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3,92

sur 207 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Michel Audiard chez les clandestinos !
C'est avec une verve inventive et revigorante que la toute jeune auteure mexicaine Aura Xilonen fait parler Liborio, un jeune « dos mouillé » fraîchement mais péniblement passé de l'autre côté de la frontière. Embauché comme homme à tout faire dans une improbable librairie hispanique, il se met à dévorer tout ce qui lui tombe sous la main, et tombe éperdument amoureux de la jolie voisine en face. Puis sera recueilli dans un foyer miséreux pour jeunes orphelins, où lui sera insufflée la force de prendre sur le ring un nouvel envol…
Il semble qu'un ange gardien le protège notre chétif Liborio, et son parcours tient du miracle au vu de tous les coups qu'il prend dans la gueule tout au long du roman ! Des coups que ne manque d'ailleurs pas de rendre au centuple notre petit gabacho, tout en nerfs, en mots, instinct de survie et sensibilité à fleur de peau.
Un récit bourré de punch, d'uppercuts verbaux, de détresse, d'humour, porté par une langue ébouriffante qui perd en énergie ce qu'elle gagne en tendresse au fil des aventures de Liborio qui, s'il n'a pas encore gagné à la fin de l'histoire d'Eden américain, ne se sent quand même plus « comme une betterave la bite à l'air ».
Un premier roman primé et prometteur.
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Liborio rêve de devenir un gabacho, un homme du Nord, un gringo, quoi, lui l'Indien, le Mexicain, le dos mouillé. Sans-logis, sans-papiers, ver de terre amoureux d'une étoile, avec les sens concaténassés et des guilis dans les tripes, en chômage technique depuis que la librairie hispanique où il se faisait exploiter par un Boss en mode algorithmique a été dévalisée, Liborio a pourtant des atouts non négligeables: un pied capable de se transformer en bazooka, au point que vos couilles vous remontent dans le cerveau, et une droite qui vous fait dégringoler sans pouvoir vous rattraper à quoi que ce soit, ne serait-ce qu'à l'air.
Liborio traverse le désert avec une hâte épineuse, une couronne de bleus sur la tronche. Il tombe nu, comme une tortue sans carapace, les bras en croix. Pour échapper aux balles il s'enterre avant de retrouver l'air libre, tel un ressuscité de la tombe. Une gisquette (Marie-Madeleine?) lui lave les pieds. Quand il met pour la première fois des Nike, il a l'impression de ne plus marcher sur la terre mais de flotter dans l'espace densifié. Il a une conscience triumvirat (le Père, le Fils, le Saint-Esprit?). Bref, Liborio est un Jesus de notre temps, mais qui file des torgnoles au lieu de tendre l'autre joue. Du coup, les paralytiques ne marchent pas mais elles deviennent avocates (et c'est bien aussi) grâce aux aides miraculeuses apportées par les victoires express du nouveau champion (Qui s’exprime moins sur le mode du « Lève-toi et marche », que sur celui de « Couche-toi et tourne de l'oeil »).
Quand les victimes deviennent des super-héros, c'est jouissif. Quand un roman est capable d'énumérer les églises presbytériennes, évangélistes, baptistes, chrétiennes, mahométanes, bouddhistes, zoroastriennes, scientologiques, androgynes, bluesesques, , jazzesques, soulesques, arabesques, thermopylo-jupitériennes, mythologiques, catholiques, orthodoxes, hétérodoxes, pédoxes, irrévérends, pasteurs, curés, prêtres, abbés, docteurs, philosophes, musiciens, barbituriques métaphorisants, oeilnoir, oeilblanc, oeilaveugle, oeil-de-boeuf, athées, mécréants, chanteurs adrénalinophiles, récitants et comédiens rois de l'arnaque et de la magouille, c'est jubilatoire. Et quand on apprend que l'auteur de cette prose ébouriffante vient juste d'avoir 20 ans, on se dit qu'on n'a pas fini d'en prendre plein la tronche. Alleluia ! Ou plutôt, comme le dit Liborio, Fuck!
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J'ai retenu ce livre d'Aura Xilonen grâce au challenge ABC : il me manquait un auteur dont le nom commence par un X. Selon Wikipédia, « Le mot "gabacho" est parfois employé de nos jours au Mexique pour désigner des personnes venant d'Europe, souvent dans le sens de mal éduqué, mal habillé. Il peut signifier aussi de manière plus générale un étranger […] » le roman se déroule dans le Sud des États-Unis, et si Liborio, le gabacho en question, n'est pas Européen, il est effectivement mal éduqué, mal habillé et étranger. le jeune garçon a fui le Mexique et il est passé au États-Unis dans des conditions dramatiques. Au tout début du roman, il tombe amoureux fou d'une très jolie fille. L'attention qu'il lui porte provoquera une bagarre qui sera largement diffusée sur les réseaux sociaux et qui attirera l'attention sur lui.
