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sur 4253 notes
Tout le monde sait qui est Vladimir Poutine, sauf si vous avez passé les 12 dernières années dans une grotte au fin fond de l'univers.

Mais qui est-il vraiment ? Quel est l'homme derrière le politicien ou quel est le politicien derrière l'homme et surtout, qui sont les hommes derrière lui ? Comment fonctionne le système ?

Non, je n'aime pas Poutine, non, je n'aime pas les dirigeants de la Russie, mais j'aime la Russie en littérature et je voulais en apprendre un peu plus sur l'ogre de là-bas, sur ce qu'il y avait derrière ses actions, ses horreurs, ses petits yeux vicieux.

Et surtout, qui était ce fameux mage du Kremlin, ce Vadim Baranov ?

D'accord, ceci n'est pas une biographie, ni un roman historique, mais une sorte de biographie romancée, autrement dit, certains faits sont véridiques, d'autres pas… le récit est inspiré de personnes existantes et de faits réels, pour le reste, à nous de séparer l'Histoire, la Vérité, de la fiction.

Tout d'abord, le personnage de Vadim Baranov est fictif, mais il partage de nombreux traits communs avec Vladislav Sourkov, éminence grise de Vladimir…

Tout d'abord, j'ai eu du mal à entrer dans les premières pages du roman, dans ce long récit sans dialogue, puisque le narrateur, qui rencontre Vadim Baranov, n'en placera pas une, laissant le mage du Kremlin lui raconter toute son histoire. À partir de ce moment-là, le récit devient plus intéressant.

Vadim Baranov va donc nous raconter sa jeunesse, sa vie dans les années 1990 en Russie, parlant aussi de son grand-père, un russe Blanc, puis nous parler de sa rencontre avec Poutine, toujours au FSB (ex-KGB), ainsi que son apport à l'ascension politique de celui que l'on surnomme le "Tsar" à partir de 1999 et de son expérience du pouvoir.

Entre nous, j'espérais en apprendre plus sur le dessous des cartes, sur l'envers du décor, malgré tout, avec le peu que j'ai lu, j'en ai déjà eu quelques frissons, et rien à voir avec le fait qu'il ne faisait pas chaud ! Maintenant, comme le récit est une biographie romancée, de la fiction historique, je ne sais si ce que j'ai appris est la réalité ou des théories. Vérités ou non ? L'histoire du chien de Poutine et de Merkel, sûr qu'elle est véridique, je viens de la voir en vidéo… Angela a peur des chiens.

Anybref, cette lecture a été intéressante, avec des frissons de peur devant certaines révélations.

Voilà un roman qui permet de mettre son nez dans les coulisses du pouvoir en Russie, d'apercevoir quelques rouages terriblement efficaces, de frissonner un bon coup, de confirmer que le tsar ne fait confiance à personne, hormis sa chienne et qu'il n'a pas vraiment d'amis, à ce stade du pouvoir.

Mon bémol sera pour le fait que j'aurais aimé en apprendre un peu plus, qu'il y ait un dialogue entre Vadim Baranov et l'homme qu'il invite afin de tout lui raconter, qu'on le mette face à ses contradictions, ses manquements et tout ce que cela a entrainé pour le peuple russe ainsi que ses proches voisins (guerre, terrorisme, massacres, instauration de la terreur…). Là, ça manquait un peu de réparties et ce choix narratif a rendu une partie du récit un peu boiteux.

Je ne sais pas encore tout, je ne saurai jamais tout, mais j'ai été foutre mon nez dans des choses qui ne sentaient pas bon et là, je vais m'enfuir à toute vitesse, parce qu'on ne sait jamais…

