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Karine Reignier (Traducteur)
EAN : 9782714445926
408 pages
Belfond (03/09/2009)
3.71/5   64 notes
Résumé :
Dans la lignée de Pasternak et de Soljenitsyne, une œuvre bouleversante qui convoque, parla grâce de l'écriture, les destinées d'une famille sur trois générations. Sélectionné pour le Guardian First Book Award, un témoignage aussi profond que déchirant, la chronique flamboyante du XXe siècle russe, à travers d'inoubliables histoires de survie et de rédemption.

Au cœur du Moscou post-communiste des années 1990, un jeune reporter retrouve la trace des ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
3,71

sur 64 notes
C'est un livre qui joue sur plusieurs registres: à la fois document historique, bien sûr mais également une histoire de famille, d'espionnage et surtout, d'amour.
Le narrateur enquête sur le passé de ses parents et grands-parents maternels et l'on va rencontrer des personnages à la volonté et la ténacité hors du commun dans l' URSS des purges, de la seconde guerre mondiale et de la guerre froide.
C'est également une quête sur sa propre identité. Lorsqu'il se rend en Russie en tant que reporter dans les années 90, le récit n'est plus linéaire et il mêle sa propre histoire avec celle de son père dans l'URSS des années 60. Ce procédé volontaire qui met en parallèle les histoires du père et du fils ne clarifie pas vraiment le récit mais j'étais tellement emportée que ça ne m'a pas gênée.
Dans ce témoignage émouvant c'est la Russie qui ressort comme personnage principal.
Alors qu'on fêtait les vingt ans de la chute du mur de Berlin en 2009 (année de parution de ce livre), il semble qu'une certaine nostalgie du communisme "du bon vieux temps de l'URSS "et de ses pays satellites soit parfois dans l'air du temps.
Le récit d'Owen Matthews, même s'il met en exergue les dérives actuelles d'un certain capitalisme débridé qui laisse de côté une bonne partie de la population, a le mérite de nous rappeler que ce pays a connu des années noires pour l'immense majorité de son population.
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Passionnante et magnifique évocation de l'URSS et de la Russie d'aujourd'hui à travers le destin tourmenté des parents de l'auteur. J'ai beaucoup aimé ce récit qui se lit comme un roman et ressuscite le destin brisé de ses ancêtres et celui de la Russie.
On y découvre son grand-père apparatchik soviétique victime des terribles purges staliniennes, sa mère élevée avec sa soeur dans les orphelinats du régime, la vie des russes sous Staline puis pendant la guerre froide, pour finir avec une description sans complaisance de la Russie postcommuniste des années 90, déboussolée par les tragédies qui l'ont transformée. On y découvre également la personnalité atypique de son père, anglais russophile et patriote qui refusa les avances du KGB, et l'histoire d'amour incroyable de ses parents à travers une correspondance passionnée.
Un récit qui nous offre une vision très complète de ce qu'a pu être le quotidien des Russes pendant cette période tragique de l'histoire, et une lecture incontournable pour tous ceux, nés après 1990, qui ne peuvent concevoir ce que furent la guerre froide et le rideau de fer.
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Avec « Les enfants de Staline », Owen MATTHEWS tente d'écrire à la fois l'histoire de sa famille russe et celle de la Russie de Staline avec sa collectivisation forcée, ses goulags et sa bureaucratie, et la Russie d'aujourd'hui avec sa capitale à la vie débridée.

Dès le prologue de ces presque 400 pages, l'auteur introduit son lecteur de plain-pied dans l'histoire sombre des années Staline avec la lecture du dossier d'accusation de son grand-père Boris Lvovitch Bibikov , fusillé par la police secrète de Staline en 1937.

Dans le grenier de ses parents Owen Matthews prend connaissance des centaines de lettres échangées entre son père, Mervyn Matthews, jeune professeur d'université et sa mère, Ludmilla Bibikova, jeune étudiante moscovite. Grâce à cet abondant courrier, l'auteur raconte avec une précision d'entomologiste la rencontre à Moscou entre son père anglais et sa mère russe et l'amour insensé qui en découle. Ils durent attendre six longues années avant d'être à nouveau réunis. Leur odyssée nous est contée comme un roman avec, en toile de fond, l'histoire terrible de la Russie au début du XXème siècle : les purges et les condamnations à mort, les projets de grandeur d'un dictateur et la famine de 1930, responsables de milliers de morts, les goulags. L'auteur fait ressurgir aussi la vie quotidienne des gens de sa famille, de leurs amis et de la vie simple dans les datchas durant l'été.

Owen Matthews, russophile, a parcouru en sens inverse le chemin suivi par ses parents et, avant eux, ses grands-parents. Il a retrouvé sa tante, ses cousines et leurs amis. Il a connu les folles nuits de Moscou et a même été approché par le KGB qui tentait de le recruter.
Le passé patiemment reconstitué se mêle tout naturellement à ses errances d'aujourd'hui en quête de son histoire.

