AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,02

sur 142 notes
5
23 avis
4
20 avis
3
6 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Rentrée littéraire 2021 # 28

Je referme ce livre avec la solennité et la gravité qui siéent au sentiment d'avoir lu un grand roman, un de ceux qui parviennent à parler des blessures inguérissables des Etats-Unis en résonnant avec force et intensité, tout en clair-obscur. Une nouvelle fois, Lance Weller remonte à la violence des fondations d'un pays hanté par l'esclavage et la guerre civile à travers le destin de deux personnages extraordinaires errant dans le Tennessee, en pleine guerre de Sécession.

Bell Hood, toute jeune esclave, s'est enfuie de sa plantation, elle cherche à joindre un Etat nordiste avec comme seuls repères les étoiles et notamment l'astérisme de la constellation du Dauphin, le Cercueil de Job dont le terrible nom effraie par son écho prémonitoire autant qu'il se veut une mire d'espoir pour Bell Hood. La rencontre avec cette dernière se fait par le biais d'une description saisissante : elle est marquée au fer rouge sur les joues, marque en forme de hameçon, et une de ses dents est percée d'un trou en forme d'étoile, caprice de son ancien maître pour punir son père qui avait cherché à fuir.

Et puis Jeremiah, soldat sans conviction côté confédéré, mutilé aux mains lors de la terrible bataille de Shiloh, qui déserte mais qui semble, plus que fuir la guerre, être en quête de rédemption et de liberté, lui aussi.

La conduite du récit est passionnante, on est suspendu aux mots de Lance Weller pour découvrir comment ces deux-là vont se rencontrer, quel passé ils partagent. de longues phrases, presque faulknériennes dans leur débit, chaloupent, chargées d'images, capables d'avaler le monde entier. Elles disent toute la férocité de la guerre, de la bataille de Shiloh ( avril 1862 ) à celle de Fort Pillow ( avril 1864, marquée par le massacre des unités yankees «  coloured » ). C'est violent, cru, au ras du sol, dans la poussière et la boue. le rendu est remarquable.

Le roman est indéniablement sombre mais malgré tout, la lumière transperce régulièrement les pages. Grâce à l'écriture poétique et lyrique de l'auteur dans des descriptions d'une nature immuable impuissante à empêcher la fureur humaine. Grâce à des personnages secondaires particulièrement soignés qui semblent former comme une chaîne de solidarité et de bonté : les esclaves en fuite Dexter ou January June qui prennent sur leurs ailes Bell Hood malgré leurs propres failles ; le daguerréotypiste blanc Henry Liddell qui forme comme un fils January June ; ou encore Mary Groff qui soigne et accueille Jeremiah.

Un grand roman, somptueux et dense au puissant souffle épique pour dire la liberté, l'amour et le pardon dans une Amérique crépusculaire en proie à ses démons.
Commenter  J’apprécie          13712
Un grand merci à Babelio et aux éditions Gallmeister...

En pleine guerre de Sécession, Bell Hood, une jeune esclave noire, marquée au fer sur les joues et un trou en forme d'étoile sur l'une de ses dents, s'est enfuie du domaine de Locust Hall. En compagnie de Dexter, qu'elle a rencontré il y a tout juste deux jours, elle poursuit sa route vers le Nord, la peur au ventre, voulant à tout prix échapper à tout homme blanc susceptible de l'enchaîner à nouveau...
En ce dimanche 6 avril 1862, après avoir essuyé la pluie la veille, les hommes se réveillent péniblement, encore frigorifiés pour certains. Parmi eux, Joe Hoke, du Kentucky, enrôlé dans l'armée confédérée un peu par hasard. Contrairement à son compagnon d'arme, Charlie King. Très vite, l'air n'est plus le même, l'ambiance devient tendue. Au loin, à travers bois, les bruits de fusillade, d'abord légers puis de plus en fort, crépitent par delà leurs rangs. Hoke ne sait pas encore qu'il participe à la terrible bataille de Shiloh, bataille au cours de laquelle il en sortira blessé...

