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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Budapest, la perle du Danube : c'est là, au coeur de l'Europe, qu'Alice Zeniter a planté le décor de “Sombre dimanche”. L'intrigue couvre une bonne partie du siècle dernier jusqu'aux premières années de celui-ci.

La sanglante bataille de Budapest début 1945, l'entrée des chars soviétiques dans cette même ville en 1956 et la fin de la guerre froide en 1989 servent de supports historiques à cette saga familiale où chaque génération supporte tant bien que mal son lot de malheurs.

Depuis des lustres, les Mándy refusent de céder la maison de bois située sur le petit terrain triangulaire jouxtant la gare imposante de Nyugati.
En ce début des années 80, un grand-père acariâtre, son fils taciturne, sa bru pragmatique et les deux enfants du couple y résident.
Imre, le petit dernier de la famille, a une sensibilité à fleur de peau. Les réactions bizarres des adultes, leurs réponses à demi-mot, leurs non-dits le perturbent. Heureusement la gentillesse de sa grande soeur Ági et la complicité de son copain Zsolt sont rassurantes.

Avec grande habileté Alice Zeniter entrecroise les époques. Les impacts de la marche de l'Histoire sur le destin de cette famille populaire sont relatés par de nombreux flash-back. Plusieurs passages mettent en évidence le lourd tribut payé par le peuple hongrois aux totalitarismes, d'abord nazi puis soviétique.

Cette famille semble imperméable au bonheur. Imre, bientôt adulte, saura-t-il profiter du souffle de liberté qui soudain se répand sur la ville ? Sera-t-il épargné par la poisse qui depuis des décennies colle aux basques des siens ?

La jeune romancière française a choisi le format court, donnant par là même beaucoup de rythme à “Sombre dimanche”. Humour par-ci, poésie par-là, l'attention du lecteur jamais ne se relâche. On aimerait ralentir la lecture, en garder un peu pour plus tard que déjà la dernière page se referme sur un tempo des plus mélancolique.

Du haut de ses vingt-sept printemps Alice Zeniter fait preuve d'une étonnante maturité, mettant en exergue la fragilité de la vie à la merci de tant d'aléas, s'interrogeant sur la vacuité de l'existence et la difficulté extrême à quantifier le bonheur.
Sombre dimanche” a largement suffi au mien cette semaine !
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En quatre idées :
- la couverture de l'édition poche ne m'aurait pas attirée et le bandeau 'prix du livre Inter 2013' sur l'édition brochée encore moins
- l'histoire d'Imre est belle, triste et joliment racontée
- l'auteur est très jeune (vingt-sept ans à la parution de ce roman)
- elle a un talent incroyable

Hongrie, une petite maison sur un terrain triangulaire au bord d'une voie ferrée. Y vivent Imre, né en 1973, sa soeur Agnès qui a huit ans de plus, leurs parents, et le grand-père paternel.
Chaque année, le 2 mai, le pépé prend sa cuite à coup de Palinka, pour célébrer le triste anniversaire du décès de sa femme "morte en 1955, d'un excès de communisme" à l'en croire.
Le roman s'ouvre sur cette scène qui donne le ton général : la grisaille d'un pays de l'est dans les années 70, les séquelles de l'occupation russe, la pauvreté mais pas la misère, une famille soudée mais un peu bancale quand même, quelques fantômes et non-dits. Et puis les déchets dans ce jardin, jetés par les passagers des trains, comme toute la guigne accumulée par cette famille au fil des années...

En moins de trois cents pages, on traverse trois décennies en compagnie du doux Imre, de son enfance à sa vie de couple via ses tourments d'adolescent. Grâce à des souvenirs glanés ici et là, Imre apprend peu à peu les drames subis par ses proches pendant l'occupation allemande et lorsque le pays était sous l'emprise communiste.

