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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Nous suivons le parcours d'une femme maîtresse de maison dans la Hollande du XVIème siècle où naît véritablement le capitalisme avec ses marchands qui sillonnent le monde jusqu'à Batavia.

Amélie est une femme qui est plutôt du genre inventive mais elle est dominée par un mari dans une société qui n'accorde que peu de droits aux femmes. Hans n'est pas méchant, il est plutôt bel homme mais Amélie n'est guère satisfaite de sa condition et se rebelle tout doucement.

Il va partir pour un long périple et revenir avec une esclave asiatique avec laquelle il entretiendra des relations plus intimes. On pourrait penser à un triangle amoureux mais il y a encore la belle et jolie servante un peu écervelée qui n'a d'admiration que pour Hans.

C'est clair que c'est un mariage arrangé car elle est issu d'une noblesse désargentée. Mais comme dit, l'argent ne fait pas le bonheur conjugal, loin de là !

La couverture laisse à penser à un rapprochement intime entre deux femmes mais il n'en n'est rien. Ce rapprochement se fera par la découverte de l'autre pour se rendre compte qu'entre une femme et une esclave, il n'y a pas beaucoup de différence à cette époque. En effet, la maîtresse de maison devait également s'occuper des courses et nettoyer la maison afin que cela soit parfait pour le mari qui rentre du travail. Oui, c'est bien une triste époque.

On ne connaît pas l'auteure Yudori qui est coréenne et qui livre là son premier roman graphique. Sur le plan de la forme, c'est une belle parution plutôt soignée. Il y a même un marque-page intégré sous forme de petit ruban bleu.

Je dois dire qu'on est assez éloigné du genre de manga habituel. En effet, la mangaka apporte réellement une autre touche de sensibilité mais également d'intelligence dans le propos. C'est loin d'être par exemple stéréotypé. Cela fait du bien de s'éloigner de ces standards classiques.

Un petit bémol concernant certains personnages qui se ressemblent d'où des confusions possibles. Dans l'ensemble, l'aspect graphique est totalement bien maîtrisé dans une véritable précision du trait qui concourt par exemple à la beauté des paysages

On découvrira subtilement le rapport entre les classes sociales mais surtout la condition féminine qui doit lutter pour sa survie. Cela rappelle que ce combat doit encore continuer dans certains pays peu ouvert à la liberté des femmes et ce pour parvenir à une égalité de traitement. C'est véritablement un album assez engagé.

C'est une belle découverte que je dois à Babelio et aux éditions Delcourt que je remercie. Bien évidemment, je recommande à tous cette lecture.
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J'ai beaucoup aimé l'univers graphique de Yudori. En noir et blanc, les dessins sont limpides, lumineux avec des personnages très expressifs, peut-être un peu modernes pour illustrer la Hollande du XVIème siècle.

L'histoire m'a moins plu que les dessins. Il faut dire que l'héroïne, Amélie, m'a semblé peu attachante. Obnubilée par son désir de voler, elle n'accorde que peu d'attention à ceux qui l'entourent et même lorsqu'elle s'entiche de la jeune esclave, c'est parce qu'elle lui ouvre de nouvelles perspectives sur sa foi, sur la possibilité de voler...

Mais le grand sujet du livre, c'est la place des femmes dans la société hollandaise du XVIème siècle. le statut de l'épouse n'est pas si différent de celui d'une esclave, comme le découvre Amélie lorsque son mari rapporte d'un de ses voyages une esclave qui est aussi sa maîtresse...

Le dénouement est un peu confus, on ne sait pas trop ce que devient Amélie, ni ce que l'autrice voulait faire passer comme message exactement...

