Il faut que je m'efforce à ressentir la vie de son point de vue.
Nous faisons un sacré couple tous les deux, entre moi avec mon myélome et lui avec ses problèmes de cœur et d'équilibre.
Deux vieillards dans le dernier tour de danse de la vie.
Je suis en apparence capable de me confronter au sujet avec un calme qui surprend mes amis. Mais parfois, je me demande si ce n'est pas seulement un calme de façade et si, en profondeur, je ne suis pas en vérité terrifiée.
Et pourtant, le fait que moi, sceptique convaincu et homme de science, n'en sois pas moins soulagé par l'idée que j'allais retrouver ma femme, est une preuve de l'extraordinaire puissance de notre désir de permanence et de la terreur de l'oubli, pour nous autres humains.
Et je te serai à jamais reconnaissant de ton insistance : ce projet d'écriture m'a tenu en vie depuis ta mort, il y a cent vingt-cinq jours.
C'est le règne du déni. Je détourne le regard. Je ne vais pas, je ne veux pas, regarder ça en face.
J'aime Marylin depuis que j'ai 15 ans et je ne peux pas imaginer être capable de revivre si elle n'est plus là.