AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,15

sur 7485 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
La lecture de ce onzième volume, malgré l'immense talent de Zola, fut pour moi décevante, voire laborieuse... L'intrigue et les personnages quelque peu insipides en comparaison des chefs-d'oeuvre précédents.

Nous assistons à l'émergence du monstre de l'appétit mercantile insatiable qui accouchera de la grande distribution au milieu du XXème siècle. Dans cette boutique cathédrale, royaume de l'illusion et de la grande consommation, les clientes sont enchantées d'être dupées tant que leurs frénésies d'emplettes sont flattées.

Peut-être n'ai-je guère apprécié de retrouver sur 500 pages les turpitudes d'un immonde que je supporte déjà trop au quotidien : celui où d'un simple clique "ajouter au panier" on se goinfre d'un supplément d'âme ; celui, télévisuel, où l'on chérit ses chaînes, contestant en être prisonnier puisqu'elles se prétendent "satellites" ; celui où l'on attend les soldes pour s'acheter une transcendance, une ristourne d'être sur le paraître, une carte qui se veut "visa" vers le vide...



Commenter  J’apprécie          309
Dans Au Bonheur des DamesZola interprète à sa manière une vieille histoire - contée plus d'une fois en littérature. Cette histoire, c'est celle de Denise, une jeune femme de 20ans qui quitte sa Normandie natale après le décès de son père avec ses deux frères pour tenter sa chance à la capitale. Mais finalement, cet aspect du roman (et l'histoire d'amour qui se développe dans les 100 dernières pages) est secondaire.
En même temps que le lecteur, Denise découvre le monde impitoyable qui est en train de naître sous ses yeux : le Paris des grands magasins et de la concurrence acharnée qu'elle livre aux petits commerces qui meurent tous un par un à cause des nouvelles techniques commerciales dont ils usent pour attirer les clientes.

Une fois de plus j'ai apprécié l'écriture d'Emile Zola, sa plume permet en effet une lecture fluide même pendant les longues pages descriptives, et c'est agréable (certains auteurs plus contemporains devraient en prendre de la graine….). Et ce qui m'a le plus frappé c'est l'actualité de ce récit. Toutes les situations ainsi que les préoccupations des gérants du magasin (concurrence, rentabilité, productivité, fidélisation du client et du personnel…) auraient très bien pu servir pour décrire notre époque.
Il y a aussi les regards et les comportements humains que Zola décrypte à merveille. On se prend vite de sympathie pour cette pauvre jeune fille fraichement débarquée dont la seule préoccupation est le bien-être de ses frères et qui se fait malmenée à son entretien d'embauche par le personnel qui se moque de ses vêtements grossiers et trop larges, de ses cheveux mal coiffés. Puis au fil des pages on se fait témoin de son ascension professionnelle et on admire son intégrité (candide) et son refus d'être séduite par ce monde. Malgré tout ce que Mouret lui propose, Denise ne cède pas un seul instant à l'attrait du pouvoir ou à l'envie du "toujours plus".

Encore une fois, au-delà de cette histoire anecdotique qu'est celle de Denise, puis le petit manège de Mouret pour la séduire, Zola dénonce de façon assez virulente la vanité des femmes, et en particulier celle des bourgeoises ruinées nostalgiques de leur prestige. le magasin devient donc le Temple de la Vanité et de la Tentation par excellence, et l'auteur décrit en détails toutes les étapes qui mènent à la mort des petites boutiques, ce qui permettra à la société moderne d'émerger.

Mais, ce qui m'a manqué pour être plus emballée c'est un peu plus de tension dramatique chez les personnages !

Commenter  J’apprécie          230
Colossal et d'une ambition documentaire difficilement égalable, le Bonheur des Dames d'Emile Zola rivalise de mégalomanie avec les appétits de pouvoir d'Octave Mouret. Si personne ne peut égaler ce dernier dans son projet d'édification d'un temple commercial, aucun écrivain de son temps ne devait égaler Emile Zola dans sa volonté de saisir les rêves et les aspirations du peuple parisien de la fin du 19e siècle.


Emile Zola soupçonna la défaite d'un Octave Mouret mais la transposa au domaine affectif, se plaisant à imaginer l'imperfection constante de l'être humain qui ne peut trouver le succès dans tous les domaines en même temps. Mais il ne semble pas que Zola ait pu douter un instant de la faillite à long terme d'une entreprise de l'envergure du Bonheur des Dames.


