Citations sur La montagne de l'âme (130)
- La vie, c'est quelque chose d'admirable, a-t-il déclaré, absolument un phénomène de hasard. On peut calculer le nombre de possibilités existant dans l'ordre des chromosomes, mais les chances qui s'offrent à un nouveau-né, peut-on les prévoir?
L'homme a oublié progressivement son "moi" dans la lutte pour la vie avec autrui et, plongé de force dans le monde infini, il n'est plus qu'un grain de sable.
Jeune homme, la nature n'est pas effrayante, c'est l'homme qui est effrayant ! Il te suffira de te familiariser avec la nature et elle se rapprochera de toi. L'homme, lui, s'il est intelligent bien-sûr, est capable de tout inventer, depuis les calomnies jusqu'aux bébés-éprouvettes, mais en même temps, il extermine chaque jour deux ou trois espèces dans le monde. Voilà la supercherie humaine.
Ici, pour conduire une bicyclette, il faut avoir des talents d’équilibriste pour, un gros sac accroché sur la selle, se faufiler à travers les passants, les palanches, les charrettes à bras, les étals des magasins. Difficile d’éviter les jurons, mais dans ce charivari de rires, de cris des commerçants vantant leurs produits et des clients marchandant, ils paraissent pleins de vie.
Les toits recourbés aux lignes pures se détachaient sur le ciel. Derrière, les arbres s'élançaient dans la forêt, se balançaient silencieusement dans le vent du soir. En un instant, un silence total s'était installé. Pourtant, on avait la sensation d'entendre encore un sifflement clair venu d'on ne sait où. Il se prolongeait tranquillement, puis disparaissait doucement. Le murmure du ruisseau qui passait sous le pont de pierre, à la porte du temple, et le murmure du vent du soir semblèrent alors, l'espace d'un instant, s'écouler de mon propre coeur.
[...] la nature n'est pas effrayante, c'est l'homme qui est effrayant!
Le sentier longe une forêt d'arbousiers, mais ce n'est pas la saison des fruits. Lorsqu'ils seront mûrs, impossible de savoir où tu seras. Les arbouses attendent-elles les hommes ? Ou bien les hommes attendent-ils les arbouses ? Voilà un problème métaphysique qui peut connaître d'infinies solutions. Jamais les arbouses ne changeront et l'homme restera toujours le même. On peut dire aussi que les arbouses d'une année ne sont pas les mêmes que celles de l'année suivante, et que l'homme d'aujourd'hui n'est pas le même que celui d'hier. La question est de savoir lequel est le vrai, celui d'hier ou celui d'aujourd'hui. Et comment fixer les critères de jugement ? Laisse les métaphysiciens parler de métaphysique et occupe-toi seulement de ton chemin.
Laissons les habiles dialecticiens débattre sur la vérité de la vie. Ce qui est important c’est la vie elle-même. Ce qui est réel (…) Dehors, le brouillard est tombé, les montagnes sombres se sont estompées, le son de la rivière rapide résonne en toi, ça suffit. (p.31)
Ce qui est curieux, c'est que plus on tue les hommes, plus ils sont nombreux, alors que les poissons, plus on en pêche, plus ils deviennent rares. Il vaudrait mieux que ce soit le contraire.
Fuxi, le luth a fabriqué
Nügua, l'orgue à bouche a inventé.
Grâce au yin le langage est né
Grâce au yang le son est né.
La fusion du yin et du yang l'homme a engendré,
Quand l'homme est né, la voix est apparue,
Quand la voix est née, les chants sont apparus,
Quand ils ont été nombreux, des recueils on rassembla.
À l'époque, les livres expurgés par Confucius
Dans un désert ont été perdus,
Le premier volume par le vent jusqu'au ciel a été soufflé
Et c'est alors qu'est né l'amour entre le Bouvier et la Tisserande.
Par le vent, le deuxième volume dans la mer fut poussé,
Pour épancher son âme, le vieux pêcheur l'a récupéré et l'a chanté.
Le troisième volume dans les temples par le vent fut poussé,
Les bonzes bouddhistes et les moines taoïstes, les soutras ont chanté.
Le quatrième volume dans les rues du village est tombé,
Filles et garçons leur amour ont chanté.
Le cinquième volume dans les rizières est tombé,
Les chants des montagnes, les paysans ont entonné.
Le sixième volume, c'est cette "Chronique des ténèbres",
Pour chanter l'âme des défunts, le maître de chant l'a récupéré.