Je ressors de cette lecture avec une légère déception, sans doute parce que j'avais des attentes trop fortes...
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Yudori est une autrice coréenne mais l'histoire se déroule en Hollande au XVI ème siècle.
Amélie est issue de la noblesse mais on apprend vite que son mariage est un arrangement pour échapper à l'appauvrissement de sa famille. Elle est déçue des Hommes, corsetée dans une vie qui l'a brime dans ses aspirations . Son rêve est de voler pour se rapprocher de dieu mais certainement aussi pour échapper au rôle que son milieu lui impose.
Hans,son mari est un riche négociant,bel homme convoité par les femmes mais qui n'est pas plus épanoui qu'elle dans leur vie de couple. Il revient d'un voyage accompagné d'une jeune chinoise de toute beauté....
Yudori décrit très bien l'ambivalence des sentiments d'Amélie face à la maîtresse de son mari. Par touches successives nous découvrons à la fois l'histoire de cette petite chinoise sans nom, et le cheminement intérieur d'Amélie. le contexte social de l'époque se déploie également subtilement.
Le graphisme est en noir et blanc, peut-être pour traduire l'absence de couleur dans la vie de ces deux jeunes femmes ? Il se dégage de certaines des planches,une grande sensualité et Yudori magnifie la jeune orientale par des dessins somptueux qui évoquent sans que le texte soit nécessaire,la richesse de sa vie intérieure et sa philosophie de vie si différente de celle d'Amélie !
J'ai aimé suivre les remous émotionnels d'Amélie qui, malgré sa rigidité et sa froideur apparente est bousculée dans ses certitudes. Pour moi, le soleil de cet album est la jeune chinoise qui,en peu de mots révèle Amélie à elle même et pose l'essentiel comme une vérité simple et naturelle.
Le livre en lui même est un bel " objet" j'aime beaucoup son format et je sais que je le feuilleterai à nouveau pour la beauté de ses dessins. S'il y a des traits typiques des mangas,son style ne s'y cantonne pas ce qui en fait une vraie nouveauté.
Je remercie babelio et les éditions Delcourt pour ce bel ouvrage à la fois sensuel, poétique et engagé.
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Yudori, autrice coréenne, signe un magnifique premier roman graphique sur la condition des femmes dans la société hollandaise du 16e siècle. Femme de marchand, servante ou esclave, leurs vies ne sont finalement pas si différentes, entre travail et humiliation, maintenues dans un rôle subalterne, dépendant des hommes.

Amélie est belle et brillante, mais les pertes d'argent de son père l'ont obligée à se marier avec un négociant séducteur, Hans, qu'elle effraie par son intelligence. Quand ce dernier revient d'Orient avec une esclave, surnommée Sahara, pour assouvir ses plaisirs charnels, c'est encore un affront supplémentaire. Néanmoins, Amélie et Sahara créeront des liens en collaborant dans une recherche de liberté.

Ce livre est un bel objet avec sa couverture cartonnée, son signet bleu et son dos toilé et pourra déjà plaire à ce titre.

Les dessins, réalisés en noir et blanc, mettent en valeur principalement les personnages avec beaucoup de scènes en intérieur, au-delà de paysage de mer, ville et campagne hollandaise. Les passionnés de chats y trouveront également leur compte avec de belles représentations de ce petit animal.

Quant au récit, la pugnacité des femmes représentées est inspirante. Dans le domaine scientifique, avec des raisonnements expérimentaux, face à la société, devant leur proche entourage, la combativité d'Amélie et de Sahara les met en valeur et ceci également dans leurs ressemblances et différences avec la jeune servante écervelée qui gagne en maturité. Ce livre pousse à la réflexion sur les discriminations et la manière de lutter pour plus d'égalité et de dignité. Des moyens détournés sont parfois nécessaires pour faire évoluer la société.

Je remercie Babelio et les éditions Delcourt pour cette lecture avec de beaux portraits de femmes, dans un texte assez engagé. Si vous aimez aborder des thématiques féministes sous différents angles, n'hésitez-pas à découvrir cette oeuvre !
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« Amélie était une jeune fille brillante. Elle avait regardé la terre. Les hommes s'en étaient emparés. Elle avait regardé la mer. Les hommes l'avaient prise aussi. Alors, Amélie avait levé son regard vers le ciel. Mais ses parents l'en avaient détourné. »

En ce milieu de XVIe siècle en Hollande, la jeune Amélie Aldebert vit une vie assez étroite et insatisfaite avec Hans, un mari qu'elle ne parvient pas à aimer. En effet, s'il est beau physiquement, ses atouts semblent s'arrêter à peu près là, puisque, soucieux des convenances imposées par une société qui exige des femmes humilité et labeur domestique, quel que soit leur niveau de richesse, il la bride dans ses aspirations intellectuelles et scientifiques qu'il qualifie de hérétiques, et semble être un peu trop chaleureux avec Yolente, l'une des deux domestiques de la maison. C'est donc une jeune femme sèche et anguleuse, n'aspirant qu'à se défaire des conventions, qui survit plus qu'elle ne vit. Jusqu'au jour où, après une longue absence qu'Amélie qualifiait de « paradis », Hans revient accompagné de Sahara, une jeune esclave chinoise achetée en Turquie qu'il installe dans leur foyer, au même niveau qu'elle.

