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La marcheuse, une adolescente qui ne parle pas, lit tout ce qu'elle trouve, cantille des sourates du Coran et marche dés qu'elle n'est pas attachée. Père disparu, mère femme de ménage et un frère de deux ans son aînée. Nous sommes en Syrie, à Damas, au présent, donc en pleine guerre. C'est elle la narratrice, et ce qu'elle raconte dés les premières pages, est déroutant. Le temps reste suspendu, “Il n'était rien, et aujourd'hui il n'est rien”, tellement ce qu'elle vit est surréaliste. Elle écrit dans un souterrain, s'adressant familièrement à un tiers, inconnu, d'elle comprise.
Un style malheureusement lassant, ajouté aux horreurs et l'inhumanité de la guerre, même égayés du monde imaginaire aux références littéraires de l'adolescente,ont fini par me faire suffoquer. Pourtant j'en lis nombreux de ces réalités terribles, et souvent elles sont mes meilleures lectures, bien que les plus tristes. Ici Yazbek, en a fait presque du cinéma d'horreur. Il y a sans aucun doute un fond de réalité, mais elle a poussé son imagination trop loin avec ce personnage totalement coupé du monde, et obligé d'y vivre comme une loque, en plus enchaînée constamment , un détail qui m'a perturbée tout au long de la lecture. Pourtant cette réalité qui sombre dans une fiction surréaliste, cette fille enchaînée physiquement qui communique uniquement par le biais de l'écriture et du dessin dans l'enfer de la guerre, dans un langage sophistiqué ( “Je vais le retirer du tableau impressionniste que j'ai décidé de consacrer à ce lieu étrange”, “c'est à travers la paralysie de ma langue que j'ai appris à connaître le monde, et aussi à travers les livres”) aurait pu être une histoire intéressante, mais elle reste dans son ensemble trop romanesque et peu crédible dans la cruelle réalité qui secoue la Syrie.

Ce livre est dédiée à Razane Zaytouna, avocate, dissidente syrienne enlevée et disparue sans laisser de traces dans la nuit du 9 au 10 décembre 2013, à Douma, ville de la banlieue de Damas. L'avocate que j'ai connu grâce au très beau témoignage de Justine Augier, “De l'ardeur”.

Un grand merci aux Éditions Stock et NetGalley de m'avoir donnée l'occasion de découvrir le dernier livre de cette écrivaine courageuse, même si elle ne m'a pas conquise !
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La narratrice explique à un interlocuteur imaginaire, son quotidien. « La marcheuse » est un livre difficile à lire, difficile à supporter tant l'on ressent le drame de cette adolescente, qui représente le peuple Syrien, terrifiée sous les bombardements incessants.
L'écriture qui peut paraître monotone, voire monocorde ne fait que renforcer l'impression d'emprisonnement et d'étouffement.
J'aurais aimé dire du bien de ce livre.
J'aurais aimé ressentir de l'empathie pour cette jeune fille privée du bien le plus essentiel à tout être humain : la liberté.
J'aurais aimé ne pas étouffer sous le poids de ces mots, ne pas regarder le nombre de pages restant avant de pouvoir me réfugier dans une lecture plus sereine, plus proche de mon confort de lectrice.
Je me sens coupable de ce ressenti de lassitude, dû peut-être au manque de linéarité dans le récit et à la sécheresse de l'écriture.
Merci à NetGalley et aux Editions Stock pour leur confiance.
#LaMarcheuse #NetGalleyFrance
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Dès ses cinq ans, Rima à préféré s'exprimer en marchant, dans le mouvement plutôt que dans la parole. Mutique elle se réfugie dans les livres grâce à son institutrice Sett Souad et les livres qui ont bercé son enfance le Petit Prince et Alice au pays des merveilles. Sa mère, de peur de la perdre, la maintient par un lien qui l'attache à la petite fille. Rima pourrait profiter de son adolescence et de son amour pour la littérature mais la jeune fille vit à Damas et la révolution puis la guerre civile vont bouleverser son destin.

