Ainsi donc, la limite entre un assassin et un justicier serait la raison de tuer... J'ai l'impression que c'est très relatif, et même un peu cynique. (p. 280)
— Le probable et l’incroyable sont les deux extrémités de la même corde. Si on les assemble, on obtient l’inévitable…
(Actes Sud, p.154)
Avait-il jamais été davantage qu’une machine à tuer ? Oui, il avait été un jour un enfant qui rêvait d’être comédien et d’aller de village en village derrière une fanfare, mais il y avait mille ans de cela, ou deux mille. Le temps n’était rien, un voile qu’on déchirait facilement.
(Actes Sud, p.274)
Trempé comme un moineau, la tête dans le col de son vieux manteau de milicien, Liviano s’abandonnait. Les gouttes glissaient sur ses cheveux couleur cendre, s’accrochaient à sa frange aplatie, et tombaient sur le nez et la bouche. Les yeux fermés, les bras croisés, il ne bronchait pas, on aurait dit la statue d’un ange déchu à l’entrée d’un cimetière. (Au pavillon psychiatrique pénitentiaire de Barcelone)
« Rien de plus dangereux qu’un animal qu’on croyait apprivoisé, mais qui a gardé tout son instinct de bête sauvage. » (Ulysse à propos de Lucia)
Il aimait Lucia, raisonnablement, mais il commençait à croire que cela ne suffisait plus, ni à l’un ni à l’autre. Il avait essayé de toutes ses forces et personne n’aurait pu lui reprocher le contraire, mais il était très difficile d’aimer Lucia, qui la plupart du temps se cachait sous une épaisse carapace. (Andrés)
« Ab alio expectes alteri quod feceris. » « Attends des autres ce que tu leur auras infligé. »
Du paysage ni du temps,
Je ne garde le souvenir
Ni des visages, des silhouettes
Rien de la poussière impalpable,
La traîne de l’été
Et le cimetière où
On m’emmena
Voir parmi les tombes
Le sommeil de ma mère.
(Pablo Nureda Mémorial de l’île noire)
La vie était ainsi, […] un cercle qui s’achève là où il a commencé. On passe de l’enfance à la vieillesse sans se rendre compte qu’en réalité on n’avance jamais, on ne cesse de revenir sur nos pas.
— Tu m’as l’air bien pensive, ce soir.
Lucía de Dios ne répondit pas. Elle admirait avec une certaine tristesse le bâtiment du Théâtre national entièrement illuminé. Elle était fatiguée, mais avait accepté le dîner et la promenade romantique intra muros. Ils avaient parcouru lentement la Ringstrasse et s’étaient arrêtés devant le palais du Belvédère pour admirer les stucs blancs de la façade, les centaines de fenêtres et les toitures en cuivre. Puis ils s’étaient assis dans un charmant jardin, près du modeste appartement où ils vivaient dans le quartier de l’université. Andrés l’embrassa. Elle aurait voulu lui rendre son baiser, mais ce soir-là, elle avait du mal à feindre.