Sans s'attarder trop sur l'insulte que cela représente pour elle, Amélie voit au contraire les avantages que la situation peut représenter en voyant les devoirs conjugaux s'éloigner, lui laissant plus de temps pour ses travaux scientifiques : inspirée par l'idée de s'approcher plus près du Dieu qu'elle vénère, elle comprend que l'air chaud pèse moins lourd que l'air ambiant, et conçoit l'ébauche d'une machine volante. Aidée en cela par Sahara, au contact de qui elle commence à s'épanouir, comprenant que finalement, elles ne sont pas si différentes que cela : dominées toutes les deux par les hommes, rapetissées dans leurs envies comme dans leurs ambitions, que leur reste-t-il sinon la vie ?

« le ciel pour conquête » est le premier livre de Yudori, une jeune autrice coréenne. Roman graphique plus que manga, même si le trait est clairement inspiré de ce dernier, notamment dans les expressions outrées des émotions des personnages, il se distingue de prime abord par l'inclusion de son sujet féministe dans un cadre très original, le Siècle d'or hollandais. J'ai ainsi appris beaucoup de choses sur cette période qui en demandait beaucoup aux femmes mais qui les mettait sur un pied d'égalité avec les domestiques, puisqu'elles participaient aux tâches ménagères et ne devaient pas être oisives, et qu'elles dînaient à table avec ces dernières. Les relations ancillaires sont également bien décrites dans leur complexité, comme le rappelle Eva à Amélie en lui disant qu'en tant que domestique, elle profite des biens de sa maîtresse et qu'elle dépend d'elle. Les personnages d'Amélie, l'intellectuelle rigide, à la foi à la limite de l'extrémisme, sur le chemin de l'émancipation, et de Sahara, à l'inverse tout en courbes et en volupté, mais pas moins forte, unies par une certaine sororité, sont vraiment réussis.

Mais surtout, les dessins sont sublimes, avec des détails somptueux et d'une précision incroyable. Qu'est-ce que c'est beau ! Ils apportent à l'histoire une force et une profondeur supplémentaires. Ils m'ont procuré un plaisir esthétique incroyable et font que je me souviendrai de ce roman graphique longtemps.
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Ce gros roman graphique nous plonge dans le siècle d'or néerlandais, société où comme beaucoup ailleurs la femme est réduite au rôle de maîtresse de maison. Nous y découvrons Amélie, fervente catholique, curieuse, qui cherche à comprendre le monde et à s'élever au sens philosophique du therme et au sens propre puis qu'elle rêve de s'envoler. Chez elle, nous trouvons du de Vinci.
Son équilibre familial, tout relatif, sera vite chamboulé après le retour de son époux accompagné par une maîtresse, esclave orientale.
Récit graphique féministe, le ciel pour conquête possède les atouts pour plaire aux lectrices ainsi qu'au lecteurs car il ne se veut revanchard. Très poétiques, les illustrations puissent à la fois dans la peinture de l'époque et dans la culture manga qui apporte un côté très moderne.
Un ouvrage imposant qui se dévore sans modération.
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Que sont les femmes en Hollande au XVIème siècle ? Des procréatrices, des lingères, des cuisinières, des femmes de ménage ? … autant dire des ventres et des gérantes. Des riens et des touts. Les femmes n'ont pas le droit à la parole. On les marie, on les formate entre Dieux et l'époux sans croire qu'elles puissent penser par elles-mêmes.
Amélie subit son quotidien entre un mari non-choisi qui lui impose sa façon de voir les choses, les convenances et l'attente que l'on a d'elle. Elle doit être irréprochable, discrète, sotte et muette. Sa couche se partage en levrette, son ombre évite les lieux investis par l'époux, ses tâches se glissent dans les obligations. Pourtant elle bouillonne, l'esprit obnubilé par une élévation dans le ciel : oiseaux, chauve-souris, ces êtres livrent l'idée d'un envol consigné peu à peu.
Alors quand rentre Hans, l'époux parti depuis des mois, accompagné d'une esclave, Amélie s'émancipe. Mêlant leurs idées, les deux femmes s'associent. Et si tout ne tenait qu'à un fil ?
Entre un graphisme inspiré des mangas et un récit féministe, engagé « le ciel pour conquête » offre un album original et onirique sur les femmes victimes des hommes que l'assurance fait lutter jusqu'à se libérer. Elles trouveront l'astuce du vol dans le ciel, se feront dérober leurs idées, mais puiseront dans la sororité l'espace d'une vie nouvelle.
Une lecture intrigante et intéressante.


