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3,67

sur 399 notes
La littérature est-elle affaire de marges ? le lecteur doit-il être aussi un peu marginal pour entrer en contact avec l'oeuvre d'un auteur ?

Tu te perdras sans doute dans la montagne de l'âme, au-delà des brumes, au milieu des dialectes reculés, au dessus des gorges et sous la canopée.
Ce “tu” est particulièrement à propos, dialogue intérieur permanent et concomitant à l'action, à la parole. A la fois altérité et humus intime.

Cette fresque a fait couler presque 700 pages d'encre (de Chine…pardon), écrite au fil des années quatre-vingt, jungle luxuriante de sensations, d'émotions et d'apaisement. C'est un livre-refuge. L'ouvrir nous ramène hors d'atteinte, dans les hauteurs des montagnes de l'Empire du milieu, on ne sait plus l'heure ni le jour, nous marchons, découvrons, au bord d'un ruisseau, le souvenir d'un mythe. Je dis ramène car on a l'impression d'un lieu du commencement, étrangement familier. J'ai essayé de convoquer les souvenirs de paysages du film “Séjour dans les monts Fuchun” pour revoir les lacs, les pêcheurs, la moiteur de la peau sous la chaleur des feuillages.

Les rites, les croyances, la culture (évocation des peintres Xu Wei, Gong Xian, Zheng Banqiao, Bada Shanren) et l'histoire de la Chine méridionale se mêlent à la quête du narrateur, parti de la modernité urbaine tentaculaire vers la ruralité séculaire. A certains égards, la tentative du prix Nobel de Littérature sino-français Gao Xingjian n'est pas sans rappeler la fresque de Cervantès. Bien sûr pas dans le comique de ses personnages, mais dans la variété de ses épisodes, véritables histoires dans l'histoire.

« Ce qu'il faut donc le plus soigner parmi nos moyens de bonheur, c'est la puissance de la contemplation » Madame de Staël. Loin de la révolution culturelle tyrannique de la Chine maoïste, sans pourtant pouvoir y échapper, le narrateur contemple son passé, ses rêves et le paysage qui l'entoure. Xingjian pousse son lecteur à s'arrêter sur des évènements facultatifs, sans suspense, et à méditer lentement avec lui sur sa propre vie. Dans un immense pays que le pouvoir communiste voudrait montrer comme uni, dans une tradition où le collectif écrase le singulier, Xingjian se méfie du “nous”, et donne la parole à une Chine des individus.

“Elle veut flâner avec toi dans ta mémoire”. Les pérégrinations du narrateur sont constamment entrecoupées d'une seconde histoire, celle de l'amour, celle d'un “tu” et d'une “elle”, intimité extrême, sans contexte.

Pour Gao Xingjian, dramaturge, poète, essayiste, cinéaste et peintre également, le roman comme la vie “ne répond à aucune finalité”. Il anticipe la réception de son livre : un “tu” n'est pas un personnage ce n'est qu'un pronom personnel ! fait-il ainsi dire à un critique fictif. de fait, Xingjian, dans l'étrange composition de son oeuvre protéiforme questionne les contours du roman.

“Tu dois savoir que ce que tu recherches ici-bas est rare, ton avidité est exagérée.” Tu peux vivre ce livre comme un compagnonnage, tu n'y entres pas aisément, les soucis du quotidien peuvent encore t'habiter quelques pages… mais comme une randonnée à deux, lorsqu'elle te parle cependant que tu restes absorbé par ton propre monologue intérieur, tout à coup tu reviens à sa conversation, au présent, frais et disponible.

Reste à te laisser emporter par une lecture résolument contemplative, méditative, où tu peux t'autoriser sur quelques pages à partir toi aussi dans une méditation quelconque pour être finalement repêché calmement par Monsieur Gao. La Montagne de l'âme incarne la définition du roman que donne le narrateur “une production de sensibilités” qui “mélange les désirs”.