Ce livre est à la fois une grande fresque historique, l'histoire de trois générations et le reportage enquête de terrain que nous livre O. Matthews. C'est écrit avec un véritable talent de romancier, un romancier qui sait nous émouvoir sans mièvrerie et nous surprendre sans cesse, un conteur qui sait faire ressurgir sans rancoeur ni regrets un passé troublé. Et c'est ce qui donne tant d'humaine épaisseur à ce document et le rend aussi passionnant.

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Journaliste, Owen Matthews correspondant du "Newsweek" à Moscou, brosse le portrait de ses parents (séparés par la guerre froide et qui vont garder intacte leur amour grâce à une correspondance de six années) et de ces grands parents (victimes des purges Staliniennes). Dans cette plongée dans l'URSS d'hier et la Russie d' aujourd'hui, Matthews signe une enquête passionnante, à la fois sur la quête de ces racines, sur ce peuple meurtrie et fataliste et sur l'espionnage l'une des marottes du pays. Si la Pérestroika a fait souffler le vent de l'espoir, c'est un peuple désabusé qui regarde une poignée d'hommes devenus milliardaires et une violence et une corruption qui sont devenues monnaie courante. Comment écrire pour échapper à l'oubli et redonner dignité et salut aux siens. Matthews réussit ce pari avec un immense talent; Eblouissant et passionnant.
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Quand j'ai emprunté ce livre à la bibliothèque,les gens n'arrivaient pas à croire que je le lise par plaisir.Pourtant,qu'est ce que c'était bon.Toute ces phrases qui sonnaient si justes que j'aurais aimé les avoir écrites moi-même.
Je ne suis pas russe,mais je suis slave.Lorsqu'il parlait de leur âme,de leur esprit,de leur forêt,j'avais envie de serrer le livre dans mes bras tellement les choses semblaient vraies,tellement nos analyses étaient proches.
J'étais un peu inquiète au début,que cela ne me plaise pas,l'auteur ne semblait pas très à l'aise dans la description de son ancêtre,hésitant entre excuse et mise en avant des horreurs.Par exemple,la photo qu'il a cité était vraiment trash.
A l'inverse,le mec a une finesse d'analyse que je n'avais jamais vu avant,et j'adore,j'adore,quand je lis un livre,m'arrêter sur une citation reflétant mes propres sentiments et mes propres impressions.Je ne connais pas la Russie,je n'y suis même jamais allée,mais tout correspondait à l'idée que je m'en faisais.
L'auteur a également un don certain pour la formulation:
-Si c'était un personnage de mon roman,moi aussi je l'aurais tuée.
Donc oui,monsieur j'ai lu ce livre par plaisir...
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Solikamsk était un monde à part, constitué d'êtres hagards, affolés ou déracinés par la guerre. La ville entière, qui semblait avoir été livrée aux orphelins sur décision d'un bureaucrate moscovite, était régie par ce que Ludmila appelait les « lois de la meute » : les enfants se battaient âprement entre eux pour survivre. Les plus âgés tentaient d'obliger les plus jeunes à cacher les petits morceaux de viande qui agrémentaient la soupe du déjeuner dans leurs caleçons longs, afin qu'ils puissent les leur donner en sortant du réfectoire. En cas de refus, les grands mettaient les petits « dans le noir » : ils leurs jetaient une couverture sur la tête et les rouaient de coups. Les cantiniers organisaient trois services à l'heure du déjeuner. Les plus jeunes enfants se restauraient toujours en premier sous la surveillance de quelques adultes exténués, contraints d'arpenter les allées pour s'assurer qu'ils ne cachaient pas leur viande. Constamment affamés, Ludmila et ses amis mangeaient de l'herbe mêlée à du sel : la mixture, qui soulageait leurs carences en vitamines, leur permit d'éviter le rachitisme. Mais ils tenaient à peine sur leurs jambes trop maigres, l'estomac distendu par la faim.
Un éclair de gentillesse venait parfois adoucir leur quotidien. À l'école, l'institutrice demandait aux enfants du village de ne pas manger les cinquante grammes de pain qui constituaient leur déjeuner afin de les distribuer aux orphelins qu'elle accueillait dans sa classe. Les jeunes villageois s'exécutaient, alors qu'ils étaient eux-mêmes au bord de la famine : ils se nourrissaient de radis noirs et amers, et minuscules pommes de terre, les seuls légumes que leurs parents parvenaient à cultiver à la belle saison, toujours trop courte dans cette partie de l'Oural.
