Au Bonheur des Dames - La Joie de vivre

Un roman que j'ai lu trop jeune pour bien le comprendre mais qui m'est revenu en tête à multiples reprises et qui a mûri dans mon esprit avec le temps.
C'est un Paris qui se transforme, une société qui évolue et qui est magnifiquement décrite par ce monstre de la littérature française.

À Paris, le patron de l'un des premiers grands magasins, dévoré par la cupidité et qui cherche sans relâche à tuer le petit commerce, voit sa vie basculer à cause de son amour pour une nouvelle employée, une jeune provinciale, pauvre et sans attraits manifestes, dont le coeur pur résiste à ses propositions vénales, alors qu'elle l'aime en retour et sans qu'il le sache. Un beau sujet, social et sentimental, doublé d'une critique sévère d'un consumérisme naissant. Avec une morale: dans un monde impitoyable dominé par les hommes et leurs appétits égoïstes, c'est des femmes qu'il faut attendre plus de justice.

Au Bonheur des Dames raconte une histoire simple et cousue de fil blanc. Les situations, amenées rapidement, et leur évolution brusque, sans surprise, semblent avant tout servir le propos et les démonstrations d'un Zola impatient, pressé de faire la preuve: elles ne vivent pas assez par elles-mêmes. Il y a quelque chose d'un peu facile et artificiel dans ce texte alors avant tout au service de ses thèses. D'autre part, des personnages on a comme le goût sans en avoir l'âme, ils évoquent un peu trop des mannequins exposés en vitrine pour faire avantageusement l'article.

Cette lecture m'a donné le sentiment que Zola a pris ses lecteurs pour des gens un peu lent d'esprit et à qui il faut faire un très "long" dessin schématique… Et puis, combien de descriptions à la poésie tape à l'oeil, commune, scolaire: "Le soleil couchant jaunissait le faîte des maisons blanches, le ciel bleu de cette belle journée pâlissait, rafraîchi d'un grand souffle pur, tandis que dans le crépuscule qui noyait déjà la chaussée, etc."! On frôle souvent le feuilleton (un genre qui, par ailleurs, se respecte, mais il faut choisir).

Un classique, mais pas un grand texte. Compte tenu des modestes moyens que Zola s'est donnés, je dirais que son idée aurait sans doute fait une bien meilleure nouvelle.

Au bonheur des dames est le premier livre que je lis (en fait je l'ai écouté et j'en suis bien heureuse!) de Émile Zola. A part J'accuse étudié à l'école qui n'est pas un roman, je ne connais rien de cet auteur. Quelle ne fut pas ma surprise d'apprendre que ses ouvrages sont la plupart des tomes des Rougon Macquart. En fait à l'école j'ai beaucoup mangé du Molière (argh), du Racine (reargh) et du Maupassant. Mais heureusement, on dirait qu'il ne faut pas les connaître dans l'ordre pour la comprehension.

Donc le personnage principal de cette oeuvre est Au bonheur des dames, un grand magasin parisien qui fait de l'ombre à ses concurrents petits commerçants (tiens ça me rappelle quelque chose...) des rues alentours. Justement une des boutiques qui se meurt est tenu par l'oncle de Denise qui ramène par le train ses deux jeunes frères, tous les trois orphelins et sans le sous venus de Valognes.
Denise recherche du travail et est attirée comme une mouche par toutes ces soieries étalées Au bonheur des dames. le concept marche donc, même les plus pauvres ouvrent grands leurs yeux d'envie en passant à côté. Car le Bonheur des dames est un lieu pensé pour les femmes et notamment pour alléger leur porte monnaie au grand désarroi de leur mari.

Il y a moules descriptions des différents rayonnages, produits vendus, système de vente sans qu'il ne s'y passe grand chose. Perso c'est pas mon dada, mais je vois l'intérêt historique de la chose. Ensuite, il y a une histoire et des thèmes abordés : bien sur différentes romances, mais aussi les conditions de travail des employés, les prémices du socialisme, la haute bourgeoisie, les relations entre femmes, etc.

Encore une fois, je pourrais dire je connais cette oeuvre (et non je ne l'ai pas lu, souvenez vous bien, je l'ai écouté, je ne peux même pas avoir cette prétention la!).
Je pense que j'aurais vraiment peiné à le lire, et aurais encore moins aimé car ça n'aurait pas été une partie de plaisir pour moi.
Dans quelques temps, j'envisagerais d'écouter Germinal et Nana, peut être l'Assomoor et je pense que mon exploration zolienne s'arrêtera là.