PIERRE. - À quoi tu joues, Nicolas ? Qu'est-ce que tu cherches?
(Un temps.) Moi, à ton âge, ma mère était malade, je ne voyais plus mon père, j'avais des problèmes d'argent, mais je me battais. Je me battais, et crois-moi, ce n'était pas drôle tous les jours. Qu'est-ce qui t'est arrivé, à toi ? Qu'est-ce qu'il y a eu de si dramatique dans ta vie pour que tu ne puisses pas aller en cours comme tout le monde ?
Réponds-moi ! (Un temps.) Réponds-moi, Nicolas !
NICOLAS. - Je voulais juste vous dire... Je suis vraiment désolé pour tout ce que je vous ai fait vivre ces derniers temps... Je sais que vous ne méritez pas ça... Et que ça n'a pas été drôle pour vous. je voudrais vous demander pardon. Et surtout je voulais vous dire que je vous aime.
NICOLAS. - À vivre. (Un temps court.) Je n'arrive pas à vivre. Et c'est de ta faute.
NICOLAS. - Je ne suis jamais sorti avec cette fille. (Un temps. Anne ne comprend plus.) C'est juste.... (Un temps court.) C'est juste que je ne suis pas fait comme les autres. (Anne l'interroge du regard. Que veut-il dire ?) Parfois, j'ai l'impression que je ne suis pas fait pour vivre. Je n'y arrive pas. Pourtant, j'essaie, tous les jours, de toutes mes forces, mais je n'y arrive pas. Je souffre en permanence. Et je suis fatigué. Je suis fatigué de souffrir.
ANNE. - Nicolas….
NICOLAS. - J'ai envie que ça s'arrête, maman.
NICOLAS. - Je n’y arrive pas.
PIERRE. - Je ne veux pas que tu te fasses du mal. Tu m'entends ?
NICOLAS. - Je ne me fais pas de mal.
PIERRE. - Tu as vu les marques que tu as ? Moi, j'appelle ça se faire du mal.
NICOLAS. - Au contraire.
PIERRE. - Quoi, « au contraire »?
NICOLAS. - Rien.
PIERRE. - Si, explique-moi. Explique-moi, Nicolas.
Nicolas cherche une explication.
NICOLAS. - Ça me soulage.
PIERRE. - Ça te soulage de quoi ? (Nicolas hausse les épaules.) Ça te soulage de quoi ?
NICOLAS. - Quand je suis angoissé, je... C'est une façon de canaliser l'angoisse...