***
La narration au présent nous montre Liborio aux prises avec le Boss, un libraire au langage ordurier qui traite son employé comme un esclave. Il offre cependant au garçon (17 ou 19 ans, on ne sait trop) un gîte et la possibilité de lire ce qu'il veut. Mais la librairie est vandalisée, détruite, et Liborio se retrouve à la rue dès la 7e page… Une partie de son enfance, ses terribles aventures et sa vie dramatique de clandestin sont racontées dans les passages entre crochets et en italique. Je suis bien en peine de dire si la langue très riche et très originale qu'Aura Xilonen prête à Liborio est un atout ou un point faible : j'ai changé plusieurs fois d'avis au cours de ma lecture. le jeune homme s'exprime dans un mélange de spanglish, d'argot parfois désuet (la gisquette) ou contemporain, de verlan et de quantité de jurons et d'expressions scatologiques. Il a lu le dictionnaire et il emploie des mots savants, mais fréquemment à mauvais escient. Il construit des adverbes à partir de verbes ou de noms, il crée souvent des néologismes qui peuvent être aussi vulgaires que drôles, voire poétiques. Je salue le travail de la traductrice Julia Chardavoine ! Ce feu d'artifice se calme un peu au fil de la narration, mais sans disparaître. La rage de vivre du personnage attire la sympathie ainsi que sa naïveté et sa bonté sous ses airs de brute. J'avoue cependant que mon intérêt s'est émoussé vers la fin : j'ai trouvé que l'histoire perdait de sa force.
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Le thème de ce roman n'est pas vraiment dans ma zone de confort : beaucoup de violence, pas spécialement gore, loin de là, mais il faut bien le dire, le personnage principal se bagarre souvent, il faut dire qu'il semble attirer la castagne, et quand ça va mieux, il se met à la boxe ! En général je n'aime pas trop le style argot parlé à l'écrit : rares sont les gens qui ne parlent qu'argot et en fait les auteurs accentuent l'argot pour communiquer aux lecteurs des éléments qui à l'oral passent par l'intonation, l'accent et pas seulement par le vocabulaire et la syntaxe. Souvent je trouve que le résultat a quelque chose qui manque de naturel, de spontanéité. Mais là, ça m'a plu ou en tout cas pas gêné du tout, j'ai beaucoup aimé le mélange d'argot vieillot et d'argot jeunes. On a tous en tête des expressions qui nous viennent de grands-parents et que l'on comprend plus ou moins. le personnage de Liborio, orphelin mexicain de seize ans, parti tenter sa chance de l'autre côté du Rio Grande, est très attachant. Sa façon d'aborder la vie et d'affronter les galères est pleine de philosophie même si ça ne le sert pas toujours (il faut dire que par moment il a aussi la naïveté de son âge). J'ai adoré son parcours littéraire : parti de zéro, il se met à lire tout ce qui lui tombe sous la main dans la librairie où il travaille (y compris le dictionnaire!). Comme il n'a pas sa langue dans sa poche, son langage (et celui de l'auteur) se retrouve émaillé de vocabulaire savant, à contre-emploi, mais pas à contre-sens. Son libraire de patron, bien plus grossier que Liborio, fait de son côté plutôt dans le néologisme. Ajoutez à cela un brin d'anglais et un soupçon de vocabulaire typiquement mexicain, et vous avez une vague idée de la langue de ce livre. Cela peut sembler ardu à lire, mais en fait il suffit de se laisser (em)porter par la langue, ce qui est d'autant plus facile qu'il y a du rythme. Il faut dire que la vie de ce jeune migrant n'a rien d'un long fleuve tranquille jusqu'à ce qu'il se pose dans un refuge. A partir de là, c'est plus calme, presque trop vers la fin que je trouve un peu trop fade à mon goût. Mais c'est peut-être parce que je n'aime pas trop les romances. C'est un excellent roman d'apprentissage très contemporain et pour un premier roman c'est un coup de maître ! Aura Xilonen est une auteur à suivre !
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Dès la première phrase, je me suis pris un uppercut en pleine face !
Je n'ai pu m'empêcher de faire une certaine analogie avec les "San Antonio" de ma jeunesse, version latino. Cette langue truculente et inventive, les néologismes, l'humour... Mais l'écriture d'Aura Xilonen est plus moderne, plus fraiche, et gouleyante à souhait.
Gabacho est l'histoire d'un clandestin mexicain de 17 ans à peine, qui a trouvé refuge dans une librairie dont le patron ne se gène pas pour l'exploiter. Il a passé sa vie à fuir, à prendre des coups et à en donner. Il n'a rien à perdre. Il va tomber amoureux d'une belle gisquette et faire d'inattendues rencontres qui vont lui ouvrir de nouveaux horizons.
Je range Aura Xilonen dans mes auteurs à suivre...
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Difficile de rester indifférent à la lecture d'un tel roman. Entre le style d'écriture percutant retranscrivant très bien l'oral et le parlé de la rue, le vocabulaire déroutant oscillant entre l'argot et le registre soutenu avec des mots inventés apportant une touche de poésie et enfin l'histoire de ce jeune Liborio immigré clandestin aux Etats-Unis, tout est réuni pour nous offrir un livre d'une étonnante originalité.