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Je suis tombée sous le charme de la plume de Yudori, c'est sa première oeuvre parue en France et qu'est-ce que c'est beau ! le chara-design, les détails dans les paysages... Wahou !
Concernant l'histoire, il y a tellement de messages véhiculés, que ce soit sur le rôle de la femme à l'époque, sur l'esclavage, le fait de vouloir prendre son envol... Je me doutais que j'allais me prendre d'affection pour les personnages, ce fut le cas en apprenant à les connaître (et pourtant j'ai eu des doutes au début lorsqu'on rencontre l'esclave).
Les pages défilent tellement vite quand on est pris dans l'histoire, et pourtant ce roman graphique est assez épais. Une autrice à suivre !
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Amélie vit dans la Hollande catholique du XVIème siècle. Mariée à Hans, un marchand issue de la bonne société, Amélie devrait se satisfaire de cette vie dont n'importe quelle hollandaise rêverait d'avoir mais ce n'est pas le cas. Comme toute bonne épouse elle doit accompagner ses deux domestiques dans les tâches quotidiennes relevant de la tenue du foyer et des repas la journée (ce qui m'a beaucoup étonnée) et se tenir à son rôle d'épouse, devoir conjugal compris, la nuit venue.
Enfermée dans ce carcan de bonne épouse et prise parfois en défaut par ses convictions religieuses, Amélie ne trouve du bonheur que dans ses rêveries et ses envie d'ailleurs. Intelligente, elle a voulu très tôt regarder vers la terre, mais les hommes l'avaient déjà conquise, puis vers la mer mais là aussi les hommes l'avaient asservie, alors elle leva les yeux et vit le ciel, là se situerait ses retranchements, dans sa solitude elle s'élèverait avec la science.

Sa foi lui donne l'espoir de voler, de se rapprocher des cieux et de son dieu, malheureusement les choses se gâtent et une esclave venue d'orient rapportée par son mari va modifier son rôle d'épouse, car il semblerait qu'elle ait pour lui bien plus d'importance qu'une simple esclave.

Roman graphique assez féministe, nous montre à voir deux modes de pensée contradictoires: l'émancipation par la science et la foi catholique omniprésente chez une femme qui voit son mari rapporter dans ses bagage une jeune femme dans le seul but d'assouvir ses désirs sexuels. Les illustrations en noir et blanc se concentrent sur l'essentiel: les expressions des visages (un peu manga) et les riches décors hollandais. le plus intéressant dans le scénario reste la vision de chacune des femmes sur la société patriarcale de l'époque, le statut de la femme en tant que personne et en tant qu'épouse avec la soumission que cela implique, et celui de l'homme en tant que maître des lieux et son ascendant sur les femmes.

Cet album laisse à réfléchir sur les évolutions de la cause des femmes qui me semble, au vu du scénario, ne pas avoir beaucoup avancée.
Lien : https://stemilou.over-blog.c..
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Régulièrement, Babelio me fait gentiment profiter de riches découvertes qui viennent me bouleverser. Ce fut le cas avec le ciel pour reconquête, cette bande dessinée épaisse qui revient sur la condition des femmes, mariées, servantes ou esclaves, dans la Hollande du XVIIe siècle. Édifiant !

Aux manette, Yudori, une artiste que je découvre ici et qui semble inédite chez nous, mais qui a déjà publié une autre bande dessinée tout aussi engagée en Italie : La Scelta di Pandora, et qui a un très joli compte Instagram (@yudoridori) où on peut retrouver ses illustrations très actuelles et très charnelles (lien).

Delcourt nous propose en plus d'emblée un bel objet sur lequel l'oeil s'attarde avec cette belle reliure au dos toilé avec signet d'un beau bleu marine qui se marie étrangement bien avec le rose du ciel de la couverture, faisant encore mieux ressortir le dessin de ses femmes en recherche d'une liberté dont on le prive. le message est de suite très fort.

