Ce matin, je suis allée auprès de l'arbre
Ce n'est pas un chêne, ce n'est pas grave
Le lien existe pourtant, il a des feuilles
Je peux revoir dans mon oeil, Ali
Je peux le revoir en train d'observer
Une feuille, les nuages, ses arbres
Je peux le revoir expérimenter la peur
La mort, le vent, les nuages, une bombe
Je peux ressentir sa souffrance ses envolées
Le délire la tyrannie la dissociation le ciel
Ce moment exact d'être en face de la mort
Ce que cela provoque d'acuité et de souvenirs
Il attend et cette attente ouvre un champ
De sensations de flash-back de poésie
Dix-neuf ans c'est jeune
Sa vie était pourtant déjà riche
De rencontres de drames d'ombres d'oiseaux
De contemplations de misères de violences
Il s'en éloigne autant que possible
N'y trouvant qu'une place digne, sereine
Dans
la Demeure du vent
Il s'était destiné à être une homme
De religion et de vérité
Mais les hommes et la politique en avaient
Décidé autrement: la guerre a faim de chair
Mais le président en avait décidé autrement
La guerre a soif de sang la patrie aussi
Ali contourne tout ce qu'il peut cette fatalité
Mais ils sont trop nombreux, trop déterminés
Dix-neuf ans c'est trop jeune pour mourir
Le sol aura beau se fendre et les avaler
Il n'y aura pas plus la paix en Syrie
C'est pour cela que ce matin
Je me suis réfugiée près de l'olivier
J'aurai aimé lui offrir un rameau
Je me dis que d'arbres en arbres
Il recevra sans doute mon message
Le mycelium fera un long voyage
La connexion est inéluctable
Le lien de rigueur avec cette poésie
Mais sinon, je commanderai au vent
Puisqu'il est vital en nos deux coeurs
Je l'enverrai chargé de ma force
Et nous volerons ensemble
Au-dessus des faisceaux de lune
Puisse
La Demeure du vent être
Notre refuge
Puisse mon coup de coeur monter
Plus hauts que toutes les branches
Pour le voir inscrire sur le Ciel…
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