Liborio nous raconte son quotidien aux Etat-Unis pour tenter de survivre tout en se souvenant de son enfance au Mexique, de sa traversée improbable de la frontière et de ses aventures pour échapper aux hommes des services de la migration. Ses meilleures armes pour se sortir de tous les mauvais coups où il se fourre ce sont ses poings pour cogner et ses jambes pour courir. On ne peut que s'attacher à ce personnage qui sait à la fois nous émouvoir et nous toucher par sa force de caractère et sa volonté et nous faire rire par sa naïveté et sa spontanéité.

Après une première partie de roman intéressante mais un peu lente, j'ai vraiment adoré la deuxième moitié dans laquelle j'ai trouvé que le rythme s'accélérait et que l'histoire gagnait en intensité et suspens pour savoir comment va s'en sortir notre héros. La fin peut paraître un peu trop heureuse mais elle ne m'a pas dérangée car j'ai trouvé qu'elle laissait voir une ouverture pour l'avenir sans tomber dans le mièvre.
Un très bon premier roman. J'espère que d'autres suivront avec la même qualité littéraire. Quand on pense qu'en plus l'auteure n'était âgée que de 19 ans lorsqu'elle l'a écrit, chapeau !
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Les challenges Babelio nous permettent et/ou nous obligent à sortir de nos zones de confort… Trouver Un auteur dont le nom commence par un X et voilà que je fais connaissance avec le jeune Liborio, migrant mexicain, employé chez un libraire haut en couleur, qui manie l'insulte et le juron avec brio.

Maltraité par une marraine qui ressemble plus à une sorcière qu'à une bonne fée, Liborio a fui un Mexique qui ne lui promettait que pauvreté et soumission. Il a atterri chez le « boss » après un long voyage semé d'embûches, de rencontres parfois violentes, avec la nécessité toujours et encore de fuir dans un désert hostile, au risque de l'insolation et de la déshydratation.

Liborio découvre dans la librairie tout un monde d'idées, de mots, d'auteurs qui contribuent à donner de l'épaisseur à un quotidien un peu rétréci : il s'éloigne peu de son lieu de travail et dort dans une mezzanine au-dessus des étagères de livres. Seule la vision de la jolie voisine lui procure un peu de rêve. Aussi, quand elle se fait bousculer par une bande d'abrutis, n'hésite-t-il pas à traverser la rue pour la défendre. S'il y a bien quelque chose qui n'effraie pas Liborio c'est de jouer des poings… Il a une détente féroce et laisse au tapis tous ceux qui s'y frottent.

Lorsque la libraire se fait braquer, Liborio se retrouve à nouveau à la rue, livré à lui-même. Des adultes vont lui offrir leur aide, parfois très intéressée d'autres fois plus bienveillante. le jeune homme aura à faire des choix, à apprendre à faire confiance.