L'auteur est très douée pour planter son décor en quelques mots (la maison, le jardin, les rails, la gare, la ville), et pour donner vie à ses personnages, sobrement et efficacement, et nous les faire aimer - même le pépé bougon.
Beaucoup d'intelligence dans le propos, de sensibilité mais aussi d'humour pour nous faire ressentir la blessure d'enfants privés prématurément d'une mère, la rancoeur d'un homme brisé par les événements d'un pays en guerre, ses désillusions à la chute du régime communiste. Belle évocation, également, du rapport à leur corps de femmes violées ou avortées : "Je ne veux pas que les hommes me touchent. Je ne veux pas qu'ils me pénètrent. Je veux une vie entière sans penser à ce qu'il y a à l'intérieur de moi. A ce que l'opération [avortement] a pu y faire. Peut-être que c'est complètement couturé. Ou un peu comme du bois. Je voudrais que ça le devienne entièrement. Me refermer comme une blessure, cicatriser." (p. 235)

Alice Zeniter a vécu quelques années en Hongrie où elle enseignait le français, et cette connaissance intime des lieux et de la culture se ressent, elle parle parfaitement de ce pays malmené par L Histoire, sans pathos ni grandiloquence.

Deux envies à l'issue de cette lecture : en savoir plus sur la Hongrie et lire d'autres ouvrages de cette auteur prometteuse - cette première approche est un coup de coeur. ♥
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Imre vit avec son grand-père, également prénommé Imre, son père Pál, sa mère Ildiko et sa soeur aînée, Ági ou Agnès, dans la petite maison de famille, accolée aux voies de chemin de fer, à l'arrière de la gare de Budapest. Chaque année, le 2 mai, le grand-père se saoule en chantant une chanson qui commence par "Sombre dimanche". Il a traversé la guerre de 39-45, dans une Hongrie alliée aux nazis puis envahie par la Russie, puis la rébellion de 1956, réprimée dans un bain de sang par les russes. Bientôt ils connaîtront 1989 et la fin du communisme.
Mais aux soubresauts de l'histoire viennent s'ajouter les secrets de la famille que finira par découvrir Imre, adolescent devenant un jeune adulte...

Prenez deux dictatures successives et une tentative de révolte échouant dans une féroce répression, ajoutez-y quelques secrets de famille bien gardés, passez le tout à la moulinette de la fin du communisme en 1989, vous obtenez une formidable machine à broyer des vies humaines. D'emblée, on sait que le sort de la famille Mándy ne sera pas ordinaire : qu'est-ce qui pousse le grand-père à se saouler tous les ans à la même date ? Pourquoi Pál n'est-il pas prénommé Imre, comme tous les premiers héritiers de la famille depuis des siècles ? Pourquoi est-il si apathique ? Pourquoi la famille tient-elle tant à sa maisonnette si inconfortablement nichée entre les voies de chemin de fer ? Autant de questions que le lecteur ne peut manquer de se poser et auxquelles l'auteure apportera progressivement des réponses dans la seconde partie du livre, entretenant intelligemment une forme de suspense.
Mais avant d'apporter ces réponses, Alice Zeniter nous aura fait partager la vie de la famille, dont les membres forment une sorte de cocon, qui finira par imploser, autour du fils. le roman démarre lentement. Je ne suis pas certain que la narration s'accélère réellement par la suite, mais les événements se précipitent, bousculant la vie familiale.
Un roman singulier, présentant une facette sombre de la Hongrie, un peu difficile à apprivoiser mais qui finit par se laisser lire avec aisance.
Lien : http://michelgiraud.fr/2021/..
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Imre, jeune garçon hongrois, ne connaît pas grand-chose de la grande Histoire. Il n'a que la petite histoire de sa famille pour essayer de décoder ce qui se passe autour de lui.
Famille pauvre et inculte, elle récolte les détritus jetés dans le minuscule jardin de la maison au bord des rails, par les passagers du train. C'est comme si cette petite famille récoltait les blessures engendrées par la grande Histoire.
le grand-père passe son temps à ratisser le jardin, comme s'il essayait de panser les blessures. La petite maison au bord des rails semble vouloir faire de la résistance. Mais elle s'enlise dans ses malheurs, elle s'en imprègne.
Ce sont les voyageurs immobiles de l'Histoire, ils sont fragilisés, ébréchés. le grand-père a trop de colère envers Staline, son fils Pal a trop de tristesse ; chacun vit avec sa douleur, sans la partager, sans l'expliquer.
Le petit Imre est l'héritier du fardeau de cette famille. Un passé lourd de secrets qu'il va trimballer à son tour. Parfois, il récolte des bribes de vérité pour reconstituer l'histoire de sa famille.
L'Histoire change, les frontières s'ouvrent. Mais cette soudaine liberté n'est pas facile à saisir. La tristesse a gagné trop de terrain, elle a grignoté le bonheur.