Le pouvoir absolu corrompt absolument, mais j'ai été contente d'en apprendre un peu plus sur la culture russe et les arcanes du pouvoir du tsar. Un livre que je me devais de lire parce que dedans, c'est Poutine qu'on égratigne.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Monologue fictionnel glaçant du mage du Kremlin qui murmurait à l'oreille de Poutine jusqu'il y a peu, ce roman se lit comme un véritable thriller tout en levant le voile sur les coulisses du pouvoir russe. le style est visuel, ciselé mais fluide, et donne naissance à des atmosphères variées et enveloppantes tout en permettant de mieux saisir la logique poutinienne, la mécanique à l'oeuvre conflit après conflit (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/10/16/le-mage-du-kremlin-giuliano-da-empoli/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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"Si excitante et indéchiffrable", "la plus triste et la plus belle des grandes capitales impériales", "nébuleuse aux mille couleurs".
Cette ville dont il est question, c'est Moscou.
J'y suis arrivé en juillet 2000 et je l'ai définitivement quittée en août 2006 après de nombreux séjours ; certains allant jusqu'à six mois, comme ce fut le cas en 2000 et 2001 où j'y ai vécu, au milieu des Moscovites, une partie de l'été et de l'automne, tout l'hiver ( il ne fit pas très froid, le thermomètre ne descendant jamais au-dessous de - 15° ) et le début du printemps.
J'y étais au moment de l'attentat du métro Pouchkine, au début du mois d'août ( j'y ai eu accès en me faisant passer pour un photographe de presse... c'était le grand "bardak" comme on dit là-bas..., résidus de fumée, le sol jonché de débris et en particulier de débris de verre, traces de sang, boutiques éventrées...). Lorsque je discutais en anglais avec des Moscovites, ceux qui acceptaient d'en parler désignaient d'un nom les responsables "... Tchétchènes", répétaient-ils.
Dans le métro, des militaires ( rares étaient ceux mesurant moins de 2 mètres ) montaient la garde et filtraient chaque wagon de chaque rame... c'était passablement impressionnant !
Quelques jours après il y eut le drame du Koursk... que j'ai vécu personnellement comme un évènement de défiance à l'égard de Poutine, qui n'était pas encore "le petit Tsar", mais plutôt un personnage pâlot, qui suscitait de la part des Russes, des haussements d'épaules incrédules, acceptant, fatalistes, d'avoir un président petit et sans charisme mais qui au moins ne leur faisait pas honte comme ç'avait été le cas avec Eltsine "l'alcoolique", le "pitre", qui se donnait en spectacle devant les caméras du monde entier, offrant de son pays une image que la fierté des Russes a très mal vécue.
C'était le temps de ceux qu'ils appelaient "les nouveaux riches", au sujet desquels circulaient moult blagues. J'en ai croisé quelques-uns... voitures de luxe, gardes du corps surarmés, accompagnés de jeunes femmes plus belles que belles.
Dans les boîtes privées, les cercles de jeu, le champagne coulait à flots et les sommes d'argent misées au casino de "la chance" frôlaient l'indécence, dépassaient les fictions hollywoodiennes... et lorsqu'on sortait dans la rue, on croisait l'autre réalité russe... celle de ceux que la chute de l'URSS avait laissés sur le pavé.
La crise de 1998 n'avait pas arrangé les choses.
La plupart des Moscovites que je rencontrais ne faisaient plus confiance aux banques et beaucoup de ceux qui avaient des liquidités les "planquaient" dans des cachettes secrètes de certaines pièces de leurs appartements... les cuisines curieusement avaient le plus souvent leurs faveurs... et leur confiance.
J'ai sillonné Moscou dans tous les sens.
J'ai vu ce qu'était la corruption.
La mafia, les gangs.
J'y étais le 9 mai 2005 pour les 60 ans de la Grande Guerre Patriotique avec ces hommes et ces femmes qui croulaient sous le poids de dizaines de médailles épinglées sur leurs poitrines.
Ce jour-là j'ai vu passer "Silvio", grande amico de Poutine.
Quant à Poutine, passant moi-même plusieurs fois par semaine devant le Kremlin, j'ai vu sa voiture y entrer ou en sortir à de nombreuses reprises.
Cette longue entrée en matière pour signifier à quel point mon rapport avec la Russie est "singulier" ( j'ai une petite-nièce, Renata, à Moscou... qui est venue passer les fêtes de fin d'année 2014-2015 chez moi à Nice... et, dit avec franchise, j'ai failli m'installer définitivement en Russie il y a vingt ans... ), d'autant que j'ai, par ailleurs, séjourné en Ukraine, à Kyev, que je connais moins bien que la Russie, mais où j'ai fait de très belles rencontres...