Quel souffle que ce dernier roman de Lance Weller ! Où l'on suit, en chapitres alternés, les destins de Bell Hood, cette jeune esclave noire éprise de liberté, et Joe Hoke qui, en quête de rédemption, va errer pour mieux se retrouver. Deux destins magnifiques, profonds, que l'on devine liés. À leurs côtés, des personnages secondaires tout aussi forts, marquants, touchants pour certains, notamment Henry Liddell, le daguerréotypiste itinérant qui prendra sous son aile June, esclave affranchi. Dans une Amérique en guerre, que ce soit sous les canons meurtriers ou sous un ciel étoilé, tous se battent, se démènent pour redonner, autant que faire se peut, un sens à la condition d'humains. de sa plume étoffée, lyrique et visuelle, Lance Weller donne à voir, à sentir et à ressentir, captant avec force et réalisme, l'horreur, la violence, les émotions et les sentiments. Il dresse le portrait d'une Amérique scindée, sanglante, souillée et meurtrie par une guerre pour le moins absurde.
Une saisissante fresque romanesque...
Commenter  J’apprécie          796
« le Cercueil de Job était accroché de travers à la queue du Dauphin comme un cerf-volant détaché traînant sa ficelle derrière lui.
Et toutes les étoiles brillaient délicatement au-dessus de l'autre bout du monde. »
J'ai toujours été fasciné par la poésie qu'inspirent les constellations et cette magnifique citation en début du livre ne déroge pas à la règle.
Le Cercueil de Job est le troisième roman de Lance Weller, auteur que je découvre ici par ce texte fabuleux, d'une écriture à la beauté somptueuse et tragique.
Nous sommes entre 1862 et 1864, dans l'État du Tennessee, déchiré en pleine guerre de Sécession...
Nous découvrons les destins croisés de trois personnages qui ne sont pas prêts de me quitter.
Il y a tout d'abord cette jeune esclave en fuite, Bell Hood, qui espère rejoindre le Nord en cherchant à s'orienter grâce aux étoiles. Son père lui avait appris à lire son chemin ainsi. le Cercueil de Job est une constellation qu'elle suit ainsi chaque nuit et qui la guide dans son chemin périlleux.
Bell Hood a seize ans, son visage a été marqué comme une bête au fer rouge sur chacune de ses joues, deux marques en forme d'hameçon et lorsqu'elle sourit, - mais pourquoi voudrait-elle sourire dans ce monde en proie à l'horreur ? on aperçoit un trou en forme d'étoile qui a été percé dans une de ses dents, pour que son propriétaire la reconnaisse au cas où un jour l'envie lui viendrait de fuir, l'envie de fuir comme aujourd'hui. Elle n'a plus rien à perdre... À seize ans, ses yeux ont déjà vu tant d'horreurs, sauf dans le sillon des constellations que son père dessinait avec son doigt tendu vers le ciel...
Elle rencontre dans sa traque January June, ancien esclave affranchi, plus âgé qu'elle, mais dans ce monde en tumulte, il n'est pas certain que tout le monde accorde le même crédit à ce mot d'affranchi. Fuir vers le Nord, c'est fuir pieds nus à travers les ronces et les rivières, c'est fuir les chasseurs d'esclaves bien pire que les propriétaires de plantations de coton, c'est fuir leurs chiens qui ne lâchent rien, c'est croiser des cavaleries en déroute...
Dans cet itinéraire façonné de destins croisés, il y a aussi le chemin de Jeremiah Hoke, ancien soldat confédéré mutilé aux mains, ayant déserté l'armée après le massacre de la bataille de Shiloh, qui entame alors un parcours d'errance qui ressemble davantage à une tentative de rédemption qu'à une fuite de la guerre et de l'armée...
Bell Hood et Jeremiah Hoke sont liés par un drame originel commun qui les a marqué à jamais durant leur jeunesse...
Tandis que des constellations d'étoiles leur montrent le chemin du Nord, les deux jeunes fugitifs, Bell et January, piétinent des terres lacérées de feu et de sang, côtoient l'enfer, des paysages dévastés par des brasiers, des clairières empestées de charniers, croisent des cavaleries décimées, celles qui se sont battues pour l'abolition de l'esclavage et celles qui se sont battues contre ces mêmes droits.
L'absurdité d'une guerre civile, - comme toutes les guerres d'ailleurs, se mesure-t-elle à ces scènes d'une horreur sans nom, avec les plaies béantes des corps encore tièdes, humains et animaux mélangés, l'horreur et la putréfaction à ciel ouvert, la guerre qui coupe un cheval en deux comme elle coupe une nation en deux, jette des bras, des mains dans un paysage de toute beauté où l'on se demande ce qui pourra repousser ici après cela ?
L'absurdité d'une guerre civile, c'est cette genèse de l'Amérique d'aujourd'hui sans doute posée dans ce texte, et son impossible réconciliation, des plaies toujours à vif longtemps après...
Les scènes de guerre sont au plus près des chairs mutilées, on peut encore entendre les râles des quelques survivants, ce sont des peintures tragiques et grandioses digne d'un tableau de Jérôme Bosch, ce sont des peintures qui bougent, qui crient, qui hurlent, qui agonisent, qui ne veulent pas qu'on oublie... Jamais...
Pourtant, les pages de ce roman baroque sont traversées d'une lumière saisissante. Elle transperce les coeurs et les corps des personnages, dessinent leurs paysages intérieurs, esquissent des gestes de bonté qu'on croyait impossibles, des rêves d'espoir qu'on croyait inutiles... Nous illumine...
Ce livre m'a asséné un coup au ventre. Il est rare de ressentir un tel flot d'émotions, cela ne m'était pas arrivé depuis longtemps.
Le souffle épique de ce texte y est sans doute pour beaucoup.
J'y ai vu aussi le tableau d'une Amérique en effroi, ce fameux rêve américain construit sur la violence, sur la ségrégation, c'est un portrait sans concession, qui n'est pas sans nous rappeler une certaine Amérique d'aujourd'hui...
Et puis il y a ce personnage attachant de Bell Hood, qui sent, ressent les choses, la vie plus que tout, avec des gestes toujours épris de bonté, malgré les blessures, la traque des loups et des hyènes, malgré la mort et l'impossible liberté... Où puise-t-elle sa force après cela ? Et puis il y a ce personnage secondaire, totalement atypique d'Henry Liddell, daguerréotypiste itinérant de son état, encore un qui cherche à capter la lumière si belle, si éphémère dans le tumulte du temps et du monde.
Le Cercueil de Job est une fresque lyrique au ton crépusculaire. Crépusculaire, comme l'Amérique le sera à jamais.
Dans le cadre de la dernière opération Masse Critique, je remercie Babelio et les éditions Gallmeister de m'avoir offert l'occasion de découvrir ce roman magnifique et cet auteur qui compte désormais pour moi.
Commenter  J’apprécie          6313
Après Les marches de l'Amérique et WildernessLance WELLER continue d'immerger son lecteur dans l'Histoire des États- Unis. Dans le cercueil de Job il nous emmène en plein coeur de la guerre de sécession qu'il va nous montrer sous toutes ses facettes.

