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Citations sur Alexis ou le traité du vain combat - Le coup de grâce (116)

Afin de me faciliter les débuts, ma mère me donna, en grand secret, une somme prise sur son argent personnel. Ce n’était pas une somme importante, mais elle nous le parut à tous deux. Je l’ai remboursée en partie, dès que cela me fut possible, mais ma mère est morte trop vite ; je n’ai pu m’acquitter tout à fait. Ma mère croyait à mon avenir. Si jamais j’ai désiré un peu de gloire, c’est parce que je savais qu’elle en serait heureuse. Ainsi, à mesure que disparaissent ceux que nous avons aimés, diminuent les raisons de conquérir un bonheur que nous ne pouvons plus goûter ensemble.
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Je savais que l’existence serait là-bas difficile ; pourtant, je désirais partir. Nous tenons par tant d’attaches aux lieux où nous avons vécu qu’il nous semble en les quittant plus facile de nous quitter.
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Nos défauts sont parfois les meilleurs adversaires que nous opposions à nos vices.
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Le vice consistait pour moi dans l’habitude du péché ; je ne savais pas qu’il est plus difficile de ne céder qu’une fois, que de ne céder jamais.
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Je croyais en Dieu. J’en avais une conception très humaine, c’est-à-dire très inhumaine, et je me jugeais abominable devant lui.
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À mesure que l’existence en commun me devenait plus pénible, je souffrais davantage d’être sentimentalement seul. Du moins, j’attribuais à ma souffrance une cause sentimentale.
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Les livres auraient pu m’instruire. J’ai beaucoup entendu incriminer leur influence ; il serait aisé de m’en prétendre victime ; cela me rendrait peut-être intéressant. Mais les livres n’ont eu aucun effet sur moi. Je n’ai jamais aimé les livres. Chaque fois qu’on les ouvre, on s’attend à quelque révélation surprenante, mais chaque fois qu’on les ferme, on se sent plus découragé.
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La vie aussi n’est qu’un secret physiologique. Je ne vois pas pourquoi le plaisir serait méprisable de n’être qu’une sensation, puisqu’on ne méprise pas la douleur, et que la douleur en est une. On respecte la douleur, parce qu’elle n’est pas volontaire, mais c’est une question de savoir si le plaisir l’est toujours, et si nous ne le subissons pas. En fût-il autrement, que ce plaisir librement choisi ne me paraîtrait pas pour cela plus coupable.
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Cette lettre, mon amie, sera très longue. Je n’aime pas beaucoup écrire. J’ai lu souvent que les paroles trahissent la pensée, mais il me semble que les paroles écrites la trahissent encore davantage. Vous savez ce qui reste d’un texte après deux traductions successives. Et puis, je ne sais pas m’y prendre. Écrire est un choix perpétuel entre mille expressions, dont aucune ne me satisfait, dont aucune surtout ne me satisfait sans les autres. Je devrais pourtant savoir que la musique seule permet les enchaînements d’accords. Une lettre, même la plus longue, force à simplifier ce qui n’aurait pas dû l’être : on est toujours si peu clair dès qu’on essaie d’être complet ! Je voudrais faire ici un effort, non seulement de sincérité, mais aussi d’exactitude ; ces pages contiendront bien des ratures ; elles en contiennent déjà. Ce que je vous demande (la seule chose que je puisse vous demander encore) c’est de ne passer aucune de ces lignes qui m’auront tant coûté. S’il est difficile de vivre, il est bien plus malaisé d’expliquer sa vie.
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Enfant, j’ai désiré la gloire. À cet âge, nous désirons la gloire comme nous désirons l’amour : nous avons besoin des autres pour nous révéler à nous-mêmes. Je ne dis pas que l’ambition soit un vice inutile ; elle peut servir à fouetter l’âme. Seulement elle l’épuise. Je ne sache pas de succès qui ne s’achète par un demi-mensonge ; je ne sache pas d’auditeurs qui ne nous forcent à omettre, ou à exagérer quelque chose. J’ai souvent pensé, avec tristesse, qu’une âme vraiment belle n’obtiendrait pas la gloire, parce qu’elle ne la désirerait pas. Cette idée, qui m’a désabusé de la gloire, m’a désabusé du génie. J’ai souvent pensé que le génie n’est qu’une éloquence particulière, un don bruyant d’exprimer. Même si j’étais Chopin, Mozart ou Pergolèse, je dirais seulement, imparfaitement peut-être, ce qu’éprouve chaque jour un musicien de village, lorsqu’il fait de son mieux en toute humilité.
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