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Ola Mehanna (Traducteur)Khaled Osman (Traducteur)
EAN : 9782266338066
216 pages
Pocket (04/01/2024)
3.42/5   20 notes
Résumé :
Ali, un soldat de l’armée syrienne de 19 ans, gît à quelques pas d’un arbre. Il a une vision, celle d’un enterrement. S’agit-il du sien ? Tandis qu’il reprend ses esprits, Ali se souvient : c’étaient les funérailles de son frère. Il y a un an peut-être.
Ali comprend alors qu’il a dû être blessé par une bombe et tente de localiser la douleur, d’identifier la blessure. Son désir le plus cher est de s’envoler jusqu’à l’une des branches de l’arbre. Les arbres ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Ce matin, je suis allée auprès de l'arbre
Ce n'est pas un chêne, ce n'est pas grave
Le lien existe pourtant, il a des feuilles
Je peux revoir dans mon oeil, Ali
Je peux le revoir en train d'observer
Une feuille, les nuages, ses arbres
Je peux le revoir expérimenter la peur
La mort, le vent, les nuages, une bombe
Je peux ressentir sa souffrance ses envolées
Le délire la tyrannie la dissociation le ciel
Ce moment exact d'être en face de la mort
Ce que cela provoque d'acuité et de souvenirs
Il attend et cette attente ouvre un champ
De sensations de flash-back de poésie
Dix-neuf ans c'est jeune
Sa vie était pourtant déjà riche
De rencontres de drames d'ombres d'oiseaux
De contemplations de misères de violences
Il s'en éloigne autant que possible
N'y trouvant qu'une place digne, sereine
Dans la Demeure du vent
Il s'était destiné à être une homme
De religion et de vérité
Mais les hommes et la politique en avaient
Décidé autrement: la guerre a faim de chair
Mais le président en avait décidé autrement
La guerre a soif de sang la patrie aussi
Ali contourne tout ce qu'il peut cette fatalité
Mais ils sont trop nombreux, trop déterminés
Dix-neuf ans c'est trop jeune pour mourir
Le sol aura beau se fendre et les avaler
Il n'y aura pas plus la paix en Syrie
C'est pour cela que ce matin
Je me suis réfugiée près de l'olivier
J'aurai aimé lui offrir un rameau
Je me dis que d'arbres en arbres
Il recevra sans doute mon message
Le mycelium fera un long voyage
La connexion est inéluctable
Le lien de rigueur avec cette poésie
Mais sinon, je commanderai au vent
Puisqu'il est vital en nos deux coeurs
Je l'enverrai chargé de ma force
Et nous volerons ensemble
Au-dessus des faisceaux de lune
Puisse La Demeure du vent être
Notre refuge
Puisse mon coup de coeur monter
Plus hauts que toutes les branches
Pour le voir inscrire sur le Ciel…
Lien : https://fairystelphique.word..
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« Il chute dans l'inconnu d'un gouffre profond où la gravité n'a plus cours, tout juste perçoit-il le balancement de sa tête dans le vide. Seraient-ils en train de le descendre au fond d'une tombe?
S'agit-il de son enterrement ? Et cette tête, est-ce bien la sienne ? »

La demeure du vent, Samar Yazbek @samar_yazbek @editionsstock

Sortie le 11 janvier 2023 #rentreelitteraire #janvier2023

En Syrie, un homme meurt au combat. Son unité et lui ont été fauchés par une bombe lâchée d'un avion. Seul rescapé, entre la vie et la mort, son esprit divague et l'emporte loin de la réalité, du charnier, du chaos…

Il revoit son village, revit son enfance et sa vie défile, pleine de beauté, de nature, de simplicité et de poésie!

« Les nuages ici ne ressemblent pas à ceux de son village. Ceux-là, il les connaissait bien et avait pris l'habitude de les voir s'élever du fond de la vallée vers les hauteurs, en suivant un parcours sinueux. Il les voyait arriver comme un épais fleuve blanc, recouvrant le monde alentour avant de l'envelopper et de lui masquer les yeux tel un bandeau. Tous les villageois vivaient ainsi au milieu de la brume, c'était leur environnement familier dans lequel ils avaient pris l'habitude de se fondre, mais Ali avait tout de même droit à sa propre cohorte de nuages, la seule à se transformer en une longue traîne qui remuait et dansait sous les regards, semblable à la queue d'un renard de forêt. Il se postait tout en haut de sa cabane pour la suivre des yeux jusqu'à sa disparition, après quoi il pouvait de nouveau distinguer la vallée et les cimes environnantes. »

Raconter la guerre avec poésie… il fallait le talent de Samar Yazbek pour y parvenir! Sa langue est belle, lumineuse, envoûtante et profonde! Son verbe se fait ode et tragédie à la fois, envolée et réalité mêlées, chaos et mélopée…

« Quant aux montagnes, qui ont vécu des millénaires, qui ont connu les guerres et les flots de sang abondants, elles se sont assagies et laissées couler jusqu'au littoral, calmes et fortes de l'assurance que tout cela n'est qu'un incident passager, que ce n'est pas cette bombe de rien du tout - larguée par erreur depuis un avion survolant leur petit groupe en patrouille sur les crêtes - qui va les effrayer. »

Oh oui! La virtuosité de cette autrice syrienne est unique et indéniable! Elle m'avait touchée et bouleversée avec ses 19 femmes, et cette fois elle a fait vibrer une corde étrange en moi, celle de la langue mêlée à la souffrance, mélangée au sang, entrelacée à la vie! La poésie à l'origine, berceau du monde et de l'existence, chant de beauté et de souffrance, de lumière et d'absence. Mot de la fin quand la lumière s'éteint. Hymne de vie et de mort.