Donc, lorsque la Russie de Poutine a envahi l'Ukraine au matin du 24 février dernier, mon coeur a saigné.
Pour tenter d'exorciser ma peine, j'ai écrit dans les jours qui ont suivi le déclenchement de "l'opération spéciale" les textes de deux chansons... que vous pouvez écouter sur YT ( écrivez-moi en MP, si vous souhaitez avoir les liens ), et lorsque j'ai entendu l'interview de Giuliano Da Empoli venu présenter son livre, je n'ai pas hésité une seconde avant de l'acheter et de le lire aussitôt.
C'était il y a quelques mois ; j'ai des présentations de lectures en retard pour cause de problèmes de santé... et parce que - le Mage du Kremlin - m'a laissé une impression que j'ai du mal à définir... une sorte de "complaisance" à l'égard du tyran génocidaire et de son éminence gris funeste, Vladislav Sourkov...Vadim Baranov dans le roman.

Je ne reviendrai pas dans le détail sur l'histoire de la Russie qui, depuis Gorbatchev, la glasnost, la perestroika, la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989, la fin de l'URSS le 6 décembre 1991, les deux mandats présidentiels de Boris Eltsine ( 10 juillet 1991-31 décembre 1999 ) ont amené un petit colonel du KGB au pouvoir dès la démission de son "mentor" ( le mot est volontairement détourné de sa réalité...), au pouvoir absolu de la Fédération de Russie pour en devenir son "petit Tsar".
Je vais juste citer quelques-uns des éléments qui ont fait d'un homme de l'ombre le grand gagnant du plus grand des concours de circonstances de l'Hstoire récente.
Eltsine aux rênes de l'ex-URSS rebaptisée Fédération de Russie, c'est le démembrement des restes d'un empire, bradé pour quelques roubles aux amis et amis des amis du nouveau maître de la Russie. Ces nouveaux riches vont s'accaparer tout ce qui a de la valeur dans ce pays au totalitarisme appartenant au passé(?), se bâtir des fortunes colossales en inventant la démocratie des années 90 made in Russia.
Pour les uns, ce va être la "grande teuf", pour les autres deux, voire trois boulots pour survivre.
Cela va déboucher sur la rivalité des gangs, des règlements de comptes sanglants, le règne de la violence, le désordre.
Dans ce contexte, la Russie va renouer avec la guerre, en Tchétchénie ( 1994-1996 ), avec les scandales, et surtout la crise économique de 1998, laquelle va laisser des traces indélébiles dans la mémoire des Russes et une grande rancoeur à l'égard d'Eltsine et des politiques en général.
C'est de cette Russie du gouffre, de la banqueroute, de la corruption, des oligarques, d'un pays transformé en "casino géant" ( Giuliano Da Empoli le qualifie d'hyper ou de supermarché) que va surgir de la boîte de Pandore laissée grande ouverte par la "transition démocratique des années 90" un petit diable nommé Vladimir Poutine.

