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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C’est de la Science-Fantasy : c’est même à la fois très Science Fiction et très Fantasy. Une fois qu’on a compris de quoi il retournait, c’est vraiment très plaisant que de glisser de la SF à la Fantasy et vice-versa, ainsi les Yakashas sont-ils de véritables démons où une forme de vie autochtone alien ?
Les deux lectures sont possibles d’ailleurs dans ce Planet Opera qui relit magistralement l’hindouisme et le bouddhisme, car la technologie peut-être indiscernable de la magie aux yeux des profanes, et l’illusion est bien maintenue dans une sacrée bonne partie du roman. D’ailleurs le personnage principal ne se prive parfois pas de brouiller les cartes.
Cela a été écrit en 1967, mais c’est plus moderne, et à la fois plus frais et plus profond que bien des trucs sortis ces dernières années.

C’est aussi fort agréable de découvrir derrière le masque des divinités hindoues des psioniques surpuissants se faisant passer pour des dieux mais qui étaient autrefois de simples humains partis à la conquête des étoiles (Nirriti le Noir, aumônier de l'Étoile de l'Inde, se retrouve à la tête d'une armée de zombis totalement soumis qui s'agenouillent à la moindre occasion pour l'accompagner dans la prière). Le pouvoir infini corrompt infiniment et ces faux dieux infiniment puissants et infiniment corrompus nous offrent aussi une plongée dans les profondeurs de nos egos respectifs, à l’image du Francis Sandow de "L’Île des Morts" et du "Sérum de la Déesse Bleue" du même auteur qui nous expliquait que pour obtenir des pouvoirs divins il faut se prendre pour un dieu.

Comme Dilvish, Corwin, Merlin, Kai Wren et même Snuff le chien, Mahasamatman, « Sam » pour ses amis, est un héros ambigu mais profondément humaniste, ici doté en plus d’une farouche volonté d’éradiquer un système injuste. Ce demi-dieu rebelle, ce Prométhée moderne va une nouvelle fois affronter ses pairs, pour aider l’humanité en menant cette fois-ci une révolution sociale inspirée du bouddhisme.
Et on retrouve donc avec plaisir un Dallas Fantasy avec ce panthéon hindou où chacun possède ses amitiés et ses inimitiés, ses amours et ses haines… d’où une longue lutte faite d’intrigues retorses, d'alliances contre-nature, de trahisons en veux en voilà et de batailles dantesque entre super-héros cosmiques à grands coup d’Attributs (ADM portatives) ! Bref l’épique côtoie l’éthique grâce au style original et quasi inimitable de Roger Zelazny.

Attention toutefois à la narration sophistiquée car il y a 3 trames temporelles bien distinctes dans le roman et l’auteur ne prévient pas quand il passe de l’une à l’autre : grosso modo : le monde d’avant, la 1ère rébellion de Sam, la 2e rébellion de Sam. On peut suivre la narration de l’auteur mais pour ceux que cela pourrait rebuter, on peut aussi suivre les chapitres dans l’ordre chronologique du récit : 2, 3, 4, 5, 6, 1, 7.
Le style ne fait pas trop dans la fioriture en dépit de nombreuses citations et références orientales. Et c’est tant mieux car sinon l’imagination débordante de l’auteur serait inabordable, lui qui déjà ne réussit pas toujours à extirper une vision bien claire de son imaginaire. Mine de rien les pages se tournent sans que l’on s’en rende compte tant on a envie de savoir comment Sam va s’en sortir…