Qu'en pensez-vous ?
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♫Dans mon cerveau fragile
Des cavaliers d'argile
M'ont découvert la Chine
Et là sous un ciel jaune
J'ai aimé sur son trône
Ma première figurine
Voyageur immobile
Retenu par un fil♫
-Michel Sardou-1985-
---♪---♫---🧧🧧⭐🧧🧧---♫---♪---
Aider l'Âme du mort à trouver son chemin
Wuchang tête en bas, simple figurine
Dieux protecteurs, laogen, les vieilles racines
Croire en la science mais aussi au destin...
Autre pays, autres moeurs
Même douceurs, m'aime pas peur
"Si tu sors un soir de lune
N'allume pas la torche sur le chemin
Si tu allumes la torche sur le chemin
Triste sera la lune"
Enfin un langage pur, limpide, et gazouill- Yi
musical, insécable, plus élevé que la mélodie
Avec le serpent Qi se mord la queue
A l'aMiao, c'est tellement plus romantique
Elle sur moi, je tue il
Mêle ange subtil errances égo nombrils
Qui Soulages nos belles de lit et raclures
Estompe l'obscurité dans sa Nature
Nobel de Littérature
il manie aussi le pinceau
A l'ombre d'un Ginkgo...
Cette critique, on peut la lire,
on peut ne pas la lire,
mais puisque c'est fait ,
autant la lire 😉


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Je reviens d'un long voyage... dans « La montagne de l'âme », j'ai accompagné Gao Xingjian dans ses pérégrinations à travers les de la Chine.

Ce n'est pas un voyage facile, on y rencontre des traditions et des légendes, souvent cruelles et sanguinaires, sans compter des démons intérieurs à affronter.

Ce n'est pas un voyage touristique, mais un dépaysement assuré, tant par les beautés de la nature que par les réflexions philosophiques, sur la vie, la société, etc.

Ce n'est pas un voyage de groupe, mais un texte à deux voix, au « je » et au « tu », passant constamment du yin au yang et renonçant toujours à s'attacher aux personnes rencontrées en chemin.

Pour apprécier ce livre, il faut une certaine patience, car c'est un long voyage, long, comme des millénaires d'histoires qui s'écoulent doucement…
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Une remarquable immersion dans l'univers de la Chine, de ses antiques traditions jusqu'aux bouleversements du XXe siècle. C'est un pavé (670 pages en version poche), mais qui s'est laissé lire à un bon rythme. Un peu déroutant par contre, avec la grande variété de son contenu et l'absence de transitions. Également avec les personnages qui sont durs à cerner de par le système original de narration adopté par l'auteur. De nombreuses petites histoires, légendes et tranches de vie sont imbriquées tout au long. La plupart ne sont pas très gaies ! Un voyage à travers toute la Chine, de ses coins les plus reculés jusqu'à ses milieux ruraux et urbains. Voyage aussi à travers les relations humaines tumultueuses et flanqué d'un profond questionnement existentiel. L'auteur réussi très bien à faire sentir ce que la quête d'une vérité supérieure a d'insoluble.
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« Toi-même, tu ne sais pas clairement pourquoi tu es venu ici. C'est par hasard que dans le train tu as entendu quelqu'un parler d'un lieu nommé Lingshan, la Montagne de l'Ame. »
Et tu as décidé d'y aller toi-aussi, tu as pris la route, ton sac sur le dos et tu es entré dans cette quête. J'allais écrire que je t'avais suivi, mais c'est faux, j'ai pris d'autres routes, d'autres chemins, et moi aussi j'ai commencé à chercher Lingshan.
Tu et je se sont alors entremêlés, toi et moi, deux entités, deux personnages bien distincts ou deux facettes d'un même homme, en marche vers cette montagne…
C'est un voyage au coeur de la Chine mais c'est aussi un voyage intérieur… un voyage fait de solitude et rempli de rencontres surprenantes… un voyage moderne, une quête actuelle riche de chants ancestraux et de traditions en passe de disparaître… un voyage de l'ascèse et terriblement sensuel…
C'est LA quête par excellence, de l'amour, de soi, des origines, de la vérité, de la sagesse, de toutes les folies…
C'est une magnifique expérience humaine, pleine de couleurs, d'odeurs, de sensations, pleine de vie, de mort, pleine de poésie… l'expérience d'un tu, d'un je, qui se mélangent au je et au tu du lecteur, faisant sienne cette quête de la Montagne de l'Ame.
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Besoin d'un roman apaisant, j'ai pensé à la critique de Fabinou7 que je remercie, et c'est avec Gao Xingjian que je suis partie, très loin, pour un long voyage, à la fois spirituel et intime. S'isoler, abandonner le monde des hommes pour se trouver ou se retrouver.