C'est à partir de ce contexte que G.D. Empoli construit sa narration.
Une nuit passée dans la datcha de Baranov-Sourkov, durant laquelle l'ex-artiste anonyme, l'ex-amant déçu et déchu, l'ex-golden boy devenu faiseur de rois à travers la télévision et la com' va se livrer à une "confession".
La rencontre a-t-elle eu lieu ou l'histoire n'est-elle que l'extrapolation romanesque de faits avérés ? Je n'en ai pas la moindre idée.
Factuellement Sourkov a bien été durant plus de quinze ans l'un des hommes qui murmuraient à l'oreille de Poutine.
Durant plus de quinze ans, ce conseiller très proche du petit Tsar, a conforté, inspiré, secondé ce dernier.
La confession qu'il fait sous le pseudonyme de Baranov, édulcore, minimise les aspérités sombres du personnage... jusqu'à le rendre presque "sympathique" aux yeux de certains lecteurs et jusqu'à humaniser dans une certaine mesure le sanguinaire Poutine.
Les attentats de 1999 attribués aux terroristes Tchétchènes que Poutine promit "d'aller buter jusque dans les chiottes", qui sont l'oeuvre du FSB, les amis de Poutine, le drame du Koursk, la prise d'otages du théâtre Doubrovska de Moscou, celle de l'école de Beslan, les assassinats des opposants ( journalistes, hommes politiques et autres ), la théorisation de l'Ukraine comme appartenant à la Russie, Maidan, la guerre du Donbass, et a posteriori l'invasion du 24 février ( la liste et le triste bilan sont loin d'être exhaustifs ), tout ça est à mettre en partie sur le compte de Sourkov. Or Baranov, s'il suggère, s'il initie, c'est presque par jeu, pour tromper l'ennui.
C'est fait et pensé sans passion, sans intérêt, sans ambition, froidement.
On a presque affaire à quelque conflit existentiel où, l'absurde dominant, on se soumet à lui parce qu'il en est ainsi.
Ç'a m'a mis très mal à l'aise cette mise à distance du conseiller du bourreau quand ce n'est pas celle du bourreau lui-même.
Poutine est un facho nazi mégalomane paranoïaque, un mafieux grossier et sanguinaire, un menteur chronique devenu criminel de guerre par vocation.
Sourkov a été l'un de ceux qui a permis à cet ancien tchékiste issu de la pègre d'accéder au pouvoir, de transformer son pays en une gigantesque mafialand sur laquelle un parrain génocidaire joue les Docteur Folamour en espérant devenir le maître d'un "nouveau monde".
Les rares fois où Baranov semble ne pas être vraiment d'accord avec l'homme aux mains sales, ça donne à peu près ça :
-"Ç'a été la même chose dans les autres cas : le colonel, l'avocat, cette célèbre journaliste. Tu le sais parfaitement, Valia, ce n'était pas nous. Nous, nous ne faisons rien: nous créons juste les conditions d'une possibilité."
" Cela pouvait être vrai. Pendant longtemps, le Tsar n'a donné d'ordres directs que très rarement. Il se limitait à fixer les frontières, ce qui était admis et ce qui n'aurait pas été toléré."
Baltouchka ! comme on dit là-bas.
Baranov-Sourkov a été l'un des maîtres artisans de la Russie poutinienne.
C'est lui et les siens qui ont offert une place de choix dans les médias officiels à un Jirinovski porteur de toutes les outrances, banaliseur du "mal", celui qui avec les Kisselev, Soloviev, Skabaïeva, Simonian ont fait entrer dans la tête des Russes le thème de "la citadelle assiégée", de l'Occident "ogre affamé" et prêt à tout pour dévorer leur pays.
C'est lui et ses marionnettes qui ont validé la satanisation de l'Occident théorisée par Dougine.
C'est lui et sa clique qui a encouragé "l'eurasisme" cher à Poutine.
Il a fait de la Russie ce qu'elle est : un État terroriste.
Et ce faisant, il est lui-même un terroriste.
Je ne sais pas ce qu'il est devenu.
Apparemment il n'a pas pris de thé au polonium, au Novitchok, ni ne s'est défenestré ni pendu ni tiré quatre balles dans la poitrine avec quatre pistolets différents.
S'il est vivant et qu'il puisse être jugé, même par contumace, j'espère que ce sera en sa qualité de criminel coresponsable de crimes mafieux, de crimes d'État, de crimes de guerres et de crimes contre l'humanité.

Si la lecture de ce livre a suscité chez moi un sentiment de malaise, j'ai lu le roman avec la curiosité du lecteur prêt à penser contre lui-même.
Il m'a fallu plusieurs semaines avant de me décider à franchir le pas et d'en parler.
C'est en écoutant un intervenant sur une radio ( je ne sais plus laquelle ) et disant mieux et plus fort que je ne viens de le faire toute la gêne qu'avait suscité chez lui aussi le parti pris par Empoli que je me suis autopersuadé d'ajouter mon ressenti à d'autres.
Empoli est un intellectuel érudit, un cerveau brillant et une plume qui l'est tout autant ; le Prix du roman L Académie Française qui récompense son bouquin est plus que mérité.
Moi, j'ai eu une lecture tripale plus que cérébrale.
Je n'aurais pas vécu en Russie au milieu des Russes, je n'aurais pas eu ce lien si particulier avec ce pays, ma lecture et le ressenti auraient été autres.
Un livre de qualité que je conseille pour la plume de Empoli, pour cette histoire qui permettra à certains d'approcher la Russie de ces trente dernières années, de mieux appréhender la personnalité de Poutine. Et ce conseil s'en autorisera un autre : lisez des livres d'histoire comme par exemple - Beria chef de la police secrète stalinienne - de Thaddeus Wittlin ou sous la direction de Galia Ackerman et stéphane Courtois - le livre noir de Poutine - pour ma part en cours de lecture. Ça aide encore à mieux comprendre la Russie, Poutine et les évènements actuels.

