million s'exila ! Les "Mères de la place de Mai", "Plaza de Mayo" en face de la "Casa Rosada", siège du pouvoir exécutif à BA, nous rappellent encore aujourd'hui cette triste réalité lors de leurs rondes hebdomadaires. En 1992, ces mères des disparus ont reçu le Prix Sakharov du Parlement européen.

Les menaces continuent et Alicia a pris des cours de tir. Un soir qu'elle rentre avec Kevin, elle constate qu'un homme vise avec son fusil la tête de Kevin et l'abat. Il s'agit évidemment d'un agent argentin clandestin. À la suite de cet incident, ils décident de déménager à Santiago du Chili, où elle pourra poursuivre ses études.
Le couple prend un congé près de Puerto Montt, la magnifique région au bord du Pacifique et la porte d'entrée de la Patagonie chilienne. Pour changer un peu, des soldats argentins essaient de les liquider, mais Kevin se montre plus rapide et réussit à éliminer leurs 2 assaillants.

Que Kevin et Alicia soient devenus des amoureux ne surprendra personne, ni que leur relation s'est drôlement intensifiée, surtout lorsque le père d'Alicia lui a amené son fils Carlos de 2 ans, mais Kevin est promu par sa compagnie au rang de directeur marketing et un nouveau déménagement s'impose, soit en Suisse, soit en Californie.
Simultanément avec ses études, Alicia recueille avec quelques amis fidèles des témoignages sur les excès de la junte militaire qu'ils espèrent, le moment venu, pouvoir passer à une cour de justice pour juger les responsables.

Je crois que le moment est venu d'arrêter ma mise en place et de conclure.

Sûrement que le titre de cet ouvrage a été inspiré par la chanson du film "Evita" de 1996, interprétée par Madonna : "Don't Cry for Me Argentina" et à son tour inspiré par la vie d'Eva Duarte (1919-1952), la 2ème épouse de Juan Perón (1895-1974).

Ce roman de Johan Wassenaar m'a plu pour différentes raisons : il s'agit d'un récit captivant avec une bonne dose de suspense, situé dans un contexte historique et géographique rigoureusement correct. Pas seulement un bon thriller, car il est évident que l'auteur a eu l'ambition de montrer jusqu'auxquels excès violents un régime non démocratique, qui met entre parenthèses les droits fondamentaux de l'homme, peut conduire.

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