José Luis Zarate imagine le voyage du Demeter avec comme cargaison de larges caisses fort ouvragées, en bois de très belle qualité, et transportant, selon le bordereau, de la "simple" terre. Des tziganes les ont amenées. Et cette seule cargaison du bateau intrigue et dérange. le lecteur aura reconnu le voyage de
Dracula vers l'Angleterre, enfermé dans son cercueil...
Autour de très faibles indications de
Bram Stoker, Zarate brode et développe les événements qui ont conduit à la disparition de l'équipage et au fait que le capitaine est attaché au gouvernail.
C'est fort bien vu. En ce qui me concerne, j'ai adoré chaque ligne. C'est une langue ouvragée, tressée, tissée avec soin. Zarate est un orfèvre. On le sent héritier de cette tradition de fantastique hispanisant. Il est Mexicain, mais
Borgès n'est pas loin.
Fidèle aux sous-entendus sexuels liés au mythe de
Dracula, Zarate nous sert un capitaine tiraillé entre sa fonction et son attirance pour les marins très musclés de son équipage. Il est rongé par la culpabilité liée à la mort d'un de ses jeunes amants. Zarate livre de longues réflexions sur le sel à lécher sur les peaux moites, sur le sperme dont se nourrissent les rats, sur l'envie et la folie. C'est bien vu. Une introduction à l'arrivée de
Dracula en Angleterre fort conforme à l'esprit de Stoker, mais où Zarate place beaucoup de modernité dans le propos et le style.