PS : ajout d'un élément concernant Sourkov, que je n'avais pas lors de la rédaction de cette présentation, et dont j'ai pris connaissance hier soir en poursuivant ma lecture de - le livre noir de Vladimir Poutine -, livre choral dont j'ai fait mention dans mon exposé.
Je cite Mykola Riabtchouk et Iryna Dmytrychyn deux spécialistes du monde russe ayant participé à la rédaction du livre en question.
-"L'un de ces "marionnettistes", l'assistant de Poutine et, semble-t-il, son principal conseiller, Vladislav Sourkov - "le Raspoutine de Poutine" comme l'a avec causticité surnommé Peter Pomerantsev - était un "négationniste de l'Ukraine" bien connu - "Il n'y a pas d'Ukraine, plaisantait-il, seulement de l'ukrainité, un trouble spécifique de l'esprit".Ses théories bizarres n'étaient toutefois qu'un problème mineur comparé aux recettes pratiques proposées pour la guérison forcée de ce "trouble" : " La contrainte aux relations fraternelles par la force est la seule qui a historiquement prouvé son efficacité lorsqu'il s'agit des Ukrainiens. Je ne pense pas qu'une autre sera inventée".
Un énorme volume d'e-mails et d'autres documents présentés comme piratés de la boîte aux lettres de Sourkov en 2016 par le groupe ukrainien Cyber Junta indique son implication à grande échelle dans les développements de 2014 en Ukraine, en particulier dans l'organisation et la gestion du prétendu "Printemps russe"..."
À cette révélation qu'il m'a fallu relire plusieurs fois hier tant elle confortait mon ressenti, je tiens à apporter une rectification à ce que j'ai fait dire à Sourkov en citant Empoli sur les assassinats des opposants au "petit Tsar"... le livre co-dirigé par Galia Ackerman et Stéphane Courtois montre que Poutine a directement commandité ou ordonné des assassinats...
Des impasses ou des lacunes dans le roman de Empoli qui expliquenr pour partie mon "malaise" lors de sa lecture.

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J'avais quelques appréhensions en commençant ce livre car ne connaissant pas grand-chose à la politique russe, je craignais d'être rapidement dépassée.
Mais par la clarté des faits exposés, Giuliani Da Empoli m'a facilité l'entrée dans les coulisses du Kremlin en découvrant le parcours de Vadim Baranov qui a contribué à installer Vladimir Poutine au pouvoir.
A travers cette histoire, j'ai découvert la Russie d'aujourd'hui et sa politique.
Tout au long du livre, on apprend à connaître un peu mieux la mentalité russe, et l'idéal porté par Poutine, plus que jamais opposé au modèle des démocraties occidentales qu'il considère comme méprisantes vis-à-vis de la Russie.
« le mage du Kremlin » s'est révélé être une lecture passionnante, édifiante par moment, un récit très facile à lire, d'une grande fluidité et qui ne manque pas d'humour et de dérision pour nous éclairer de manière très pertinente sur la manière dont fonctionne la politique russe depuis l'arrivée de Poutine au pouvoir.

Une très intéressante découverte.
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Vadim Baranov : C'est lui le mage du Kremlin, le nouveau Raspoutine.
Après avoir pendant 20 ans servi consciencieusement le Tsar, entendez Poutine, il s'est retiré des affaires, suscitant les spéculations les plus folles.
Par un concours de circonstances, le narrateur va l'approcher et entendre sa « confession ».
Baranov déroule le fil de sa vie : son enfance, ses ambitions artistiques de jeunesse, une déception amoureuse cuisante puis son ascension comme conseiller politique. Il fait le récit du sentiment né de l'effondrement de la Russie lors de la présidence Eltsine, de l'humiliation russe face à l'opinion publique internationale qui rit du vieil ours ivrogne,de la rencontre orchestrée par l'oligarque Berezovsky avec le chef du FSB (services secrets russes) un obscur fonctionnaire , de la façon dont Poutine se sert des évènements, des imprévus pour consolider son pouvoir et rendre sa fierté au peuple russe.
C'est assez intéressant même si les évènements clés sont seulement évoqués et que le rôle du conseiller ne m'a pas toujours semblé bien clair. Il m'a semblé plus souvent observateur qu'acteur.
Par contre, le récit de l'évolution et de la construction du personnage « Poutine » est tout à fait passionnant. On voit cet homme effacé, secret, extrêmement courtois, devenir peu à peu l'autocrate qu'on connait, froid, distant, de plus en plus cassant, de plus en plus seul.
Les récits se multiplient sur la Russie en ce moment. Ce roman est une nouvelle porte d'entrée pour comprendre les ambitions russes, le mode de pensée russe, le mépris russe pour l'Occident..
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Ce récit nous plonge dans l'histoire de Vadim Baranov, homme de théâtre à la base, qui va participer à l'accession au trône, pardon au pouvoir de Vladimir Poutine. Vadim menait une vie plutôt tranquille, à l'ombre d'un père, fonctionnaire communiste entièrement dévoué à l'URSS, alors que son grand-père avait plutôt servi le Tsar Nicolas II. Il reçoit l'auteur dans la maison familiale dans laquelle il vit désormais, entouré des livres de son aïeul.