Quand la lecture débute, le texte ne vient que renforcer ce sentiment. L'autrice nous met dans les pensées d'Amelia, jeune noble désargentée, qu'on a forcé à épouser un beau et jeune marchand, mais qui se sent contrainte dans ce mariage qui l'empêche d'être elle-même. A ses côtés, nous allons découvrir ce que cela signifie d'être l'épouse d'un marchand dans la Hollande du XVIIe siècle et même juste une femme, avec celles qui gravitent autour d'elle, et ce n'est pas beau à voir. Tout n'est que contrainte. On n'attend de ces femmes des comportements absurdes sous couvert d'une droiture morale venant de leur religion, tandis que les époux, les hommes, eux, font ce que bon leur chante. C'est révoltant.

En plus, tout cela est raconté avec un certain recul, une certaine froideur, qui ne peut que faire monter la colère en nous, surtout quand on découvre en Amelia une personne curieuse de tout et très intelligente, qui aime observer la nature autour d'elle et qui met ses observations à profit pour inventer des choses. Elle est brillante, contrairement à son époux qui n'a que son joli visage. Mais ce ne sera pas que le récit de ce mariage qui ne fonctionne pas, de cette vie qui bride les aspirations d'une femme parce qu'elle est une femme, le ciel pour conquête est également le récit d'un challenge !

Malheureuse dans sa vie de femme mariée, Amelia va tomber de Charybde en Scylla lorsque son époux va ramener d'un de ses voyages une concubine asiatique qu'il dit avoir achetée. Jalousie et mal être dans son corps vont naître chez Amelia, avant qu'elle ne découvre en cette femme, une compagne qui voit certes la vie différemment d'elle mais aspire également à la liberté. Avec elle et avec les autres femmes qui l'entourent, domestiques chez elle, une nouvelle quête va naître, celle de la conquête de sa liberté. Pour les unes ce sera en obéissant à leur maître, en se mariant ou en aidant leur maîtresse, pour les autres ce sera dans le défi, celui de conquérir le ciel. J'ai beaucoup aimé l'énergie, la fougue et l'inventivité qu'elles y mettent même si elles sont bien vite rattrapées par leur condition et leur époque, mais le lien est forgée en elles et c'est le principal.

Yudori ne propose pas ici une histoire facile. A chaque étape on croit voir son héroïne sur le point de se libérer du joug de son mari, capable de s'affirmer en tant qu'individu avant d'échouer, rattrapée par ce que peut ce dernier sur elle. C'est terrifiant, énervant et triste. Mais Amelia est un superbe portrait de femme, tout comme la jeune esclave asiatique qui va la rejoindre. Elles sont fortes. Elles savent lutter même quand c'est dur, accepter la retraite avant de repartir au combat. Elles sont intelligentes, pleines de foi, foi en dieu, foi en la vie, foi en la liberté, et c'est ainsi qu'elles nous touchent. Leurs comparses domestiques sont également de très beaux portraits de femmes courageuses qui font contre mauvaise fortune bon coeur et gagnent ce qu'elles peuvent dans les limites que la société leur impose. Hans, le mari d'Amelia, n'est pas un méchant homme dans le fond, il est juste pétri des idées de son époque et aussi mal dans sa peau et ce mariage qu'Amelia, se sentant inférieur à elle et pas aimé. C'est assez triste au final.

Les aspirations de chacun à une forme de liberté sont très bien décrites et mises en scène avec émotion, joie et tristesse parfois. J'ai aimé le choix de l'autrice de parler ainsi des premiers travaux hollandais visant à la conquête du ciel amenant vers ce qui deviendra la montgolfière et qui aura tant de succès un siècle plus tard. C'était puissant de voir ces êtres lutter contre le destin qui les rattachait au sol et tenter de conquérir un nouvel espace encore non revendiqué, lui. le mélange entre science et religion est très finement fait ici, tout comme le décryptage des relations entre des personnages qu'on met dans des situations complexes. Rien n'est simple dans cette vie mais tout est raconté pour nous prendre aux tripes et ça fonctionne !

Autrice inédite pour moi, Yudori a frappé un grand coup avec ce premier ouvrage à me parvenir. J'en ai aimé la finesse, tout comme la force, le message, tout comme la mise en scène. C'était passionnant et déchirant de suivre le destin de ces femmes qui tentent de contrecarrer les carcans de leur vie et qui forgent ainsi une belle sororité complexe mais bien réelle, le tout autour d'un projet montrant leur vive intelligence. Bravo, madame ! Je veux bien découvrir encore d'autres oeuvres féministes où il y a la même finesse et la même intelligence.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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