Nous rencontrons dans un premier temps Bell Hood et Dexter deux jeunes esclaves en fuite qui se sont rencontrés sur le chemin qu'ils espèrent être celui de la liberté. La rencontre avec ces deux âmes à qui on a arraché l'innocence de l'enfance très tôt est un moment de grâce. Dès les premiers instants le lecteur ressent une profonde empathie pour ces enfants.

Puis nous faisons la rencontre de Hocke, un combattant rebelle, plus par hasard que par conviction. Il ne défend pas une idéologie. C'est un pauvre gosse paumé à qui on a mis une arme entre les mains et qu'on a envoyé à la boucherie. Une histoire intemporelle et universelle. Ce personnage et son regard sur le carnage des champs de bataille fait écho au personnage d'Abel dans Wilderness.

Nous rencontrerons aussi le personnage de June, un esclave lui aussi en fuite qui a eu une vie surprenante et qui porte un regard différent sur le monde. Il se questionne notamment sur le poids des mots. Toute chose porte un nom et cela lui semble important de nommer les choses correctement. Mais la maîtrise des mots n'est pas pour les esclaves. Encore une barrière pour les garder serviles. Les mots sont chargés de pouvoir et pourtant parfois ils sont vains.

Petit à petit, chemin faisant, WELLER va nous dévoiler l'histoire de ces différents personnages avec beaucoup de talent et de subtilité. Une situation, une parole, un regard, … amenant un souvenir. Une phrase ou une situation faisant écho à un autre évènement et donnant ainsi au lecteur le sentiment que tous sont intiment liés par le destin. Un destin symbolisé par les étoiles dont il est très souvent question dans ce livre. Quand on y pense le chemin de fer fictif qui guidait les esclaves vers la liberté se basait entre autre sur les étoiles. Là encore cette référence à fait écho à ma lecture de Wilderness et au personnage d'Abel qui garde le souvenir vivace d'une pluie d'étoiles admirée dans son enfance.

Sous la plume de WELLER la cruauté de la vie apparaît douloureusement belle. C'est un poète de la douleur ; de la dignité dans le désespoir. Il peint des personnages aux âmes pures que toute une vie de violence n'a pas su briser. C'est abrupt, râpeux, violent et doux à la fois. L'espoir est ténu mais tenace et virulent.
Les descriptions de la nature sont belles et poétiques. Des sons, des odeurs, des couleurs. Une beauté qui tranche avec la boucherie des champs de bataille et la cruauté humaine.

D'un point de vue historique ce livre est aussi très intéressant. WELLER nous montre clairement que si le nerf de la guerre semble être l'abolition de l'esclavage c'est loin d'être le cas. Beaucoup de combattants considéraient plutôt cette question comme secondaire. Les combattants de l'Union défendaient l'unicité du pays et les rebelles sudistes voulaient leur indépendance. Cela n'empêchait pas certains confédérés d'être esclavagistes et certains rebelles de ne pas l'être. Je me suis alors fait la réflexion qu'au même moment (1861/1865) les guerres indiennes étaient en cours et que le sang coulait partout. Après avoir fait quelques recherches j'ai appris que certains indiens (ceux des 5 tribus dites civilisées) avaient pris part à la guerre dans les deux camps et que certains d'entre eux possédaient même des esclaves ! Aberrant et complètement incompréhensible!