« Je préfère errer de-ci de-là, sans laisser de trace. Dans ce monde immense, il y a tellement de gens, tellement de destinations, je n'ai aucun lieu où m'enraciner, installer un petit nid pour vivre tranquillement, rencontrer toujours les mêmes voisins, leur dire les mêmes choses, bonjour, bonsoir, et replonger dans les minuscules imbroglios de la vie quotidienne. Avant même de commencer, je suis déjà dégoûté. Je le sais, je ne peux plus donner le bonheur. »

*
« La Montagne de l'âme » est un roman foisonnant, d'une grande richesse relatant l'histoire d'un homme qui, confronté à un environnement culturel répressif et la menace d'un emprisonnement dans un camp de rééducation par le travail, décide d'entamer un long voyage dans les montagnes et les forêts du sud de la Chine, dans les contreforts du Tibet à la recherche de la montagne de l'âme.

« Lingshan, la Montagne de l'Âme, où l'on peut voir des merveilles qui aident à oublier ses souffrances et à obtenir la délivrance. »

Mais cette montagne se dérobe sans cesse à lui.

« Toi, tu continues à gravir les montagnes. Et chaque fois que tu t'approches du sommet, exténué, tu penses que c'est la dernière fois. Arrivé au but, quand ton excitation s'est un peu calmée, tu restes insatisfait. Plus ta fatigue s'efface, plus ton insatisfaction grandit, tu contemples la chaîne de montagnes qui ondule à perte de vue et le désir d'escalader te reprend. Celles que tu as déjà gravies ne présentent plus aucun intérêt, mais tu restes persuadé que derrière elles se cachent d'autres curiosités dont tu ignores encore l'existence. Mais quand tu parviens au sommet, tu ne découvres aucune de ces merveilles, tu ne rencontres que le vent solitaire. »

*
Lors de son voyage solitaire dans ces régions isolées, loin de la modernité et de la superficialité des villes, il va puiser du réconfort dans la beauté de la nature qui sera un guide vers une spiritualité personnelle profonde. Instants de grâce et de beauté dans cette recherche de paysages authentiques, de forêts vierges, non défigurés et dénaturés par l'homme.


Au détour d'un chemin, un étang, un arbre, une fenêtre, un pont et son imagination ou ses souvenirs l'emmènent loin dans son passé, dans son esprit. Moments nostalgiques qui raniment son mal du pays, et ravivent la présence d'êtres chers disparus.

« le murmure du ruisseau qui passait sous le pont de pierre, à la porte du temple, et le murmure du vent du soir semblèrent alors, l'espace d'un instant, s'écouler de mon propre coeur. »

*
C'est aussi un voyage intérieur où l'auteur nous parle de sa solitude, des persécutions politiques et de la révolution culturelle, de sa famille, de ses souvenirs et de ses rêves d'enfance, de ses rencontres et d'une femme (ou d'une multitude de femmes), objet de ses désirs et de ses fantasmes.
Gao Xingjian tisse ainsi de multiples histoires. Collection de rencontres et de récits, chants populaires, légendes montagnardes, histoires de fantômes, traditions perdues et souvenirs personnels s'entremêlent sans aucune trame linéaire.
Ces histoires racontées sont tantôt touchantes, tantôt mystérieuses, tantôt fascinantes, tantôt inquiétantes, tantôt révoltantes.

Le personnage principal cherche quelque chose qu'il ignore, qui le dépasse, et par ses réflexions et son cheminement intérieur, il essaie de s'éveiller à une forme de spiritualité et d'atteindre un degré de compréhension de soi.

« Je me sens pris au piège. À cet instant, je ressemble à un poisson pris dans les filets de la peur, percé par un gigantesque harpon : il se débat sans pouvoir changer son destin, sauf par miracle. Mais, dans ma vie, n'ai-je pas toujours attendu un miracle ? »

*
Mon passage préféré est le chapitre 66, l'homme est tel Orphée descendant aux enfers.

« Tu as l'impression d'avancer sur l'eau, car tu foules déjà des herbes aquatiques. Tu t'enfonces au milieu de la rivière de l'Oubli ; tels les soucis de la vie quotidienne, les herbes t'enlacent. Ton désespoir t'abandonne alors totalement et tu avances à tâtons sur le bord de l'eau. Tu foules les galets que tu enserres de tes doigts de pied. C'est comme si tu marchais en rêve au milieu du fleuve noir des enfers ; une lumière bleu sombre brille là où jaillissent les gouttes d'eau. Tu es surpris, mais ta surprise cache une joie diffuse. »

*
La lecture de ce roman m'a demandé des efforts. L'écriture de l'auteur est particulièrement complexe avec l'utilisation de pronoms « je », « tu », « il », « elle », « lui ». J'avais une idée de leur signification, mais je n'en ai eu la confirmation ou je n'ai vraiment compris leur sens qu'au chapitre 52. Ces multiples personnages sont des refuges pour ses pensées solitaires.

