Imaginez...
Une après midi doux, le soleil est haut mais ne tape pas trop dur. Post repas de famille, dans une langueur digestive, votre cousin plus âgé, que vous admirez forcément, vous entraîne à l'écart et vous initie...
...
... A la nicotine transgressive.
Et voilà, depuis votre adolescence, vous enquillez 3 paquets de gitanes brunes sans filtres, quotidiennement.
Ajoutez à cela des glaires coincées dans l'arrière gorge et une tessiture naturelle proche de la basse enrouée.
Ok ?
Songez au petit texte qui va suivre, déclamé par cette voix...
"Ils ont pris ma femme.
Dans une ville de feu et de sang, je la retrouverai.
Je tracerai mon chemin à travers les membres, les viscères, les intestins, les têtes, les couilles, les tripes, les...
-C'est bon on a saisi-
... J'ai certaines compétences, liées à une vie entièrement consacrée à l'éradication de mon prochain au fil de mon épée que l'est trop grosse !
Je vais retrouver ma femme."
LES DOUZE ENFANTS DE PARIS est la suite d'un très bon roman
LA RELIGION. Déjà
LA RELIGION ne lésinait pas sur le combat, sur la tranchaille, on n'était pas chez mamie calinou !
Mais là où
LA RELIGION ménageait des poses poétiques et des réflexions contextuelles historiques bienvenues, LES DOUZE ENFANTS enchaîne les combats rapprochés.
Ça partait bien pourtant. Mattias qui, bon gros macho, a laissé sa femme enceinte jusqu'au sourcils, pour vaquer à ses affaires de mâle dominant revient à Paris. Elle n'est pas là où elle doit être.
On est à la veille de la Saint Barthélémy, où la cour de France, prise d'une frénésie meurtrière totalement inaccessible à une quelconque froide rationalisation va laisser se déchaîner les forces fanatiques du catholicisme parisien et laisser les milices massacrer la population protestante de la Capitale.
L'arrivée de Tannhauser à Paris, sa rencontre avec le cardinal de Retz, éminence grise du Louvre royal, les intrigues et les manoeuvres en soie malodorante promettaient un équilibre gracieux entre l'action sanglante et
L Histoire broyant les individus.
Loupé.
N'attendez pas à une conceptualisation des rapports de force par
Tim Willocks l'auteur, une présentation historique, un rappel de l'époque.
On est là pour assister à la trajectoire sanglante et implacable de Tannhauser vers sa femme.
Il écartera tous ceux qui sont sur son chemin comme des fétus de paille et de chair.
C'est une succession de scène de combat. On a l'impression d'assister à une parodie de film d'action des années 80. Tannhauser s'en sort sans une égratignure sur son torse maculé de sang et de tripes (sic). Il a un carquois magique, toujours empli de flèches.
Tannhauser est le guerrier ultime ! Certes il est intelligent, stratège et comprends bien qu'une réputation de tueur sans pitié fait un combat à moitié gagné. C'est pour cela, par exemple, qu'il décapite (il décapite beaucoup) un ménestrel totalement inoffensif dans une taverne. Pour que tout le monde comprenne bien qu'il n'est pas un pédalo. Et que tout le monde soit bien sur ses gardes.
Comment montrer que l'on a un bon style et que l'on maîtrise son vocabulaire et syntaxe ? En décrivant des scènes de combat à l'épée. D'éventration. Éviscération. Amputation. Nananaation...
Oui c'est bien écrit.
Mais même avec un bon gros paquet de talent (ce dont Willoocks n'est point dépourvu), ils n'y a pas mille manières de décrire un bras tranché, une tête étêtée etc...
Le problème est aussi que ce livre fait 800 pages et non pas 200.
Je n'ai rien contre un peu d'action bourrine. Mais songez à un Jason Statham défonçant tout ce qui se présente pendant 3h15 !
Bon je force un poil le trait. Les douze enfants du titre nous donnent de belles scènes, d'émouvants paragraphes. La vision de Cocagne, cour des miracles de Paris, quartier des réprouvés, des brigands et des déviants est saisissante et remarquable de justesse.
Mais tout cela est vite englouti par un bon pitit duel ou un massacre.
Autant
LA RELIGION m'avait empoigné et plu au delà des hauts le coeur. Autant le trop plein des scènes de combats de merde et de sang des DOUZE ENFANTS DE PARIS m'a semblé frôlé dangereusement le ridicule, le vain et, à vrai dire, la fascination du vigilante armé et self justicier Bronsonnien des années 70-80. La griserie de l'abandon de la raison pour laisser notre cerveau reptilien aux manettes.
Lien :
http://micmacbibliotheque.bl..