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3,82

sur 107 notes
Je découvre l'écriture d'Ali Zamir avec ce roman lu d'une traite. C'est un livre troublant à plus d'un titre : l'histoire originale, le titre surprenant et surtout la maîtrise de la langue française, l'abondance de mots rares qui confère au texte un côté précieux alors que l'action se passe dans un lieu miséreux. Oui, troublée je suis.
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Noir, prenant, magnétique, lire « Dérangé que je suis » est une rareté riche d'un certain privilège. L'écriture est telle que la sidération mêlée de fierté ouvrent la voie d'un verbe hors du commun. Surdoué, le style affectionne les mots rares et anciens, telles des fleurs poussant sur le goudron. « Après avoir réfléchi, Dérangé que je suis, j'avais résolu d'appeler par charité exactement ceux qui m'avaient ri au nez et traité de Bélître. » Cette fable caustique prend racine dans le port de Murtsamudu. Dérangé se dévoile, en plongée dans ce monde des dockers pauvres, affamés, donnant des noms d'athlètes à leurs chariots. « Docker inconnu avec un chariot bâtard ! Pas de nom, pas de reconnaissance, donc pas de légitimité. » Dérangé croise en pavlovien jour Pirate, Pistolet et Pitié les surnommés Pipipi, Pieds-Nickelés bêtes et méchants. « Les Pipipi n'avaient pas cessé de décharger sur moi des regards féroces remplis de venin. Ils cherchaient à m'intimider par toutes sortes de grimaces et d'attitudes maniérées… »Dérangé va chuter. Symbole de l'impossible, écho d'un néant, proie certaine des arcades sociétales, marginales et de sa naïveté mise à rude épreuve. Ali Zamir est un génie. Il colore cette fable d'un naturalisme enchanteur. D'une immersion dans les mots qui s'échappent d'un glas annonciateur de l'irrévocable. « Un destin de Coelacanthe » « Blessure profonde et abyssale, mon pauvre corps est mortifié par votre agitation capricieuse. »Le lecteur est sonné, dérangé devenu, les lumières s'éteignent. Retenir de ce grand livre, l'incontournable et le magnifié verbal. La parabole d'une survivance bafouée par l'ingénuité et la niaiserie. A lire dans un port et vous verrez comme tout change ! « Dérangé que je suis » de Ali Zamir Publié par les Editions le Tripode est en lice pour le Prix France Télévisions le Livre 2019 catégorie romans.
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Le style est un mélange harmonieux de vocabulaire étonnant, de formulations imagées, d'envolées lyriques. L'univers est à la fois dépaysant et terriblement humain et émouvant. Un mélange original, une patte remarquable.

Dérangé que je suis, c'est le nom du personnage principal et narrateur. Pauvre et simple d'esprit, on le raille quand on le croise avec son charriot et une de ses sept tenues marquées du jour de la semaine. Ce calendrier ambulant est docker sur le port de Mutsamudu. Avec trois de ses collègues, Pirate, Pistolet et Pitié surnommés les Pipipi, ils se battent à l'arrivée des navires pour gagner leur vie en chargeant dans leur charriot les colis débarqués sur le port.

Dérangé que je suis a l'innocence du simple d'esprit mais l'intelligence de l'humilité. Lorsqu'un couple avec un jeune enfant débarque d'un bateau en provenance de Madagascar, la femme repère cet homme particulier et insiste auprès de son mari pour qu'il prenne en charge le transport de leur affaires. le jeune docker doit pourtant s'associer aux Pipipi afin de venir à bout de cette charge dans les délais impartis.

Vexés de ne pas avoir été choisis, le trio propose à ce « tardigrade » de jouer l'argent gagné en une seule course de chariots. La belle bourgeoise remettra l'argent au vainqueur. Les Pipipi, dockers « plein de hâblerie » sont convaincus d'être les meilleurs.

» Un docker digne de ce nom est toujours prêt à suer sang et eau pour gagner sa vie et sauver son honneur. »

La belle dame, un peu délaissée par son mari, soutient celui dont elle aimerait bien profiter.

» J'admire ton corps. C'est un magnifique chariot, parfait pour me transporter dans un monde merveilleux. »

Dérangé est bien perturbé par les avances pressantes de la jeune mère, l'enjeu de la course et la méchanceté de son voisin casse-pieds qui l'accuse de tous les maux.

Dérangé que je suis est une belle personne, particulièrement attachante. Ali Zamir le met en situation avec un style qui reflète sa personnalité. le récit allie à la fois un fond dramatique et une apparence burlesque avec l'originalité d'un texte aux multiples effets.
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Beaucoup de mal à arriver à la fin. Pas du tout accroché à cette histoire compliquée.
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Une écriture épatante, qui sonne, harmonieuse et rythmée, parsemée de mots rares et désuets.
Très agréable à lire, on est vite embarqué dans les mésaventures de ce docker qui passe sa vie à tenter de la gagner et que tout le monde désigne comme le Dérangé.
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Une lecture originale, absolument inclassable. A mi-chemin entre la fable, le grotesque et le tragique, ce roman est une pépite dont le propos n'est pas si léger qu'il apparait.
Il faut quelques pages pour se faire à la langue qu'invente Ali Zamir, mais c'est un vrai plaisir de découvrir la richesse de son vocabulaire et l'inventivité de sa grammaire. Une vraie aventure de lecture !
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