Une nation qui s'est bâtie sur le sang donc, mais n'oublions pas qu'au même moment la France bâtissait son empire commercial et sa puissance économique grâce à l'esclavage outre mer et que de grandes familles françaises étaient des négriers. On pourrait aussi parler du roi Belge qui faisait couper les membres des enfants des esclaves au Congo qui n'avaient pas été assez productifs. Mais là je m'égare…

Un livre qui m'a donc amené à cogiter mais qui est avant tout d'une grande beauté et surtout très bien écrit. J'aurais pu trouver une citation à chaque page tellement la plume est belle. Mais comme le dit une de mes babel-copine qui se reconnaîtra « La citation est à la littérature ce que la rondelle est au saucisson » et pour ce livre je la rejoins. Les mots de WELLER sortis de leur contexte perdent de leur force et de leur poésie mais lus dans leur intégralité ils ont une âme et le pouvoir de vous étreindre la gorge et vous enserrer le coeur.

Une petite rondelle de saucisson pour vous mettre en appétit : « Et de temps en temps, les étoiles apparaissaient le soir, isolément ou en groupes, comme s'il y avait quelqu'un là haut qui les allumait avec une bougie d'où coulait la cire de la Voie lactée à travers le firmament ».
Commenter  J’apprécie          5758
«  Le-Cercueil-de-Job était accroché de travers à la queue du Dauphin comme un cerf- volant détaché traînant sa ficelle derrière lui. Et toutes les étoiles brillaient délicatement au- dessus de l'autre bout du monde » …
«  Je vous jure, je ne sais pas pourquoi vous voulez que je vous parle de tout ça . de ces jours anciens . Anciens et pleins de malheur.
Vous avez dit qu'il était important de se souvenir, avant qu'on oublie . Vous parlez de l'Amérique . de l'Amérique telle qu'elle est aujourd'hui et comment elle était avant …
Pour se souvenir , c'est douloureux, c'est douloureux pour la personne qui se souvient,….. » .

Deux extraits de ce très grand roman de mémoire traversé par des atrocités mais aussi des traits fulgurants de rêves traversés par des guêpes «  Elles sortaient , semblables à des bijoux , formant des bagues autour de ses doigts , ornaient sa gorge et pendaient de ses oreilles  » , rêves de Jeremiah Hoke, soldat sudiste, qui après avoir été mutilé , estropié à la bataille de Shiloh, erre , vagabonde dans l' Amérique en guerre , dans une plongée hors du temps ,le coeur fatigué mais opiniâtre , une brève sensation d'étouffement s'emparait de lui lors de ces souvenirs horribles qui le minaient , en compagnie de Dexter , émasculé par son maître, puis par January June ——qui a connu un temps l'émancipation avant de retomber entre les mains de chasseurs d'esclaves ,——- le destin de June , une gifle froide , celle de l'inévitabilité , l'inéluctabilité de tout ce qui arrivait ….

Et bien sûr Bell Hood , jeune esclave en fuite , marquée au fer rouge sur les deux joues et un trou en forme d'étoile avait été percé dans une de ses dents , —— le langage inscrit sur ses joues la désignerait toujours comme la propriété de quelqu'un .
Auprès de Dexter, Bell espère gagner le Nord en s'orientant grâce aux étoiles .Le périple vers la liberté est dangereux , entre chasseurs d'esclaves, combattants des deux armées et fugitifs loqueteux et affamés qui croisent sa route .
Je n'ai pas de mots assez forts pour qualifier ce texte fabuleux entre souillures , sang, champs de bataille, doigts fantômes , lueurs des feux de camps , capitaines rebelles , corps affaissés ,éléments rebelles , feux croisés , filets d'eau de pluie striés de giclées de sang …..

L'auteur conte l'aventure des pionniers et des fondateurs de la fédération dans ses aspects les plus atroces ,les plus misérables , les plus cruels' traversés de rêves improbables de guêpes .
Une fresque lyrique , épique au souffle et au ton crépusculaire pétri de reconstitutions minutieuses de batailles , au coeur de lieux ensanglantés , ravagés par la boue , le sang et les corps morts, les hurlements de terreur , les cris de douleur suivis de bruits de courses éperdues , le bruit d'une foule en fuite vers le fleuve ou un fort …..le claquement des balles semblables à une pluie battante …
L'écriture est majestueuse , tragique , dure, somptueuse,ample, dense, naturaliste , lyrique , poétique au coeur de splendeurs d'une nature sans pareille n'empêchant pas la fureur humaine,, les souillures et le sang …

La conduite du récit est impressionnante , de véracité , de beauté malgré le côté terrifiant , sanglant et cruel ,emblématique d'une Amérique en tumulte..
Un roman incomparable au style inimitable, ,pour dire l'atrocité mais aussi le souffle de liberté , de courage , de pardon , d'amour ….
Il interroge sans fin sur ce que veut dire être Américain,, au point de vue individuel , universel et collectif .
Il fait réfléchir .
Bouleversant ! Unique ! Marquant ! .

