Suite de Pot-Bouille, Au Bonheur des dames possède, à mon sens, les trois caractéristiques d'un
Zola.
Le
Zola chirurgical de précision dans ses descriptions du grand magasin. Rien n'échappe à l'écrit, des caractéristiques architecturales du lieu en passant par chaque rayon et chaque mètre de tissu, décortiqués par les détails et les couleurs de manufacture qui les composent. de même, les achats de ces dames déambulant dans le Bonheur sont d'une longueur que la litanie des détails rendent interminables pour le lecteur. Quand je lis ce
Zola, j'ai envie d'abandonner ma lecture.
Il y a le
Zola classique que l'on retrouve dans les traits de caractères de ses personnages. Nous retrouvons le méchant, qui n'attend qu'une chose faire tomber le ou la gentille, l'envieux souvent parce qu'il est d'une bêtise naturelle, l'avare, le bourru avec un coeur d'or, la malade de désespoir, l'amoureux non réciproque, la mort. Sans surprise alors ? Non, car il y a Denise, l'héroïne venue de sa province, dotée d'une naïveté et d'une bonté qui, assurément, pourraient la perdre dans cette nasse de requins parisiens. Denise qui se consacre à ses deux jeunes frères apparaît, finalement, comme la Vierge Marie au milieu de ce Gomorrhe du capitalisme. Rencontrer ce personnage mystique et religieux m'a étonné de la part de
Zola.
Enfin, il y a le
Zola intéressant, celui qui prend un thème pour nous amener à réfléchir. Au Bonheur des dames est un sujet toujours d'actualité : la grande distribution et les méthodes pour pousser à la consommation. On y lit sa capacité à asphyxier les petits commerces pour accaparer la clientèle que nous sommes par des tentations à consommer au-delà de notre besoin. Grands magasins et centres commerciaux qui, en périphérie des agglomérations, ont ôté la vie des centres villes. Mais l'accélération des achats sur Internet et le développement des sites de reventes des produits d'occasion, faisant du vendeur un acheteur, sonnera probablement le glas de ces grands magasins, hors hypermarchés, à moins que le click and collect prennent le dessus. le Bonheur des dames est la représentation de l'évolution du commerce, commencée au XIXème siècle et qui se poursuit avec l'arrivée d'Internet. En cela, le livre vaut le détour.
Pour conclure, je profite de ce billet pour remercier tous mes professeurs de français qui m'ont fait découvrir les Classiques en me transmettant des listes de livres conseillés. Au Bonheur des dames est le dernier de ces listes que je me suis efforcé de suivre. Merci à eux pour cette enrichissante expérience.