Un sujet intéressant, celui d'une jeune adolescente, qui, malgré ses différences, essaye de vivre, puis survivre dans Damas, sous les bombes mais malheureusement, le traitement n'a pas vraiment suivi l'originalité du sujet...La narration qui donne la parole directement à la jeune fille est constamment entrecoupée par ses annonces et ses rappels à ses souvenirs - je vais vous raconter, je ne vous ai pas encore présenté untel ou ce moment particulier, etc....des interpellations du lecteur trop nombreuses qui deviennent vite lassantes. Et puis le plus gros bémol, c'est le grand nombre de sujets traités, l'éducation des filles, la rébellion, les tortures, les arrestations ou disparitions non expliquées, une héroïne qui cumule les différences, avec ce besoin de marcher qui, en soi, est très original, mais qui, dans le déroulement des situations dramatiques, ne trouve pas vraiment sa justification et perturbe le récit dramatique de la fuite de l'adolescente dans un Damas sous les bombes.
Je pensais suivre le cheminement d'une jeune fille comme celui du héros de Mort pour la patrie, d'Akira Yoshimura mais je me suis retrouvée à devoir interpréter les fantasmes décousus de l'héroïne avec les références innombrables au Petit Prince, dans un récit confus et touffus.
Une lecture décevante.
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Je remercie les éditions Stock pour l'envoi du roman La marcheuse de Samar Yazbek via net galley.
Nous sommes à Damas (Syrie), en pleine guerre.
La narratrice (qui s'appelle Rima d'après le résumé mais dont on ne connait pas le nom) aime les livres, surtout le Petit Prince et Alice au pays des merveilles, le dessin et… marcher. La jeune fille, qui ne parle pas, (et dont, dans le roman, ne nous dit pas son nom) souffre d'une étrange maladie : ses jambes fonctionnent indépendamment de sa volonté, dès qu'elle se met à marcher elle ne peut plus s'arrêter.
Elle est considérée folle par sa mère, nous raconte sa descente aux enfers, et sa vie secrète imaginée par le biais des livres , sa bouée de secours. Un jour, elle est emmenée dans un hôpital pénitencier avant que son frère ne la conduise dans la zone assiégée de la Ghouta...
Et c'est là, dans cet enfer sur terre, que la jeune fille écrit son histoire..
La marcheuse est un roman intéressant, malheureusement je suis passée un peu à coté de ma lecture. J'ai eu beaucoup de mal à accrocher avec les personnages, à commencer par la narratrice, une adolescente très singulière, différente des autres. le style de l'auteure (à moins que cela ne vienne de la traduction) ne m'a pas convaincu plus que ça. C'est presque trop bien écrit pour une adolescente tout en étant assez naïf, trop par rapport à la gravité des événements qui se déroulent autour d'elle.
Je suis un peu perplexe face à La marcheuse. Je ne vraiment pas trop quoi en penser. Je n'ai pas détesté ce roman sans pour autant l'apprécier réellement. C'est pour cela que je ne me mets que trois étoiles.
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Un livre dont je ne saurais vraiment dire s'il m'a plu ou pas. La marcheuse est l'histoire d'une jeune fille syrienne, Rima, dont la tête se situe dans les pieds, qui est « atteinte de bougeotte ». Attachée par une corde au poignet de sa mère ou de son frère, au barreau du lit ou à tout autre meuble, elle vit entravée de peur que ses pas ne la portent sans fin au bout du monde. Aphasique à la suite d'un épisode traumatique, la narratrice s'adresse au lecteur pour lui conter la richesse de son monde intérieur, sa passion pour les couleurs et le dessin, son goût pour les belles histoires. Rima ne parle pas, son mode d'expression c'est l'art, chaque lettre d'alphabet est figurée par un animal et c'est tout un monde en images qu'elle propose aux personnes qui l'entourent.

Mais la jeune fille vit dans un pays en guerre, dans un chaos absolu et, au cours d'un voyage en bus, sa vie bascule. Nous la suivons dans une course folle pour échapper aux massacres, aux attaques chimiques, à la faim et à la soif. C'est éprouvant, on est plongé au coeur d'un conflit auquel la narratrice elle-même ne comprend rien, confrontée à la folie d'hommes qui s'entretuent, sans compassion aucune même pas pour les enfants.

C'est dur, âpre, sans espoir et à la fois très poétique. Rima est un personnage attachant, qui incarne la différence – son handicap est abordé avec finesse et l'ouvre à d'autres modes de communication – et l'absurdité d'un conflit sans fin. On achève le livre avec soulagement.
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Quel est son nom ? On ne le connaîtra pas.....Jamais, elle n'est que l'image d'une jeunesse syrienne sous les bombes. On ne lira que ses feuilles où elle nous raconte son enfance et cette adolescence qu'elle vit aux milieux des bombardements.