Merci à Marina qui m'a fait acheter ce livre de la rentrée !
Je ne suis pas prête d'oublier ce récit !
Commenter  J’apprécie          509
Wilderness. Les Marches de l'Amérique, et maintenant, le Cercueil de Job, traduit par François Happe. En trois romans seulement, Lance Weller poursuit son oeuvre de raconter, à son tour et à sa façon l'Amérique : celle des pionniers et des fondateurs de la fédération, dans ses aspects les plus épiques, comme les plus terribles et misérables.

Après avoir revisité la ruée vers l'Ouest dans Les Marches de l'Amérique, il revient à nouveau à son thème de Wildenress, explorer dans le Tennessee les années clés de la guerre de Sécession, et notamment les boucheries humaines que furent les batailles de Shiloh et du Fort Donelson.

Weller y met en scène Bell, esclave noire en fuite après l'assassinat de son père par son « maître », marquée elle-même au visage par le feu du fer et l'étoile gravée au pic sur une de ses dents. Accompagnée de Dexter puis de June, opportuns compagnons de fuite, ils vont errer dans la terreur d'être repris en direction du Nord salvateur. Pour finalement croiser les champs de bataille...

Charlie King et Hoke font eux partie des troupes mercenaires levées par le Sud, le premier par conviction, le second beaucoup moins. La première bataille laissera Hoke blessé, amputé de quelques doigts et rongé de remords et de questionnements. Après une errance sans but, ses pas recroiseront ceux de King. Et surtout ceux de Bell pour solder un drame passé commun. « Peut-être qu'il faut avoir un fusil pour pouvoir mourir d'une façon plus digne que celle dont on a vécu. »

Comme les précédents, le Cercueil de Job est un grand livre, moins pour la teneur de son intrigue, que pour l'exceptionnel talent de Weller à décrire le réalisme brut de la guerre, le quotidien de ceux qui la font, la splendeur dévastée des paysages naturels qui l'accueillent, l'horreur froide du champ de bataille dévasté et des corps décharnés lorsque les fusils se sont tus. Là, l'écriture de Weller s'envole dans une grâce poétique en parfait contraste avec l'indicible de son sujet.

« de temps en temps, quelqu'un poussait un gémissement, appelait des amis, appelait pour avoir un peu d'eau, appelait tout simplement, mais rien ne bougeait. Il y avait dans l'air une immobilité, une sorte de néant qui se répercutait, comme dans une église vide un mardi matin. »

Il excelle également à sonder les âmes, ici celles des esclavagistes repentis ou non, des combattants volontaires ou malgré eux, des épris de liberté souvent désabusés, de ces vies miséreuses qui ne demandent qu'à être regagnées, par le feu et le sang, ou la fuite et l'espoir.

Dans l'espoir ou le remords, Bell et Hoke sont deux personnages magnifiés par leurs doutes, tous deux en quête de salut, qui bien que séparés pendant tout le livre, semblent dialoguer à distance sur les conséquences de la fin annoncée de la ségrégation.

« La crainte que nous soyons tous damnés, et que nous le soyons depuis très, très longtemps. Damnés pour ce que nous avons fait, pour ce que nos pères ont fait, et ce que les pères de nos pères ont fait, ou ce qu'ils ont commencé, ou ont entretenu », se questionne Hoke.

« …Nous pourrons dire que nous avons pris notre liberté. Que personne ne nous l'a donnée en pensant que nous l'avions méritée, mais que nous l'avons prise parce qu'elle nous a toujours appartenu » semble lui répondre Bell.

Férus de littérature US ou de style puissant, précipitez-vous !
Commenter  J’apprécie          467
Terrifiant.
Terrifiant lorsqu'on vous scarifie le visage et les dents, lorsqu'on subit un viol, lorsqu'on est pourchassé par des chiens féroces et que l'on devient une meurtrière pour survivre.
Le sort de l'esclave noire Bell Hood parait scellé mais sa force est son imaginaire. Elle y puise un avenir meilleur, un lieu céleste appelé "Le cercueil de Job".
1864.Bell est en fuite tandis que la guerre de Sécession fait rage. Elle est parti du domaine de Locus Hall tout comme Hoke un Blanc devenu soldat confédéré mutilé des deux mains pendant la bataille de Shiloh.
Homme sans conviction, sans ambition, sans avenir, Hoke erre avec ses moignons ne trouvant de la chaleur qu'auprès du couple Groff.
Un autre témoin de cette période sanglante et cruelle est l'esclave June qui a gouté à la liberté auprès d'un daguerréotypiste.
Ces trois héros vont donc balayé cette période sombre des Etats-Unis où affranchis noirs et esclaves sont sous le joug de la cruauté des maîtres blancs. Toutefois la souffrance des héros n'engendrent pas la haine: Bell ressent de l'empathie auprès des souffrants tandis que Hoke se réfugie dans une enfance détruite par un père alcoolique et violent.
Dans un style cash, Lance Weller s'est attaché à une reconstitution minutieuse des batailles dans des lieux ravagés par la boue et le sang.
Loin "du cran et de la force d'âme" des soldats du film "Glory" de Edward Swick, ici, il est question de dévastation et d'existences sacrifiées.
Un roman de mémoire démoralisant car nous le savons tous l'histoire se répète avec la guerre et ses crimes qui se perpétuent.
Commenter  J’apprécie          360
Autre guerre, autre ambiance que le livre précédemment lu et aimé de cet auteur : Les Marches de l'Amérique , mais toujours une plongée saisissante dans la vie de quelques femmes et hommes .