C'est un roman empreint de mélancolie. Une famille soumise aux violences de l'histoire, traverse la vie ployée sous le poids des secrets, en se débattant dans des histoires d'amitié, des histoires d'amour. Pourra-t-elle un jour se débarrasser de son passé qui lui colle aux basques ? Les rideaux de fer sont levés, mais cela suffira-t-il Imre pour plonger dans la vie immense qui s'offre à lui ?

Il faudrait pouvoir faire table rase du passé, vivre le bonheur aujourd'hui, ne pas être la victime de l'Histoire, ne pas laisser filer sa chance au bonheur.

«Tout ce que je vois, c'est que les années ont passé et que les années passées sont des années mortes.»
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C'est une maison au croisement des voies de chemin de fer, près de la gare Nyugati à Budapest
C'est une maison construite par l'arrière grand père sur laquelle notre nom de famille (Mandi) est gravé au fronton de la porte d'entrée.
C'est une maison dans laquelle le premier né de chaque génération se prénomme Imre, mais pas mon père.
C'est une maison dont les femmes ne prennent pas possession.
C'est une maison qui a vécu une page d'histoire hongroise mais qui paradoxalement ne nous a pas bouleversés...

Ce livre est magnifique par son écriture et par les émotions qu'il suscite : nostalgie, tristesse, frustration, mais sans pathos.
C'est aussi une histoire qui met en parallèle un bouleversement historique pour la Hongrie et un immobilisme pour les générations Mandi. Et c'est peut-être le grand-père qui résume le mieux la situation :
«Je croyais quand j'étais plus jeune qu'en vieillissant on arrivait à la sagesse mais c'est des conneries. On n'arrive à rien qu'à vieillir.»

C'est un livre touchant, avec des personnages attachants plus ou moins murés dans leurs non-dits, sauf le grand-père beuglant parfois des vérités. Mais c'est surtout une belle auteure à découvrir.
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Dans la série : les livres que j'ai commencés une fois, abandonnés, puis lus avec plaisir au deuxième essai, voici Sombre dimanche ! Une chanson hongroise particulièrement triste, chantée chaque année par le patriarche de la famille Mandy, est suivie, chaque année aussi, d'une cuite monumentale… Cette chanson commence ce roman, et lui donne son titre. Vues depuis la petite maison de bois posée au milieu d'un entrelacs de rails, près de la gare de Budapest, ces chroniques familiales, joliment tournées, s'étalent sur plusieurs décennies. Il faut s'attendre, du moins au début, à des chapitres un peu décousus, avant que la mise au point se fasse exclusivement sur Imre.
Imre est né à la fin des années 70 et c'est de son point de vue de frère, fils et petit-fils que la famille est auscultée, et en grandissant le garçonnet, devenu jeune homme, met bout à bout des bribes de ce qu'on veut bien lui expliquer de la vie. Et la Budapest des années 80, mais aussi des années 50, se dévoile aux yeux du lecteur, et le point de vue du petit garçon qui ne voyait pas plus loin que son jardin « ferroviaire », va s'élargir à l'Europe.
J'ai aimé la douce nostalgie qui court entre les pages, et les fréquents retours sur les épisodes de la légende familiale incompréhensibles pour Imre, qui trouvent petit à petit leur explication. Puis les événements de 1989 surviennent, en même temps que l'entrée brutale d'Imre dans l'âge adulte, à cause d'un drame familial.
Un brin de fantaisie, des personnages authentiques, la grande histoire qui traverse la saga familiale, ces ingrédients font de ce roman une lecture tendre et attachante.
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La famille Mandy vit dans une petite maison perdue au milieu des rails. Pal et Ildiko se sont rencontrés à la gare de Nyugati où ils travaillent. Tandis que le petit Imre rêve de conquérir la Californie, la belle Agnès, sa soeur, cache un secret dans sa chambre d'étudiante et le grand-père fête le 2 mai par une beuverie au cours de laquelle il entonne « sombre dimanche », une chanson triste.
La famille pourra-t-elle échapper à la malédiction de cette gare menaçante? Nous livrera-t-elle ses secrets?
Ce récit est composé d'allers-retours entre passé et présent. L'histoire des Mandy se révèle par petites touches au travers d'aventures à la fois tragiques et burlesques.
Alice Zeniter a donné à ses personnages une épaisseur et une réalité qui font qu'on s'attache à eux et qu'on espère qu'ils échapperont enfin aux malheurs qui semblent s'acharner sur leur famille. Les aspects abominables sont tempérés par une touche d'humour noir et, bien que le contexte politique de Budapest ne me passionne pas, j'ai adoré ce roman, un de mes coups de coeur que je recommande chaudement.
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Les Mandy vivent depuis des générations dans une maison des faubourgs de Budapest. A l'origine l'arrière-arrière-grand-père d'Imre l'avait construite sur un vaste terrain. Aujourd'hui, plus de potager. La maison est cernée par les rails qui mènent à la gare Nyugati toute proche. du terrain il ne reste plus qu'un petit jardin en forme de triangle servant de piste d'atterrissage aux détritus jetés du train par les voyageurs. C'est dans cette petite maison de bois que vivent trois générations de Mandy. Trois générations qui ont vécu les bouleversements qui ont touché la Hongrie au cours de ce XXème siècle.