« Je veux, dans Au Bonheur des dames, faire le poème de l'activité moderne. Donc, changement complet de philosophie : plus de pessimisme d'abord, ne pas conclure à la bêtise et à la mélancolie de la vie, conclure au contraire à son continuel labeur, à la puissance et à la gaieté de son enfantement. En un mot, aller avec le siècle qui est un siècle d'actions et de conquête, d'efforts dans tous les sens. »


Emile Zola ne semble même pas devoir réfréner le pessimisme : il est absent et semblerait peut-être inopportun à la vue de celui qui, de son vivant, ne connut que le succès grandissant du Bon Marché tenu par Aristide Boucicaut. Tout doit peut-être mourir pour permettre au Bonheur des dames de s'exalter –l'amour, la tradition, la famille et la morale- mais le Bonheur ne s'en amenuise pas pour autant.


Poussé à son tour à la mégalomanie, Emile Zola transpose sur le plan littéraire l'exaltation des entreprises gigantesques et cannibales. du gros au grossier, il n'y a qu'un pas ; du magnifique au grotesque ; de l'éclat à la chute. le processus se réalise dans le Bonheur des dames d'Emile Zola. Aveuglé par les ambitions qu'il poursuit, l'écrivain ne remarque pas qu'à trop vouloir rassasier ses lecteurs, il prend le risque de les écoeurer.
Commenter  J’apprécie          220
Au bonheur des dames : le titre peut aujourd'hui faire sourire, tant celui-ci est révélateur d'une condescendance certaine. Bien qu'une nécessaire indulgence soit indispensable, les très nombreux commentaires laissés ici à la postérité par Émile Zola auront de quoi choquer les plus engagé(e)s dans les luttes contre les discriminations.

Si toutes les femmes ne sont pas simplement des victimes faciles à sacrifier, ou de simples pièces rapportées, les figures féminines du roman ne tiennent pas les meilleurs rôles : hautaines, briseuses de coeur, moeurs légères, légèreté d'âme et terriblement dépensières… cela fait rêver. Seule Denise tire son épingle du jeu, encore que le caractère du protagoniste soit d'une désespérante platitude. Tout cela est bien peu réaliste, même avec plusieurs siècles d'écart…

Le scénario de ce onzième tome de la saga des Rougon-Macquart est également assez décevant. L'histoire demeure d'une linéarité déconcertante. L'auteur nous emmène, au terme de plusieurs heures de lecture, d'un point à A à un point B alors que ce chemin était pour le moins prévisible. le dénouement est franchement risible et renforce une nouvelle fois une certaine vision dévalorisante de la femme.

Ce constat est délicat à faire pour un grand classique de la littérature qui se révèle assez ambivalent. Oui, car tout n'est pas tout noir pour autant. La critique faite contre les deux formes de commerce est plutôt cinglante. D'un côté nous avons des commerçants incapables de s'adapter à la nouvelle concurrence sans que l'on puisse compatir à leur destin (tous ne sont pas des modèles de vertu, hormis Bourras peut-être). de l'autre côté, le monstre d'Octave Mouret (déjà croisé avec Pot-Bouille) qui dévore tout sur son passage.

Zola s'érige ici en un visionnaire. le lecteur contemporain ne se sentira pas en décalage et retrouvera un débat qui le concerne, même si ces deux formes de commerces ont évolué et si d'autres ont fait leur apparition. le constat est tel qu'il ne vous laissera pas indifférent dès que vous mettrez les pieds dans un commerce généraliste.

Voici un pavé qui va demander un investissement certain, beaucoup d'indulgence mais qui se révèle malgré tout instructif. A lire donc !
Commenter  J’apprécie          207
Au Bonheur des dames :onzième tome de la série consacré aux Rougon-Macquart .
Les principaux protagonistes sont :Octave Mouret , directeur du grand magasin
" Au bonheur des dames " - Denise Baudu : son employée modèle -Baudu :
propriétaire du magasin " Au Vieil Elbeuf " Ce dernier magasin a périclité . de quoi
s 'agit-il dans ce roman ?
Fin du XIX eme Siècle , les grands magasins parisiens révolutionnent le commerce ,
Denise Baudu , venue de sa province , en découvre l ' univers turbulent .Vendeuse .elle monte en grade sous les ordres , d 'un de ces directeurs , Octave Mouret .est
un grand séducteur mais cynique . Relation singulière , puisque la jeune femme
convertira finalement , ce dernier aux valeurs de l ' amour ...Happy end pour un
roman naturaliste qui expose les rouages de la modernité commerciale , la
fascination qu ' elle exerce sur les femmes , er son emprise sur la ville .
Commenter  J’apprécie          202
La jeune Denise arrive de Vallognes à Paris avec ses frères Jean et Pépé. Agée d'à peine 20 ans, elle doit subvenir aux besoins de sa famille suite au décès de leur père. Mais leur oncle ne les attendait pas, et les affaires qui vont mal ne lui permettent pas de les accueillir tous chez lui. Alors la jeune fille va postuler au Bonheur des Dames, cette grande boutique qui fait de l'ombre à tous les petits commerçants...