Bell Hood, une jeune esclave en fuite est le personnage central de ce roman, le lecteur s'attache à elle d'emblée. Par ce qu'elle a vécu avec son père, un batelier dont l'esprit de liberté qu'il a inculqué à sa fille va le conduire à la potence après que la jeune esclave soit marquée au fer rouge sur les joues et qu'une étoile soit creusée dans ses dents .Il lui a enseigné aussi la force du rêve et de l'espoir avec le Cercueil de Job, une constellation et l'heure bleue ...
Par la force de son caractère , bravant les difficultés et surmontant ses peurs et la faim , elle va sur les chemins vers le Nord cheminant ainsi avec d'autres esclaves enfuis comme Dexter puis June se cachant des chasseurs d'esclaves et des soldats engagés dans la guerre de Sécession .

L'histoire de Bell Hood alterne avec celle de Jeremiah Hoke, un soldat sudiste, et qui est blessé lors de la terrible bataille de Shiloh , amputé de doigts .Ce choc de la bataille et cette mutilation le laisse démuni dans ses convictions , une trajectoire de vie passive jusque là qu'il veut expier en errance à la recherche de quelque chose qu'il ne connait pas encore mais qu'il va finir par trouver ... le don de soi et le don de sa vie dans l'abnégation et l'anonymat, tout le contraire de la gloire recherchée par son copain de régiment Charlie King qu'il va retrouver au cours de son errance le ramenant sur les champs de bataille.

L'écriture de Lance Weller fait se cotoyer, à la fois , le beau et l'horrible dans la description des paysages , menaçants la nuit dans les traces des esclaves et dévastateurs des champs de bataille .
Il pénètre dans l'esprit de chacun de ses personnages. Dexter, l'esclave qui rêve de rejoindre la première troupe de soldats noirs est paralysé par la soumission au maitre même si celui-ci n'est plus présent et il en souffre et en a honte. le rêve pour Bell Wood, rebelle dans ses gênes , elle ne renonce jamais .

June, lorsqu'il est rattrapé , pense : "C'était la gifle froide de l'inévitabilité , comme le destin lui-même, comme un doigt fin qui s'enfonçait dans son coeur ." Et pour Hoke, du coté de ceux qui ne se posaient pas de question sur l'horreur de la condition d'esclave , le fardeau du remords le poursuit : le doute et la crainte de la damnation ...

Un magnifique roman qui explore les tourments de l'être humain lorsqu'il veut s'échapper de la condition de ses pères .
Commenter  J’apprécie          332
Lire « le cercueil de Job », c'est être pris dans un souffle épique qui ne vous lâche pas. C'est assister de l'intérieur aux maux qui ont ravagé (et le font d'ailleurs encore) les États-Unis : ceux de la traite des Noirs et de ce racisme ancré dans les moeurs, de la guerre de Sécession, avec son lot d'horreurs et d'incompréhension. C'est savoir que le monde peut être très laid, mais être tout de même traversé par quelques lumières qui vous font encore espérer que tout n'est pas fichu. Lire « le Cercueil de Job », c'est lire un grand livre, un de ceux qui appartiennent à la Littérature avec un grand L, un de ceux qui vous marquent durablement par leur solennité, leur beauté dure.

Le Cercueil de Job, c'est cet astérisme en forme de losange de la constellation du Dauphin, qui est le point de repère, de salut, de la jeune Bell Hood depuis que son père lui a expliqué que « quelque part, là-bas, juste en dessous du Cercueil de Job, il y a un pays où tout existe dans l'Heure bleue tout au long de la journée. Quelque part, là-bas, de l'autre côté du fleuve, ou plus loin, en aval, il est là, et un jour, tu le trouveras. » Cette fuite en direction d'un supposé pays de Cocagne, qui l'éloigne toujours plus de Locust Hall, le lieu sinistre de son esclavage, Bell Hood y croit, ou plutôt elle le sait, avec cette conviction sereine qui lui est naturelle, et elle s'y dirige résolument, en dépit de toutes les difficultés, de tous les dangers, en premier lieu celui de se faire reprendre, qui se trouvent sur son chemin.