Il est des mots qui font bien plus que transporter: ils font respirer, jusqu'à la fin, au dernier souffle!

« le vent occupe une place privilégiée dans son coeur, car il a appris à le connaître davantage encore que les nuages, la pluie et la neige. Il boit le vent, l'engloutit comme une denrée comestible lorsqu'il passe le long de ses joues avant de se loger dans sa bouche ouverte. Il le déguste littéralement, le mastique puis finit par l'avaler pour le conserver en lui, à l'intérieur de son ventre. »

Merci @samar_yazbek pour ce voyage de mots et de maux, pour cette réalité pleine de beauté et d'authenticité 🌟
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Ai été attirée par la couverture de ce texte et découvrir une auteure syrienne m'a tenté. et j'ai beaucoup apprécié ce texte avec un si beau titre poétique. Et la poésie est très présente dans ce texte avec un thème si difficile. J'ai pensé au dormeur du Val d'Arthur Rimbaud et Ali, le personnage principal de "la demeure du vent" se retrouve sur un champ de bataille, blessé. Il se met à délirer, se voit voler au dessus des arbres, il est un oeil qui observe les obsèques de son frère, lui aussi mort à la guerre et qui est devenu martyr, il se souvient de son enfance, de ses rêves, espoirs. L'auteure nous parle de la vie dans un petit village de Syrie, dans les vallées où est cultivé du tabac, de belles descriptions de la nature de la région alouite.
Ce texte sur un sujet si terrible et difficile nous transporte dans les souvenirs du jeune Ali : de sa naissance à son agonie alors qu'il cherche à remonter dans un arbre et prendre son envol, comme l'avait fait sa jeune tante. Il y a de belles pages sur la nature et en particulier la relation d'Ali avec les arbres, que ce soit la cabane qu'il a construit dans un chêne, que ce soit l'arbre prés duquel la Rouquine lui raconte des légendes, que ce soient de la forêt où enfant solitaire, il aimait se cacher.
De beaux portrait de femmes jalonnent ce texte, que ce soit celui de la mère d'Ali, Nahla, qui après la perte de son fils aîné perdra la voix mais cultivera avec simplicité et complicité son jardin avec Ali , la Rouquine, centenaire et sorte de sorcière mais qui va l'initier à l'islam ancestral et tolérant. Il y a aussi en petites touches des références à la vie politique de la Syrie avec le Père puis le Fils qui vont entraîner le pays dans une longue guerre.
Ali a déjà perdu son frère, de nombreux villageois pleurent leurs fils, et lui enrôlé de force va aussi périr de cette guerre.
L'auteure nous parle aussi de la religion avec le beau portrait de la Rouquine, avec ses histoires et légendes,mais aussi un vieil Iman qui verrait bien Ali lui succéder mais il y a d'autres imans, plus proche du pouvoir que de la religion (d'étranges scènes de prières, avec la présence de miliciens armés).
L'auteure arrive à nous toucher et nous sommes avec Ali dans ses souvenirs, dans ses rêves face aux nuages, aux arbres...
Je n'avais jamais lu cette auteure syrienne, qui vit en exil à Paris mais vais les lire .
Ce texte est très bien traduit de l'arabe (Syrie) par Khaled Osman et Ola Mehanna, qui nous entraîne dans les paysages de la Syrie, dans les couleurs, dans les mets...
Un texte difficile mais avec de belles pages poétiques et qui rend ce sujet si universel.
#Lademeureduvent #NetGalleyFrance
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Si la 4e de couv. m'a attiré, l'entièreté du texte m'a laissé peu sensible. Je passe à côté. Certes quelques phrases poétiques, certes l'importance des arbres, certes ce soldat qui revit son passé imprégné de mystique. Mais je reste avec une sensation de "trop peu conséquent". Un livre qui n'apporte rien si ce n'est à son autrice sans doute, et son pays meurtri : c'est déjà ça ! Déçu donc, vous l'aurez compris, mais c'est pas grave.
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Dans le labyrinthe des épreuves syriennes, "La demeure du vent" de Samar Yazbek émerge comme une mélodie envoûtante, tissant des fils de désir et de résilience dans la tapisserie des paysages déchirés par la guerre. Avec la grâce d'une poète et l'empathie d'un sage, Yazbek invite les lecteurs à parcourir les chemins balayés par le vent du déplacement et de la découverte.