« Tu sais que je ne fais rien de plus que me parler à moi-même pour distraire ma solitude. Tu sais que ma solitude est sans remède, personne ne peut me soulager, je ne peux avoir recours qu'à moi comme partenaire de mes discussions.
Pendant que j'écoutais attentivement mon propre « tu », je t'ai fait créer « elle », parce que tu es comme moi, tu ne peux supporter la solitude, tu dois aussi trouver quelqu'un à qui parler…
« Elle » n'est qu'une image apparue de manière imprécise par association d'idées, flottant confusément dans la mémoire, à quoi bon restituer une image qui change sans cesse ? »

*
L'auteur a reçu le prix Nobel de littérature en 2000 pour l'ensemble de son oeuvre.
« La montagne de l'âme » est un beau roman, une oeuvre riche, poétique, complexe et surprenante qui invite à la réflexion sur de nombreux thèmes comme l'écologie, le respect de la vie, le sens de la vie, la nostalgie de l'enfance, l'amitié, l'amour, l'attachement, la fuite, la souffrance du corps.
J'ai été envoûté par les descriptions de ces paysages de montagnes. Un voyage intérieur, une quête de soi, exigeante, mais au bout la sérénité. Je suis contente d'avoir suivi les pas de Gao Xingjian, même si je suis consciente de mes nombreux faux-pas.
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Une lecture mi-figue mi-raisin : exigeante, déstabilisante mais plaisante au demeurant !

« Libre de toute règle » (4e de couverture) pourrait être une première définition pour ce roman écrit en 1990, l'auteur ayant atteint la cinquantaine. le texte ne fournit aucun véritable repère temporel si ce n'est que le récit se déroule après la Révolution culturelle. Il y a un narrateur que l'on retrouve dans les chapitres pairs, puis une deuxième personne (un pronom « tu » masculin) à qui s'adresse le narrateur dans les chapitres impairs, jusqu'à ce que cela s'emmêle et que l'alternance ne soit plus vraiment respectée. Dans la dernière partie le lecteur rencontre une troisième personne (un pronom « il ») et le chapitre 72 met quelque peu sur la voie.
Sans compter les nombreux personnages croisés sur le long chemin parcouru à travers la Chine, dont une femme nommée simplement par le pronom « elle », qui jouera un rôle sans doute révélateur mais qui m'a fortement agacée en cours de lecture.
Cette lecture fut donc émaillée par de nombreuses interrogations de ma part.

Avec cette écriture surprenante à la deuxième personne, le lecteur se sent davantage impliqué, plus proche comme s'il y avait une connivence entre lui et le narrateur. La curiosité du lecteur est aussitôt stimulée pour et par ce lieu qui donne son titre au roman et que le narrateur recherche ouvertement : la montagne de l'âme.
« Tout est à l'état originel là-bas. »
J'ai apprécié les descriptions fabuleuses des paysages, du brouillard, des cours d'eau, de la nature environnante : des pages admirables de poésie qui m'ont transportée par la pensée et qui me laissent des images fortes en mémoire !
On sent que l'auteur aime cette nature et ces lieux reculés qui le ramènent à son pays natal et son passé. On y décèle une certaine nostalgie qui deviendra blessure quand il évoquera la révolution culturelle, les camps de rééducation à la campagne et la censure. C'est un être en souffrance qui s'exprime et nous fait part de ses obsessions : il est mal dans cette Chine qui le renie, le repousse, l'empêche d'affirmer son art et ses idées. Il part donc en quête du passé millénaire, des légendes, des chansons et des vestiges détruits, témoins de riches traditions séculaires. Il m'a fait penser à un déraciné en recherche de repères.
Toutefois on ne lit pas uniquement l'histoire de ce narrateur mais une multitude d'histoires en tout genre (bandits, dragon, faits divers, légendes…) qu'il raconte ou qu'on lui raconte. Certains faits reviennent obsessionnellement comme les noyades, les viols, les suicides, conférant une note sombre à l'ensemble.

J'appréhendais cette lecture car j'en avais une image de livre hermétique et difficile. Cette lecture n'est pas simple mais elle reste accessible et plaisante malgré tout. Si on ne comprend pas tout, on apprécie le style, il y a un côté très concret.

