AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782881084447
128 pages
Editions de l'Aire (08/08/2002)
3.17/5   3 notes
Résumé :
Une petite Genevoise pour qui l'allemand est comme une seconde langue maternelle, une adolescente fascinée par les films de Leni Riefenstahl, une jeune fille qui se lie avec des étudiants allemands à la veille de la guerre... Puis dès 1950 et durant trois décennies, le rejet d'un pays qu'on a envie d'oublier, d'enfouir dans le passé avec les illusions perdues. Enfin, une redécouverte lente, progressive, un effort d'élucidation, de réconciliation.
C'est à Ber... >Voir plus
Que lire après Ciel d'AllemagneVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Nous sommes en février 1996. Yvette se rend à Berlin en vue de recueillir les témoignages d'intellectuels allemands sur les conséquences de la réunification (1990).

Pourtant, rapidement elle se rend compte que les tensions entre ceux qui ont toujours vécu à l'Ouest et les anciens sujets de la RDA (communistes) sont encore si fortes que son objectif premier s'apparente à une mission impossible : « Je comprends de mieux en mieux que l'Ouest a purement et simplement colonisé Berlin-Est, et sans doute la République démocratique allemande (RDA) tout entière – en faisant table rase de tout ce qui s'y était pensé, accompli, construit pendant cinquante ans. »

Les citoyens de l'Est, « Allemands de 2e zone aux yeux de leurs « frères » retrouvés, ils se sentent humiliés et incapables encore de s'adapter à l'esprit de compétition, de rendement, qui a succédé à l'idéal de fraternité et de solidarité en lequel ils avaient mis leur espoir, un idéal trahi » par leurs propres dirigeants communistes, mais remplacé maintenant par quoi ?

Alors, au fur et à mesure que les jours s'écoulent, l'écrivain genevoise s'aperçoit que c'est plutôt le passé de cette ville hors norme qui la touche. Son arrière-grand-père y était né, son grand-père était viennois et son père suisse alémanique. C'est donc un lien viscéral qui la relie au monde germanique : « J'ai l'impression de retrouver une patrie lointaine, perdue dans la brume des années. »

Dès la 17e page du récit, YZ revient sur son enfance dans la Suisse bourgeoise de l'entre-deux-guerres. Elle se souvient de son admiration pour les films de propagande de Leni Riefenstahl (1902-2003) qui montrent de sublimes garçons blonds et bronzés qui chantent des chansons guerrières et nationalistes… Par contre, elle a une aversion instinctive pour la voix agressive du Führer (Adolf Hitler) que son père écoute respectueusement à la radio en se disant qu'il dit beaucoup de choses justes... Oh, fétide air du temps !

Sur le conseil d'une amie berlinoise, elle se rend au Bendlerblock, un important lieu de mémoire. Il a notamment servi de cadre au complot ayant planifié l'attentat du 20 juillet 1944 contre Hitler. Il abrite dans son aile est le Musée de la Résistance allemande. Or, qui parmi les lecteurs francophones peut se targuer d'être au fait de l'étendue et la variété de celles et ceux qui ont risqué leur vie et celle de leurs proches pour lutter contre le rouleau compresseur nazi ? Bien peu à ma connaissance... et j'en fais partie !

On y découvre notamment le combat d'intellectuels, d'étudiants et de membres éminents de la noblesse prussienne qui ne pouvaient accepter ce qui arrivait à leur pays. Presque tous ont péri, souvent après de longs séjours dans les geôles berlinoises.

Mais, le plus émouvant de ce petit livre c'est à mon avis les extraits de sa correspondance avec Herbert, un universitaire allemand rencontré à Genève vers 1939. Durant une décennie et malgré la guerre qui fait rage en Europe, ils vont s'écrire régulièrement. Une occasion unique de découvrir de l'intérieur les cas de conscience d'un banal soldat de la Wehrmacht sain de corps et d'esprit...