Imre, le narrateur nous raconte son histoire et celle de sa famille qui suit l'Histoire de son pays. le grand-père est impotent, il traîne sa jambe derrière lui, a connu la guerre, tous les ans il fête l'anniversaire de la mort de sa femme en se saoulant à la palinka, le tord-boyaux local. Il a une haine farouche des russes et de tous ceux qui veulent asservir son pays. Pal le fils, contrairement aux aînés de la dynastie, ne portent pas le prénom d'Imre, c'est un personnage qui enfant, a été couvé par sa mère, il est peu loquace, il semble attendre que les choses se passent. Sa femme Ildiko est plus vivante, elle est souriante, attend patiemment des signes d'amour de son mari, mais elle se considère heureuse de ne pas être battue. Agnès, la soeur d'Imre, étudiante brillante finira par quitter le cocon familial mais pour combien de temps? Imre, notre narrateur est un enfant craintif, solitaire, il passe son temps dans le jardin à guetter les trains. Il devient ami avec un garçon un peu plus âgé, Zsolt, une amitié un peu déséquilibré du fait du sentiment d'infériorité qu'Imre éprouve par rapport à son camarade.


L'histoire des personnages suit celle du pays. En 1989 la chute du mur de Berlin et l'écroulement de l'empire soviétique font souffler un vent nouveau sur la Hongrie, des entreprises occidentales s'implantent, le pays s'ouvre au tourisme. Imre et son ami rêvent d'Amérique, de s'enfuir, de s'évader de ce monde qui leur semble trop petit. Imre tombe amoureux d'une jeune allemande de l'ouest, il entrevoit la possibilité de fuir son quotidien avec elle, mais la belle ne jure que par la "vrai vie", celle que l'on vit dans les anciens pays de l'empire soviétique.


Dans ce superbe roman, les personnages sont enfermés, emprisonnés. D'abord par l'histoire : dans ces pays de l'ancien empire soviétique les déplacements à l'étranger était réservés à l'intelligentsia. Ils sont murés aussi dans leurs racines dans leur histoire familiale, toute tentative de départ semble vouée à l'échec, la seule fuite possible dans cette famille paraît être la fuite ultime, celle que l 'on fait à l'horizontale, les pieds devant. Un roman dans lequel l'horizon est plombé, où l'espace est réduit. Cette atmosphère d'enfermement est symbolisée par cette maison encerclée par les rails. Des rails synonymes de voyages mais qui semblent retrancher la famille Mandy du reste de la population, la couper du monde. Un roman marqué par la plume poétique de l'auteur, une poésie sombre avec quelques touches d'humour par-ci, par-là, bouffées d'oxygène qui viennent sauver le lecteur de l'étouffement. Ce roman est une très belle découverte. Une histoire passionnante que je j'ai lue pratiquement d'une traite. Je suivrai désormais son auteur de près.