Vadim a été amené à rencontrer Poutine, alors à la tête du FSB, par son ami Berezovski, directeur d'une chaîne de télévision, qui craint la fin de l'ère Eltsine, qui pourrait l'éloigner du pouvoir. Ils décident de convaincre Poutine, de devenir le nouveau premier ministre, l'auréole de Primakov commence à se ternir, et de toute manière personne de sera surpris, Eltsine, changeant de premier ministre tous les mois, voire davantage, selon son taux d'alcoolémie, ou son état physique après un nouvel AVC.

J'ai apprécié comme il se doit la scène dantesque au FSB ex KGB où il fait semblant de se faire prier, convaincre de son destin futur, affirmant que son poste est nettement plus intéressant alors qu'il a déjà pris sa décision au fond de lui, déjà le Tsar pointe sous Volodia…

Vadim va devenir l'éminence grise de Poutine, le nouveau Raspoutine grincent certains politiques gravitant autour du Tsar et raconter la transformation de Poutine, la révélation plutôt car il n'a plus besoin de dissimuler ses opinions, son manque l'empathie, son goût du pouvoir absolu… Tout est bon pour que la Russie redevienne la puissance d'autrefois sur l'échiquier politique. Pour lui, les Occidentaux sont la cause de tout, (et pourquoi pas la CIA derrière Gorbatchev, ou manipulant Eltsine tant qu'on y est!!!). Il n'a jamais pu digérer le fou rire de Clinton lors de sa conférence avec Eltsine et encore moins le fait d'être accueilli à son premier G20 comme une république de seconde zoné : crime de lèse-majesté.

On va revisiter la tragédie du Kourtsk, la manière dont il s'est servi des jeux olympiques de Sotchi pour montrer sa puissance et son taux de testostérone, (tout le monde connaît les photos du Tsar torse nu à cheval, ou pêchant un saumon ou encore ses matches de Hockey avec son ami Loukachenko) à la manière d'un certain Adolf Hitler aux jeux de Berlin, sa vision de l'Ukraine, et comment la remettre au pas quitte à la détruire, les assassinats de ceux qui lui font de l'ombre…

Giuliano da Empoli nous entraine aussi sur les traces des oligarques qui ont fleuri sous l'ère de Boris Eltsine et qui vont tomber en disgrâce les uns après les autres : Khodorkovski, Federovski, Limonov, et l'inspirateur du groupe Wagner tristement célèbre… mais, « en Russie, on se tait ou on s'en va »

J'ai beaucoup aimé ce roman, je connaissais bien la manière dont on était allé le chercher au FSB pensant le manoeuvrer comme une marionnette, mais je ne savais pas qui étaient les apprentis sorciers, et je connaissais moins les ficelles du Kremlin, qui fonctionne comme au temps du Tsar, avec les courtisans.