Au moment de conclure, je ne peux que recommander la lecture de cet auteur clairement en avance sur son temps dont la prose concise et nerveuse au bon sens du terme est un régal en plus d'apporter une foule d'informations sur le camp des vaincus de cet ignoble épisode de l'Histoire.
Lien : https://fr.wikipedia.org/wik..
Commenter  J’apprécie          150

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Ce dont je suis sûre après tant d'années, et
que je voudrais crier avec tous les pacifistes de
la terre, c'est que la guerre est un infâme, un
monstrueux gâchis qui ouvre la voie à tout ce
que l'homme, sous son mince vernis de civili-
sation, recèle encore de primitif, de sauvage, de
cruel. De quelque manière qu'on s'efforce de la
justifier, l'atrocité est toujours son corollaire, le
meurtre collectif et organisé son but sinistre.
Toute tentative de «l'humaniser» est illusoire
puisqu'elle est la négation absolue de toute
notion d'humanité.
Commenter  J’apprécie          190
Un des premiers qui aient pensé à suppri-
mer Hitler, c'est un Suisse, le jeune Neuchâte-
lois Maurice Bavaud, dont Nicolas Meienberg
a raconté l'épopée*. Catholique fervent, ce
garçon de vingt-deux ans décida en 1938 de se
rendre en Allemagne, armé d'un pistolet, pour
tuer le dictateur qu'il essaya d'approcher à
Berlin, à Berchtesgaden, à Munich. Les cir-
constances l'empêchèrent de mettre son projet
à exécution. Dans un train où il voyageait sans
billet car il avait épuisé ses ressources finan-
cières, un contrôleur, l'interpella, le trouva
suspect et le remit à la Gestapo. Celle-ci, grâce
aux méthodes qu'on lui connaît, n'eut pas
beaucoup de peine à faire avouer à Maurice
Bavaud la raison de son séjour en Allemagne.
Emprisonné pendant de longs mois à Plötzen-
see, il fut exécuté à la hache le 14 mai 1941. U
semble que notre ambassadeur à Berlin, le
fameux Hans Fröhlicher, ne fit pas grand-
chose pour le sauver et que les Autorités
suisses, elles aussi, se montrèrent très «pru-
dentes».

*Maurice Bavaud a voulu tuer Hitler, Nicolas Meienberg, Editions Zoé, 1982.
Commenter  J’apprécie          30
«Quand les nazis ont arrêté les commu-
nistes, je me suis tu : je n'étais pas communiste.
Quand ils ont emprisonné les sociaux-démo-
crates, je me suis tu : je n'étais pas social-démo-
crate.
Quand ils ont arrêté les syndicalistes, je me
suis tu: je n'étais pas syndicaliste.
Quand ils ont arrêté les Juifs, je me suis tu :
je n'étais pas Juif.
Quand ils sont venus m'arrêter, il n'y avait
plus personne qui puisse protester.»

Paroles du pasteur Martin Niemöller reprises par Bertolt Brecht
Commenter  J’apprécie          20
Je comprends de mieux en mieux que
l'Ouest a purement et simplement «colonisé»
l'ancien Berlin-Est, et sans doute la République
démocratique tout entière - en faisant table rase
de tout ce qui s'y était pensé, accompli,
construit pendant cinquante ans. Balayés les
quelques acquis du communisme, comme les
loyers et les transports bon marché, les crèches
en nombre suffisant, les places de théâtre
accessibles à tous. Comme toujours, les plus
puissants, les plus riches, ont imposé leur
conception de la vie et de la société : pour les
citoyens de l'Est, cette liberté qu'ils ont tant
désirée, pour laquelle ils se sont mobilisés, se
paie au prix fort: l'abandon de leur identité.
Allemands de deuxième zone aux yeux de leurs
«frères» retrouvés, ils se sentent humiliés et
incapables encore de s'adapter à l'esprit de
compétition, de rendement, qui a succédé à l'idéal de fraternité et de solidarité en lequel ils
avaient mis leur espoir, un idéal trahi par leurs
dirigeants, mais remplacé maintenant par quoi?
Par le matérialisme de la société de consomma-
tion, par le «struggle for life», par le chacun pour soi, sous l'égide des dieux Dollar et Mark...

Commenter  J’apprécie          00
- Vous savez, dit-elle, quand il y avait chez
nous une organisation qui n'existait pas à Ber-
lin-Ouest on concluait très vite qu'elle n'avait
aucune raison d'être. Au contraire, quand une
organisation identique existait à l'Ouest, on
estimait que deux c'était trop et on fermait celle
de l'Est...
- Le contraire ne s'est jamais produit?
- Qu'on garde ce qui existait à l'Est et
qu'on supprime une institution à l'Ouest? Non,
pas à ma connaissance...
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : résistance allemandeVoir plus


Lecteurs (6) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3189 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}