Un étrange récit dans lequel l'auteure s'est mis à la place de cette jeune fille, dans les conditions de son isolement mais aussi dans sa tête, dans ses pensées, dans son quotidien, attachée par une corde soit à une personne soit à une fenêtre, 

Pourquoi Samar Yazbek choisit de l'encorder depuis qu'elle marche ? Cette enfant qui éprouvait tant le besoin de marcher, de bouger, qui était donc la vie même ? Peut-être pour que le contraste avec ce besoin de liberté et l'immobilisation soit plus grand. Pourquoi avoir choisi d'une enfant muette ? Peut être pour justifier ses écrits. Elle ne sait que psalmodier le Coran, son refuge son seul moyen d'expression sonore, une mélopée qu'elle lance comme une bouée d'espérance.

Ce qui me frappe dans ce récit c'est l'implacabilité des sentiments : pas beaucoup d'émotions ressenties par la jeune fille, même dans les décès, une sorte de distance par rapport à la mort, peut-être un quotidien tellement présent, même quand elle touche ses proches, ses très proches.

Au milieu du quartier de la Goutha (tristement célèbre pour les bombardements chimiques il y a quelques semaines) elle partage avec nous, avec son langage, son quotidien, les silences rompus par les avions survolant les ruines et déchargement leur triste cargaison, le peu d'activité qu'elle peut avoir. Elle se réfugie dans l'écriture, dans ses souvenirs de lecture et en particulier le Petit Prince, son livre préféré mais aussi dans sa mémoire : les couleurs sont omniprésentes, les personnes qui ont compté pour elle : Set Souad, cette bibliothécaire qui a pris des risques pour lui faire découvrir les livres entre autre. Elle possède une imagination débordante, elle créée un monde de survie, inventant des planètes, des couleurs pour les moments de bonheur qu'elle vit mais aussi pour les moments de tristesse. Ils ont tous une couleur.

Il y a dans l'écriture une ambiguïté : souvent des phrases simples, d'une adolescente avec ses mots, son regard naïf parfois sur ce qui l'entoure, son environnement mais par d'autres des profondeurs philosophiques, qui sont un peu contradictoires.

Une petite syrienne qui écrit comme elle pense, qui jette sur le papier ses pensées, ses souvenirs, comme ils viennent, qui relate une terrifiante situation d'abandon, de ruines, de massacres.

On est parfois désorienté par le style mais il n'est pas question ici de style : c'est un témoignage de l'enfer syrien, du quotidien des gens vivant sous les bombes, encore plus lorsque vous êtes femme et que l'on ne peut par exemple vous dévêtir, même à l'hôpital, pour une question d'honneur alors que ses vêtements sont imprégnés de produits toxiques... Il y a plus de femmes qui décèdent que d'hommes pour cette raison.

Un récit poignant dans une écriture particulière, qui ne peut surtout laisser indifférent. C'est une longue agonie d'une jeunesse qui ne trouve d'échappatoire que dans le souvenir des livres, du plaisir de la lecture, du dessin, de ses petits trésors accumulés, perdus mais toujours présents dans son esprit.

Merci aux Editions Stock et NetGalley pour cette lecture malheureusement d'actualité. Ne fermons pas les yeux.

Dans ma note je distingue l'histoire et le style, ce dernier étant parfois un peu déroutant.
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Challenge Plumes Féminines 2019-2020