La prose de Yazbek danse comme des derviches dans le désert, tourbillonnant entre le parfum de jasmin et la morsure de la poudre à canon. Chaque mot est un coup de pinceau, peignant des portraits de rêves brisés et d'espoir défiant sur la toile du conflit. *"Dans les chuchotements de la brise, les échos d'une patrie oubliée persistent, appelant les âmes à se souvenir de ce qui fut perdu au milieu du chaos,"* écrit-elle, ses mots une symphonie de douleur et de réconfort.

À travers les yeux de ses personnages, Yazbek dévoile le kaléidoscope d'émotions qui définissent l'expérience humaine en période de bouleversements. Des abîmes du désespoir aux sommets de la résilience, leurs voix résonnent avec l'intensité brute de la vérité. *"Je ne suis qu'une feuille emportée dans la tempête, cherchant refuge dans le sanctuaire de l'appartenance,"* médite l'un d'eux, leurs paroles une lamentation pour un foyer qui n'existe que dans la mémoire.

Le dialogue devient un champ de bataille où les idéologies s'affrontent et les vérités sont mises à nu, chaque échange étant un microcosme de la lutte plus large pour l'identité et l'autonomie. Pourtant, au milieu de la cacophonie des voix, Yazbek trouve des moments de grâce et de solidarité qui percent les ténèbres comme des étoiles dans un ciel sans lune.

En fin de compte, "Où le vent appelle chez soi" est un témoignage de la puissance durable de l'esprit humain à se relever des cendres de l'adversité. À travers des actes de courage et de compassion, les personnages de Yazbek défient la tyrannie du désespoir et reprennent leur autonomie dans un monde fracturé par le conflit. Leur histoire est celle de la résilience, écrite dans le langage de l'amour et de la perte, de l'espoir et du chagrin.

En fin de compte, le chef-d'oeuvre de Yazbek se dresse comme un phare dans les nuits les plus sombres, nous rappelant que même au milieu du chaos de la guerre, le vent murmure toujours le foyer
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critiques presse (3)
LesEchos
14 février 2023
A travers une prosopopée mélancolique sur le calvaire d'un jeune soldat entre la vie et la mort, l'écrivaine syrienne décrit le cauchemar d'un pays morcelé et étouffé par la dictature depuis douze ans. Dans la plus grande indifférence de la communauté internationale.
Lire la critique sur le site : LesEchos
LeMonde
06 février 2023
Ce roman au souffle lyrique est un authentique chant funèbre, élégie à un monde condamné à disparaître sous les effets conjugués de la tyrannie du régime et de la guerre civile, peut-être le plus beau que l’on puisse lire de Samar Yazbek à ce jour.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeMonde
30 janvier 2023
Un soldat blessé par un tir ami – une bombe larguée par erreur sur sa patrouille – agonise au pied d’un arbre, sur les crêtes d’une montagne. Entre ses vaines tentatives pour se relever et apprécier la gravité de ses blessures, entre les délires provoqués par la douleur et la conscience exacerbée propre aux instants qui précèdent la mort, Ali revoit les moments marquants de sa courte vie, depuis l’enterrement de son frère aîné, tué à la guerre, jusqu’à ce jour où, arrêté à un barrage de miliciens, il a été à son tour enrôlé dans l’armée syrienne.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Une toute petite feuille, si petite que ses cils visqueux l’empêchent de la voir dans l’éclat du soleil de midi.
Une petite feuille d’arbre, rien de plus. Une feuille d’arbre verte, nervurée, qui lui voile les yeux comme de la gaze lorsque lentement, péniblement, il remue les paupières. Une feuille d’arbre qui adhère à ses longs cils collés par la boue. Une feuille d’arbre qui l’empêche de voir distinctement, surtout avec ces grains de poussière qui nagent dans le liquide de ses yeux, lui causant irritation et douleur. S’il parvenait à reprendre le contrôle de ses paupières pour ouvrir les yeux, la feuille tomberait dans son œil gauche.
Le monde entier se ramène à cette feuille. Il n’y a pas un bruit, pas une odeur. Quant à son autre œil, il ne le sent pas. Est-il seulement capable de voir ?

(Incipit)
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Videos de Samar Yazbek (37) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Samar Yazbek
12 mai 2023 VILLA GILLET « Comment peut-on parler d’une victime silencieuse? » Samar Yazbek
Echange exceptionnel avec Samar Yazbek, écrivaine syrienne, autour de son dernier roman, un roman poétique comme elle le qualifie si justement, « La demeure du vent » (Stock, 2023). Entre la vie et la mort, il y a un souffle que Samar Yazbek rend immense. Réciproque. Universel. Quels pouvoirs contient le verbe écrire? Qu’est-ce que la douleur peut éclairer? Dans la voix de Samar Yazbek il y a une lumière singulière qui transcende les mots, qui rassemble nos langues, qui dit:
« Je te vois » et à qui on répond « Je te vois aussi ».
+ Lire la suite
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