Gao Xingjian nous propose une écriture « hors des sentiers battus », une lecture très singulière car parfois déroutante, à savourer cependant car emplie de petits délices au détour des pages.
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Une sorte de guide touristique très haut de gamme.
Gao Xingjian a parcouru la Chine du Sud à la recherche de la Montagne de l'âme, dont il a entendu parler pour la première fois par un compagnon de train. Au fin fond des villages les plus isolés, il se présente comme un journaliste collectant des témoignages sur les traditions locales : il recueille les légendes et les mythes régionaux, décrit la beauté de la Nature encore sauvage, fait des rencontres. Il visite les sites préhistoriques, les monastères, les petits marchés. Aucun autre livre ne m'a ainsi donné le sentiment d'immensité de ce pays-continent.
Mais à travers ce travail de collectage, c'est l'âme même de la Chine qu'il recherche avec nostalgie. Tout d'abord, c'est la nostalgie face à un environnement détruit. Il raconte l'abattage de forêts millénaires ; le barrage des Trois Gorges, cette centrale hydroélectrique géante qui a noyé toute une région, était alors (il écrit en 1982) à l'état de projet, que beaucoup jugeaient insensé.
Nostalgie aussi pour une culture si riche, si diverse, si ancienne... et si cruellement opprimée par la Révolution culturelle.
L'écriture, par contre, n'est en rien nostalgique, mais au contraire empreinte d'une grande modernité : Gao Xingjian intercale, entre les chapitres narratifs, des rencontres oniriques, des flux de conscience, des successions d'aphorismes. Ce roman-fleuve est aussi un voyage intérieur.

Traduction dont la relecture par Gao Xingjian lui-même a donné lieu à "un fécond travail sur la langue", d'après les traducteurs Noël et Liliane Dutrait.

Challenge ABC
Challenge Globe-trotter (Chine)
Challenge Nobel
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Il est de ces romans dans lesquels, peu importe le moment où l'on l'ouvre, l'on entre dedans sans vraiment se poser de questions. Et puis il est de ces autres romans dans lesquels l'on sent que là, maintenant, pour diverses raisons, nous n'arriverons pas à l'apprécier à sa juste valeur.

Et c'est exactement ce qui vient de m'arriver avec La montagne de l'Âme, terminé finalement non sans peine : pas parce que le roman n'est pas intéressant, ou creux, ou d'une pauvreté stylistique - bien qu'issu d'une traduction ici -. Il est même, au contraire, d'une grande richesse, principalement narrative, en nous contant nombre de légendes ponctuant les périples du personnage principal, qui fait le choix de se rendre jusqu'à cette "montagne de l'Âme", source de renouveau, symbole de sa renaissance, notamment spirituelle, alors qu'il se croyait condamné suite à un malencontreux erreur de diagnostic.

Réalisme et étrangeté se mêlent de fait ainsi avec merveille, de même que poésie évanescente et prosaïsme parfois violent des lieux, des légendes, pour nous livrer une image de la Chine dans tous ses paradoxes, avec un homme qui se cherche à travers elle, ce que nous montre d'ailleurs avec réussite les diverses strates, temporelles, spatiales, narratives... qui se succèdent parfois en quelques pages.

Alors, qu'est-ce qui a bien pu faire que cette lecture ait été laborieuse ? Tout simplement parce que je n'étais pas du tout dans l'état d'esprit idéal pour recueillir toute cette richesse, principalement spirituelle, et j'ai eu un peu trop l'impression de découvrir l'ensemble en mode pilote automatique, sans vraiment réussir à m'imprégner de toute sa beauté. Une autre fois, peut-être, prendrais-je le temps de réitérer l'expérience ?
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De la poésie, de la peinture, des couleurs, des rêves et des fantasmes, de la sensualité. En plus quand un livre me tutoie de cette façon, forcément je me prends pour cet écrivain au parcours initiatique à la recherche de son saint Graal : une mystérieuse « montagne de l'âme ». C'est comme si ce « tu » était moi qui déambulait dans cette Chine profonde, qui y découvre la post-révolution culturelle, la campagne, les fermes de rééducation, qui côtoie les intellectuels, les paysans et les cadres sans oublier sorcières et fantômes, qui partage traditions ancestrales, croyances bouddhiques, qui est subjugué par la montagne, la jungle, le chemin à travers la jungle qui mène à la montagne… Est-ce que je suis en train de lire réellement ou tout ça n'est-il que rêve, que fantasme. Et pourquoi rechercher ce rocher : pour y trouver l'amour ? pour y découvrir mon « moi » ? pour absoudre tous mes péchés ? pourquoi marcher, vagabonder tel un miséreux, un pestiféré solitaire ? et juste pour un vulgaire rocher ? Et si ce rocher n'était pas en fait à l'autre bout de la Chine, mais simplement sur l'autre rive…
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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