" Ildiko ne savait pas ce que le grand-père avait pu voir. La Seconde guerre mondiale avait été un chaos total durant lequel le pays avait servi de parc à thèmes aux Hongrois, aux Allemands et aux Russes. Chacun avait eu son temps de barbarie et chacun en avait usé. Il y avait eu beaucoup trop à voir selon l'impression d'Ildiko. Elle étai née à la fin du conflit, tout comme Pal, et elle avait compris très tôt que ne pas avoir vécu la guerre constituait une frontière inamovible entre sa génération et celle de ses parents, et celle du grand-père. Ils n'habiteraient jamais le même monde, ils n'auraient jamais les mêmes yeux. Alors pourquoi poser des questions? Qui voulait partir à la recherche de vérités que seule la palinka rendait supportable?"



"- Tu comprends expliquait-elle à Imre lorsqu'ils étaient tous les deux allongés côte à côte, en Allemagne j'avais toujours peur que ma vie reste petite. Toute petite. Il y a des vies minuscules, on ne se rend pas compte. Ce n'est pas une question de temps, on pourrait vivre quatre-vings ans, ça ne changerait rien. Il y a des vies qui sont immenses, qui ont embrassé toutes les dimensions du monde. Et il y a des vies sèches, linéaires, comme des pailles à cocktail mâchonnées encore et encore. J'avais tellement peur de ça. Tu n'as pas peur de ça?"

Lien : http://leslecturesduhibou.bl..
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Un livre remarquable à tous points de vue. Une maîtrise parfaite du style permet à la jeune Alice Zeniter (26 ans, troisième roman) de narrer la vie de la Hongire à travers le siècle écoulé, la vie d'une maison toute simple au bord des rails, la vie de quatre générations de Hongrois qui affrontent en même temps leurs malheurs et les malheurs de leur pays. On comprend avec ce texte le poids de la nostalgie magyar, la tristesse d ece pays qui fut grand, et qui n'est aujourd'hui qu'un champs de marécages sans mer ni montagne. Alice Zeniter, ayant vécu trois ans à Pest sait tout cela, et elle sait le restituer. Des rêves d'un jeune homme aux bons côtés des acquis de la Révolution de 56, des terreurs staliniennes à l'évocation du nazisme, on croirait lire un manuel d'histoire écrit par une hongroise; Avec finesse, et sans tomber dans le piège de l'évocation uniquement chronologique, Alice Zeniter a réusi avec 'Sombre Dimanche'' l'une des meilleures évocations des pays de l'autre côté du Rideau de Fer. Chapeau, jeune fille!
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Au centre de ce roman il y a une petite maison de bois construite par Imre Mandy, au début du siècle dernier, dans les faubourgs encore champêtres de Budapest. En devenant la demeure familiale de cinq générations successives qui vont s'y côtoyer tant bien que mal, elle va prendre peu à peu la teinture de son époque, subir l'urbanisation croissante d'une banlieue bruyante qui jouxte une gare, et surtout les soubresauts d'évènements violents procédant de l'histoire collective de la Mitteleuropa.
Cinq générations d'hommes et de femmes, si on inclut celle de la jeune Greta née 1997, vont en effet vivre dans ce lieu empreint de tristesse une histoire difficile, à la nostalgie tenace, au milieu des vicissitudes de la "Grande Histoire" du 20ème siècle, en Hongrie, mais aussi dans l'Europe coupée en deux pendant de longues années, et dont la séparation avait nourri de part et d'autres bien des fantasmes.
C'est tout le talent d'Alice Zeniter d'avoir su avec brio, sans lourdeur ni pathos, entrecroiser "grande" et "petite" histoires, et rendre ce roman très intéressant en emboîtant judicieusement les pièces disparates d'un puzzle familial compliqué, fait de silences et de non-dits.
La lecture de ce livre, cadencée au rythme de chapitres courts, est aisée. L'écriture, à la fois concise et poétique, enveloppe le réalisme de l'intrigue d'une infinie mélancolie.
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