Rima voit le monde et les gens en couleurs. Elle écrit, dessine des contes. Elle semble aussi un peu déconnectée du monde ; mieux elle a créé les siens et y vit, ou s'y réfugie.
Rima ne parle pas ; elle a décidé cela un jour alors qu'elle avait 4 ans. Mais elle marche. Sans s'arrêter. Sa mère est obligée de l'attacher à son poignet lorsqu'elles sortent. le jour où le lien se casse, le vrai monde tombe sur les épaules de l'adolescente. Dehors, c'est la guerre.
Ce fut assez difficile de rentrer dans ce roman : la narratrice saute d'une idée à l'autre, par peur d'oublier, par volonté de tout dire. Au fil de son histoire, elle et le lecteur perçoivent avec de plus en plus de précision de quoi il est question, de quelle guerre elle parle. En fait, elle a beaucoup de mal à se dire que dehors c'est la guerre, qu'elle a perdu sa mère... Comme si ses émotions ne lui étaient pas accessibles, qu'elle les occulte ou qu'elle souffre un peu d'autisme (elle a beaucoup de mal à interpréter les sentiments de autres. Elle a été très isolée, c'est peut-être aussi une explication).
Plus le roman avance, plus le lecteur est pris par les fils qu'elle lance, son histoire en "éclats de miroir dans une balle". Et plus l'histoire, plus la monstruosité de la guerre civile nous apparait, les bombes chimiques, les habitants réduit à manger de l'herbe. Et le pire du pire : les couleurs qui peu à peu disparaissent pour Rima...
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L'auteur a choisi de nous parler de la guerre en Syrie à travers le regard et le ressenti d'une jeune fille, Rima qui a un handicap particulier puisque dès qu'elle est sur ses deux pieds, elle n'a qu'une envie c'est de marcher, marcher et encore marcher jusqu'à l'épuisement.
Elle n'y peut rien, c'est indépendant de sa volonté. Sa mère la croit folle mais les médecins la rassurent et confirment que son cerveau fonctionne normalement.
C'est d'ailleurs Rima qui nous raconte sa propre histoire en s'adressant au lecteur ou peut-être parfois, à un interlocuteur imaginaire. Elle est réfugiée dans un souterrain et elle se souvient de sa petite enfance et des événements qui l'ont amené à se terrer à cet endroit-là et... pour ne pas oublier, elle écrit.
Depuis qu'elle est toute petite, sa mère n'a qu'une solution pour pouvoir aller travailler tranquillement, c'est de l'attacher avec une corde liée à son poignet.
De plus, depuis que son père est parti, Rima ne parle plus. Elle n'a donc que sa mère et son frère aîné, Saad, pour prendre soin d'elle.
C'est une fille intelligente. A l'âge de 5 ans sa mère la confie à la bibliothécaire de l'école en cachette de la directrice, pendant qu'elle y fait le ménage. Sett Souad lui apprend à lire et à écrire et, ce qu'elle ne peut dire avec des mots, Rima va apprendre à l'exprimer en dessinant ou en écrivant...
De plus, elle déborde d'imagination et elle voit le monde en couleurs ! Mais elle n'aura pas la chance de pouvoir vivre et grandir tranquillement car la guerre est là.
Un jour où sa mère l'emmène dans son école, le bus est stoppé par un barrage. Rima qui a peur se sauve. Sa mère qui la poursuit est abattue sous ses yeux.
Rima a été blessée elle-aussi et elle va être emmenée dans un hôpital pénitencier où elle a peur, car elle ne comprend pas ni ce qui lui arrive, ni que sa mère est morte et ne viendra jamais la chercher.
C'est alors son frère qui la prend en charge et la conduit dans un foyer, éloigné de leur quartier.
Ce sont les jours les plus heureux de sa vie. Elle apprend aux enfants à dessiner. Ils sont protégés par Oum Saïd. Mais l'horreur va les rattraper et ils devront s'enfuir à nouveau, ne sachant plus où être en sécurité.
Un jour, c'est au tour de Saad de ne pas rentrer... C'est alors Hassan son ami qui va s'occuper de la jeune fille. Il l'avait promis à Saad, mais la guerre en décide autrement...

C'est un livre terrible dont on ne sort pas indemne, mais inutile de se voiler la face. La descente aux enfers dans ce quartier de la Goutha se produit inexorablement que le lecteur le veuille ou non, il reste attaché lui-aussi à la corde...
Il y a des longueurs dans ce roman-récit-témoignage, on se perd dans les digressions et bien oui c'est vrai, et j'ai envie de dire...heureusement !
Heureusement, que le lecteur se perd dans les méandres de la pensée de Rima, les circonvolutions de son esprit tourmenté, ses ressentis "en différé" quand elle ne veut surtout pas mettre des mots sur ses peurs, sur la faim, sur la solitude, sur l'abandon...
Heureusement, qu'elle s'invente des planètes comme le fait le Petit Prince dont elle connaît l'histoire par coeur et se réfugie dans un monde imaginaire comme Alice au pays des merveilles...
Heureusement, qu'elle met des couleurs à chacun des événements de sa vie et qu'elle se souvient des mille petites choses qui ont fait son bonheur...
A chaque instant, le lecteur souhaite qu'elle puisse enfin retrouver sa voix, pour pouvoir hurler et pour que tout le monde l'entende, mais elle est tragiquement isolée dans ce souterrain où on l'a emmené pour la protéger, terriblement seule face au bruit des avions qui larguent leur bombe, sans rien à manger car les maigres provisions sont depuis longtemps épuisées...

Je n'ai pas à juger ni de la qualité littéraire, ni de celle de la traduction ou du style d'écriture, je ne me le permettrais pas vu le sujet, vu le courage de l'auteur pour pouvoir parler des horreurs vécus par ses concitoyens.
Toute la force du texte est dans ce décalage entre l'horreur de la guerre et la candeur de cette jeune fille, qui ne veut pas grandir car elle a besoin de se réfugier dans son monde pour survivre.
Ainsi la lectrice que je suis, ne peut qu'être révoltée par plusieurs passages... C'est révoltant en effet de penser, par exemple, comme cela est décrit dans le roman, qu'après une attaque chimique, il y a davantage de femmes et de jeunes filles qui meurent uniquement parce qu'on ne peut pas...les déshabiller et que pourtant c'est le seul moyen de pouvoir les sauver, leurs vêtements étant imprégnés de produits toxiques.

