j'ai simplement adoré ce livre. Bien écrit, et tellement pertinent, fondamental sur le fond. Les vrais questions autour de la quête illusoire de sécurité et de l'indispensable insécurité comme indispensable à la vie qui vivifie sont extrêmement bien posées.
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Le drame de l’homme occidental vient de ce qu’il se sent séparé de l’univers. Aussi longtemps que l’esprit est coupé en deux la vie est un conflit, tension, frustration et désillusion perpétuels. La souffrance est entassée sur la souffrance, la peur sur la peur et l’ennui sur l’ennui. (…) Si je me sens dissocié de mon expérience et du monde, je concevrais ma liberté comme ma capacité à m’imposer au monde et la fatalité comme la capacité du monde à s’ imposer à moi
J'ai toujours été fasciné par la loi de l'effort inverse: quand vous essayez de rester à la surface de l'eau, vous coulez ; mais quand vous essayez de couler , vous flottez. Mon livre explore cette loi en l'appliquant à la recherche par l'homme de la sécurité psychologique, et à ses efforts pour trouver des certitudes spirituelles et intellectuelles dans la religion et la philosophie.
Ecrit avec la conviction qu'aucun thème ne pourrait être mieux approprié à une époque où la vie humaine semble particulièrement précaire et aléatoire, il soutient que pareille insécurité résulte de la volonté d'atteindre cette sécurité, et que, a contrario, salut et bon sens consistent à reconnaître le plus radicalement possible que nous n'avons aucun moyen d'assurer notre propre salut.
Essayer de tout comprendre en fonction de la mémoire, du passé et des écrits, c’est comme avoir vécu l’essentiel de sa vie, le nez dans un guide touristique, sans jamais regarder le paysage
Nos sens connaissent la réalité pour ce qu’elle est, mais ne connaissent pas le futur. L’intellect quant à lui observe la mémoire, et en l’étudiant, est capable de faire des prédictions. Ces prédictions peuvent être relativement justes, et le futur assume alors un haut degré de réalité. Si haut que le présent perd de sa valeur. Mais le futur n’est pas encore là, et il ne peut pas être expérimenté en tant que réalité tant qu’il n’est pas présent. Étant donné que ce que nous connaissons du futur est fait de pures abstractions - déductions, projections, suppositions -, il ne peut pas être mangé, ressenti, senti, vu, entendu ou en d’autres termes apprécié. Poursuivre le futur c’est poursuivre un fantôme qui ne cesse de changer, et plus vite vous le pourchassez, plus vite il file. C’est pourquoi les affaires de la civilisation sont pressées, pourquoi si peu de personnes apprécient ce qu’elles ont et veulent toujours plus. Le bonheur, ne consiste plus en une réalité solide et substantielle, mais est désormais fait d’abstractions et de choses superficielles comme les promesses, l’espoir et la sécurité.
Prosaïquement, notre époque n’est pas plus incertaine qu’une autre. A la meilleure des époques, la « sécurité » n’a jamais été davantage que temporaire et superficielle