Les étoiles sont ainsi la figure tutélaire de ce roman, que leur influence soit positive, en ce qu'elles guident Bell Hood, Dexter et January June, deux hommes également en fuite qui l'accompagneront un temps dans son périple vers le Jubilé (l'émancipation d'un esclave), ou qu'elle le soit moins, à l'instar du trou en forme d'étoile qui a été percé sur l'une des incisives de Bell, rappel à vie des traumatismes que la petite fille a subis dans son enfance. Ceux-ci n'auront toutefois pas réussi à entamer sa personnalité lumineuse, le pétillement qui saisit son visage quand elle sourit, sa force qui impressionne tous ceux qui la croisent et qui les pousse à vouloir lui plaire, afin de se sentir moins petits face à elle, pensée masculine qui sera d'ailleurs un motif récurrent : « […] quelque chose en elle – la forme de ses yeux, ou la façon dont les ombres jouaient sur ses cicatrices, ou tout simplement sa façon d'être – le poussait à vouloir essayer d'être un homme meilleur que celui qu'il était en train de devenir ».

Car si « le Cercueil de Job » est avant tout le récit d'une fuite vers la liberté, c'est aussi celui d'une hypothétique rédemption pour celui qui ne sait pas trouver le cercueil de Job dans le ciel malgré tous ses efforts, Jeremiah Hoke. Sudiste par malchance, puisqu'il ne partage pas les conceptions esclavagistes de ses congénères, il s'enrôlera quand même, par désespoir sûrement, dans les rangs de l'armée sécessioniste et participera à la sanglante bataille de Shiloh, avant de partir dans une errance sans destination, poursuivi par les drames et les crimes dont il a été le témoin passif. La passivité est d'ailleurs le trait particulier de cette étoile noire, qui étouffe dans la dépression profonde qui l'empêche de se réaliser et de mener une vie normale, alors qu'une chance lui était offerte.

Ce roman présente ainsi différents personnages qui ne se connaissent pas, ou du moins pas tous, mais qui sont reliés les uns aux autres, par un parcours parallèle jalonné par des détails qui semblent posés là par hasard ; on n'y fait pas forcément toujours attention mais on découvre avec stupeur qu'ils prennent leur sens par la suite : un gant donné par un personnage A est trouvé par un personnage B sur un lieu abandonné, une photo d'un personnage C est vue par un personnage D… Ces indices d'un jeu de piste au hasard feint, puisqu'orchestré avec maîtrise par Lance Weller, constituent ainsi les repères de destins liés par une même fatalité, celle de personnages prisonniers de leur situation, qu'ils soient esclaves de naissance ou du fait de leur traumatismes, et qui s'enfuient tous pour trouver leur Jubilé : la liberté.

« le Cercueil de Job » est un grand roman, âpre et violent autant que poétique, marqué par les odeurs, par les images, qui se vit. J'ai marché de nuit dans la peur et le froid avec Bell Hood, Dexter et January Jones, j'ai souffert avec Jeremiah Hoke ; mais je chercherai désormais toujours avec émotion ce losange étoilé dans la nuit noire. Lisez ce roman !
Commenter  J’apprécie          280
Pour bien débuter l'année, autant chroniquer l'un des ouvrages marquants de l'année 2021 en évoquant l'étonnant parcours littéraire d'un romancier américain davantage reconnu dans nos contrées francophones que dans son pays d'origine. On découvrait Lance Weller avec Wilderness (Gallmeisters 2014) dont le titre fait référence à l'une des batailles de la Guerre de Sécession qui se déroula dans la forêt de la Wilderness en Virginie. Un roman à la beauté sauvage et flamboyante qui caractérise l'écriture d'un romancier exceptionnel nous entraînant dans les réminiscences d'une période chaotique et fracassante de l'histoire américaine. Notons qu'il s'agit-là de l'unique roman publié aux Etats-Unis et saluons le sublime travail de traduction de François Happe qui parvient à restituer toute la quintessence des textes exigeants de l'auteur. Second romand de Lance Weller, Les Marches de l'Amérique (Gallmeister 2017) s'attaquait à un autre contexte historique du pays en retraçant les péripéties de la conquête de l'Ouest qu'il démystifie par l'entremise d'un récit âpre et brutal où l'on prend la pleine mesure toute la barbarie d'une colonisation qui se traduit notamment dans sa plus pure sauvagerie avec la traque et le massacre du peuple amérindien par les milices et armées de deux pays se disputant férocement les terres à conquérir. Avec de tels ouvrages, c'est peu dire que l'on s'impatientait, après quatre ans d'attente, de retrouver Lance Weller qui nous revient avec le Cercueil de Job, un roman somptueux se concentrant une nouvelle fois sur les affres de la Guerre de Sécession en se concentrant autour des batailles de Shiloh et de Fort Pillow.