ce livre à reçu le grand prix De l'Académie Française, un prix bien mérité
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Ce récit , ou plutôt ce roman captivant , à l'instant ou l'Ukraine est agressée , clarifie certaines idées préconçues quant au patriotisme russe et en particulier celui du « Tsar «  V.Poutine.
Giuliano Da Empoli ,d'origine italienne écrit en français le récit psychanalytique de la Russie.
Par d'habiles moyens un jeune rédacteur entre en contact avec un certain Vadim Baranov, ancienne éminence grise de V.Poutine. le moins que l'on puisse dire est que cet autre Raspoutine est bien disert( ce qui prouve qu'il s'en est sorti vivant) mais bon , c'est pour notre plaisir de lecture.Il raconte les années de chaos après le communisme, l'ère Eltsine et l'inoubliable affront fait aux russes par le fou-rire de Bill Clinton, prouvant le regard condescendant des Occidentaux .
Baranov ne cesse de répéter qu'un Russe n'est pas un européen, et que son regard est différent, plus attaché à la grandeur qu'à la prospérité, quoique les oligarques des années90.. Mais ils sont tenus en laisse par Poutine , ainsi leur chute n'est pas rare, telle que celle de .V.Berezowski , les disgrâces de Khodorkovski et de Kasparov.
Puis vient la guerre de Tchétchénie, incomprise par les Occidentaux. Les ressorts de la guerre en Ukraine sont exposés là .
La reprise en main du pays par ce « petit homme gris » qu'était avant de devenir « tsar » est en elle même une odyssée romanesque. Un livre formidable à ne pas manquer.
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Pendant la lecture du Mage du Kremlin, je ne pensais pas en faire la critique, ne voyant pas quoi ajouter aux beaux billets présents sur le site.
Et puis, une fois la dernière page tournée, et en prenant du recul, une petite musique m'a invitée à exprimer ce qui ne m'a pas permis d'être pleinement dans le livre, et ce qui m'empêche de rejoindre le concert de louanges dont il fait l'objet depuis sa parution.
J'en ai, néanmoins, apprécié de nombreux aspects, parmi lesquels je noterai l'érudition de son auteur, la qualité de son écriture, sa parfaite connaissance de la géopolitique de la Russie, sa clairvoyance, la vision et l'anticipation dont il a su faire preuve, le roman ayant été écrit avant le début de la guerre en Ukraine. Da Empoli se livre à un impressionnant travail historique, doublé d'une analyse sociologique et politique étayée grâce à sa maîtrise des arcanes du pouvoir et des institutions russes. Il nous offre une rétrospective condensée des étapes traversées par le pays depuis la révolution de 17, en passant par le stalinisme, la chute du mur, l'éclatement de l'URSS, Maïdan...
Nous avons l'impression de vivre de l'intérieur, les soubresauts de l'histoire, d'en comprendre ainsi les enjeux et de mesurer à quel point les occidentaux en ont eus une lecture erronée, ce dont nous prenons conscience aujourd'hui.
J'oubliais le magnifique portrait de Ksenia, l'amour de Baranov.
Alors me direz-vous pourquoi cette réserve ?
La première raison tient au choix de l'auteur d'avoir écrit un roman alors que le contenu aurait pu justifier, à mes yeux, la rédaction d'un essai, la juxtaposition de faits réels et d'éléments fictifs laissant parfois dubitatif.
La deuxième tient à ses choix narratifs. le roman se résume pour l'essentiel au monologue de Vadim Baranov, le fameux mage, conseiller de Poutine.
Ce monologue permet de relater de manière chronologique l'ascension du Tsar et de la situer dans le contexte mais la question se pose de savoir qui parle, Baranov ou Da Empoli. le conseiller parait extérieur aux évènements, en situation d'observation, voire de jugement.
Le monologue crée de l'ambiguïté ; il renseigne peu sur les interactions entre le Tsar et le conseiller et ne donne pas de relief au récit.
Malgré ces quelques réserves formelles qui sont éventuellement à mettre en rapport avec le fait que le livre n'ait pas été choisi pour le Goncourt, j'en conseille néanmoins la lecture, le mage du Kremlin nous éclairant sur le fonctionnement de Vladimir Poutine, ex-chef des services secrets, loin d'être fou, produit d'un pays marqué par la violence et la désintégration qui revendique encore aujourd'hui un statut d'empire.
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Alors que durant 15 ans Vadim Baranov a été l'éminence grise de Vladimir Poutine, soufflant à l'oreille du tsar des stratégies qui lui ont valu de rester au pouvoir, on ne savait plus rien de lui une fois qu'il a eu pris sa démission. C'est par un intérêt commun sur un écrivain dissident des années 1920, Zamiatine, que la narrateur,  un Français qui travaille sur un projet de réédition du roman, va alors rencontrer celui que l'on a appelé le « Raspoutine de Poutine». Invité chez ce dernier, le narrateur va alors écouter le récit de Baranov qui va lui raconter comment il est devenu le « Mage du Kremlin »…