Pendant l'été 1943, les enfants de Solikamsk furent chargés d'aller ramasser des baies pour les soldats blessés dans la taïga, la grande forêt entrecoupée de tourbières qui s'étendait à la périphérie de la ville. Ils partaient par centaines au petit matin, munis d'un seau chacun, avec mission de le rapporter à demi plein. La grande crainte de Mila était de chuter dans un des profonds trous d'eau marécageux, dissimulés sous le tapis de mousse qui recouvrait la taïga. Lors d'une de ces expéditions, les enfants durent parcourir vingt-cinq kilomètres dans la forêt avant de trouver des zones de cueillettes encore intactes : les villageois n'étaient pas venus aussi loin. Sur le chemin du retour, Mila, qui n'avait que neuf ans, prit la tête de l'immense file d'enfants en clopinant aussi vite que possible sur sa jambe trop courte. Elle leur fit chanter tout le répertoire des Jeunes Pionniers jusqu'à l'orphelinat. Lorsqu'ils arrivèrent, ses yeux étaient injectés de sang. L'effort physique l'avait épuisée, mais elle tendit fièrement son seau de baies aux responsables de la collecte. Les lois de la meute en vigueur à Solikamsk lui avaient appris que les plus faibles ne pouvaient survivre que s'ils parvenaient à prendre la tête du groupe par leur seule force de caractère.
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Au début de l'été 1944, tandis que les Soviétiques pénétraient en Pologne et que les Alliés débarquaient en Normandie, Iakov demanda à Lénina de lui rendre un service : un de ses collègues, général comme lui, avait appris que son fils, dont il était sans nouvelles depuis qu'il avait été évacué, avec des milliers d'autres enfants, de Leningrad assiégée, se trouvait dans un centre pour jeunes réfugiés situé au pied des monts Oural. Les deux hommes souhaitaient que Lénina se rende en avion jusqu'au camp avec les documents nécessaires et qu'elle ramène le petit garçon à Moscou.
Lénina partit une semaine plus tard sur un vol militaire à destination de Molotov, l'actuelle Perm. L'appareil, un Douglas américain destiné au transport de troupes et fourni au titre de prêt-bail, était piloté par un équipage russe. Ma tante portait son uniforme de l'armée de l'air ; sa pilotka, son « calot militaire », semblait malicieusement perchée sur sa tête. C'était la première fois qu'elle prenait l'avion.
À Perm, le directeur de l'usine aéronautique, qui connaissait bien Iakov, organisa son transfert à bord d'un vieux Polikarpov biplace. Elle s'installa derrière le pilote. Ils décollèrent aussitôt pour le camp d'enfants où l'attendait le fils du général. Le camp en question s'appelait Solikamsk, comme la ville où il se trouvait.
Le petit avion cabossé se posa tant bien que mal sur une piste d'atterrissage improvisée à la lisière de la ville. Lénina et le jeune pilote empruntèrent une succession de rues boueuses avant d'arriver à l'orphelinat principal, un beau bâtiment en briques rouges construit avant la Révolution. Plusieurs centaines d'enfants en haillons jouaient dans la cour, derrière le muret d'enceinte. Lénina venait de franchir les grilles et se dirigeait vers l'entrée de l'établissement quand une petite infirme s'arrêta et de mit à courir maladroitement vers elle.
« Tak tsé maya sistra Lina ! s'écria-t-elle en ukrainien. C'est ma sœur Lénina ! »
Ludmila était édentée, le ventre distendu par les privations. Bouleversée, Lénina tomba à genoux pour la prendre dans ses bras.
« Yisti khotché ! Yisti khotché ! » gémit ma future mère en sanglotant. J'ai faim ! »
Muette d'émotion, Lénina se mit à pleurer à son tour. Le pilote les observait avec stupeur, sans comprendre ce qui se passait. Incapable de les séparer, il les entraîna à l'intérieur, jusqu'au bureau de la directrice.
Celle-ci fondit en larmes en apprenant que Ludmila venait de retrouver sa sœur. Elle autorisa Lénina à emmener le petit garçon de quatre ans qu'elle était venue chercher, mais exigea l'aval des administrations compétentes pour lui confier Ludmila. Les deux sœurs connurent de longues heures d'angoisse avant d'être fixées sur leur sort – le temps que le pilote appelle son chef à Perm pour lui demander de contacter qui de droit à Moscou, afin que Lénina puisse repartir le jour même avec sa sœur vers la capitale. Quelqu'un parvint à joindre Iakov sur son lieu de travail, ce qui n'était pas une mince affaire dans la Russie en guerre. Il donna quelques coups de téléphone, et l'autorisation leur fut accordée. Lénina rentra à Perm avec les deux enfants. Coincés sur ses genoux à l'arrière du petit avion de chasse, ils vomirent pendant tout le trajet.
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La sentence a été exécutée dès le lendemain, soit le 14 octobre 1937. Le bourreau y a apposé un vague gribouillis. Les bureaucrates méticuleux qui se sont chargés de l’instruction ayant négligé d’indiquer l’endroit où Boris Bibikov fut enterré, ce tas de papier lui tient lieu de sépulture.
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Bien que peu connu,cet arrêté fit plus de victimes que la conférence de Wansee.
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Nous aimons croire que la raison gouverne nos pensées. En fait, nous pensons avec notre sang.
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Vidéo de Owen Matthews
Owen Matthews - Moscou babylone .Owen Matthews vous présente son ouvrage "Moscou babylone" aux Editions les Escales. Traduit de l'anglais par Karine Reignier-Guerre. http://www.mollat.com/livres/matthews-owen-moscou-babylone-9782365690560.html Notes de Musique : Russia's most beautiful tunes - 10 Vniz Po Volge
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