Les deux joues marquées au fer rouge, un trou en forme d'étoile percé dans l'une de ses dents, Bell Hood porte les stigmates de l'esclavage. Elle a néanmoins fuit la plantation de Locust Hall pour suivre l'étoile du Cercueil de Job qui lui permettra de gagner le Nord afin de trouver cette liberté tant convoitée. Mais en pleine Guerre de Sécession, il lui faut traverser l'état du Tennessee, déchiré par le conflit, en évitant chasseurs d'esclaves et autres belligérants des deux armées qui arpentent les routes de la région.
Jeremiah Hoke ne sait pas trop bien comment il a atterri dans les rangs confédérés dont il ne partage pas vraiment les convictions. Mais au terme de la bataille de Shiloh, sérieusement mutilé, il abandonne les rangs de l'armée afin d'entamer une vie d'errance chaotique. Au rythme des rencontres et des scènes terribles dont il est témoin, son parcours prend la forme d'une rédemption pour tous les crimes qu'il a commis autrefois.
Deux individus que tout oppose, projetés dans le fracas d'une guerre fratricide, qui s'avéreront liés par une tragédie commune qu'ils ne peuvent oublier.

Le Cercueil de Job s'articule donc autour de deux trajectoires, celle d'une esclave en quête de liberté et celle d'un soldat confédéré mutilé cherchant à se racheter de ses erreurs passées avec en toile de fond cette Guerre de Sécession sévissant notamment dans l'Etat du Tennessee et dont les points d'orgue furent la fameuse bataille de Shiloh et celle plus méconnue de Fort Pillow, théâtre du massacre de prisonniers confédérés dont de nombreux soldats noirs qui n'étaient pas considérés comme tels par l'adversaire. Dans ce contexte historique chaotique, nimbé d'une effroyable violence, Lance Weller se focalise sur le regard de cet homme et de cette femme qui vont traverser les méandres de cette période trouble au gré des rencontres qui vont bouleverser leurs destinées respectives. On adopte ainsi avec Bell Hood, le point de vue des esclaves en découvrant toutes les exactions dont ils sont victimes à l'instar de Dexter son compagnon d'infortune qui a été émasculé par ses maîtres ou de January June capturé par un chasseur d'esclaves mais qui croise Henry Liddell, un photographe arpentant les champs de bataille, qui le rachète afin de l'émanciper. On perçoit ainsi toute l'incertitude de ces individus ballotés au rythme des événements dont ils n'ont aucune maîtrise, mais qui s'acharnent à trouver la voie qui leur permettra d'obtenir cette liberté qu'ils convoitent avec tant d'espoir. Autre trajectoire, autre point de vue avec Jeremiah Hoke nous permettant de nous immerger notamment au coeur de la bataille de Shiloh en distinguant toute l'horreur et la cruauté d'une guerre qui n'épargne personne et que Lance Weller restitue avec une charge émotionnelle intense. Au terme de cette bataille, le lecteur suivra les pérégrinations de ce soldat mutilé tentant de refaire sa vie au gré de ses errances et de percevoir ainsi toute l'ambiguïté de certains soldats de l'Union qui traquent les esclaves en fuite afin de les enrôler de force au sein de l'armée, à l'instar du colonel Cleon et de sa horde de soldats dépenaillés s'adonnant à quelques trafic douteux.

Avec le Cercueil de Job on appréciera à nouveau cette écriture ample et généreuse caractérisant un auteur qui parvient à restituer au coeur de cette atmosphère chaotique, toute la rigueur d'un contexte historique savamment maîtrisé se déclinant à la hauteur de l'humble point de vue de ces deux protagonistes à la fois touchants et attachants dont on ignore ce qui peut bien les lier et qui devient l'un des enjeux de ce roman flamboyant où leur rencontre mettra en perspective toute l'incertitude de la liberté et de la rédemption qui se diluent dans le fracas de la guerre.


Lance Weller : le Cercueil de Job (Job's Coffin). Editions Gallmeister 2021. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par François Happe.

A lire en écoutant : You Will Be My Ain True Love de Alisson Kraus (feat. Sting). Album : A Hundred Miles Or More: A Collection. 2007 Rounder Records.
Lien : https://monromannoiretbiense..
Commenter  J’apprécie          180





Lecteurs (461) Voir plus



Quiz Voir plus

Dead or Alive ?

Harlan Coben

Alive (vivant)
Dead (mort)

20 questions
1822 lecteurs ont répondu
Thèmes : auteur américain , littérature américaine , états-unisCréer un quiz sur ce livre

{* *}