Pour écrire ce livre, Giuliano Da Empoli s'est librement inspiré de personnages et faits réels pour retracer le parcours de ce conseiller très proche de Poutine qui l'a aidé notamment à devenir Tsar de Russie et à se maintenir au pouvoir. Vadim Baranov – inspiré par Vladislav Sourkov - est un personnage assez fascinant car aux antipodes des relations habituelles et du mode de vie de Vladimir Poutine. D'ascendance moscovite et aristocratique, il aime l'art moderne, le théâtre d'avant-garde, la littérature… Il côtoie d'ailleurs avant tout des artistes. Metteur en scène puis producteur de télévision, il va être contacté pour s'occuper de la carrière du futur dirigeant de la Russie, alors employé du FSB, ex-KGB. Placé au coeur du pouvoir, la réalité devient le meilleur terrain de jeu de Baranov, devenu le roi de la manipulation. Des attentats à Moscou attribués aux Tchétchènes en 1999 qui propulsent Poutine sur le devant de la scène, à l'invasion de l'Ukraine en passant par la tragédie du sous-marin Koursk, «Le  Mage du Kremlin » nous plonge dans la géopolitique russe contemporaine où tout est mis en oeuvre pour faire du nouveau tsar l'homme fort de la nation. On passe également en revue l'URSS des apparatchiks, puis la fin de l'Union soviétique et les années de frénésie capitaliste poussée à son paroxysme sous Elstine. Jusqu'au changement de train de vie des oligarques qui ont fini par manger leur pain blanc et doivent désormais se plier à une dictature sans nom.
Mais ce livre est avant tout un brillant roman et non pas un essai politique mêlé de fiction. L'auteur, en prêtant une histoire personnelle à Baranov, dévoile un homme déchiré entre son pays et ses affinités européennes. Cette intimité donne de la profondeur au personnage et gagne l'intérêt du lecteur pour ce destin atypique. Les multiples anecdotes autour de Poutine, toutes réelles et hallucinantes, sont racontées avec talent comme dans les meilleurs polars.
Ainsi, si les toutes premières pages m'ont semblé un peu brouillonnes, le style de Giuliano Da Empoli nous emporte ensuite très vite dans cette vraie fiction où une galerie de personnages bien réels se bousculent. Réflexion intelligente sur l'exercice du pouvoir et les relations qui se font et se défont, où la manipulation et les secrets sont rois, « Le Mage du Kremlin » use de la fiction pour nous décrypter de manière claire et efficace, sans lourdeur, la réalité. La dernière partie, prolongeant encore plus la réflexion sur les ficelles du pouvoir du futur, clôt subtilement un récit remarquable où tout comme le personnage principal, nous refermons le livre comme on quitte une pièce de théâtre... où tout était vrai.
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Le personnage évoqué dans le roman existe vraiment ,c'est Vladislas Surkov .C'est un homme de théâtre au début,issu d'une famille aisée .Il passe du théâtre à la télévision où il rencontre le milliardaire Boris Berezovsky le patron de l'ORT la chaîne publique russe. A eux deux, ils vont mettre le chef obscur du KGB , Vladimir Poutine au pouvoir pour remplacer le sénile Eltsine .ils ne vont que trop bien réussir et l'insignifiant Poutine va se révéler être un leader politique de grande envergure.
Guiliano da Empoli ,conseiller politique de Matteo Renzi , écrit là son premier roman. Il décrit vingt ans de l'histoire russe de Eltsine à nos jours. Il expllque la mentalité russe si éloignée de celle de l'occident. Il dresse un portrait de Poutine qui de membre obscur du KGB se métamorphose en Tsar tout puissant et rétablit la verticale du pouvoir et la démocratie souveraine. Il se hisse comme le seul chef au sommet, contrôlant son pays et son entourage d 'une main de fer .
Poutine est enfin seul au sommet pour diriger le plus grand empire du monde à sa guise et sa mégalomanie galopante l'incite à rétablir une politique impérialiste afin de rétablir la grande Russie d'antan en faisant fi des traités, il tente de se réapproprier des territoires comme la Crimée ou l'Ukraine. Sa politique faite de violence,de brutalité et de désinformation dans le roman est glaçante. Apres que Surkov ait disparu de son entourage ,il s'entoure de personnes comme Evgueni Prigojine qui ,de son cuisinier privé, devient l'homme des basses oeuvres au kremlin et crée le groupe Wagner ,une redoutable organisation paramilitaire. En refermant ce roman très bien construit et tres intéressant ,on ne peut que frémir
en pensant que des êtres aussi dangereux gouvernent une partie du monde.
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