Mais je peux juste vous dire, si vous avez le coeur bien accroché, lisez-le car c'est avant tout un témoignage poignant et criant de vérité.
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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Ce serait mentir de dire que cette lecture fut facile. La marcheuse est une histoire singulière dans un contexte de guerre où l'horreur et la peur se ressentent tout au long du roman. Cependant, cette lecture fut difficile pour moi plutôt au niveau du style, la narratrice s'adresse à son lecteur, lecteur dont elle ne connait pas l'identité. Cette manière qu'elle a de l'apostropher, m'a parfois un peu dérangé, mais ce qui a ralenti ma lecture c'est l'impression de confusion que j'ai ressentie tout au long du roman. Conséquence d'un récit qui n'est absolument pas linéaire, qui se perd, revient, avance et au final tourne parfois en rond.. C'est revendiqué par la narratrice, elle joue avec cela. Mais je pense au contraire que ce style singulier, étrange est en parfaite concordance avec le contexte dans lequel vit la narratrice. Les repères sont bousculés dans un pays détruit, où les seuls moyens d'expression qu'elle possède sont l'écriture et le dessin.
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Lorsque le Petit Prince et Alice au Pays des Merveilles s'immiscent dans l'horreur de la Syrie…
Publié cette année aux Editions Stock, « La marcheuse » est le dernier roman de Samar Yazbek.
Journaliste et écrivaine syrienne, Samar Yazbeck est l'une des rares porte-parole – dans le monde littéraire – de l'enfer syrien.
Elle est muette cette jeune syrienne qui ne peut s'empêcher de marcher.
p. 16 : » Je suis affligée depuis la naissance d'une étrange manie : je ne peux pas m'arrêter de marcher. «
Atteinte de cet étrange phénomène, elle est constamment reliée à sa mère par une corde pour sa sécurité. Une minute d'inattention et elle se volatilise, emportée par un monde fait d'imagination et de couleurs. Mais comment se permettre une telle originalité dans un pays en guerre ?
Femme de ménage dans une école, sa mère n'a pas d'autre choix que de l'emmener avec elle. Mais pour accomplir ses tâches elle est contrainte de cacher l'enfant dans la bibliothèque, aux bons soins de Sett Souad.
p. 11 : » le fait de me retrouver à la bibliothèque de l'école a bouleversé mon existence. «
Mais un jour, dans le bus qui les y emmène, elle assiste à une fusillade lors d'un passage à un check-point.
p. 68 : » Je n'ai compris ce qui se passait que le lendemain matin, quand j'ai appris que nous avions traversé une ligne de démarcation entre deux factions lourdement armées qui se livraient une guerre sans merci. «
C'est l'enfer de la guerre ! Les attaques chimiques sur la population civile démontrent la lâcheté d'une part, et l'impuissance de l'autre. Un combat inégal…
p. 110 : » Hassan a pris à partie l'homme qui peu avant l'avait appelé à plus de pudeur et lui a crié que par sa bêtise il était responsable de la mort de ces femmes. Sur le moment, je n'avais pas compris pourquoi Hassan l'accusait ainsi, mais par la suite, lorsque nous nous sommes retrouvés dans le souterrain, il m'expliquerait que les bombes qu'avaient larguées sur nous les avions contenaient des gaz asphyxiants, et que ces gaz imprégnaient les vêtements. Il fallait donc déshabiller les personnes contaminées pour éviter qu'elles ne meurent étouffées. Or les femmes qui avaient été secourues avaient gardé leurs habits, les infirmiers chargés de les soigner ayant déclaré que c'était péché de les découvrir à la vue des hommes. «
Les quelques deux cent pages que constituent ce récit sont suffisantes pour décrire l'horreur. La description des attaques chimiques est capitale pour nous, européens, pour prendre conscience de l'atrocité du contexte syrien, et l'exode massif qui en découle.
En revanche, je suis nettement moins convaincue par le style de l'écriture. La construction est décousue. La narration est trop souvent interrompue par ses pensées imaginaires, parfois même incohérentes. le dialogue qui s'instaure entre la narratrice et le lecteur me parait infantile. Il y avait pourtant matière au développement. Quelques regrets donc…
Lien : https://missbook85.wordpress..
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