Et encore une fois (ou plutôt déjà à l’époque !) un énorme subtext progressiste :
- hier comme aujourd’hui élite surpuissante mais enfermée dans ses tours d’ivoire dirige la destinée de peuples à la limite la misère
- en transférant leur psyché d’un corps artificiel à un autre, les colons acquiert l’immortalité et conservent indéfiniment leurs position dominante
(Dans notre monde réel, on parle désormais d’allongement de la vie à 150 ans, mais à un prix prohibitif qui le réserverait aux plus riches…)
Et dans le processus ils acquièrent des pouvoirs psioniques surpuissants en accord avec leur personnalité souvent narcissiques… (Sam l’Enchaîneur domine l’électromagnétisme, Kubera peut insuffler des émotions aux objets inanimés, Yama & Kali peuvent tuer d’un seul regard les pékins moyens)
- on accorde la grâce de la réincarnation à ses adorateurs les plus courtisans : quiconque n'a pas le bon karma, c.a.d. ne se conforme pas aveuglément et servilement au système, est réincarné en animal
Bref le conformisme le plus stupide et la courtisanerie la plus éhontée se marient bien pour faire office d’erzatz d’ascenseur social
- pour se préserver d’une éventuelle concurrence toute forme de technologie utile est condamnée sans une once de pitié y compris dans le domaine des WC…
- on maintient ainsi les peuples dans l’ignorance pour mieux préserver sa position, comme le font les dictateurs de tous les lieux et de toutes les époques (C’est d’ailleurs la principale thématique du final de l’adaptation animée de "Valérian & Laureline", véritable chaînon manquant entre "Doctor Who" et "Star Wars")
Bref pour qu’une vie meilleure s'installe chez les humains, il faut faire choir de son piédestal des élites qui verrouillent toujours le système dont elles profitent éhontément. Mais ce n’est vraiment pas une mince affaire !


En 1979 était prévue une adaptation cinématographique avec Jack Kirby « The King of Comics » ("Captain America", "X-Men", "Fantastic Four", "Hulk", "Thor", "Avengers", "X-Men"…) comme conseiller artistique. Comment cela aurait pu grave le faire !!!
Et pour être complet, sachez que ce film mort-né a été récupéré par la CIA comme couverture pour infiltrer l’Iran en plein révolution islamique pour trouver en marge du zozogate une solution à des expatriés américains en fâcheuse posture. D’ailleurs cette histoire est devenue le film "Argo".


En conclusion 4,5 étoiles arrondies à 5 étoiles, car on suit la quête d’un dieu progressiste qui se lance dans une théomachie à plusieurs temps pour rompre les chaînes d’une humanité asservie aux caprices d’une élite narcissique. Ce "Seigneur de Lumière" est vraiment brillant : arrivé au dénouement on ressent un terrible sentiment de manque. Pourquoi le roman ne fait pas 200 ou 300 pages de plus ? (mais j’ai lu que le prescripteur d'opinion nebalestuncon (sic) parlait d’expérimentation littéraire datée, d’emphase, d’ennui, de manque de fond, d’un écrivain surestimé… tous les goûts sont dans la nature mais mdr quand même).
On retrouve "Seigneur de Lumière" dans l’anthologie "Seigneurs de Lumière", une petite bible Zelazny à posséder absolument, merci bien Lunes d’Encre !
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« Une épopée intense et baroque récompensée par le prix Hugo en 1968. » (S. Barets)

Voici une histoire mémorable qui comme indiqué sur la 4ème de couverture mêle « fort habilement mythologie hindoue et science-fiction. »

Maintenant, pour prendre toute la mesure de cette aventure fabuleuse, il faut avoir lu tout le livre (et prendre un peu de recul). Je trouve cela vraiment dommage car il faut un certain temps pour comprendre de quoi il est question.

J'ai trouvé la narration un peu lourde ce qui fait que j'ai lu lentement. Pas pour savourer (comme c'est parfois le cas) mais parce que c'était une lecture un peu difficile.

Au-delà des mots, cela reste cependant une histoire d'une originalité étonnante et je remercie BazaR pour cette pioche estivale.




Challenge défis de l'imaginaire 2019
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Roger Zelazny mêle habilement l'anticipation et la mythologie indienne. Dans le futur, des colons ont quitté la Terre pour un nouveau monde où ils ont la possibilité, grâce à une technologie, de changer de corps tout en conservant le même esprit. Les premiers d'entre eux ont développé des aptitudes surhumaines et se sont faits passer, auprès de la population, pour des dieux ; d'ailleurs, ils ont emprunté à la mythologie hindouiste leurs noms divins. Cependant, l'un d'eux, Sam, tel un bouddha de S.F., veut mettre fin à cette domination.
Zelazny crée un roman d'un intérêt remarquable, s'appuyant sur une connaissance élevée des principes de la mythologie hindoue et du bouddhisme. Derrière les batailles et les dieux, des idéologies et une réflexion sur le pouvoir politique, voire théocratique. L'art de la narration n'est pas en reste : Seigneur de lumière est un roman riche et mouvementé, et finalement passionnant.
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