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Critique de mjaubrycoin


Il est dans l'air du temps de considérer la mort comme le scandale absolu , l'issue à éviter par tous moyens, la maladie contre laquelle un vaccin est indispensable. Les esprits libres qui tentent de s'extraire du discours politiquement correct, ne manquent pas de se faire conspuer par les tenants de la pensée dominante et il suffit de remarquer combien les réseaux sociaux sont impitoyables pour les grands esprits de notre époque comme le philosophe André Comte-Sponville dont je tiens à saluer au passage le courage dont il fait preuve pour éclairer nos ténèbres.
Il est plus que jamais nécessaire de rappeler que si ni le soleil, ni la mort ne peuvent se regarder en face ainsi que le disait La Rochefoucauld, cela ne doit pas nous conduire à nier l'évidence de notre disparition future, évènement qui ne fait que se rapprocher à mesure que le temps passe et dont l'inéluctabilité ne souffre aucune exception.
La lecture d'Irvin Yalom est tellement salutaire qu'elle devrait être recommandée à tous (voire même imposée puisque les libertés individuelles ne font que s'effacer devant des directives contraignantes dont la légitimité est présumée incontestable ...encore faudrait-il permettre aux libraires d'exercer leur métier !).
Dans "le jardin d'Epicure", l'auteur ,psychiatre de son état et inventeur de la thérapie existentielle, traite d'un sujet universel, la crainte de la mort.
Loin des psychanalystes freudiens qui, tout en prônant la neutralité bienveillante, n'opposent à leurs patients qu'une image marmoréenne figée, Irvin Yalom prêche le rapprochement entre le thérapeute et le patient éprouvant pour ce dernier une empathie sincère qui le conduit à partager avec lui une part de sa propre existence.
C'est en nous confrontant ensemble à nos propres vulnérabilités que nous deviendrons plus forts, nous dit-il et il nous en livre la plus éclatante des démonstrations.
Invoquant le philosophe Epicure qui mettait en avant l'art de vivre bien au quotidien en profitant du moment présent d'autant plus précieux qu'il est fugace, Yalom nous confronte à ses patients hantés par leur propre finitude et partage avec eux cette angoisse existentielle qui est le propre de l'homme.
Et quelle formidable leçon porteuse d'espoir !
Bien sûr l'athéisme proclamé de l'auteur ferme radicalement la porte aux consolations de l'au-delà, mais combien réconfortants sont ses merveilleux conseils sur l'ici et maintenant, la vie quotidienne jusqu'au bout avec toutes ses richesses insoupçonnées et surtout la transmission de notre expérience à travers ce qu'il appelle "l'effet rippling", c'est à dire notre rayonnement vers les autres, par nos connaissances, nos actions, notre exemple et surtout notre bienveillance et notre amour.
Appelant les grands philosophes à se joindre à sa réflexion, il évoque tant Socrate que Nietzsche et Schopenhauer et chaque fois l'irruption de ces grands penseurs est pertinente et accessible.
Qu'en conclure ? Qu'il est plus que jamais urgent de rendre à la philosophie ses lettres de noblesse car elle seule est susceptible de nous aider à vivre pleinement notre condition humaine dans le respect de ce qui en constitue l'essence.
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