Lire du Zola, c'est permettre à son cerveau de se reposer, d'apprécier la Littérature dans un écrin de belles lettres, de lire de la pure langue française, non altérée ou trafiquée par les néologismes et anglicismes tout-puissants et autres vils personnages qui mixent les langages. Zola, c'est beau, c'est pur.
Dans Au Bonheur des Dames, l'auteur nous narre cette fois, et ce d'une implacable contemporanéité qui fait froid dans le dos, la mort des petits commerces devant la naissance des géants boulimiques Grands Magasins. Nous apprenons tous les stratagèmes commerciaux encore utilisés aujourd'hui, découvrons l'inassouvissable appât du gain, toujours de coutume à notre époque, subissons de plein fouet l'impitoyable traitement réservé aux clientes considérées comme faibles et manipulables par le patron qualifiable de misogyne. Cet aspect est réellement saisissant, tant qu'au bout de plus d'un siècle presque rien n'a changé.
Et pourtant, je vais sans doute faire grincer quelques dents. Si les 150 premières pages filent aussi vite qu'on mange une tablette de chocolat sans s'apercevoir qu'on l'a finie, la suite devient lassante car répétitive, et surtout l'action est quasi-inexistante. Les histoires d'amour de Denise font sourire de dépit plus qu'autre chose. La fin en particulier (dans laquelle la malheureuse s'abandonne aux bras de l'homme auquel elle s'est refusée pendant 300 pages on ne sait vraiment pourquoi) est carrément décevante, transpire sans doute un peu le manque d'idées de l'auteur pour terminer cet ouvrage qui fait réfléchir au début mais ne mène pas vraiment quelque part en particulier. Les descriptions magistrales des rayons du magasin et de la cohue féminine qui ne sait se retenir face à l'acte d'achat sont captivantes au départ, ennuyeusement itératives sur la longueur. A force, on relit toujours la même chose, toujours ce même mouvement de foule qui a la fièvre. Nous sommes un banc de poissons qui nage toujours dans les mêmes eaux et dans le même sens, soit. Mais le répéter sur 400 pages, où est l'intérêt ?
Pour conclure, j'ai apprécié en partie cette lecture grâce au maître Zola qui maîtrise les mots et les délivre comme un médicament qui nous apaise et fait du bien. Mais la longueur de l'ouvrage, les trop nombreuses répétitions et l'inaction saupoudrée des prudes considérations du personnage principal m'empêchent d'annoncer que j'ai vraiment aimé...
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
Commenter  J’apprécie          192
C'est un tome à part que "Le bonheur des dames" dans la saga des Rougon-Macquart tout simplement car ici, le personnage principal est un grand magasin.
C'est lui que l'on suit au fil des pages, son extension jusqu'à devenir une énorme machine toute puissante et insensible qui avilie, aliène ou écrase ce qui se met en travers de son chemin. Mais jusqu'où ira t elle ?
Zola nous révèle par ce livre son coté visionnaire concernant les dérives du mercantilisme et donc du capitalisme.
Cependant, les longues pages de description n'ont pas su maintenir mon attention à un niveau correct et je le regrette car j'ai bien conscience de la qualité exceptionnelle de ce texte.
Commenter  J’apprécie          170
Un grand classique de Zola, que j'ai relu, ayant oublié les détails de l'histoire. Côté détails, d'ailleurs, on est servi ! Des envolées lyriques sur les étalages, les jupons, les clientes, les soieries, l'entassement de toutes ces choses et de toutes ces femmes jalonnent le roman. À travers, se tisse une histoire d'amour entre le directeur du magasin et une petite vendeuse provinciale : peu crédible, d'autant plus que Denise est vraiment sans défaut ! (pure, honnête, ayant le sens de la famille, courageuse... et j'en passe).
Finalement, le plus intéressant est de voir que l'histoire se répète et que les petits commerçants ont toujours le même ennemi : les grandes surfaces.
Commenter  J’apprécie          170
Suite de Pot-Bouille, Au Bonheur des dames possède, à mon sens, les trois caractéristiques d'un Zola.

