Que s'est-il passé dans ce tome ? L'autrice a-t-elle été malade ? A-t-elle dû interrompre sa série à un moment ? J'ai senti une rupture brutale qui m'a fortement déplu alors que ça démarrait si bien.
Tel un élastique qui craque, la série a implosé dans cet avant-dernier tome et ce sans prévenir. Après un début dans la lignée des tomes précédents, c'est-à-dire des plus doux et touchant avec ce côté éphémère mais important de l'adolescence, il y a d'un coup une rupture narrative forte qui s'en ressent jusque dans les planches qui se retrouve alors totalement ou quasiment vide de dessins avec également très peu de parole, et je ne pense pas que ce soit un effet de style. Mais aucune explication n'est fournie, ce qui rend la lecture des plus étrange et déstabilisante… J'ai besoin d'éclaircissement et je n'ai vu l'éditeur en fournir aucun. Etrange.
Pour en revenir à l'histoire, elle débute ici sur le passé d'Utako et cet amour de collège qui l'a tellement mise à mal, elle si fragile dans son estime de soi. Alors qu'attendre du fait qu'elle recroise par hasard ce garçon qui a changé physiquement mais lui lance toujours les mêmes piques ? Elle-même a changé, est-elle prête à aller de l'avant aussi avec son ancienne elle ? Etant sensible aux portraits adolescents, la sensibilité toute en retenue de l'autrice m'a beaucoup plu ici. C'était mignon de voir cette ancienne Utako tellement mal dans sa peau, en recherche d'amitié et d'acceptation, face à des moments difficiles où elle a dû travailler sur elle, ce par quoi on est tous passé. Cela met d'autant plus en lumière celle qu'elle est devenue et le courage qu'il lui a fallu pour arriver là. J'ai trouvé cela très beau.
L'autrice a vraiment un don pour capture finement ces portraits d'adolescents. Elle nous fait ressentir la bêtise de ce garçon mal à l'aise dans son corps qui se venge sur la fille qui cristallise son mal être. Elle nous amuse avec la fébrilité d'Harada face à ces premiers émois amoureux, ce qui le fait courir et courir partout, l'agitation étant son exutoire. Elle capture aussi subrepticement chacun de leurs camarades de classe, leur donnant bien vie dans leurs dynamiques et leur recherche individuelle de soi à chacun. C'est simple mais c'est beau, c'est simple mais c'est pur, et ce jusque dans le trait.
Et puis, alors qu'on pensait être parti sur ce thème, il y a une rupture, brutale, qui nous emmène dans une autre direction avec bien plus de maladresse, des pages vides, des mots un peu creux également et un manque de prise de pouvoir évident par rapport à avant. J'ai été totalement déstabilisée par ce revirement soudain.
Je n'ai pas aimé que l'autrice change de braqué, oublie ce qu'elle avait précédemment travaillé, pour s'intéresser d'un coup à un personnage sorti quasiment de nulle part qui prend bien trop de place. Son sujet, la rupture scolaire, aurait pu être intéressant, mais c'est écrit sans l'inspiration des autres chapitres, trop calqué sur une espèce de cahier des charges, enlevant l'âme de la série. J'ai trouvé cela maladroit, trop évident, et surtout trop déconnecté du reste. J'ai été touchée par le personnage de Jun mais pas autant que cela aurait été le cas dans de bonnes circonstances. Là tout est fait précipitamment, à la va-vite, sans réflexion et ça se sent. On sent une autrice qui balance vite ces idées sur la page mais ne prend pas le temps de les modeler pour en faire une oeuvre, son oeuvre. C'est fort dommage.
Tome extrêmement bancal. J'ai aimé les réflexions et la finesse des débuts sur la perte puis le regain de confiance en soi. J'ai été déstabilisée et perdue avec la rupture brutale qui arrive en cours de route et fait perdre de son âme à la série. S'il y a eu un accident de parcours de l'autrice, il aurait été bon de le mentionner en postface, là en l'état des choses, j'y vois une grosse catastrophe fort maladroitement rattrapée et je me questionne. J'espère que le prochain et dernier tome saura redresser la barre sinon ce sera une amère déception T.T
Lien :
https://lesblablasdetachan.w..