C'est le roman d'une jeune auteur(e) mexicaine – elle a 19 ans lorsqu'elle écrit Gabacho – au style dense, émaillé d'argot, de néologismes. Ce qui en fait son charme mais le dessert aussi parfois quand il faut relire plusieurs fois certains passages 😊. La narration mêle passé (chapitres en italique) et présent ; le rythme est soutenu et les personnages hauts en couleur. On se prend vite d'affection pour cet adolescent qui a déjà beaucoup galéré, c'est un euphémisme, mais qui tient au bout de ses poings son destin. Très joli roman sur une thématique dramatique et d'actualité.

Challenge ABC 2021/2022

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Mélange de vulgarités et de mots sophistiqués, de trivialités et de fulgurances poétiques, avec des références littéraires et culturelles (petit glossaire de termes mexicains à la fin - que moi j'aurais apprécié en note de bas de page) : la langue de ce roman est époustouflante (bravo à la traductrice Julia Chardavoine), sans que la lecture soit particulièrement difficile : la forme de narration permet des pauses.
Pourtant, quel sentiment de ne pas avancer ! J'ai dû faire un détour par une BD et un autre livre pour arriver au bout, ce qui était une bonne idée : l'entrée en scène de Naomi, la petite en fauteuil, est une bouffée d'air, et j'ai vraiment aimé la dernière partie. L'histoire de ce jeune Mexicain jamais aimé, à la force herculéenne non canalisée, clandestin perdu et n'ayant rien à perdre, est un roman d'apprentissage original.
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En cherchant un autrice mexicaine , je suis tombée par hasard sur Aura Xilonen.
Et ça fait mal ! (c'est constructif et positif ce que je dis). Aura Xilonen fait mal en mettant en scène l'histoire de ce jeune mexicain qui traverse le Rio Grande pour essayer de survivre aux Usa. Parce qu'il crevait au Mexique …
Liborio, le narrateur, raconte sa vie actuelle – homme à tout faire dans une librairie – en relatant, dans des chapitres en italique, sa vie au Mexique et le début de sa clandestinité aux States…
Sa vie actuelle est compliquée, très compliquée : il se retrouve sans domicile car il a voulu aider une jeune femme harcelée dans la rue. Des gangs lui tombent dessus, le tabassent, des policiers le rançonnent.
Il croit un moment trouver de l'aide auprès d'une femme étrange, jusqu'à la trahison (selon lui)...
Bref, le style est percutant, l'écriture orale, on se prend un direct au coin d'une page … puis on croit qu'il va s'en sortir … et puis ça part dans une autre direction …
J'ai cru au début que ce jeune homme avait une vingtaine d'années mais finalement il a plutôt seize-dix sept ans mais, ce qu'il a vécu, l'a fait mûrir vite. Je me rends compte aussi que l'auteure avait 19 ans à la parution de ce livre : quelle force dans la narration….une claque, je vous dis…
Je décerne une « Mention spéciale» au courage de Naomi 10 ans (et en fauteuil roulant) qui devient l'amie de Liborio.

La fin « rose bonbon » m'a paru cependant un peu « facile » même si cela ne retire rien à ce roman qui m'a fait alterner des larmes au rire … (larmes au début, rire à la fin du roman)
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Avec ses mots, Liborio nous raconte la vie de clandestin, les passages à tabac, la crainte des policiers de la « migra », la fille qu'il aime, sa « marraine » qui le maltraitait avant qu'il traverse le Rio Grande au péril de sa vie.
Liborio a reçu le minimum d'éducation, mais il a beaucoup lu grâce à son job dans un bookstore. du coup, tout comme sa jeunesse naïve est contrebalancée par une expérience de la vie qui l'a endurci, ses paroles oscillent entre simplicité, voire vulgarité, et poésie, mots inventés pour mieux retranscrire la vie.

Tout cela donne un roman touchant et original, vivifiant.
J'ai eu un peu de mal avec la première partie, qui nous en balance plein la tête sans beaucoup d'explications. Je me suis attachée au héros, tout en restant un peu dubitative.
Et puis le récit décolle dans la seconde partie. Plus lumineux, plus tendre… tout aussi connecté à la misère, mais d'une façon pleine d'espoir.

Ce roman a le mérite de faire réfléchir, tout en jouant avec les mots. Pour une fois, aucun de ces deux aspects n'est privilégié au détriment de l'histoire. Dès que j'ouvrais ce livre jaune soleil, j'étais auprès de Liborio, d'Aireen et de Naomi, du Boss et de l'entraîneur Bald.

C'est une très jolie découverte que je suis heureuse d'avoir faite grâce à Bookstagram !
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