Le Zola chirurgical de précision dans ses descriptions du grand magasin. Rien n'échappe à l'écrit, des caractéristiques architecturales du lieu en passant par chaque rayon et chaque mètre de tissu, décortiqués par les détails et les couleurs de manufacture qui les composent. de même, les achats de ces dames déambulant dans le Bonheur sont d'une longueur que la litanie des détails rendent interminables pour le lecteur. Quand je lis ce Zola, j'ai envie d'abandonner ma lecture.

Il y a le Zola classique que l'on retrouve dans les traits de caractères de ses personnages. Nous retrouvons le méchant, qui n'attend qu'une chose faire tomber le ou la gentille, l'envieux souvent parce qu'il est d'une bêtise naturelle, l'avare, le bourru avec un coeur d'or, la malade de désespoir, l'amoureux non réciproque, la mort. Sans surprise alors ? Non, car il y a Denise, l'héroïne venue de sa province, dotée d'une naïveté et d'une bonté qui, assurément, pourraient la perdre dans cette nasse de requins parisiens. Denise qui se consacre à ses deux jeunes frères apparaît, finalement, comme la Vierge Marie au milieu de ce Gomorrhe du capitalisme. Rencontrer ce personnage mystique et religieux m'a étonné de la part de Zola.

Enfin, il y a le Zola intéressant, celui qui prend un thème pour nous amener à réfléchir. Au Bonheur des dames est un sujet toujours d'actualité : la grande distribution et les méthodes pour pousser à la consommation. On y lit sa capacité à asphyxier les petits commerces pour accaparer la clientèle que nous sommes par des tentations à consommer au-delà de notre besoin. Grands magasins et centres commerciaux qui, en périphérie des agglomérations, ont ôté la vie des centres villes. Mais l'accélération des achats sur Internet et le développement des sites de reventes des produits d'occasion, faisant du vendeur un acheteur, sonnera probablement le glas de ces grands magasins, hors hypermarchés, à moins que le click and collect prennent le dessus. le Bonheur des dames est la représentation de l'évolution du commerce, commencée au XIXème siècle et qui se poursuit avec l'arrivée d'Internet. En cela, le livre vaut le détour.

Pour conclure, je profite de ce billet pour remercier tous mes professeurs de français qui m'ont fait découvrir les Classiques en me transmettant des listes de livres conseillés. Au Bonheur des dames est le dernier de ces listes que je me suis efforcé de suivre. Merci à eux pour cette enrichissante expérience.
Commenter  J’apprécie          140
Un classique de plus me direz-vous! Eh bien, j'ai découvert en lisant ce Zola, combien la lecture peut s'accorder avec le temps. Je vais essayer de m'expliquer, l'histoire débute simplement, un quartier, un petit commerce, une jeune provinciale qui cherche à travailler à Paris (en gros). L'essor du grand magasin qui tel un monstre vorace avale un à un le petit commerce de naguère. L'immobilisme environnant nous dépayse, puis on entre dans le ventre du monstre et tout s'accélère, la dure existence des employés, leurs jalousies et leurs mesquineries, les rythmes trépidants, l'assemblage de tous les rayons avec tous ces tissus oubliés qui s'amoncellent, ce patron jeune à qui tout semble sourire, succès dans les affaires, succès avec les femmes. Bref, on est étourdit par l'énergie qui en découle, le feu de la modernité coule en ce lieu. L'histoire en elle-même est relativement peu captivante, mais c'est l'écriture elle-même qui m'a conquise, car Zola, réussit par un tour de force à nous plonger dans la frénésie de ces femmes au bord de l'apoplexie devant les étalages remplis de tentations. Ce tableau grotesque d'une certaine société peut nous faire sourire, mais transposé à la notre, c'étaient des enfants de choeur!
Et si aujourd'hui les rythmes sont encore plus infernaux, que le temps glisse comme du sable entre nos doigts, lire du Zola, avec ses milliers de descriptions invraisemblables, nous fait ralentir peu à peu, et nous pouvons savourer toute la finesse de la langue française, et du temps à passer en lisant.
Commenter  J’apprécie          140




Lecteurs (26702) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages des Rougon Macquart

Dans l'assommoir, quelle est l'infirmité qui touche Gervaise dès la naissance

Elle est alcoolique
Elle boîte
Elle est myope
Elle est dépensière

7 questions
592 lecteurs ont répondu
Thème : Émile ZolaCréer un quiz sur ce livre

{* *}